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Critiques de José Carlos Somoza (421)
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Tétraméron

Comme toujours avec cet auteur, le voyage littéraire est total. Le cadre inquiétant, le chemin abyssal qu’emprunte Soledad pour rejoindre les quatre autres personnages, les contes étranges qu’ils échangent, la peur de la fillette tout en long du roman, tout contribue à l’immersion.

L’idée de ces contes dans le roman est séduisante et s’il s’agissait de ma première lecture d’un roman de Somoza, je serais totalement séduite. Mais, je n’ai pas ressenti la même intensité que pour ces romans précédents. J’ai été moins troublée, moins captivée, sans doute à cause de la variété des sujets, des histoires racontées.

Habituellement, l’auteur semble pouvoir hypnotiser ses lecteurs en les entraînant à sa suite dans l'exploration d'un sujet précis jusqu’à l’épuisement. Ce récit était sans doute trop éparpillé pour y parvenir. Cette fois-ci, l'hypnose n'aura pas fonctionné sur moi. Mais même pour une semi-déception, ce roman se révèle être bien meilleur que beaucoup d'autres.

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L’appât

El Cebo

Traduction : Marianne Millon





ISBN : 9782330018771





J'ai attendu longtemps qu'il parût en format poche, aux Editions Babel Noir. Et mon attente a été récompensée. "L'Appât" est en effet désormais à mes yeux le chef-d'oeuvre absolu de son auteur, juste devant "La Théorie des Cordes" que nous avons déjà évoqué et que je place maintenant en seconde position. Comme d'habitude avec Somoza, l'action se situe dans un futur assez proche mais que nous ne pouvons dater avec précision. On sait simplement que tout se passe après le 11 septembre 2001 mais il n'y a pratiquement aucune allusion au grand choc de cultures qui occupe hélas ! de plus en plus notre quotidien. Disons cependant en gros que les armes classiques ne suffisent plus et que, sous l'influence de certaines personnes dont le fameux Victor Gens, les Espagnols, puis les Européens et les Occidentaux dans leur ensemble, ont accepté de mettre en oeuvre des armes humaines tout à fait indétectables : les appâts. (Perdu : les appâts ne se mettent pas d'explosifs autour de la taille et ne se font pas sauter en public. Les appâts sont l'aboutissement d'une civilisation très évoluée. Capice ? )



Les premiers appâts ont été recrutés par Victor Gens et entraînés par lui. Très vite, certains enfants ont participé au "programme". En général, il s'agissait d'enfants que la Vie avait déjà marqués de son sceau de feu mais qui avaient survécu. Comme Diana Blanco par exemple, notre héroïne, qui, aujourd'hui adulte et doutant un peu de sa "profession", semble vouloir "décrocher" pour épouser un ancien appât, Miguel Laredo, qu'elle assimile plus ou moins à une figure paternelle, sinon à celle d'un grand frère protecteur. Quand elle avait dix-douze ans, Diana a vu des truands, qui s'étaient introduits chez elle grâce à l'aide de la domestique, torturer et assassiner ses parents. Vaille que vaille, elle est parvenue à préserver (plus ou moins car elle s'en sort avec les tympans crevés) sa petite soeur, Vera et, si elle-même a survécu, c'est non seulement parce que la police a fini par débarquer avant que les pychopathes ne s'en prissent vraiment aux deux fillettes mais aussi parce que, en obéissant aux ordres de celui qui était leur chef, Diana lui a "donné" ce qu'il voulait, ce qui lui faisait le plus plaisir et ainsi retardé le moment fatal. (Perdu encore : entre le psychopathe et la petite Diana, ce n'était pas de la pédophilie. Chez Somoza, on raffine toujours : on fait dans l'intellectuel, il faudra vous y habituer. )



En d'autres termes, Diana avait en elle le don recherché par Gens. Dans son "collège" très spécial et dans sa "Ferme", encore plus étrange, elle a appris à le développer, sur fond de théorie mi-psychanalytique / mi-théâtrale et littéraire (ben oui Jelisavecplaisir : lire n'enrichit-il pas toujours la personnalité ? ) et elle est ainsi devenue un appât redoutable. Au moment où commence le roman, elle "piste" d'ailleurs deux tueurs très dangereux : l'un, surnommé l'Empoisonneur, qui expédie ses proies ad patres avec un poison d'origine inconnue ; l'autre, le Spectateur, ainsi nommé parce qu'il aime mettre en scène tortures et assassinats mais aussi parce que, de profilage en profilage, on en est arrivé à la certitude qu'il avait une bonne connaissance des théories de Victor Gens et que, pire encore, il avait au moins un assistant. Un sadique complet, quoi. S'il prenait l'envie à Dexter de s'occuper de lui, il aurait pas mal de pain sur la planche, croyez-moi.



Rassurez-vous : je ne chercherai pas à vous expliquer les théories, d'ailleurs très efficaces bien que totalement immorales, de Victor Gens. Je souligne néanmoins que, pour ne pas vous sentir trop dépaysé dans l'univers de "L'Appât", surtout si vous n'avez lu jusqu'ici aucun roman de Somoza, il vous faut avoir des bases en psychothérapie (après tout, l'auteur, de formation, est psychiatre-psychanalyste) et aussi vous y connaître un tant soit peu parmi les oeuvres de Shakespeare. Il vous faut aussi avoir entendu parler de John Dee, le célèbre astrologue élizabethain, inventeur, dit-on, du "Miroir Noir", qui apparaît çà et là dans quelques textes fantastiques de grande beauté ... Bon, d'accord, il vous faut quelques bases. Mais pas au point de vous affoler. Pour autant, si vous n'avez jamais lu Somoza, sans doute feriez-vous mieux d'entrer chez lui par une autre porte que cet "Appât" où il atteint à son zénith. Mais enfin, si vous choisissez de vous précipiter tout de suite dans ce policier-roman noir où la psyché et ses mystères tiennent une place si importante, à Dieu vat ! Si vous aimez ce qui est original et pourtant solidement structuré, les idées qui ne ressemblent à aucune autre et les écrivains qui cherchent à façonner un véritable univers, si complexe ou imparfait qu'il puisse paraître, "L'Appât" ne pourra que ... vous séduire.



A certains moments, le thème m'a évoqué, de manière ténue, celui de "L'Enfant des Colonels" Mais, à la différence de celui de Fernando Marías, ce livre n'est pas une apologie plus ou moins glauque de l'exploitation de l'humain. Somoza étudie une situation qui pourrait fort bien devenir réalité, de la même façon qu'il étudie, dans "Clara et la Pénombre", une autre forme d'exploitation du corps et de l'esprit, mais là non plus dans le monde de la Défense et de la Guerre mais dans le monde de l'Art. Loin de se révéler fasciné par les personnalités monstrueuses qu'il est obligé de créer pour étayer son roman, Somoza n'oublie jamais que, pour avoir atteint à un Mal aussi complet, il leur a fallu posséder également une parcelle d'humanité positive. Le "talent" des appâts, dans leur ensemble, celui de Diana bien sûr, mais même celui de Claudia Cabildo, a quelque chose non de surnaturel mais de surhumain. Dans le cas de Cabildo, ce talent en est venu, hasard ou folie, à atteindre une perfection telle qu'elle cause les souffrances et la fin, presque apocalyptique, du personnage. Claudia Cabildo est, en quelque sorte, "celle qui a vu le Grand Dieu Pan" et, après cette vision, rien pour elle ne pouvait plus être comme avant.



Une fois de plus, José Carlos Somoza, dont l'imagination est vraiment des plus fertiles et des plus originales en notre époque si vulgaire qui confond "tapage" et "abrutissement" avec "talent" et "génie" , trouve le moyen d'interpeller la nôtre en façonnant peu à peu sous nos yeux un univers très réaliste et en même temps onirique et, ajouterai-je, en créant des questions existentielles tout à fait neuves, que l'on rencontrait jusqu'ici à la rigueur, et toujours présentées avec une certaine prudence, chez les grands maîtres de la SF mais rarement chez les écrivains non spécialistes de ce genre très particulier. Dans la SF, le lecteur dispose toujours d'un certain recul, loisir lui est laissé de se réfugier, s'il le désire, dans la certitude que le monde décrit est trop loin dans le temps et trop déformé par celui-ci pour qu'il soit réel. (Et puis, il y a l'arsenal habituel : vaisseaux spatiaux, extra-terrestres, clones, humanoïdes, etc, etc ... ) Dans ce que j'appellerai "le genre Somoza" car je ne lui connais pas d'équivalent, le lecteur est juste, tout juste au bord du monde imaginé par l'auteur : un seul pas en avant et il se pourrait que notre réalité devienne celle-là. Le Temps, ici, ne nous protège plus : ce que raconte Somoza ne nous arrivera peut-être pas à nous, les quinquagénaires, mais nos enfants, à l'âge que nous avons, sont susceptibles d'y être confrontés. Comme nous-même, du jour au lendemain, d'un univers qui ne connaissait que la radio, la télévision et le cinéma, nous avons basculé - et avec quel naturel, quel bonheur même ! - dans celui d'Internet à domicile et tous les jours.



Pour en revenir à l'intrigue de "L'Appât", tenter de vous la résumer vous embrouillerait plus qu'autre chose. Prenez les personnages comme ils viennent et tels qu'ils se présentent. Je ne dirai pas que les habitués, pas seulement de Somoza mais aussi du genre policier / roman noir en général, ne détecteront pas tout de suite le détail qui ne colle pas et ne soupçonneront pas une fin bien plus complexe que prévue, mais laissez-vous immerger : en bonne logique, vous ne lirez pas la fin avant d'y être réellement arrivés, tout simplement parce que, pas un instant, vous ne vous ennuierez. Laissez-vous envoûter aussi car José Carlos Somoza, de livre en livre, se révèle vraiment un très grand magicien.



Bien supérieur à John Dee, si vous voulez mon avis. Quant à sa théorie personnelle sur l'universalité des thèmes shakespeariens, ma foi, elle se défend. Qui sait ? Qui peut savoir ? ...



Lisez "L'Appât" et découvrez un écrivain dont le XXème comme le XXIème siècles garderont le nom gravé sur leurs Tablettes de la Littérature : José Carlos Somoza. ;o)
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Tétraméron

Tétraméron est une lecture assez inhabituelle pour moi. Je ne me lance que rarement dans des livres d’épouvante. J'ai donc reçu celui-ci avec un certain scepticisme. Cependant, la lecture de la quatrième de couverture m'ayant intrigué, j'ai décidé de lui donner sa chance, et la magie a opéré. Le début de l'histoire m'a donné envie d'en savoir plus. Et surtout, le style s'est avéré être un pur délice.



« Un jour nous avons cru à de belles choses, à des mythes et à des légendes... Un jour nous sommes venus à penser que la vérité était la vérité si elle était belle. Un jour, à un moment perdu, tous les hommes ont été des poètes et ont inventé des contes qui devenaient réels quand ils étaient racontés ! Et maintenant ? A quoi tout cela a-t-il abouti ? Les ténèbres nous entourent et nous vivons sur des préservatifs et des bouteilles d'alcool... »



Ce roman est une succession de contes à la fois doux et amers racontés autour d'une table en présence d'une innocente jeune fille. Cela donne une atmosphère à la fois pesante et décalée, à la limite de l'absurde. Les histoires sont bien menées. Leur message est souvent flou et donne lieu à de multiples interprétations. J'ai pour ma part une préférence pour celle qui met en scène Grigori. Une histoire profonde et saisissante.



Dans ce livre mêlant épouvante et poésie, c'est la curiosité qui l'emporte. On se demande où on va, on imagine avec crainte le dénouement, mais on est impatient d'y arriver. Ce n'est pas sans rappeler la tirade du labyrinthe ...



« Imagine que tu parcours un labyrinthe que tu crées toi-même en marchant. Si tu n'avances pas, tu ne trouveras jamais la sortie car elle n'existera pas. Si tu recules, tout ce que tu auras créé deviendra un obstacle. Et si tu trouves enfin la sortie, quelle satisfaction obtiendras-tu, sachant que tu étais le seul chemin ? »



Pour conclure, Tétraméron est un livre à part. Il ne laissera personne indifférent. On est envoûté par son atmosphère onirique et poétique ou on reste sur le quai. Pour ma part, j'ai été conquis.



Note : 7,5/10
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Daphné disparue

Encore un roman de Somoza qui commence par un fait apparemment anodin et qui nous entraîne dans un univers incroyablement complexe et très bien construit.

Suspense et rebondissements sont au rendez-vous, et, comme dans ses autres romans, l'auteur nous déroute en nous faisant croire que l'on va comprendre avant de brouiller les pistes à nouveau.

On sonde l'âme humaine en même temps qu'on essaie de découvrir les fils de l'intrigue et qu'on progresse vers le dénouement.

A lire et à relire, sans réserve.

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La Dame n°13

Comment ne pas être attirée par ce livre dont le sujet est la poésie, le pouvoir des mots? Comment y résister alors que le fantastique, l'horreur, le suspens et la beauté se mêlent à cette littérature? Ce fut pour moi impossible.

De nombreux passages sont sublimes de poésie ou de terreur, souvent les deux intimement liés. Les références aux grands auteurs sont nombreuses et font plaisir à lire et à relire. Cependant, l'auteur se laisse déborder par son sujet, part en tous sens, s’empêtre et patatras, le roman au sujet si attrayant devient alors quelque peu décevant. On tombe dans la série Z à petit budget et aux filles peu vêtues pour attirer le public, particulièrement sur le derniers tiers du bouquin. C'est dommage, il n'a pas eu, sur cet œuvre, le talent de son ambition, le pouvoir des mots lui a échappé!

Cependant, même si ce n'est pas le meilleur de Somoza, ce roman reste captivant et digne d'être lu. Mention spéciale pour la poésie et l'ambiance sombre qui s'en dégage.
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Clara et la pénombre

Je lis très rarement des polars sauf quand l'univers se déroule dans l'art!

Ici nous sommes aux croisements du polar, de l'histoire de l'art et de l'anticipation. Un regard acerbe est posé sur notre société du voir et du paraitre au travers du prisme de l'art contemporain et du marché de l'art.

Le récit se construit autour d'une nouvelle tendance développé dans l'art et les expositions, une sorte de croisement monstrueux entre les zoos humains et le body art. L'humain sert de support artistique. Au delà du modèle, l'humain sert de toile.. et un jour, à l'occasion d'une exposition, il y a une dégradation d'oeuvre... donc un meurtre. Et l'enquête démarre. Artiste, toile, commissaires d'expositions, collectionneurs, les différents protagonistes qui font et défont l'oeuvre sont minutieusement décortiqués et révèlent une société où l'humain s'est "chosifié" au profit de l'art et du design. Une très bonne lecture.
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La Caverne des idées

Ce livre diablement intelligent présente à la fois une intrigue policière dans l'Athènes classique de l'Antiquité, une dissertation érudite sur le mythe platonicien de la caverne et des idées ainsi qu'une éclairante description de l'"eidesis" ce procédé littéraire utilisé par les auteurs grecs pour transmettre des clés et des messages secrets à travers leurs oeuvres, répétant des métaphores qui, isolées de leur contexte, forment une idée ou une image indépendante du texte original.

Tout commence par la découverte du cadavre d'un jeune homme dévoré par les loups après une partie de chasse solitaire sur le Mont Lycabette.

Diagoras, son professeur à l'Académie, doute que sa mort soit due à des causes naturelles et engage Héraclès, le déchiffreur d'énigmes, lointain ancêtre du sagace détective Hercule Poirot, pour faire la lumière sur les circonstances du décès.

Alors que l'enquête des deux hommes progresse peu à peu, une nouvelle victime est découverte...

Somoza utilise sa parfaite connaissance de l'Antiquité grecque pour donner à son récit une saveur extraordinaire, plongeant le lecteur dans la vie quotidienne athénienne à un moment où la Cité naguère conquérante et invincible au temps de Périclès, a connu la défaite et vit dans l'amertume de la décadence.

Présenté comme un texte antique traduit une première fois par un intellectuel excentrique prématurément disparu, le roman antique "La caverne des idées" est confié à un nouveau traducteur qui va connaître bien des déboires, le mystère du texte traduit, renvoyant à une intrigue bien contemporaine qui fait aussi la part belle au danger ...

Avec la découverte des métaphores cachées dans le texte, qui illustrent les célèbres "travaux d'Hercule", le traducteur vivra une aventure personnelle hors du commun qu'il fera partager au lecteur par les notes en bas de page.

Une chute brillante pour cette histoire qui ne l'est pas moins et qui ne peut que donner envie de retourner à ses chères études et de se plonger à nouveau dans l' héritage antique qui structure encore la pensée aujourd'hui.

Somoza a vraiment réalisé un tour de force hors du commun en alliant avec maestria l'intrigue policière classique à la réflexion philosophique.

Une lecture absolument jubilatoire !
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Clara et la pénombre

Un roman, tant thriller que texte poétique, dérangeant, choquant parfois, mais jamais vulgaire. Une symbiose entre le meilleur de l'homme, le style, magnifique, véritable oeuvre d'art en soi, certains personnages, beaux, humains, et puis le sujet, ce tueur en série, la crudité de ces morts d'une rare cruauté pour nous, simples lecteurs d'aujourd'hui, cette atmosphère malsaine où l'humanité se trouve effacée, méprisée, déshumanisée, jusqu'au point de la parabole : l'Homme est Art, donc l'Homme est une oeuvre d'art, donc l'Homme est une chose. Le plus terrible, ce sont ces êtres, mi-choses, mi-humains, qui ont fait le choix, faisant pas là preuve de leur condition d'hommes doués de volonté, de n'être plus qu'objet, s'annihilant volontairement toute liberté d'être, toute volonté. Cela m'a beaucoup perturbée, mais n'est-ce pas là le but même de la littérature, de nous amener à nous poser des questions, à nous interpeller ? Mission accomplie, haut la main, et le tout, en me délectant d'un style littéraire absolument magnifique. Pour moi, un véritable "Poème-policier" !
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La Théorie des cordes

On ne va pas se mentir, le résumé de départ est un peu bateau. La construction narrative en flashback n'est pas d'une originalité dantesque. Les thèmes abordés (les limites de l'expérimentation, les rapports science-dieu...) sont d'un fadasse inavouable. Le roman est pourtant magistralement réussi.



La faute d'abord à une intrigue plutôt bien menée : la construction en flashback permet de nous plonger directement dans une forme d'"action" (en fait il n'y en a pas), puis d'assouvir une part de notre soif de savoir... La faute ensuite à une réelle maitrise technique autour du sujet de la théorie des cordes, romancée mais d'une façon compréhensible pour le néophyte.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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La Théorie des cordes

Comme je vous l'avais dit dans ma chronique de La caverne des idées le mois dernier, on retrouve systématique deux ingrédients dans les romans de Somoza et celui-ci comme les autres, ne dérogent à pas cette règle.

Un univers particulier tout d'abord, la plongée dans un monde érudit que l'auteur triture pour l'interroger. Comme le titre de l'ouvrage l'indique, il a cette fois jeté son dévolu sur la physique contemporaine et cette fameuse théorie des cordes qui admet l'existence hypothétique de plusieurs dimensions que nous ne pouvons percevoir, notamment celles du temps. Dès lors, Somoza met en scène plusieurs chercheurs, philosophes des sciences, anthropologues et bien sûr physiciens, pour participer à un programme mystérieux sur ce sujet, financé par un fonds privé. Elisa Robledo, notre protagoniste, est l'un deux. Recrutée par l'éminent David Blanes, elle y découvre la possibilité d'isoler certaines cordes de temps et de les "ouvrir" littéralement avec suffisamment d'énergie, afin d'observer des évènements passés.

Et puis, dès lors, des ficelles tenants de la SF et du thriller se mettent en place. A l'excitation d'approcher un enjeu scientifique aussi majeur, succède apidement l'inquiétude, l'angoisse puis la terreur viscérale d'avoir ouvert la boîte de Pandore. Et dix ans après chez les personnages encore en vie, celle-ci est toujours vivace. Car depuis les premiers travaux, des participants au projet ont commencé à disparaître dans des circonstances non seulement étranges mais surtout épouvantables. Et lorsqu'Elisa, en 2015, empoigne un journal et découvre qu'un nouveau membre est assassiné en Italie, elle se laisse submerger par la peur et déroule enfin le fil du passé à son ami Victor Lopera.





Comme toujours, je suis très bon public avec les romans de Somoza. Je me fais prendre sans discuter dans le suspens haletant et je bois les pages comme une tasse de thé, sans voir le temps passer. Je crois qu'il ne m'est arrivé qu'avec lui de rester scotchée des heures sur un livre au point de ne pas m'apercevoir de la nuit tombée. En outre, j'ai découvert grâce à ce roman des problématiques scientifiques qui étaient parfaitement inconnues à la franche littéraire que je suis (et je ne regarde même pas Big Bang Theory, vous imaginez!) - j'ai ainsi approché rapidement la question de la relativité, des dimensions, et du temps de Planck. Somoza a non seulement le don de vulgariser avec justesse des domaines parfois abscons mais aussi d'en tirer une dynamique accrocheuse et passionnante qui toujours me surprend et qui, pour moi, tient vraiment du génie littéraire.

Néanmoins, malgré cette attirance personnelle pour l'auteur, je tâche de ne pas en perdre mon objectivité littéraire et je dois bien reconnaître que j'ai présentement quelques petites choses à lui reprocher.



Tout d'abord, à force de le lire, je supporte de moins en moins le problème qu'il entretient visiblement avec la gente féminine - et en tant que psychanalyste de formation, il devrait vraiment songer à le soigner. A part La caverne des idées, son premier roman pour lequel il n'avait visiblement pas encore trouvé ce "truc" qu'il reproduit depuis, chaque ouvrage de Somoza est affublé d'une bonnasse décrite abondamment et habillée les 3/4 du temps comme une péripatétitienne, évidemment supérieurement intelligente, avec un mental à toute épreuve blah blah blah. Bref, Somoza fantasme sur Lara Croft et donc, logiquement, on se tape l'ersatz de Lara Croft dans tous ses bouquins. Je dois vous avouer que c'est profondément lassant à la longue. Honnêtement, dans un ou deux bouquins pourquoi pas, surtout si ça sert l'histoire. Mais dans tous les bouquins ?! Ca frise le manque d'originalité voire la fixette pitoyable.



Ensuite, on pourrait reprocher à La théorie des cordes une progression lente, peut-être trop lente, de l'intrigue. Elle met un certain temps à décoller - un peu comme dans le deuxième tome de Millenium, vous voyez ? Au bout de 150 pages, on est toujours pas dans le vif du sujet, et Elisa Robledo ne cesse de dire "Et c'est alors que le pire est arrivé" mais en fait non. En parlant de ça, à force d'attendre le pire, on l'attend finalement comme le Messie et le danger, dans tout ça, c'est d'être un poil déçu. Cela n'a pas été mon cas ici, mais avec un suspens aussi grossier relancé si souvent, cela ne m'étonnerait pas que d'autres que moi plus habitués à des thrillers SF se lassent franchement.



Pour conclure, La théorie des cordes a été pour moi une lecture parfaitement réussie : j'ai accroché tant au sujet traité, aux hypothèses émises et aux réflexions soulevées sur l'éthique scientifique qu'au suspens enlevé. Je suis persuadée qu'il saura séduire des lecteurs habituellement peu portés sur la thématique ou la forme du thriller. Les plus connaisseurs par contre, déploreront sans doute une spéculation scientifique et une progression narrative un peu grossières. Mais ceux-ci pourront se tourner vers d'autres horizons de lecture. Il en faut pour tous les goûts !












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La Dame n°13

La dama número trece

Traduction : Marianne Millon



Ici aussi, un gros roman : cinq-cent-cinquante-et-une pages. Somoza a un faible pour les pavés, probablement parce que les histoires qu'il imagine ressemblent à des labyrinthes aux méandres infinis. "La Dame N° 13" ne manque pas à la règle mais à ce jour, ce livre reste pour nous l'un des moins convaincants de son auteur.



Le thème pourtant a de quoi séduire un grand lecteur puisqu'il s'agit du pouvoir des mots et tout particulièrement du pouvoir de la poésie. Le héros du roman, jeune professeur de lettres en dépression, poète à ses heures, possède une merveilleuse bibliothèque, remplie exclusivement d'ouvrages où les plus grands poètes voisinent avec les moins connus. Dans cet univers qu'on pourrait croire voué à la douceur et à la beauté, au pire à celles, tristement suaves, de la nostalgie et du regret puisque, deux ans plus tôt, notre homme a perdu son épouse, Beatriz, dans des circonstances tragiques, des ombres sinistres et à première vue incompréhensibles commencent à s'infiltrer sous la forme d'un cauchemar récurrent. Une grande maison solitaire, un assassinat atroce, une errance fantomatique dans la maison à la recherche de ... De quoi, exactement ?



La répétition du cauchemar pilonne de façon insupportable le cerveau de Salomón Rulfo, puisque tel est le nom de notre héros. Le malaise et, disons-le, la peur, atteignent un tel degré qu'il songe même à se confier à un médecin. Surtout quand il apprend, aux informations télévisées, qu'un crime s'est effectivement déroulé dans une maison absolument semblable à celle qu'il voit dans ses rêves. Mais quand il se résout à pénétrer dans cette étrange demeure, à la porte de laquelle est gravée une citation de "La Divine Comédie" : "lasciate ogni speranza / laissez ici tout espoir", il ne se doute pas que les événements vont l'aspirer dans une aventure incroyable où la pitié ne sera jamais de mise pour les vaincus.



L'idée est plus qu'intéressante : elle est belle et tout amateur de littérature est tenté d'y croire - ne connaissons-nous pas, au plus intime de notre être, la merveilleuse puissance des mots ? Maintenant, est-ce la manière un peu trop "éclatée" dont elle est traitée ou la trop grande froideur du personnage féminin principal ? A moins que cette façon exclusivement négative et souvent atroce d'utiliser un pouvoir dont lui-même a pu apprécier, à divers moments de son existence, l'indicible générosité, ne parvienne pas à convaincre réellement le lecteur pur et dur, celui qui, tout comme Salomón et tout comme "les Dames", ne saurait vivre loin des bibliothèques et de leurs hôtes éternels ? ...



C'est à cette explication que nous nous arrêterons tout en vous recommandant néanmoins de lire "La Dame N° 13", lequel demeure tout de même un bon roman d'épouvante à défaut de se révéler aussi complexe que "Clara et la Pénombre" ou encore "La Caverne des Idées." ;o)
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La Caverne des idées

La Caverna de las Ideas

Traduction : Marianne Millon





Voici un auteur dont, à notre humble avis, on ne parle pas assez. Dans la majeure partie de ses romans, pour autant que nous avons pu en juger, il y a toujours un assassinat ou à tout le moins une énigme mais l'enquête, qu'elle soit menée par une autorité régulière ou par des amateurs, amène peu à peu le lecteur à découvrir un thème qui n'a rien à voir avec le genre policier.



"La Caverne des Idées" constitue une démonstration parfaite de ce que nous venons d'avancer.



L'action se situe dans la Grèce antique, plus précisément à Athènes, Athènes où Platon enseigne encore dans sa célèbre Académie - nous nous trouvons donc à peu près au IVème siècle avant J. C. L'un des élèves, Tramaque, est retrouvé mort en forêt, apparemment déchiré par les loups. Mais Héraclès Pontor, le Déchiffreur d'Enigmes de la ville, désormais assez célèbre pour ne plus se contenter de résoudre les énigmes que viennent lui rapporter les visiteurs de la Pythie ou d'autres oracles fameux, ne partage pas l'avis général : pour lui, Tramaque a été assassiné. Et lorsque Diagoras, le mentor de Tramaque à l'Académie, également insatisfait des conclusions de l'enquête, lui propose de dissiper les ombres qui entourent le décès de son ancien élève, Héraclès accepte.



Le lecteur se prend très vite au jeu. Fasciné, avide de connaître la clef de cette mort et de celles qui vont la suivre, il lui devient difficile de s'arracher à ces pages qui se révèlent de plus en plus complexes. Pourtant, dès le départ, Somoza a pris le risque de le déstabiliser ou d'égarer son attention. En effet, il nous présente d'un côté le récit intitulé "La Caverne des Idées" comme une histoire arrachée au grec ancien par un traducteur aussi érudit qu'anonyme. Et de l'autre, nous lisons les annotations du Traducteur : hanté par sa propre recherche des images eidétiques* cachées dans le texte, il commence par découvrir çà et là des phrases menant aux Douze Travaux d'Hercule ("Héraclès" en grec), puis constate avec surprise - et aussi avec une peur qui va croissant - que le texte qu'il traduit paraît l'apostropher directement ...



Cette mise en abyme, véritable clef de l'oeuvre et dont le lecteur suit avec passion les développements successifs, trouve son enchâssement final dans l'épilogue de "La Caverne des Idées", épilogue où se révèle enfin l'identité de l'auteur du texte grec. Car lui aussi était jusque là demeuré anonyme - ou plutôt le lecteur le connaissait sans le savoir.



Les deux intrigues parallèles - celle dont Héraclès est le héros et celle où le Traducteur prend en quelque sorte sa place - sont menées avec une rare maestria. C'est un jeu de miroirs, de reflets et de mirages parmi lesquels la Vérité apparaît pourtant bel et bien - un peu plus loin que le milieu du roman - mais sans que, chose pourtant si habituelle, nous la reconnaissions comme telle. C'est un jeu qui absorbe, qui entête - c'est un jeu qui laisse pantois et ravi.



Attention : "La Caverne des Idées" n'est pas un livre à entamer si vous risquez d'être souvent dérangé dans votre lecture. En dépit d'un style simple, plus classique que dans les autres romans de Somoza, sans doute en raison du contexte Antiquité/Athènes, en dépit aussi de la grande fluidité avec laquelle l'auteur manie ses marionnettes, leurs discours et leurs idées, cela reste un livre exigeant qu'on ne peut lire sans s'interroger sur toutes sortes de choses : l'apparence et la réalité bien sûr mais aussi l'idée et les mots, l'action et la réflexion - voire le fanatisme. Enfin, cette "Caverne des Idées" est une critique fine, réfléchie et non dépourvue de malice non de la philosophie mais de certains philosophes et de leurs excès.



Courez vous procurer ce livre, lisez-le et revenez donc nous dire s'il vous a ébloui autant que nous.



* : l'eidesis est un procédé littéraire inventé par Somoza pour les besoins de son livre mais que le Traducteur déclare être une pratique assez courante dans la littérature grecque antique. Cette technique consiste pour un auteur à transmettre des clefs ou des messages secrets dans ses oeuvres - de fiction ou non - en y répétant des métaphores ou des mots qui, repris et isolés par le lecteur averti, donneraient une image - et une idée - indépendante du texte originel et n'ayant probablement rien à voir avec le sujet de celui-ci.
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La clé de l'abîme

Plusieurs millénaires et une série de cataclysmes ont changé la face de la Terre. Les hommes sont des êtres de conception et l'humanité tout entière s'adonne à une religion universelle "la Sainte Bible Amour et Artisanat". En déjouant les plans d'un kamikaze dans le Grand Train où il travaille, Daniel Kean se retrouve dépositaire d'un secret qui pourrait remettre en cause la croyance ancestrale. Aux prises avec de fervents croyants prêts à tout pour lui arracher "la clé de l'abîme", Daniel est entraîné dans la pire des aventures.

Avec cet ouvrage, Somoza est loin d'atteindre les sommets auxquels il nous avait habitué. Si ce n'est par les thèmes abordés et l'univers fantaisiste, on a même du mal à reconnaître l'auteur génial de "La caverne des idées".Prenant le pari du roman de science-fiction et malgré un sujet très prometteur (l'hommage rendu à un grand maître de la terreur dont nous tairons le nom) l'auteur ne nous offre malheureusement pas plus qu'un roman d'aventures futuriste, entre manga et jeu vidéo. Décevant !

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La Théorie des cordes

Ce livre m’a été fortement conseillé, et pourtant la quatrième de couverture m’a incitée à le reposer plusieurs fois : « la fine fleur de la physique mondiale isolée sur un atoll de l’océan Indien » ne m’attirait pas du tout… Heureusement que j’ai fini par me lancer !



Au centre du roman, la brillantissime et très belle Elisa Robledo, professeur de physique théorique dans une petite université de Madrid, un parcours professionnel loin d'être à la hauteur de ses capacités exceptionnelles. Enterrée dans ce poste obscur, toujours seule, elle mène une vie d’une terrifiante monotonie et un terrible poids semble peser sur ses épaules. Mais cet ennui latent vole en éclat quand Elisa tombe sur un article qui la terrifie.



Elle se remémore alors les événements incroyables survenus dix ans auparavant, en 2006, alors que jeune étudiante suivant le séminaire du professeur Blanes, elle avait été recrutée pour intégrer son équipe d’élite et travailler sur la fameuse « théorie des cordes » qui permettrait d’« ouvrir le temps ». L’idée ? Il est impossible de voyager dans le temps mais, grâce à la « théorie du Séquoia », on pourrait obtenir des images du passé. Procédé encore bancal, et surtout dont on ne mesure pas « l’Impact », le choc psychologique à court et moyen terme – et ses conséquences – encouru par celui qui visionne de telles images aberrantes : la crucifixion du Christ pour ne citer qu’un exemple.

Un terrible drame, sur lequel se lève lentement le voile, force les financiers de ces improbables expériences à interrompre le programme. L’équipe est dispersée et chacun de ses membres doit s’engager à ne jamais contacter l’un des autres participants.



Ce qu’a appris Elisa par le journal, c’est la mort douteuse de l’un d’eux. Rapidement, pour briser la spirale qui les supprime un à un, elle s’efforce de souvenir de tout, même du plus enfoui, pour comprendre ce qui s’est réellement produit sur cette île perdue, et comprendre aussi les rêves étranges qui la torturent depuis… Aidée de Victor Lopera, son collègue et ancien condisciple à l’université, elle se lance dès lors dans une incroyable enquête, nous révélant lentement ce qu’il s’est passé il y a dix ans.



Surtout, ne pas s’effrayer devant l’aspect scientifique du roman : certes, les développements à ce sujet son parfois denses, mais l’écriture de José Carlos Somoza les rend tout à fait compréhensibles.

Quelques petits regrets néanmoins : des personnages souvent caricaturaux (on attend davantage de cet auteur ancien psychanalyste) ; et un « tic » stylistique horripilant, l'usage de « cliffhangers » pour clore certains paragraphes et insister lourdement sur le suspense - tendance à l’insistance qui se retrouve parfois dans une écriture légèrement trop appuyée, comme recherchant l'effet. On oublie toutefois assez rapidement ces bémols.



Au final, un thriller scientifique aux tendances quasi paranormales très prenant et efficace. Et une belle réflexion sur les limites de la science et de la toute-puissance de l'homme.



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La Théorie des cordes

Décevant, malheureusement. Les mécanismes d'écriture sont évidents, apparents. La vulgarité n'est pas omniprésente mais est présente tout de même, et inutile, comme souvent. La thématique physique en elle-même est très vaguement abordée, noyée dans l'intrigue, alors que voilà un beau sujet. Arrive tout de même à créer une certaine impression d'étrangeté, de mal aise plutôt, qui va assez bien au décor qu'il plante. J'ai eu du mal à le terminer, rapidement décevant, et le reste jusqu'à la fin.
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La Théorie des cordes

C'est la toute première fois qu'en me lançant dans un bouquin, je me suis fait la réflexion que, tout compte fait, j'aurais préféré ne rien connaître de l'histoire et me laisser ainsi entraîner par la découverte au lieu d'anticiper sur le résumé que j'en avais lu. C'est le problème parfois avec la quatrième de couverture. Elle n'est qu'une fenêtre, une lucarne qui ne laisse pas voir l'étendue d'une aventure et de son traitement, quand on ne la cantonne pas aux sphères de notre imagination. Rien de plus normal, après tout.





Mon intention n'est pas d'effectuer une pirouette afin d'éviter de me lancer dans un résumé ou de rédiger une chronique trop longue qui vous dissuaderait de la lire en entier ( fainéant, le BiblioMan(u)...hum?), mais plutôt de vous préserver de l'intrigue, qui mérite vraiment d'être explorée de manière tout à fait personnelle.





A la rigueur, sachez seulement que des canevas romanesques qui auraient pu s'avérer des plus classiques, José Carlos Somozà s'en dédouane aisément en dressant une histoire qui ne va jamais là où l'on aurait pu l'attendre. Il ne s'attarde pas sur des aspects que l'on aurait aimé plus fouillés ? Quand bien même! Il nous emmène dans un ailleurs tout aussi passionnant, pétri de passages réellement haletants.

Ne serait-ce que pour ces raisons, n'hésitez pas à vous jeter dans la théorie des cordes, roman érudit et mystérieux par excellence, et de vous y abandonner complètement. Essayez - si c'est à la lampe de chevet c'est encore mieux -, vous m'en direz des nouvelles.
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La Théorie des cordes

Il y a deux ans, je tombais amoureuse de la couverture d’un roman intitulé "Le Mystère Croàtoan" (2018) qui est en fait le portrait de la princesse Francesca Ruspoli par Leonor Fini, et je découvrais José Carlos Somoza. L’année suivante, je dévorais "La Clé de l’abîme" (2007) et j’ai profité de ma PAL spéciale pavés-de-l'été pour me plonger dans "La Théorie des cordes". A la croisée de la Science Fiction et du Thriller, ce livre met en scène la fuite effrénée de la physicienne Elisa Robledo qui cherche à échapper à son passé.



En 2015, alors qu’elle enseigne dans une université de Madrid, elle apprend le décès du professeur Marini avec qui elle a collaboré des années plus tôt pour un projet très secret. Cette mort s’inscrit à la suite d’autres incidents mystérieux qui semblent attester d’une sorte de malédiction comme celle ayant frappé les archéologues qui ont mis au jour la momie de Toutânkhamon au XXe siècle. Et le moins qu’on puisse dire c’est que la découverte d’Elisa et ses collègues dix ans plus tôt égale, si ce n’est dépasse, celle du tombeau du jeune pharaon puisqu’ils étaient parvenus à ouvrir des fenêtres sur le passé grâce à la théorie des cordes et à capter des images vieilles de plusieurs milliers d’années !



Cette lecture, comme les précédentes, est une preuve supplémentaire du talent de l’auteur à créer et alimenter une tension insoutenable qui nous fait passer par tous les états de l’horreur. En lisant ce texte, je me disais que Lovecraft l’aurait sans doute adoubé puisqu’il utilise deux procédés chers à l’auteur de Providence : faire naître le surnaturel de la science ce qui est un gage de sa crédibilité, et suggérer l’atroce sans jamais le décrire pour laisser notre imagination l’illustrer sans limite. En ouverture du sixième chapitre, la citation de l’écrivain Karl Schlechta, "Les scientifiques ne poursuivent pas la vérité : c’est la vérité qui les poursuit.", illustre parfaitement la portée dramatique de ce récit qui se lit à vos risques et périls 😉
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Etude en noir

Annie MC Carley est infirmière, spécialisée dans les hôpitaux psychiatriques. De retour dans sa ville de Porstmouth, elle est embauchée dans une clinique privée pour s'occuper d'un patient particulier, Monsieur X, qui a la particularité de s'intéresser aux affaires crimelles et "le don" de voyance si on peut dire.

Ce livre est le récit de ce qu'elle a vécu avec M.X et son médecin particulier monsieur Conan Doyle car nous sommes dans un roman à tiroirs. Ces deux hommes essayant de résoudre une série de meurtres de mendiants dans le milieu du théâtre non officiel, scandaleux.

Comme dans tous les romans de cet auteur, nous sommes manipulés pour notre plus grand bonheur et plongés dans l'histoire du théâtre de la fin du dix neuvième siècle.
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Clara et la pénombre

Voici un pavé effrayant décrivant un univers où l'art a repoussé toutes les limites, où le pouvoir de l'argent a définitivement mis à l'écart l'humain, avec une trame quelque peu prévisible mais où les détails ne cessent de surprendre, un essai sur l'art et la perversion du génie, un roman à l'intrigue haletante et originale. C'est le premier livre que je lisais de Somoza, et je pense que ce ne sera pas le dernier.
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La clé de l'abîme

José Carlos Somoza a un univers indéfinissable, propre à lui et qui brouille les pistes des genres. Autant être honnête, ce n’est pas forcément une lecture très accessible et je ne la recommanderais pas à tout le monde. Mais si vous arrivez à rentrer dans le roman, vous ne pourrez être qu’emporté par cette imagination débordante.



Mais de quoi parle vraiment ce roman? On se retrouve dans un univers très particulier car au départ, cet univers semble ressembler au nôtre. Puis on se rend compte de quelques différences puis enfin on se rend compte que c’est un monde complètement à part, dans lequel les hommes ne naissent pas naturellement et surtout dans lequel la plupart des personnes sont profondément croyantes. Elles croient en une Bible qui a quatorze chapitres et chaque adepte a ses propres pratiques et croyances. Ce livre traite beaucoup de religion, mais on est loin des religions que nous connaissons. Pendant tout le roman, je me suis demandée si je loupais une référence sur cette Bible et je suis ravie d’avoir eu ma réponse tout à la fin.



Ce roman est vraiment dense et riche. Je me suis pas ennuyée une seule seconde et pourtant, je suis consciente qu’il n’est pas facile d’accès et qu’il ne plairait pas à tous les publics. On se retrouve dans ce monde futuriste et en même temps surnaturel dans lequel on poursuit la clé de l’abîme alors qu’on ne sait absolument pas ce que c’est. C’est une course-poursuite contre la montre car deux parties s’affrontent et certains sont prêts à tout pour s’en emparer ce qui implique de tuer. On a donc tous ces éléments qui se mélangent, tout un monde unique à appréhender… Mais j’ai été complètement happée et charmée, je ne pouvais pas lâcher le livre et je voulais vraiment savoir ce qui allait se passer.



Je n’ai absolument pas été déçue par la fin même si je l’ai trouvé moins sombre que l’ensemble du roman qui n’est vraiment pas rose dans l’ensemble.



Vous l’aurez compris, j’ai passé un excellent moment et au-delà de ce roman, c’est la plume de l’auteur que je vous invite à découvrir car il ne cesse de me surprendre et chacun de ses romans est vraiment une belle surprise. Je ne recommanderais pas ce roman à tout le monde mais plutôt aux fans de romans fantastiques, sombres et mystiques.
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