L’histoire commence comme une intrigue policière au temps de Platon : un éphèbe est retrouvé mort dans les rues d’Athènes. Sa mort, annoncée comme l’oeuvre des loups, laisse son mentor perplexe. Celui-ci fait alors appel à Héraclès Pontor, celui que l’on nomme le Déchiffreur d’Énigmes - sorte de Sherlock Holmes des temps anciens – pour découvrir ce qui est véritablement arrivé au mort. Car les indices ne trompent pas le fin limier : il s’agit bien d’un meurtre.
Mais déjà, quelques notes en bas de page nous indiquent que cette intrigue policière est un récit ancien en cours de traduction. Le traducteur nous indique que les premières lignes du texte sont manquantes, et on comprend alors qu’il découvre l’histoire du récit en même temps que nous-mêmes. La tentation peut être grande d’ignorer ces quelques notes en bas de page : grave erreur ! Celles-ci font partie intégrante du roman et vont prendre de l’ampleur au fur et à mesure de l’histoire. Car c’est bien là toute l’originalité du livre : il nous offre deux histoires en une.
Mais qu’est-ce qu’il raconte ? me direz-vous. Patience, je m’explique : le traducteur, alors qu’il progresse dans le récit (et que l’on progresse avec lui), pense découvrir dans l’histoire… une eidesis !
Une quoi ???
Une eidesis ! Allez, bonne âme que je suis, je vous l’explique (je peux faire mon malin, j’ai lu le bouquin et apprit ce qu’était une eidesis) : il s’agit d’un message caché dans un texte. Certains mots peuvent ainsi détonner par rapport au reste du texte et attirer l’attention du lecteur. Ces quelques mots formeront alors un message caché à l’intérieur du texte original. On peut par exemple proclamer son amour pour quelqu’un au sein d’un texte décrivant la beauté de la nature. Une personne non-initiée ou inattentive passera alors à côté du véritable message véhiculé par le texte.
Voilà donc que le traducteur pense découvrir une eidesis au sein de l’enquête menée par Héraclès. Le voilà devenu enquêteur à son tour. Il travaille pour découvrir le sens caché de ce texte, il travaille dur, dans la solitude de son bureau, sa caverne à lui, et peu à peu… il croit se retrouver lui-même dans l’eidesis. C’est bien de lui qu’il s’agit, se persuade-t-il, c’est bien de sa vie dont on parle, c’est lui-même qui prend vie dans ce récit. La peur le paralyse, la tension monte, mais c’est déjà trop tard, il veut savoir si ce texte le mènera au bord de la folie ou s’il trouvera des réponses.
Vous l’aurez compris, « La caverne des idées » est bien plus qu’un simple polar. Les divers niveaux de lecture forment un tout cohérent et terriblement efficace. Les deux histoires – imbriquées l’une dans l’autre – sont passionnantes. Ce livre nous permet de nous plonger dans l’époque de la Grèce antique, des temples, des éphèbes aux corps de dieux, des affrontements entre les différentes écoles philosophiques… Un livre difficile à résumer, mais à conseiller. Précisons que l’auteur est psychiatre. Cela n’a sans doute rien à voir, mais quand on voit l’ampleur du roman, on ne peut pas ne pas y songer ;-)
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