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Critiques de Lawrence Durrell (142)
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Le quatuor d'Alexandrie, tome 1 : Justine

Un grand et profond roman qui nous fait découvrir en approche feutrée Alexandrie, à travers le portrait de deux femmes aimées par le narrateur ; roman qui va loin, très loin dans les méandres du coeur humain, du temps qui passe, à travers l'influence sous-jacente et prégnante à la fois d'une immense ville orientale dans les jeux de la destinée humaine.

Un coup de coeur assurément face à la puissance d'un texte dont le moindre mot, la moindre phrase sont d'une intelligence rare, frappant la cible avec précision et clairvoyance extrêmes. Oui, une belle découverte et l'envie de continuer ce voyage en eaux profondes avec les autres volumes.
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Le Quatuor d'Alexandrie

Comme l'ont fort bien relevé les babeliautes dans les critiques précédentes, impossible de résumer ce roman, ses quatre livres et leur densité extraordinaire, à moins d'y consacrer des pages et des pages.



C'est tellement long, dense et foisonnant que ça en devient irréel. L'interrogation sur ce qu'est la réalité et la vérité est d'ailleurs un des nombreux thèmes du roman. La compréhension que le lecteur peut se faire des personnages et des situations n'est pas la même dans chacune des quatre parties.



Dans la construction de son quatuor, Durrell a été inspiré par les théories d'Einstein et en particulier la notion d'espace-temps. C'est finalement le meilleur moyen de vous faire un peu comprendre ce qu'est ce roman.



Le premier livre (Justine) présente une galerie de personnages et une histoire telle qu'ils sont racontés par le narrateur Darley. C'est la première dimension. le deuxième livre (Balthazar) reprend quasiment les mêmes personnages et la même histoire, toujours racontés par le même narrateur mais sa première version s'est modifiée et s'est enrichie des commentaires apportés par un des protagonistes. C'est la deuxième dimension. Comme en mathématique, on est encore dans le même plan. le troisième livre (Mountolive) quitte le point de vue du narrateur Darley, on est cette fois dans une narration neutre, plus linéaire, plus objective et plus classique par rapport aux deux premiers livres. le plan s'est élargi et si je garde la comparaison mathématique, il est devenu espace: on suit à travers l'Europe la carrière d'un des protagonistes rencontrés précédemment pour finalement revenir à Alexandrie et retrouver une partie des personnages et des évènements des livres un et deux. Mais la perspective est tellement différente que tout ce que le lecteur tenait pour acquis jusqu'à présent est remis en cause. Dans le dernier livre (Clea) , le narrateur redevient Darley mais l'action se situe plusieurs années après celle des trois premiers livres. Durrell introduit ici la quatrième dimension : le temps, le souvenir, la mémoire.



Au travers du destin de plusieurs personnages (le narrateur Darley, l'écrivain espion Pursewarden, l'écrivain Arnauti), ce quatuor est aussi une réflexion poétique sur la particularité et le rôle de l'artiste et de l'écrivain, sur sa capacité à accéder à la véritable connaissance et à la profonde compréhension du monde et de la vie.

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Le sourire du Tao

Je ne connais à Lawrence Durrell que d'éminentes qualités.

Son pedigree britannique lui a conféré des gènes qui marient l'élégance anglaise à la la fantaisie irlandaise. Son éducation a fait le reste: la famille a juste ce qu'il faut d'excentricité pour lui permettre de devenir diplomate et voyageur, écrivain brillant, après avoir été pianiste de jazz. Je ne serais pas étonnée d'apprendre qu'il fit aussi de l'espionnage au service de Sa Majesté, ou qu'il parlât couramment le grec, le sanscrit et l'arabe.



Il nous dit qu'il se découvrit taoïste comme M. Jourdain faisait de la prose. Une évidence pour un garçon imprégné de culture indienne, féru de philosophie comme de poésie, ouvert à la spiritualité des lamas tibétains.

Fort heureusement, ce cher Lawrence ne cherche pas à nous convaincre, encore moins à nous convertir à quelque doctrine. Pour lui le Tao est une démarche, une expérience, un mode de vie, un mystère qui échappe à toute définition; et de même que les mots ne peuvent décrire une fresque de Giotto ou une toccata de Bach, le Tao ne s'explique pas. Il se pratique, il nous habite, il se trouve dans l'eau d'une source, le regard d'un bébé, dans une pierre ou le vol d'un oiseau. Il est là quand nous sommes unis avec la nature, avec les pensées d'un ami, avec l'amour d'autrui, avec l'infini du ciel.



Laissons lui la parole pour conclure:

"Mais les confusions ont-elles bien disparu? Quelle sotte conclusion que celle-là, puisque, tant que j'écris, je dois continuer de supposer qu'elles existent. A des milliers de kilomètres de Kasyapa au sourire énigmatique, je travaille encore à faire le point et à tenir mon humble journal de bord. La Poésie, elle, crée de limpides impératifs comme: ne pas penser trop fort, ou: laisser les battements de son coeur briser le chiffre enchâssé dans les voyelles. La quête continue, poème après poème....."
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Citrons acides

En 1953 Lauwrence Durrell est parti vivre à Chypre. Il ne supportait pas la vie anglaise, adorait la Méditerranée, et des conditions de vie précaires ne lui faisaient pas peur. Ce livre est le récit des 3 ans qu'il a passé dans l'île, avant que les événements politiques ne l'obligent à la quitter et à abandonner ses amis et sa maison.



Le style, l'écriture de Durrell sont tout simplement merveilleux, baroques, flamboyants, très poétiques. Il décrit à merveille des sensations, des plaisirs simples mais d'une grande intensité, l'émerveillement devant la beauté d'un paysage, la caresse du soleil sur la peau, un repas simple, tout peut devenir source de plaisir. Visiblement un véritable épicurien. Et puis il sait parfaitement décrire les gens, simples et pittoresques qu'il croise sur l'île, et cela parfois avec un humour irrésistible, la scène où il achète sa maison est hilarante par exemple.



Mais j'aime moins la partie du livre où il aborde les problèmes politiques de l'île. Déjà tout cela est bien ancien et n'a plus le même intérêt de nos jours. Ensuite, Durrell est d'avantage quelqu'un qui ressent les choses qu'un analyste qui les pense, et donc ses explications sont répétitives et quelque peu confuses.



Mais dès qu'il abandonne la politique et la situation internationale, cela redevient complètement magique. Et la fin est d'une beauté poignante. Il sait qu'il est sur le point de quitter l'île définitivement. Il passe une journée avec son ami Panos, une journée merveilleuse, enchanteresse, très simple à la fois, un voyage pour aller chercher des fleurs, une baignade, un repas en plein air. En  un mot un concentré de toute la beauté et l'harmonie qu'il avait trouvé à un moment donné dans cet endroit. Sauf que, juste avant de nous décrire cette journée il a mentionné que quelques jours après Panos serait assassiné. Rien de plus que cette simple mention, et toute cette journée magique n'en paraît à la fois que plus belle mais aussi plus terrible. Toute cette beauté, douceur de vivre et harmonie sont si fragiles et peuvent voler en éclats en une seconde à cause de la haine et de la violence des hommes
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Monsieur ou le Prince des Ténèbres

Je suis toujours surprise d'à quel point les romans du quintette d'Avignon sont méconnus et malaimés. Les auteurs anglais à avoir vécu en France et à lui avoir plus ou moins consacré cinq romans ne sont tout de même pas légion. Les intrigues sont un peu comme celle du Grand Sommeil : les acteurs de l'adaptation cinématographique ne parvenaient pas à la retenir. En même temps, ils sont un peu fous, un moyen pour Durrell de rejeter un certain nombre de conventions. Pour moi, Durrell, c'est au fond la nostalgie de son enfance à Corfou et mon roman préféré du quintette est « Quinx » (Quinte). J'entendais à la radio quelqu'un se demander pourquoi il y avait des gitans dans le quintette. D'une part, la Camargue n'est pas loin et surtout, la nostalgie de la liberté (chante et danse la bohème, ou mieux en allemand, « Lustig ist Zigeuner leben »). Mais la vie est ce qu'elle est et cela finit évidemment mal… Mais cela n'empêche pas les fous (Durrell l'a été assez pour que son premier livre soit interdit en Grande-Bretagne) de rêver envers et contre le bon sens le plus évident.
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Le quatuor d'Alexandrie, tome 1 : Justine

Justine est le premier volet du Quatuor d'Alexandrie, le plus difficile d'accès peut-être, mais le plus somptueux dans son genre, du fait qu'il se présente comme un long poème symphonique. Aucune chronologie, le récit apparaît par bribes, selon la logique affective d'un narrateur qui scrute l'horizon de sa mémoire, de l'autre côté de la Méditerranée. Par le biais d'une narration labyrinthique, guidée toutefois par une plume sublime et déterminée, Durrell dresse le portrait de la mystérieuse Justine, à travers les ruelles chaudes et poussiéreuses d'Alexandrie. Dés lors, Il y a interconnexion, interdépendance entre Justine, frivole et impénétrable, et Alexandrie, ville aux nombreuses facettes. Justine, c'est le roman du désir, mais c'est aussi et surtout le roman d'une ville, sensuelle et trompeuse, gracieuse et fatale.
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Cefalû

Voici une lecture qui partait mal ! Le style, la présentation de l'intrigue; tout me faisait penser à un roman fin 19ème siècle, au mieux début du 20ème siècle. Et pourtant quelques indices indiquaient que l'action se situait après la seconde guerre mondiale. Mais, têtue, je me projetais dans une société dont je n'avais pas les codes : des anglais en partance, en voyage. Trop habituée à ces récits de voyage.

L'ouvrage s'ouvre sur un drame : des touristes - anglais - se sont fait piéger dans l'effondrement de galeries d'un labyrinthe ... crétois où existerait une ville de pierre datant de l'antiquité.

Sauf que... certains prétendent que cette cité est une conception moderne.

Dés les premières pages, le lecteur sait qui sont les victimes et qui sont les rescapés.

Habilement, la seconde partie est consacrée à ces personnages, leurs vies, leur cheminement jusqu'à l'embarquement sur le bateau de croisière, L'Europa, qui les conduit en Crète. C'est aussi gris et triste que ce que nous pouvons imaginer d'un Londres baigné de brouillard, de personnages coincés comme un parapluie mal refermé !

Et puis la dernière partie : on s'enfonce dans le labyrinthe et le lecteur est confronté à "la réalité" de l'accident déjà tant commenté. Et curieusement, c'est cette partie, qui se passe à l'ombre des stalactites qui devient la plus lumineuse.

M. Durell n'aime ni Londres, ni les anglais, sauf quand ces derniers osent des confrontations risquées à leurs destins, à la beauté de la Grèce, au jeu manipulateur du mensonge et de la vérité.

C'est un conte pour adulte, sur le destin, sur ce que chacun accepte d'assumer, c'est un étrange voyage et comme le dit Lawrence Durell "voyager n'est qu'une sorte de parcours métaphorique".

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Citrons acides

Hélas, le livre intitulé "Citrons acides" de Lawrence Durrell s'est avéré être une apologie de la politique coloniale britannique. Cet écrit raconte la lutte de Chypre pour s’émanciper du joug anglais dans les années 50. Lawrence Durrell se trouvait alors sur l'île, qui n'était pas encore divisée en deux États et appartenait officiellement à l'Empire britannique. L'écrivain a été témoin des événements qui sont devenus essentiels dans l'histoire de Chypre.



Lawrence Durrell a écrit un livre dans lequel une pensée simple est tracée comme un fil rouge : les Chypriotes vivent mieux sous la botte de la Grande-Bretagne, par essence, ils aiment les Britanniques, même s'ils les tuent.



Ô Angleterre, règne sur les mers ! Lawrence Durrell est l’exemple guindé de l’Anglais typique de la classe supérieure, disposé avec snobisme envers les autres peuples et si confiant dans l'infaillibilité du principe de contrôle impérialiste des colonies, qu'on en est étonné. Aucune des humeurs progressistes du siècle dernier ne semble avoir touché l'âme de ce voyageur amoureux de l'Antiquité et de la Méditerranée. Il n'y a rien de plus fort que l'éducation, ce sentiment de supériorité que les classes dirigeantes insufflent dans l'âme de leur progéniture.



Les mérites du livre sont dans le style de Durrell, original et intéressant, ses descriptions de la nature de Chypre sont impeccables.



Au final, j'ai imaginé un croquis qui sera bien compris des connaisseurs de Don DeLillo. Il résonne avec les paysages méditerranéens, comme une énigme donnée par la nature elle-même :



- Je t'aimerai toujours...



Couleurs du coucher du soleil.



Master-card. Visa. American Express
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Citrons acides

Au premier degré, ce livre est tout ce que "Une année en Provence", du regrettable Peter Mayle, n'est pas: dans un cas comme dans l'autre, il s'agit du récit de l'intégration d'un Anglais dans une culture méditerranéenne, mais dans le cas présent, c'est raconté avec le talent exceptionnel et la sensibilité de Durell. Moralité, il doit se vendre à peu près un exemplaire de Citrons Acides pour 100 exemplaires de l'ouvrage pré-cité, dans tous les kiosques de gare.



Les amateurs du Quatuor d'Alexandrie seront peut-être déçus par cet ouvrage qui est un ton en-dessous du chef d'oeuvre de son auteur, mais quelques scènes d'anthologie (les deux que citent la critique précédente, mais aussi celle où Durell devient professeur d'anglais dans un lycée chypriote, hilarante) valent le détour. Un beau livre.
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Le Quatuor d'Alexandrie

Découverte mitigée de ce roman classé parmi les meilleurs du XXe siècle qui nous emmène à Alexandrie. On y rencontre Darley, le narrateur, parti se ressourcer sur une île avec la fille de Mélissa... Mélissa c'est celle qu'il aime, ou a aimé, ou peut-être pas d'ailleurs ... Rien n'est clair et définitif dans ce roman et à plusieurs titres : tout d'abord il s'agit de sentiments et les personnages du quatuor ne savent pas trop! De plus, quatre tomes composent ce pavé (oui plus de 1000 pages) et chacun étant le point de vue d'un personnage, ils lèvent tous le voile, différemment, sur la relation entre les protagonistes.

Les principaux : Darley et Mélissa mais aussi un couple marié Justine et Nessim ... et une pléthore d'autres qui eux aussi complexifient la trame du récit.

Bref on se laisse perdre dans le labyrinthe de leurs liens et dans les rues d'Alexandrie, véritable personnage en elle-même, tant la ville est présente et semble influencer l'atmosphère du roman.

C'est donc l'aspect que j'ai aimé dans le roman, mais en effet mon avis reste partagé car finalement, en arrivant à la fin, je me rends compte que je suis restée une spectatrice de leurs histoires et que je n'ai pas apprécié ces personnages que je trouve dans l'ensemble assez lointains, froids, peu décrits en fait. Ils sont restés des archétypes peu sympathiques !
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Citrons acides

Ce récit est tout simplement magnifique. Quel talent dans les descriptions des paysages, du genre humain et de leurs relations, avec cet humour so British !

De plus, autobiographique, le livre décrit avec une rare intelligence le processus de dégradation des relations entre Chypre, la Grèce, le Royaume Uni et la Turquie. La situation chypriote actuelle ne peut se comprendre sans avoir lu ces superbes pages. Comme le dit un commentateur avec tant de justesse, comment se fait-il qu'un tel livre soit si peu lu ? Mystère. Si vous ne l'avez pas encore lu, ce livre doit devenir l'une de vos priorités à court terme.
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Le Quatuor d'Alexandrie

On ne ressort pas indemne de la lecture de cet énorme pavé appelé "Quatuor d'Alexandrie" . Il y a du Proust et de la Comédie Humaine là-dedans . On est embarqué dans un univers plein d'aventures entrecroisées , de personnages pittoresques et souvent très attachants .

La présentation est tout à fait déconcertante . D'où le titre avec cette référence musicale . Il y a des thèmes , des chorus , des arias . Aucune chronologie . On procède par coups de projecteurs successifs . On part en avant , on retourne en arrière sans prévenir , bien sûr . On s'attache à un personnage , on le quitte . On le retrouvera beaucoup plus tard dans un autre tome . Rien de classique . Nous ne sommes pas dans une saga , mais dans une narration kaléidoscopique , un peu difficile pour le lecteur qui doit prendre des notes au début , mais qui finit par se laisser gagner par la petite musique symphonique de Durrell .

Avec cela , une grande maitrise du style , de la description . Un ton unique . Pour ceux qui aiment la grande littérature , celle qui se mérite , mais fatigue quelquefois un peu les neurones ....
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Le quatuor d'Alexandrie, tome 1 : Justine

En Grèce, sur une île des Cyclades, Darley (dont on ne connaîtra le nom que dans le deuxième tome) se souvient de la ville d’Alexandrie. Il raconte le quatuor amoureux qu’il composa avec Justine, Melissa et Nessim mais aussi l’histoire d’une foultitude de personnages secondaires appelés à jouer un rôle dans l’ensemble des romans.



A la fin de l’écriture de ce premier tome, @Lawrence Durrell écrit à son ami @Henry Miller et donne cette définition du roman « C’est une sorte de poème en prose adressé à l’une des plus grandes capitales du cœur, la Capitale de la mémoire… »



Quelle œuvre singulière, d’une langueur monotone. Le lecteur déambule dans le récit comme Darley le faisait dans le dédale des rues d’Alexandrie qui devient un personnage à part entière. La chaleur moite et palpitante, les senteurs de fruits pourris, de jasmin et la sueur musquée des corps accentuent cette impression d’immobilisme qui règne durant les ¾ du roman. Les souvenirs arrivent par bribes sans repères, sans aucune chronologie et il faut se laisser porter par la beauté du texte, sa musicalité, faire confiance à @Durrell pour entrevoir la « vérité » de Darley sur cette histoire où l’amour et le désir se croisent, se mêlent et se démêlent brisant toutes certitudes.



Un grand coup de cœur pour ce roman de prime abord difficile d’accès mais dont la qualité de la plume et l’intelligence du propos m’ont enchanté.





Challenge Multi-Défis

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Citrons acides

Voici le seul livre, oui j'ose le dire, que j'ai lu de cet auteur. Et pourtant, même traduite quelle belle langue ! Autobiographique et relatif à son séjour à Chypre où l'auteur vit les détériorations des relations entre Chypre et son pays. Mais quelle saveur ! Et comme moi, même si vous n'avez rien lu de Durell, qu'importe, lancez-vous, ces citrons acides ont le goût d'une savoureuse limonade.
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Le Quatuor d'Alexandrie

« La quatuor d’Alexandrie » est une oeuvre complexe et poétique. Un quatuor de personnages (Justine, Balthazar, Mountolive, Clea) pour quatre romans distincts mais intimement liés les uns aux autres. Quatre histoires pleines d’échos ayant pour cadre la très romanesque ville d’Alexandrie. Dans « Justine », Lawrence Durrell nous présente les personnages en présence. Le narrateur tombe sous le charme de la belle et mystérieuse Justine. Il est en couple avec Melissa, Justine est avec Nessim. Il est question d’amour, de désir, d’interdit… La liberté est ce qui caractérise le mieux les protagonistes même s’ils sont aussi torturés, assaillis de doutes. On se perd avec eux dans les différents quartiers de la ville, on y fait la rencontre de personnages secondaires atypiques, hauts en couleur… Le premier tome de ce « quatuor » est plein de charme. La prose est superbe.
Lien : https://in-the-mood-for.fr
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Citrons acides

Une petite escale à Chypre dans le cadre du défi solidaire. Je suis un peu déçue, je pensais que ce récit allait m'éclairer sur la situation à Chypre avant que les choses ne tournent au vinaigre. Effectivement, Lawrence Durrell s'est installé sur l'île précisément à cette période. Gentleman voyageur, il décrit longuement les magnifiques paysages et on voit qu'il aime parcourir l'île. Mais il débarque sur l'île en conquérant sûr de son fait ; sa démarche est purement égoïste et les Chypriotes l'intéressent surtout en fonction de leur utilité potentielle. Il adopte trop souvent un ton condescendant ou caricatural. Il les aime bien hein, mais on comprend que c'est une bande de ploucs incultes. On passe le début du récit à l'écouter parler de l'achat de sa maison, des travaux de sa maison, des amis qu'il reçoit chez lui (tout la bonne société anglaise y défile, ça picole dur, même au volant). J'imagine qu'en son temps, ça a dû plaire aux copains du gentlemen's club, mais personnellement je préfère les voyageurs plus généreux. Il égratigne légèrement ses compatriotes qui sont mous à réagir quand le mouvement en faveur de l'Enosis prend de l'ampleur. Et bien sûr, à aucun moment il ne lui vient à l'idée de remettre en question le fait que Chypre soit anglaise. Bref, si au début du livre je n'avais pas d'opinion particulière, vers la fin il me tardait que les Chypriotes bottent les fesses des Anglais. C'est dommage, parce qu'il avait aussi des choses intéressantes à dire et il écrit bien.
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Le quatuor d'Alexandrie, tome 1 : Justine

Ce livre est difficile à décrire... C'est l'histoire d'une ville mythique, Alexandrie... Alexandrie est décrite à travers des personnags atypiques et attachants dont la facinante Justine qui donne son titre à ce premier volume du quatuor.



C'est un livre spécial et très prenant. J'ai eu quelques problèmes à entrer dans le style de Durrell. Mais une fois bien plongée dans son roman, je buvais les mots, découvrait une ville surprenante et m'évadais dans les odeurs et les couleurs des souvenirs du narrateur.
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Affaires urgentes

C'est drôle, c'est caustique, c'est parfois absurde, c'est très british: bref,un très agréable moment de lecture. Les histoires ne sont pas toutes de la même qualité mais on évolue tout de même du sourire au rire, voire au fou rire. La présentation en saynètes quasi indépendantes permet de passer un bon moment immédiat.
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Le Quatuor d'Alexandrie

Grosse déception, en ce qui me concerne, pour ce roman dont j'attendais beaucoup plus.

J'avais imaginé une histoire décrivant Alexandrie à une époque précise de l'Histoire, dans laquelle 4 personnages regarderaient un évènement avec, fatalement, quatre angles différents.

Pour moi, le centre de cette histoire serait, néanmoins, Alexandrie et puis les personnages.

Il s'avère que c'est le contraire. En fait, les personnages pourraient très bien se trouve n'importe ou ailleurs. La ville n'est qu'un élément.

L'élément central est surtout la relation à l'amour.

Je ne m'attendais pas du tout à ça.

J'ai trouvé le récit lourd, ennuyeux et cérébral.

C'est sans doute ce qui arrive lorsqu'on a une attente sur un roman.

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Citrons acides

Paradis perdu

« Pour Whitehall aussi, le point de vue changeait car ici, à Londres, Chypre n'était pas seulement Chypre : elle était un maillon de la fragile chaîne de centres de télécommunications et de ports, la colonne vertébrale d'un Empire qui s'efforçait de résister à l'usurpation du temps. Si l'on abandonnait Chypre, que deviendraient Hong Kong, Malte, Gibraltar, les iles Falkland, Aden... autant de rocs ébranlés mais encore fermes dans le dessin général ? La Palestine et Suez avaient été des problèmes de souveraineté étrangère. D'un point de vue géographique et politique, Chypre faisait partie de cette colonne vertébrale de l'Empire. Ne fallait-il pas, dans ces conditions, la garder à tout prix ? »

Lawrence DURRELL, Citrons acides (Bitter Lemons), Libretto, 1957, p. 258



Alors que pour l’auteur tout est désormais accompli et qu’il repose depuis 1990 en terre de France, à Sommières, c’est toujours le miracle et le pouvoir de l’écrit, de la littérature, de nous restituer intact et grouillant de vie tout un pan de son existence, de ressusciter sa rencontre avec le peuple et les personnages hauts en couleur de l’île de Chypre, à Bellapais dans ce village dominant Kerynia, où sur les hauteurs on retrouve encore sa maison Bitter Lemons - les tractations toutes théâtrales de son marchandage, un régal - ou l’Arbre de l’Oisiveté Tree of Idleness au cœur du bourg, tout près des superbes ruines de l’abbaye de la Belle Paix. Dans cette île où la nature étale ses splendeurs, « Et quand nous effleurions le tapis de fleurs, les tendres tiges claquaient contre nos chaussures et leurs pétales se refermaient sur nous comme si elles voulaient nous entraîner dans le monde souterrain d'où elles avaient surgi, nourries des larmes et des blessures des immortels. »

Mais les années 1950 de son séjour coïncident aussi, en contraste, avec le moment décisif de l’histoire de l’île, la lente montée des dangers, l’irrésistible aspiration à l’indépendance des Cypriotes, soutenus par la Grèce soucieuse de récupérer pour elle-même ces terres qu’elle estime siennes. Tout débute alors pianissimo par les manifestations bon enfant des lycéens et des grèves pour s’achever par le fortissimo des attentats, des assassinats et du fracas des bombes, intervention des forces armées et le paroxysme de l’exécution d’un révolutionnaire, devenu martyr de la cause de l’organisation indépendantiste, EOKA, sous le regard réprobateur des peuples du monde.

Dès lors tout bascule. La chaude tradition de l’amitié et de l’hospitalité entre voisins, la cohabitation des communautés grecque et turque vont peu à peu se muer en distance, froideur et méfiance mutuelle dans ce récit des occasions ratées - mais avons-nous fait mieux alors avec nos corps expéditionnaires ? - la crise aurait pu trouver une issue pacifique par la mise en place d’un référendum d’autodétermination. On se retrouve alors avec un peuple schizophrène obligé de s’opposer à des Anglais dont il apprécie la culture, l’intégrité et, paradoxalement, la démocratie, « Oui, poursuivit-il d'une voix lente et assurée, la voix d'un vieux sage de village, oui, même Dighenis, qui combat les Anglais, il les aime vraiment. Mais il va être obligé de les tuer - avec regret, et même avec affection. »

Et ce sera pour Lawrence Durrell, et pour nous, le départ et la fin de toute une époque, celle de l’Empire britannique, dans ce captivant récit historique et rempli d’humanité d’un éden perdu.
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