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Critiques de José Carlos Somoza (421)
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Clara et la pénombre

Vous aimez les thrillers ?

L'art ?

Vous avez aimé 1984 de George Orwell ?

Le meilleur des mondes d' Aldous Huxley ?

Vous aimez les romans denses, intelligemment écrits?



Si vous avez répondu oui à une de ces questions alors il faut absolument lire ce roman qui ne ressemble à aucun autre !



José Carlos Somoza ouvre son roman sur une monde crépusculaire où l'art est tombé dans un gouffre obscur.

Les toiles sont désormais vivantes, elles se vendent, s'échangent, s'exposent et peu importe leur âge, sexe ou ethnie. Les marchands d'art les traquent, les collectionneurs se les arrachent et les spectateurs les observent dans les galeries subjugués par ces toiles humaines.

Ce nouvel art c'est l'hyperdramatisme . Une déviance de l'âme humaine ? Une apologie de l'art ? Une négation de l'éthique ?

Ce monde à la fois dérangeant et subjugant va devenir le théatre d'une intrigue machiavélique où chaque personnage tient un rôle bien défini , car chez José Carlos Somoza nulle place n'est laissée au hasard .

Les personnages sont admirablement sculptés par l'auteur, tel un artiste qui pousse le réalisme à l'extrème, José Carlos Somoza les façonne de chair et de sang.



Mais au-delà de ces personnages, de l'intrigue policière, l'auteur nous questionne et si c'était demain ? Et si l'art n'avait plus aucune limite? Comment l'auteur a-t'il eu l'idée de créer ce monde dénaturé, étrange, glauque et amoral ? Il en connait un rayon sur l'âme humaine, psychiatre de profession sa vision fait frémir que l'on soit sensible ou pas.



Mais le body art existe déjà ! Est-ce qu'il dérange , est-ce qu'il fait des émules? Allez-y torturez-vous l'esprit moi je n'en suis pas sortie indemne.



L'être humain est-il déja sur cette voie de trangression?



Ce roman est terrifiant, extrèmement bien écrit et intelligemment construit.



Un roman troublant qui laisse une véritable marque .



Un énorme coup de coeur .

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La Dame n°13

Un ancien professeur de lettres, féru de poésie, fait le même cauchemar depuis quelques semaines. Une nuit, il apprend que ce rêve horrible correspond à un fait divers bien réel. En voulant en savoir plus, il se trouve entraîné dans une histoire qui le conduira aux portes de l’enfer. Et si la poésie était la chose la plus dangereuse au monde?

A la fois ouvrage de philosophie, de poésie, thriller palpitant et récit fantastique, ce roman hors norme est inclassable. L’auteur nous plonge dans un univers étrange où les mots possèdent un pouvoir dévastateur… Où est le rêve, où est la réalité ? Ce roman se lit avec avidité malgré quelques scènes sanglantes.

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L’appât

Il ya quelque temps, je disais que l'uchronie n'était pas mon style de lecture.Et pourtant, je viens d'en lire et surtout de l'apprécier au travers de ce roman de José Carlos Somoza. Il faut dire que cet écrivain est un maître en matière de fantastique romanesque.

Tout commence par la passion de l'auteur pour le théâtre de Shakespeare. Le roman est d'ailleurs divisé en actes et s'inspire de nombreuses pièces de l'auteur anglais. Chaque pièce inspire un comportement humain, un masque, un psynome.

Le début du roman est un peu ésotérique tant que l'on n'a pas intégré les différentes notions.

" D'après cette théorie (psynome), ce que nous sommes, pensons et faisons dépend exclusivement de notre désir, et nous exprimons ce désir à chaque fraction de seconde par les gestes, les mouvements des yeux, la voix..."

"Le psynome serait donc une sorte de code de notre désir."

" les sujets de la même philia réagissent de la même façon devant des stimulations semblables.On entraîne les appâts à identifier les philias."

" le monde ne serait qu'un théâtre."

" Il disait que Shakespeare avait décrit tous les psynomes dans ses oeuvres."

Ainsi, à la suite des attentats du 9 Novembre en Europe, les chefs de la Psychologie criminelle ont eu l'idée de recruter des appâts et de les entraîner à la recherche de dangereux criminels.

Diana Blanco, l'une des meilleures appâts va se lancer sur la piste du Spectateur, un tueur en série de femmes et de l'Empoisonneur. Elle s'investit pleinement lorsqu'elle craint pour la vie de sa jeune soeur, appât débutant.

La construction est celle  d'un roman policier avec du suspens, des rebondissements (peut-être un peu trop en fin de livre), une angoisse quelque fois insoutenable, des scènes macabres. Mais, bien au-delà de l'enquête, il y a l'analyse de comportements humains. Diana a connu un drame familial traumatisant qui définit sa conduite.

L'auteur est aussi psychiatre et il nous illustre ici, le pouvoir de l'esprit, le monde de la manipulation. Il nous fait réfléchir sur les  pouvoirs de la  science, l'exploitation d'êtres humains au service de la police ou de la Politique.

C'est un roman époustouflant qui pousse notre esprit vers les régions fantastiques du pouvoir humain.

Les références permanentes aux oeuvres de Shakespeare m'ont donné une cruelle envie de lire les différentes pièces citées et de découvrir ces caractères humains. J'ai un peu honte d'avouer que je n'ai jamais lu Shakespeare.

J'avais déjà apprécié La clé de l'abîme  et je continuerais à lire José Carlos Somoza pour son imagination fertile, sa maîtrise des intrigues et pour ses personnages ambigus et énigmatiques.
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Daphné disparue

C'est une toile d'araignée d'une incroyable complexité, c'est un écheveau emmêlé par un fou, c'est une zone brouillée pour l'éternité. On croit, dans les premières pages, dans les premiers chapitres, retrouver l'inspiration géniale de "Clara et la pénombre" ou mieux encore, de "La théorie des cordes", et, plus on avance dans ce périple abracadabrantesque, plus on décroche. On va jusqu'au bout parce que c'est Somoza et que le seul fait d'avoir écrit "La théorie des cordes" en a fait un dieu vivant. Et arrivé à la dernière page du dernier chapitre, on se demande ce qu'on est venu faire dans cette odyssée sans queue ni tête où toute illogique nous échappe et où l'auteur se force à construire un invraisemblable jeu de piste qui échappe au lecteur. Certes Somoza a fait pire avec "La clé de l'abîme". Retrouvera-t-on dans son dernier roman "L"appât" la veine de ses chefs d'oeuvre ?
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La clé de l'abîme

A moins que tu choisisses un livre sur sa seule couverture (et alors, passe ton chemin), tu sais, toi lecteur potentiel de "La clé de l’abime", en train de lire cette chronique, que José Carlos Somoza y réinterprète l’œuvre de Lovecraft. Ne m’accuse donc pas de spoiler, toi, hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère.

"La clé de l’abime" raconte à cent à l’heure les aventures d’un petit groupe d’aventuriers en quête du secret pour détruire Dieu, un Dieu qui vit sous la mer et distille la Peur sur le monde. Situé dans le temps bien après une apocalypse planétaire, le roman prend place dans un monde futuriste
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La Caverne des idées

Il s'agit du deuxième livre que je lis de cet auteur espagnol, Somoza, dont la formation de psychiatre contribue sans aucun doute à l'élaboration de récits aussi timbrés que leur auteur. Ce livre à la lecture assez complexe se révèle malsain et surprenant, et nous emmène dans des histoires parallèles reliées par un graphe relevant du jeu littéraire et de l'énigme, voire de la joute. On en ressort avec une perte d'équilibre doublée de quelques interrogations sur les substances dont l'auteur se sert pour sa rédaction. Lecture sympathique et technique parfaitement à mon goût.
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Etude en noir

Réel hommage à l’écrivain Arthur Conan Doyle, ce roman noir historique nous ramène à ce qui est au fondement du polar classique : le plaisir inéluctable de la déduction. On côtoie les théâtres clandestins de l’Angleterre victorienne, à la recherche de ce mystérieux assassin qui cible les mendiants de Portsmouth. En compagnie de M. X au pouvoir de déduction infaillible – à moins que ce ne soit Sherlock Holmes lui-même – de son infirmière terre à terre et d’un Conan Doyle en recherche d’inspiration, nous tentons d’élucider ce crime énigmatique. Avertissement : ce roman est irrésistiblement scandaleux !
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Daphné disparue

Juan Cabo, écrivain né à Madrid en 1964, a un accident de voiture la nuit du 13 avril 1999 en sortant du restaurant La Floresta invisible. Lorsqu’il se réveille dans une chambre d’hôpital, il est indemne mais amnésique. Pour fixer sa mémoire, une femme médecin lui conseille de noter sur un cahier sa vie en deux colonnes ( les faits et les personnages marquants).

De retour dans sa maison de Mirasienna qu’il occupe depuis sept ans avec sa bonne Ninfa, il lit la phrase inachevée inscrite dans le carnet noir retrouvé dans sa voiture.

C’est une description sensuelle d’une femme en robe noire assise dos à lui au restaurant. Ce dos mis en valeur par l’échancrure de la robe et le chignon de cheveux châtains lui a fait tourner la tête. Il n’a plus qu’une obsession : retrouver cette femme. Mais existe-t-elle vraiment ?



Les détours labyrinthiques

Son enquête débute dans ce restaurant au concept particulier. Pendant leur repas, les convives sont invités à écrire leurs impressions, leurs fantasmes sur un cahier noir. Le restaurateur garde précieusement ces cahiers dans une pièce sécurisée. Un client du 13 avril a peut-être écrit quelque chose sur la femme mystérieuse de la table 15, lui donnant ainsi une réalité.

Etrangement, les textes ont été modifiés « en pleine fantaisie » laissant le doute sur l’existence d’une personne à cette table décorée de lauriers.

Juan Cabo engage un détective privé et critique littéraire. L’inconnu existe-t-elle vraiment ou n’est-elle qu’un personnage de roman?



La littérature est un labyrinthe

José Carlos Somoza nous entraîne dans le vertige des mises en abyme. Auteurs, personnages, fiction, réalité…l’esprit du lecteur doit jouer sur plusieurs dimensions. L’avantage de la fiction est que tout devient possible. L’auteur ne se prive pas de fantaisie. Les personnages sont truculents, les situations rocambolesques, les descriptions hautes en couleur. Et Le suspense est omniprésent.

Quelle écriture! Et je peux dire « C’est un livre délicieux, je l’ai dévoré. »

Parfois, le suspense est contenu dans une phrase, un paragraphe. On démarre avec une idée en tête que l’auteur vient déjouer d’un rebond.



La création littéraire

Ce roman truculent est aussi et surtout une réflexion sur la littérature. Cette littérature qui emporte de page en page, qui ne répond pas à nos questions mais les éclaire.

Mais aussi à ce besoin furieux d’écrire, à la place de la réalité et de la fiction dans une œuvre. Au travers de son roman, l’auteur se transforme en ses personnages, se métamorphose pour se trouver. Les métamorphoses d’Ovide sont un fil rouge de ce roman d’où le titre et la table 15 ornée de lauriers. Daphné, nymphe d’une grande beauté fut transformée en laurier par son père pour déjouer les plans amoureux d’Apollon.

José Carlos Somoza craint aussi cette prochaine ère qui placera l’éditeur en maître sur la création. Aux siècles passés, le personnage de roman ( Quichotte, Anna Karénine…) était l’élément principal. De nos jours, l’auteur est primordial. En s’effaçant derrière son personnage jusque dans les remerciements, on comprend pertinemment ce qui prévaut pour le génial José Carlos Somoza.

Gros coup de coeur pour ce roman et j’ai la chance d’avoir d’autres titres de l’auteur en réserve,
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Le mystère Croatoan

Oh mon Dieu que je n'ai pas aimé ce livre.



Le Mystère Croatoan (Croatoan, 2018) est un roman fantastico-sf-thriller écrit par Jose Carlos Somoza. A la croisée des genres, il s'agit surtout d'un récit à proprement parler apocalyptique, puisqu'on est ici en plein dedans (ce fut également ma lente apocalypse).



En gros, un mystérieux éthologue suicidé deux ans plus tôt a prédit à son ancien cercle de proches une fin du monde à l'heure près. Pas n'importe comment, et accrochez-vous: on observe au-travers le monde des hordes de centaines de milliers d'animaux et humains mélangés, tantôt marchant, tantôt rampant, tantôt s'entretuant, tantôt poursuivant leur marche de façon automatique. Et personne ne semble comprendre d'où viennent ces espèces de déferlantes de chair, où l'homme est bien remis à sa place dans le règne animal. Sauf bien sûr, notre héroïne Carmela, qui tentera de comprendre les liens entre son ancien professeur, ses théories et l'effondrement du vivant tel qu'on le connait.



Alors, on va tout de suite détailler ce qui était bon dans ce livre (et qui explique que la note ne soit pas nulle non plus).

Tout d'abord, c'est effectivement mystérieux. L'atmosphère distillée dans la première moitié du roman est intrigante et porte régulièrement le lecteur dans un certain malaise.

C'est également assez évocateur, riche en image d'apocalypses, pour le coup assez originales. Autant les stricts lecteurs de blanche se trouveront vite impressionnés par ces chariots humains, autant les amateurs de SFFF ne sauront trouver ici un argument justifiant à lui seul leur lecture.



Et pour ce qui ne va pas:

- Le bouquin est extrêmement fade. Même s'il n'est franchement pas médiocre, il manque d'une fougue certaine. Comment dire: malgré un sujet qui se prêterait à un rythme tambour battant et une atmosphère insoutenable, on est ici face à un récit extrêmement plat. Les différents rebondissements tombent systématiquement à l'eau.

- Les personnages sont affreux. Pour ainsi dire, on ne s'attache à aucun d'entre eux. Rajoutons qu'ils sont parfaitement caricaturaux (au moins concernant Borja, le peintre, la bande de mercenaires...).

- Le tout donne un fin assemblage de série Z. Disons que se boire une soupe déshydratée en septembre vous réchauffera, mais ne comptez pas dessus pour en faire un souvenir impérissable. Bah c'est pareil.

- N'oublions pas que ce livre ne donne pas grandement à réfléchir. Pouvant évidemment être affiché en grande métaphore éco-humaniste replaçant l'homme au centre d'un monde qui décidément tourne sans lui (ou avec lui, en égal), ce serait en vérité sacrément tiré par les cheveux de vous le décrire comme ça. Ca ne raconte pas grand-chose quoi, par contre on sent qu'à grands renforts de théories fumeuses pseudo-scientifiques, ou de perceptions soudainement philosophiques, on essaie de nous bourrer le mou. Ca ne fonctionne évidemment pas.



Donc voilà tout: Somoza livre ici un ouvrage fade, parfois pompeux et contemplatif. A lire si vous êtes réellement intrigués.
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La Théorie des cordes

Je pensais que Somoza s'attaquait uniquement à la culture ; aux Beaux Arts avec Clara et la pénombre, à la poésie dans La Dame n°13 et au théâtre dans L'Appât.



Eh bien foutre non ! Et quand j'ai lu la quatrième de couverture j'me demandais dans quelle galère je m'étais foutu. La théorie des cordes traite de physique ET de théologie (dur). On parle de grosse physique pompeuse, qui donne bien mal au crâne ; la théorie des cordes !



C'est le quatrième bouquin de Somoza que je dévore. Et c''est pas du best seller qu'on survole en 1h entre deux stations de trom' nan nan ... Somoza il t'pond des trucs genre 700 pages t'as vu ? le Double Wohpper du livre quoi.



Et il écrit super bien, dans le genre justement si toi aussi t'as jamais dépassé le cinq sur vingt en Sciences ben là pour le coup tu te demandes si t'es pas passé à coté de quelque chose tellement il arrive à rendre le sujet intéressant.



En gros l'histoire de La théorie des cordes donc c'est quand un petit groupe de scientifiques se regroupe sur une île pour aller traficoter un projet ultra top secret financé par le gouvernement.



Et là vous vous dites "il se fout de ma gueule c'est quoi ce scénario TF1/Canal+ que j'ai pas besoin d'me lever de mon canapé pour voir à quoi ça ressemble ?".



Bon déja chut. Ensuite le truc c'est que justement, cette expérience consiste à ouvrir une brèche, un laps de temps, comme une sorte de vidéo sur ce qui s'est passé "dans le passé". Nos p'tits gars s'imaginent déjà de savoir si le Christ a existé, à quoi ressemblait les dinosaures, ...



Mais ça va tourner vinaigre sous roche, va y'avoir embrouille. Ils créent malgré eux une sorte d'ombre qui se déplace n'importe quand et n'importe comment et qui va tous les zigouiller un par un. Châtiment divin ? Délire schizophrène ? Originalité dans un slasher book ? Combo des trois ?



Clairement, ça fout les ch'touilles, t'en sors avec l'impression de pouvoir foutre une branlée à Stephen Hawking ou Albert Einstein à Shifumi, et qu'en plus tu peux passer un sacré bon moment sans tes copains et sans vie sociale !
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Le mystère Croatoan

Un savant capable de calculer le comportement de toute l'humanité à la minute et au centimètre près. Voilà le socle de ce roman qui s'effondre sous le poids de sa propre incohérence. Certains personnages ne servent presqu'à rien, des bouts d'histoire se terminent en queue de poisson, le rebondissement de la page d'après est toujours très largement prévisible. Si quelqu'un a compris à quoi servait le commando mutiné et le flic associé qu'il me fasse signe. A moins qu'il ne s'agisse d'un spin-off intégré dans le roman lui-même. L'histoire ne tient pas debout et le style non plus. Aucun élan ne nous entraîne en dehors de l'ennui. Malgré tout, de temp en temps, il y a de jolies formules bien senties. J'avais lu beaucoup de bien de José Carlos Somoza et je faisais confiance à Actes Sud mais je suis manifestement tombée sur le mauvais roman. J'aurais peut-être plus de chance avec La Théorie des cordes ou La Caverne des idées... mais ce ne sera pas tout de suite.
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La clé de l'abîme

La littérature espagnole contemporaine est riche et passionnante. Arturo Perez-Reverte, Antonio Munoz Molina, Carlos Ruiz Safon, Manuel Vasquez Montalban… sont autant d’auteurs qui montrent toute sa vitalité et sa diversité. Ils affichent notamment une grande liberté pour s’affranchir des carcans de genre et osent faire des incursions sur le terrain du fantastique, de l’imaginaire ou du policier, là où les écrivains « sérieux » en France restent plus timorés.

Parmi ces auteurs, on peut également citer José Carlos Somoza, traduit et publié en France par Actes Sud. Cet ancien psychiatre et psychanalyste est l’auteur d’une dizaine de romans à mi-chemin entre le conte philosophique, le thriller et le récit fantastique.

Je n’avais jamais lu ce romancier et j’avoue que je me suis intéressé à ce livre uniquement parce que je savais qu’il avait pour source d’inspiration l’univers de HP Lovecraft (grand nom et quasi fondateur de la littérature horrifique pour qui j’ai eu une véritable passion adolescent.)

L’action se situe dans un futur indéfini où la croyance en un Dieu spécifique est extrêmement présente et anxiogène. Dans ce monde étrange et inquiétant, les êtres sont majoritairement androgynes et génétiquement créés. Nous suivons, l’un d’entre eux, Daniel Kean, employé d’un grand train qui traverse une Allemagne postapocalyptique. Un monsieur tout-le-monde simple et non croyant. Mais un Kamikaze prêt à commettre un attentat va bouleverser le quotidien de Daniel, en lui confiant avant de mourir un terrible secret que s’arrachent bien des gens : l’endroit où se trouve la Clé de l’Abîme, capable de détruire Dieu. Daniel va alors se trouver enrôler dans une aventure dangereuse et pleine de péripéties où la croyance sera au cœur de tous les questionnements.

La Clé de l’Abyme est un livre hybride : à la fois roman d’aventure, thriller, récit fantastico-ésotérico-mystico-poétique et livre hommage à Lovecraft. Sa grande force réside dans sa capacité à créer un univers étrange et beau. Il utilise pour cela la cosmogonie (récit mythologique qui explique la formation du monde) lovecraftienne pour en faire la base théologique de son univers de science-fiction. Les aficionados du père fondateur des récits horrifiques retrouveront ainsi ses grands mythes revisités de manière originale. Ceux-ci prennent chez Somoza une dimension mystique et poétique très originale. Les monstres de Lovecraft se transforment en dieux et l’horreur devient une religion de la peur et de la soumission. Mais pas besoin de connaître son petit Lovecraft illustré sur le bout des doigts pour goûter à l’univers proposé par l’auteur, le livre peut être lu sans rien connaître de Cthulhu et des Grands Anciens.

Également, le traitement des héros, créés artificiellement avec des corps parfaits, aussi féminins que masculins dans leur allure, pensant que l’enfantement est un mythe et passant la majeure partie du récit nus, ajoute à l’étrangeté du récit.

Malgré ces belles idées et l’univers prenant, le livre n’est pas sans défaut. Les personnages sont tous des caricatures plates. On retrouve un élu héros malgré lui, une aveugle super combattante, un vieux sage humain biologique, des méchants sans foi ni loi, des traîtres… Bref, pas mal de clichés, traités de façon très conventionnelle. Le traitement de la fille du héros, très importante dans la première partie, puis totalement oubliée dans la seconde, est un exemple criant du manque d’intérêt que l’auteur a pour ses personnages. L’action qui promettait d’être trépidante ne l’est pas véritablement, malgré quelques moments de bravoure. Enfin, le suspense est souvent mis en place avec de grosses ficelles un peu répétitives comme l’utilisation de l’intuition du héros qui sent que quelque chose cloche sans pouvoir le définir ou par l’utilisation abusive de coupures de chapitre à des moments clés.

Malgré ces défauts, grâce à son univers unique et une fin très réussie, ce livre fou fonctionne et illustre parfaitement son thème central : la place de la croyance dans nos vies et ce que cela peut engendrer.

À découvrir donc pour les fans de Lovecraft et les amoureux des univers mystico-fantastiques !



Tom la Patate


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La Théorie des cordes

Voilà un thriller absolument brillant ! Le titre est peut être mal choisi car il peut rebuter. Mais la physique allié au suspense, et à une écriture menée tambour battant, on ne s'ennuie jamais. L'histoire est terrifiante et efficace : à recommander pour ceux qui aime tout à la fois le polar, la science, la science fiction, le noir, la lumière éblouissante, bref un thriller comme on aime.
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La Théorie des cordes

Ce livre a été écrit comme un film d'action ! Une jolie scientifique seule contre tous (ou presque) des évènements inexpliqués, des projets secrets dans des iles (presque) paradisiaques, beaucoup de morts et de disparus. C'est écrit à cent à l'heure, avec un rebondissement par chapitre ! C'est très prenant, haletant même, mais on ferme le livre avec un sentiment de frustration, comme si on avait vu un nième film d'action au cinéma. Rien de nouveau si ce n'est l'idée que la catastrophe finale du livre est due à une faille spatio-temporelle que l'auteur essaye d'expliquer avec ce qu'il sait de la théorie des cordes.
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Le mystère Croatoan

Un livre offert pour mon anniversaire. C'est de la science fiction, du fantastique, du triller, donc très en dehors de ma zone de confort. Dire que j'ai aimé, c'est compliqué, en tout cas je suis allée au bout car je voulais connaître le dénouement.

Des colonies d'invertébrés et d'humains rampent et marchent, inexorablement unis en un seul corps, à travers villes et forêts. Toute vie rencontrée est agglomérée ou détruite. Avant de se donner la mort, un scientifique, éthologue, spécialisé dans le comportement des espèces animales, a programmé à l'intention de ses proches un message qui pourrait permettre de changer le cours de ces événements terribles qui semblent signer la disparition de toute forme de civilisation. 

Sauront ils le décrypter ? Terreur, mystère, fantastique.

Une écriture pour moi trop fantastique, des descriptions pas ragoutantes.  Une histoire de Zombie avec des descriptions plutôt "trash", conglomérats d'humains d'animaux vertébrés et d'invertébrés.
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La clé de l'abîme

L’écriture est lourde et répétitive et le sujet ne me plaît pas : Quand ils trouveront la clé de l’abîme, les êtres humains pourront détruire Dieu. Arrêt à la page 80. Imbuvable. Je préfère le laisser au fond de son abîme.
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La Caverne des idées

Dans l'Athènes de Platon, dont l'Académie fleurit, un des disciples est assassiné. Diagoras, son mentor, fait appel aux talents du Déchiffreur d'Enigmes, Héraklès, pour comprendre comment ce jeune homme a pu s'éloigner et se faire déchiqueter par les loups. Héraklès voit immédiatement que les loups ne sont pas la cause du décès. Un autre jeune Académicien décède, soi-disant de ses auto-mutilations, sous l'effet de l'ivresse, et la piste commence à se préciser...



En réalité, il y a une polyphonie dans le roman. Le Déchiffreur, c'est Héraklès, c'est aussi le traducteur du roman de Polytexte de Chersonèse (?!), qui ne cesse de faire des notes sur différents passages, raconte sa perplexité, les phénomènes étranges qu'il observe soit dans sa traduction, soit dans le travail du traducteur qui l'a précédé, Montalo, et qui est mort... dans les mêmes circonstances qu'un des personnages... Il a le sentiment que quelqu'un se joue de lui et lui donne à traduire des pages qui ne sont pas originales... De plus, il s'étonne de trouver des passages eidétiques (mélanges de métaphores et d'allégories) liés aux travaux d'Hercule... En réalité, le roman se lit comme un hiéroglyphe égyptien, avec trois sens : littéral, figuré et spirituel ! Mais c'est dans les théories de Platon autant que dans la littérature qu'il faut chercher une clé de lecture. C'est passionnant, un régal !



Pour l'helléniste que je suis, les noms propres sont très bizarres, pour la plupart, mais je me suis obligée à n'en pas tenir compte.
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La Théorie des cordes

A la limite de la science fiction, ce roman met en scene des scientifiques qui explorent des domaines inconnus sans en mesurer les risques. c'est bien écrit avec le souci du suspense et de la montée en puissance de l'intrigue.On imagine facilement la traduction de ce roman en film supsense à renfort d'effets spéciaux!
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Clara et la pénombre

En 2006, les êtres humains sont devenus les toiles sur lesquelles les peintres dessinent leurs œuvres. Mais pas seulement. Au nom de l’art, ils deviennent aussi des luminaires, des fauteuils, des tables, … signées par de grands noms. Clara Reyes est une de ces toiles qui a déjà une belle carrière mais son rêve est de devenir modèle pour un des plus grand peintre du moment : le maître Van Tysch. Et pour ça, elle est prête à tout.

Mais dans ce monde, où le corps humain est devenu une marchandise comme les autres au nom de l’art, quelqu’un semble décidé à détruire les œuvres de l’inventeur de cet art qu’on appelle l’hyperdramatisme : Bruno Van Tysch. Deux tableaux ont déjà été massacrés de manière horrible mais la fondation Van Tysch souhaite garder le secret. La frontière devient floue entre l’art et le meurtre : ce ne sont plus des humains qui sont morts mais des chefs d’œuvre valant beaucoup d’argent qui ont été détériorés. Il faut donc retrouver le coupable de manière urgente, d’autant plus que la nouvelle exposition de Van Tysch est sur le point d’être inaugurée à Amsterdam et représentera des tableaux de Rembrandt de manière hyperdramatique à l’occasion du 400ème anniversaire de sa naissance. Pour l’équipe chargée d’assurer la sécurité des œuvres, il ne fait aucun doute que le criminel va à nouveau agir …



J’avais acheté ce roman juste après mon coup de cœur pour La dame n°13 du même auteur. Bien entendu, j’ai encore attendu des années avant de le commencer et après l’avoir refermé, je me demande pourquoi ! Car, c’est à nouveau un coup de cœur mais aussi une claque magistrale que je me suis prise à la lecture de ce roman du cubain José Carlos Somoza.



Le romancier repousse les limites de l’imagination jusqu’à faire de l’homme un objet de consommation consentant, volontaire et fier de l’être. Au nom de l’art, les personnes se soumettent à des actes de tortures et d’humiliation et se déshumanisent pour devenir une toile entre les mains d’artistes. Et c’est d’ailleurs en tant qu’objets qu’ils sont considérés par la société d’Art qui voit leur destruction comme une perte financière et non pas comme le meurtre d’êtres humains. J’ai complètement adhéré au message de l’auteur, car il reflète selon moi la réalité de notre société qui ne voit plus l’homme que comme un objet utilisable, que ce soit les ouvriers des pays pauvres qui fabriquent des vêtements à prix réduits ou même nous ici, qui devenons des travailleurs que l’on peut licencier pour un oui ou un non. Il utilise pour cela le monde de l’art et de la peinture et construit un univers cohérent dans lequel se côtoient les personnages les plus vénaux et les plus horribles avec ceux plus purs et habités par une vraie passion.



Encore une fois, sa plume alerte et poétique m’a transportée. Les scènes de peinture, de créations et d’expositions des tableaux sont magnifiques, débordantes de détails artistiques et époustouflantes d’intensité. Malgré les 600 pages, on ne se lasse pas un instant. L’équilibre entre tension dramatique, vies des personnages, art et avancement de l’intrigue est idéal. L’histoire se déroule de manière ingénieuse sans que l’on ne devine qui se cache derrière la machiavélique machination visant les tableaux humains.



Sous la plume de Somoza, ses personnages prennent vie et on les voit se débattre dans leur combats intérieurs où la moralité se dispute avec leur vision de l’art avec un grand A, et devant lequel tout doit s’effacer. Mais aussi la société corrompue par le dieu argent est arrivée à son paroxysme. La psychologie de chacun est brillamment déployée. Le lecteur comprend comment chaque protagoniste réagit, ses démons intérieurs à l’œuvre et la manière dont son vécu l’a amené à penser de cette façon. Mais le romancier, en effaçant subtilement le reste du monde, à l’exception d’une évocation ou l’autre de réactions de petits groupes, montre que les gens sont prêts à accepter n’importe quelle évolution et n’importe quelle énormité dans une société où la consommation effrénée est devenue la norme.



En deux romans, José Carlos Somoza s’impose parmi mes auteurs favoris et je compte bien poursuivre ma découverte. L’appât m’attend déjà dans ma PAL.
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L’appât

L’Appât fonctionne entièrement sur le concept du psynome et du monde comme théâtre. Prenez des notes, vous y verrez plus clair. Somoza invente le psynome sur le modèle du génome, comme un matériel codé propre à chaque individu, non pas génétique mais psychologique. Les psynomes sont classés par catégories nommées « philia », parce que cela correspond à un essentiel désir irrépressible autour duquel se forme l’individu. Soit. Le truc, pour choper du criminel frais et dispo la main dans l’estomac de sa victime, c’est de s’adresser directement à sa philia par le biais de stimuli précis. Le psynome étant un code, des ordinateurs quantiques se sont chargés de le traduire en différents algorithmes, interprétés comme une série de gestes, attitudes, couleurs, etc., propre à chaque philia. Vous suivez toujours ? Tant mieux, parce que moi, je m’y perds. Quoiqu’il en soit, les appâts sont formés comme des acteurs, ce sont des acteurs capables de mimer et d’être l’ensemble de ces gestes. Un des Nimbus auteurs de la théorie fait de Shakespeare la clé de toutes les serrures, arguant que toutes les philia sont décrites dans l’œuvre du grand Bill. Tout ceci permettant de tisser sans fin le motif de la vie comme une scène, du nécessaire trompe-l’œil qu’est le théâtre, etc. Peu convaincant, au final.

Malgré son apparente complexité, l’idée de base est assez séduisante. Revenir à l’humain comme solution de salut, mais seulement pour l’objectiver au point de le dénaturer, de nier le concept même de nature attendu que les appâts de haut niveau ne sont que des coquilles vides qui donnent corps à une pantomime sans jamais s’incarner. La métaphore théâtrale, certes un peu lourde et téléphonée, est une idée intéressante aussi, tout comme le fait d’en passer par Shakespeare pour expliquer le monde comme il va (il apparaîtrait autrement que par le biais de citations doctement dispensées et de rapides récits de ses pièces, ce serait encore mieux. Tel quel, l’app(l)at est un peu épais). Mais on ne marche pas, la magie de la scène n’opère pas. Au contraire, j’en garde une impression de froideur, d’ennui poli, malgré certaines scènes de grande violence, dont on se demande si elles ne servent pas juste à contrebalancer l’absence d’émotion que procure la lecture et de réveiller le lecteur. Je me trompe peut-être, mais il m’a toujours semblé que l’intérêt du polar était au contraire de mettre en place une lecture active, un jeu de chat et de souris avec les pistes et les suspects. Ici, le chat s’est barré et la souris tourne en rond. Il y a bien des rebondissements, certains inattendus, mais cela ne suffit pas à maintenir l’intérêt, tout juste l’attention.

D’un point de vue purement littéraire et romanesque, on glisse souvent dans le lourd, le malaisé, presque maladroit. Je passe sur l’absence totale d’humour, même par inadvertance. Enfin, j’ai été assez gêné par le rendu des scènes de combats : quand un appât se bat, il le fait sans arme, à base de mime et de mouvements savamment calculés. On dirait que par essence, toute tentative de description rendra le passage ridicule, ne peut être qu’incongrue. Imaginez une scène de prise d’otages où, au pic de la tension, les tireurs d’élite se lancent dans un remake de Rabbi Jacob. Personnellement, j’ai piqué un fou rire. Je ne pense pas que c’était l’effet recherché.
Lien : http://luluoffthebridge.blog..
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