AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Marc Villard (234)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Ciel de réglisse

Grand spécialiste du noir, Marc Villard nous régale ici avec quelques nouvelles sombres sur fond jazzy. Deux novellas complètent ce recueil.

« En danseuse » explore le monde des réfugiés et plus particulièrement les syriens qui fuient Daech. Sylvia la livreuse à vélo qui aide les réfugiés va se trouver mêlée à une histoire de famille.

Dans » Ciel de réglisse », on part au Nouveau Mexique où le couple en crise de deux français vient tenter de rebondir. Mais tout se complique lorsque l’homme rencontre une potière indienne.

L’enchainement de chaque histoire est implacable, à partir d’une situation anodine on se retrouve vite dans un imbroglio angoissant.

Mais ce que j’ai le plus apprécié, ce sont ces six courtes nouvelles qui racontent ce moment de bascule dans la vie de musiciens de jazz.

Il y a, par exemple, ce trompettiste qui doit affronter un gang de dealers dans le Lavomatic où il vient répéter.



« A l’intérieur des lieux, la pâleur des machines à laver évoque une clinique… Quelques chaises sont disposées çà et là. Le musicien s’assoit à l’extrémité et pose une sourdine sur le pavillon de l’instrument. Puis souffle Autumn Leaves. Il est seul, le son est bon et personne ne lave ses fringues à l’heure du dîner. »



Il y a aussi un impresario de jazz qui se fait rouler par une jeunesse, un pianiste désabusé qui veut séduire une jolie fille mariée à un truand. On trouve également un saxophoniste qui perd son instrument, un homme-orchestre au répertoire rock et une accordéoniste qui veut juste fêter la saint-valentin. Tous ces personnages évoluent dans les bars de nuit, les boites de jazz et, en lisant ces instantanés d’histoire, on a l’impression d’entendre la bande son avec It’s money that I love ou Stella by starlight.



En quelques phrases, le décor est planté. Les personnages, souvent à la dérive, foncent vers leur destin parfois tragique. Le style est à l’économie, le rythme est vif, il nous emporte comme un air de jazz ou de rock et c’est enivrant.

Commenter  J’apprécie          650
Ciel de réglisse

Dans ce recueil de huit histoires, Marc Villard fait voyager le lecteur. Le premier récit dont le titre est « En danseuse » est une novella. C’est l’histoire d’un frère et d’une sœur réfugiés syriens ayant fui la ville de Homs. Sylvia rencontre Bilal à la soupe Saint-Eustache. C’est la poésie qui a fait que Sylvia a gardé le contact avec Bilal. Sylvia fait des livraisons à vélo, grimper la butte Montmartre en danseuse ne l’effraie pas. La poésie aurait pu permettre à Bilal de retrouver sa sœur Louna. Mais l’intolérance et la vengeance des hommes a fait que Sylvia doit fuir à son tour avec Yasmine la fille de Louna. Marseille va les accueillir mais un récit noir reste un récit noir et le crime y triomphe également.



Six nouvelles suivent les aventures de Sylvia, elles sont regroupées sous le titre de « Musique soûle ». Il y est question de musique à Barcelone, à Paris, à Frontignan et à Bruxelles.



Une novella clôt ce recueil et lui a donné son nom. « Ciel de réglisse » nous emmène à Los Alamos avec un couple français qui bat de l’aile. Sylvain est un scientifique réputé qui a accepté ce poste aux USA dans un labo réputé, il gagne très bien sa vie. Sa femme Sybil est journaliste et il a imaginé qu'elle pourrait réaliser des reportages sur le Nouveau-Mexique. Rien ne se passe comme prévu dans ce labo enjeu d’espionnage industriel et avec des rencontres imprévues dans les réserves amérindiennes.



Marc Villard est dans un registre maîtrisé en parlant musique ou poésie et lorsque ses personnages sillonnent Paris. Il se révèle également à l’aise dans d’autres villes et ses connaissances des tribus du Nouveau-Mexique épatent tout autant que celles des bandes dessinées et comics. Le titre du recueil résume bien le caractère « noir » des huit récits.



Marc VILLARD – Ciel de réglisse . Parution octobre 2023 , Éditions Gallimard, La Noire. ISBN 978-2-07-30422-9. Exemplaire lu dédicacé par Marc Villard, Festival du roman noir et social, Vitry-sur-Seine, décembre 2023.



Présentation éditeur : poète, nouvelliste et romancier, amateur de jazz et de rock, Marc Villard saisit avec une incroyable acuité le monde qui l’entoure – les petites gens, la ville, la musique –, qu’il peint sans esbroufe et avec une grande finesse. Tous les thèmes qui lui sont chers sont présents dans ce recueil composé de deux novellas : Ciel de réglisse et En danseuse ; et de six nouvelles autour du jazz.
Lien : http://romans-policiers-des-..
Commenter  J’apprécie          10
Hammett détective

Un hommage en demie teinte pour le père du roman noir américain.

S’il est vrai que l’on retrouve les thèmes de prédilection et l’ambiance des livres de Dashielll Hammett dans cette succession de nouvelles, le compte n’y est pas puisque plus de la moitié des récits le sont sur le même motif et le même style , réduisant à portion congrue l’éventail de sujets que l’auteur a pu aborder.

Sympathique de lire sur Hammett mais cela aurait mérité une autre approche.
Commenter  J’apprécie          120
Les doigts rouges

Ricky, 8 ans, est en vacances au Lavandou avec son grand frère et sa grande sœur. La police vient interroger son frère Georges à propos de la disparition de Bruno. Les deux garçons se sont battus il y a peu. Ricky remarque dans le même temps que la grange attenante à leur maison est en ce moment fermée à clé alors qu’elle ne l’est jamais en principe. Devenant curieux, Ricky guette à la fenêtre de sa chambre. Il commence à prendre peur lorsqu’il voit son grand frère et sa sœur Sophie déplacer un lourd sac noir…



J’ai entendu parler de ce polar jeunesse plusieurs fois dans ma carrière de bibliothécaire alors je me suis finalement décidée à le lire. C’est très court mais je dois avouer que j’ai été surprise par la fin. N’étant pas le public cible, je mets tout de même volontiers quatre étoiles à ce mini polar.

Commenter  J’apprécie          120
Les doigts rouges

Mon fils n'a pas tellement aimé ce livre à cause du dénouement. il l'a lu en classe de cm1. Lecture imposée.

Il a trouvé que ce n est pas parce qu on aime pas un personnage qu il faut le supprimer.

Il a trouvé le livre violent et n'a pas apprécié le thème à son âge.

Livre en 7 chapitres, assez rapide à lire.

Commenter  J’apprécie          50
Ciel de réglisse

« En danseuse », la première nouvelle, est assez longue, avec une ambiance prenante et un style concis qui mène l’action plutôt rapidement, de Paris à Marseille. Sylvia, une jeune livreuse à vélo, ainsi qu’un jeune poète venu de Syrie et sa sœur en sont les personnages principaux. Dommage qu’il y ait des coquilles et des incongruités : une fillette de trois ans et demi joue au Monopoly, et plus loin, il est question de la mettre à la garderie ou à la crèche… Je peux comprendre que l’auteur ne s’y connaisse pas en jeunes enfants, mais à quoi sert l’éditeur ? Toute intéressée que je sois par les personnages, la manière qu’adopte l’auteur pour les faire vivre au travers de leurs actions et de leurs dialogues ne me séduit pas vraiment.



J’ai préféré la suite avec les courtes nouvelles à thème « jazz », globalement plus convaincantes, situées dans des milieux géographiques variés, courtes et bien tournées. L’extrait ci-dessus vous donnera une idée du style.

Dans le dernier texte, plus long et situé au Nouveau-Mexique, qui a donné son titre au livre, un chercheur français s’installe pour quelques mois aux États-Unis, avec sa femme, mais ce changement d’ambiance n’améliore pas leur relation.

Cette nouvelle me laisse dubitative. Ce n’est pas un problème de mise en place, ni de chute, je ne suis pas très attachée au genre de la nouvelle « à chute », et d’ailleurs, la fin n’est pas mal du tout. C’est plutôt le cœur même de l’action qui ne me convainc pas, le rythme donné par l’auteur ne fonctionne pas, de mon point de vue.

Je suis un peu étonnée de l’enthousiasme des amateurs de polars autour de Marc Villard, mais il est vrai que je n’accroche que rarement aux romans policiers français.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          120
Raser les murs

9 nouvelles composent « Raser les murs », écrites par Marc Villard.

De Paris au Nouveau-Mexique, l’auteur nous emmène dans des milieux interlopes, nous fait côtoyer des êtres en marge : SDF, prostituées, migrants, voleurs… « Raser les murs » dépeint des intrigues sur le fil de la violence, l’équilibre y est précaire, la chute jamais très loin — au sens propre mais aussi au sens figuré puisqu’il s’agit de nouvelles. Décrit ainsi, le programme semble bien noir. Il l’est assurément puisque la mort tangente souvent la vie, la doublant à tous les coups. Mais Marc Villard a ce talent de la mettre en suspens, un peu, car il dépeint ses personnages avec beaucoup d’empathie.



C’est le cas notamment dans la dernière nouvelle éponyme « Raser les murs » qui raconte l’exode de Samir depuis la Syrie et son arrivée à Paris. Sa route va croiser celle de Cécile, bénévole à la soupe populaire. La chute n’est pas celle qu’on pouvait attendre, d’autant que cette nouvelle est plus longue ; on en oublie le danger qui rôde à chaque coin de rue, qui peut prendre des visages insoupçonnés, le masque des coups du sort qui frappent sans prévenir. Avec Marc Villard, les protagonistes rencontrent le réel sans ambages, se le prennent en pleine face, et ça fait mal.



Pour autant, dans l’intervalle de la nouvelle, l’humain résonne, fou, violent, meurtri, mais en vie et désirant et l’auteur nous donne à ressentir l’épaisseur de chacun dans sa singularité. Des vies se déplient, se délitent, toujours sur le fil du rasoir.
Commenter  J’apprécie          10
Metroland

Dans Metroland, les nouvelles de Marc Villard s'enchaînent comme un jeu de marabout. Sans se suivre vraiment, les personnages passent de l'une à l'autre, se causent ou se croisent, disparaissent pour parfois réapparaître comme figurants.

Leurs parcours prend la forme d'une carte réduite du métro parisien, leurs allers et venues donnent naissance à ces neuf nouvelles abondamment illustrées par Cyrille Derouineau. Ses photos pleine page de gens sans visages, de solitaires en mouvement, paraissent volées dans les rames et les couloirs et inspirent ou répondent aux phrases de M. Villard.

On suit également non pas une mais deux contrebasses dans un drôle de ballet.

Un inhabituel Tokarev remplace le Glock de prédilection de l'auteur, ce qui n'empêche en rien un tueur à gages de faire son sale boulot, même si une jeune congolaise a la vie sauve.



Ce Metroland est peut-être celui par lequel la découverte de Marc Villard en nouvelliste est la plus aisée. Ce sont des nouvelles en souterrains mais pas forcément sombres, il y a bien un ou deux morts, des drogues et du mauvais vin, mais il y a des personnages qu'on a envie de sauver, voire même d'aimer, et en plus l'humour n'est pas absent. C'est un humour au second degré, un peu dérisoire, mais ça modifie profondément la tonalité de ce qui ne seraient que des histoires seulement noires, glauques, tristes.
Commenter  J’apprécie          80
Raser les murs

Bonsoir les babeliophiles petit retour sur ma dernière lecture de 132 pages.

Et.voila moi qui n'aime pas ça me voila parti dans 9 histoires et la a la différence de certaines fois j'ai trouvé que c'était plutôt bien écrit. J'ai bien aimé les 4 premières histoires ensuite j'ai été assez déçu par les autres à chaque fois il me manque un truc dans ce genre de lecture malheureusement.

Toutefois,comme je le précise toujours,ceci est purement personnel.
Commenter  J’apprécie          90
Ciel de réglisse

Je reste un peu déçu par ce dernier album car j’adore cet auteur, et ces nouvelles sont ici pour la plupart en deçà de ce qu’il écrit d’ordinaire. C’est en fait la dernière nouvelle, qui donne son nom au recueil, qui est la plus intéressante, peut-être parce que plus développée que la plupart des autres. C’est aussi la seule qui se déroule aux USA. « En danseuse » ramène elle le conflit syrien et djihadiste à Paris, et Marc Villard sait composer des personnages atypiques, reflet de la faune d’une capitale dont il connaît bien les quartiers comme Barbès.

Le reste est une succession de très courts récits disparates, qui donnent l’impression de ne pas aller au bout des choses, trop brefs, qui se contentent d’esquisser un soupçon d’idées. Mais pas de quoi me dissuader de continuer à suivre l’auteur, avec son regard à la fois tendre envers ses personnages et conscient d’une réalité cruelle.

Commenter  J’apprécie          10
Ciel de réglisse

Babelio dont je suis un vieux complice m'a proposé Ciel de réglisse de Marc Villard. Composé de deux novellas et six nouvelles (j'avoue que la différence m'échappe, peu importe) ce recueil de Marc Villard est d'obédience plutôt polar urbain contemporain. J'ai, je crois, un peu préféré les nouvelles courtes centrées sur le thème du jazz au sens large, assez efficaces, sous le titre général Musique soule. Jazz et thriller ont souvent fait bon ménage. Entre came et petits trafics rien de neuf sous le soleil ou plutôt la nuit qu'elle soit marseillaise ou catalane. Mais c'est pas mal troussé. Si ça vous tente ça ne vous prendra pas trop de temps.



Les deux novellas, En danseuse et Ciel de réglisse bénéficient d'un scénario forcément un peu plus fouillé, le premier en banlieue parisienne rebondissant sur Marseille avec ce qu'il faut de réfugiés, de livreurs de pizzas et de dealers, du tout venant, quoi. Le second en Californie sur fond d'espionnage:0 comme on dit maintenant. Le soleil de l'ouest américain n'est pas plus engageant que les deux plus grandes villes françaises. Guère plus engageant, ce recueil qui se voudrait à tempo de jazz, plutôt inopérant quant à moi. Ce fut une chronique brève. C'est le mot qui convient.
Commenter  J’apprécie          80
Ciel de réglisse

Sylvia à quitté les bancs de la fac d'Aix en Provence pour faire des livraisons en vélo à Paris. Elle sert aussi à la soupe populaire et va y croiser Bilal, passionné de poésie, qui a quitté sa Syrie bombardée. 

Au labo de Los Alamos dans le Nouveau Mexique, Sylvain mène un projet de recherches sur l'hydrogène. Son couple avec Sybille bat de l'aile et il tombe amoureux d'une jeune artiste indienne. Le début des soucis ?

Entre ces deux novellas (courts romans), Marc Villard a inséré six nouvelles autour du jazz dans ce "Ciel de réglisse", son nouveau recueil. On y retrouve un auteur phare du roman noir français que les fans de BD connaissent sûrement, et ses thèmes favoris: les gens de peu, les déracinés, les paumés urbains, la lutte contre un destin écrit à l'avance...

L'écriture est vive, économe, Marc Villard peut poser un contexte et des personnages en quelques mots simples. Son écriture "à l'oreille" comme il la définit, très sonore, fonctionne à merveille dans ces récits courts qui vont droit à l'essentiel.

J'aime les nouvelles noires, j'aime Marc Villard, donc j'ai aimé "Ciel de réglisse".... cqfd ! Si tu ne connais pas cet auteur, ce recueil est un bon moyen de le découvrir !
Commenter  J’apprécie          50
Ciel de réglisse

Nouvelles longues (deux) et courtes en milieu urbain de nos jours. Ce sont les notations topographiques qui ont le plus attiré mon attention. Les personnages se déplacent dans des lieux réels, situés, concrets, donnant à l'ensemble une vision proche du documentaire ou du film/roman noir.

Cela tombe bien, ce texte est édité dans la collection "La Noire" de Gallimard que je remercie, ainsi que Babelio, pour l'envoi de cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse Critique d'octobre.

J'ai eu plaisir à parcourir de façon non touristique des cités telles Paris, Marseille, Barcelone et d'autres coins plus modestes et néanmoins tout aussi réels tels Frontignan, dans les pas de personnages qui pédalent, jouent d'un instrument souvent, ou font de la recherche mais toujours au travail.

(Sinon Sète ne peut pas être la "Venise Provençale" car elle se trouve à l'ouest de Montpellier mais on pardonne).

Dans la dernière et longue nouvelle nous partons jusqu'à Los Alamos, découverte passionnante pour moi où p.132 : « aux abords de Black Mesa, le plateau basaltique, des cactus géants claquent sur le ciel d'un bleu hyper réaliste. »

Les héros sont des anti-héros, ou du moins des hommes et des femmes ordinaires, mais eux aussi sont individualisés, pas franchement marginaux mais surtout pas conformistes, croisant des plus défavorisés : migrants ou prostituées par exemple en France, Indiens aux USA.

La lectrice que je suis s'est régalée là encore de cette épaisseur et cette variété sociologique décalées par rapport aux simplifications sans densité ni complexité de la majorité des magazines, séries ou autres journaux télévisés.

Les phrases sonnent juste et sont agréables à lire. Elles m'ont parues parfois juxtaposées, l'ensemble manquant de fluidité. Ce qui m'a empêchée d'adhérer à la première phrase de la courte bio liminaire décrivant Marc Villard comme « un des plus grands stylistes du polar français et de la Série Noire ».

Mais à la réflexion j'en connais peu, hormis Manchette, Izzo ou Lemaître, peut-être tous trois au-dessus du lot.

Le regard m'a beaucoup plu. Décalé, c'est le propre du noir aussi : l'ordre et les lois sont loin, les humains se débattent dans le monde réel et poisseux, s'entraident ou s'entretuent, sans morale.

Donc j'ai fort apprécié ce recueil. Et vous le conseille, qui que vous soyez.
Commenter  J’apprécie          40
L'homme aux doigts d'or

J'ai pas mal lu Marc Villard ces derniers jours. Avec deux ou trois autres écrivains, ses bouquins sont des refuges quand ça déchante autour. Voici « L'homme aux doigts d'or », dans la première moitié du livre, Villard s'amuse à tisser de courtes histoires autour de personnes célèbres, la seconde moitié reprend des nouvelles inédites ou déjà parues ailleurs à petits tirages.

Ces dix nouvelles sont si serrées, comme on le dit d'un café, que j'ai l'impression d'avoir lu dix romans. Villard ne s'embarrasse pas de détails inutiles ni descriptions oiseuses, des personnages balancés en trois coups de crayon et une histoire nerveuse lui suffisent.



Qui sont et de quoi causent les deux femmes à chapeau du « Chop Suey » d'Edward Hopper. Pourquoi Miles Davis tourne-t'il une publicité pour un scooter Honda ? Chet Baker, la trompette et l'héroïne réunies dans la même personne. Balancer ses potes toxicos ou dealers n'est pas une bonne idée s'il veut continuer à jouer, « Tequila » est une nouvelle plutôt cassante.

Villard fait du noir pur jus. Un homme dont la fortune vient de s'évaporer brutalement va mourir en mangeant des myrtilles, il aurait pas dû cogné sur son épouse. Un yakusa se fait découper par un mexicain dans un luxueux appartement newyorkais, après faut éponger. Thelonious Monk passe le bout de sa toque en astrakan dans une nouvelle plutôt faiblarde, ça arrive.



En 2012, paraît « Bairro Alto », deux nouvelles accompagnées de photographies de Cyrille Derouineau. On retrouve la noirceur des bas quartiers chère à l'auteur. « Belém » est un bijou à côté duquel il ne faut pas passer, on y apprendra qu'un rossignol ne fait pas que chanter.

Dans la seconde nouvelle, « Rua Rosa », porter des chaussures en serpent gris est une idée saugrenue.



Randy Newman et Ray Charles servent de bande-son à la dernière nouvelle, en plus des trois jazzmen croisés plus haut, un gamin sifflote « My Favourite Things », des guitares mexicaines résonnent au loin, un personnage ressemble vaguement à Karajan, on se rappellera que la musique de « Metropolis » a été composé par un certain Gottfried Huppertz. La musique, toujours la musique, comme bande originale et bien sûr dans les phrases de ce styliste hors-pair qu'est Marc Villard.
Commenter  J’apprécie          100
Ciel de réglisse

Ciel de réglisse, qui donne son nom au recueil, est le dernier texte de l'ouvrage. Il raconte la destinée de Sylvain Vidalie, chercheur sur l'hydrogène, en résidence pendant huit mois, à Los Alamos pour le compte d'un important laboratoire qui construit sa gloire sur la bombe atomique. Son couple se délite, il s'amourache d'une jeune femme indienne. Et prêt à fourguer des documents, afin de sauver la mère de sa nouvelle amante, atteinte d'une maladie au rein.

En danseuse est supérieur. Une parcelle de la vie de Sylvia, une jeune marseillaise montée à Paris, livrant pour des restaus à travers Paname, croisant des réfugiés, luttant pour survivre, venant en aide à des migrants Syriens.

Six nouvelles sur fond de jazz, se glissent entre ces deux textes. Parmi eux : Lavomatic et Yasmiha, pour leur chute. J'apprécie quand un excellent nouvelliste se penche sur le destin de gens de peu. Des gens de peu.

Commenter  J’apprécie          30
Ciel de réglisse

Figure emblématique du roman noir français, Marc Villard a d’abord été un des pionniers du néo-polar avant de s’affirmer comme un fantastique nouvelliste à l’égal des plus grands (Frédéric H. Fajardie, Fredric Brown, Raymond Carver). Un texte de Marc Villard, c’est avant tout une atmosphère souvent nocturne et pesante, légèrement angoissante. Et puis l’auteur introduit une situation un peu menaçante et un personnage plus ou moins à la dérive tout en nimbant l’ensemble d’une envoutante ambiance musicale entre jazz et rock.

Son dernier recueil propose deux courts romans, le premier « En danseuse », s’accroche aux pas d’une livreuse à vélo qui aide des réfugiés Syriens tandis que « Ciel de Réglisse » qui donne son titre au recueil évoque l’histoire d’un chercheur en énergie nouvelle au Nouveau-Mexique dont le couple se délite. Il trouve du réconfort auprès d’une artiste indienne mais se met en danger pour pouvoir l’aider.

Six nouvelles représentatives de l’immense talent de Marc Villard complètent ce recueil. A Paris, un trompettiste est confronté à des petits dealers de quartier et accepte un plan foireux tandis qu’un saxophoniste malade se fait dérober son instrument par une prostituée chinoise. A Barcelone, un imprésario de jazz se fait rouler par une harmoniciste de quinze ans pendant qu’un pianiste trentenaire séduit la femme d’un truand et s’offre une nuit mortelle. Dans le sud de la France, un guitariste rock écume sans succès les bars du coin et à Bruxelles, une accordéoniste habitée fête à sa manière la Saint Valentin et finit en prison en compagnie de prostituées.
Commenter  J’apprécie          230
Terre promise

Une novella de quelque 120 pages, mais puissante. On retrouve la faune dont Marc Villard sait si bien parler, les sans papiers de Barbès, émigrés de tous les pays en ruine, survivant souvent de tapinage ou de petits trafics. Jérémy, un ado né en France d’une mère nigériane sans papiers et prostituée, doit dont lui-même raser les murs pour éviter les flics. Un fait divers qui dégénère, l’hôtel de sa mère qui brûle dans un incendie, et elle avec, il doit se résoudre à un coin de squat, et vit chichement en vendant des inédits du chanteur défunt Féla Kuti, a qui sa mère avait dérobé deux cahiers de chansons inédites. Une vie de misère, où l’on croise dans la débrouille des compagnons d’infortune, mais une vie quand même. Les choses vont se compliquer quand on proposera au jeune garçon et à une amie de convoyer de la drogue en Angleterre.

Marc Villard a toujours les mots justes pour décrire ces quartiers de Paris laissés aux plus pauvres, Africains ou Pakistanais, qui essayent de s’en tirer en s’entraidant, au milieu de Parisiens indifférents. Il y met beaucoup d’empathie, jamais indifférent à la misère. Un livre coup de poing que l’on avale vite, comme un uppercut.

Commenter  J’apprécie          00
La Dame est une traînée

Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu Marc Villard, et c'est un vieux de la vieille de 1989 que j’ai exhumé et lu d’une seule traite (il est vrai qu’il est court : 180 pages). Comme souvent, la musique et le jazz en particulier (le titre est une traduction d’un morceau de jazz, "The lady is a tramp") sont au centre du récit, mené par l’inspecteur Alex Pradal, haï par tous ses collègues pour avoir dénoncé trois ripoux. Le voilà « au repos » pour trois mois avec quelques cold case à résoudre pour prétexte, dont l’un concerne un vieux saxophoniste américain passé sous les roues du métro parisien. Bizarre, car ces musicos déprimés et camés comme lui finissent en général d’une overdose. En explorant la faune du jazz parisien, l’inspecteur va réunir les pièces d’un passé qu’il est dangereux d’exhumer. L’enquête est rondement menée, le personnage de Pradal, anéanti par la mort de sa fille deux jours après sa naissance, puis de son couple, mis au ban de toutes les polices pour sa trahison, est sans doute un rien déprimant, mais le ton et le style donnent un récit enlevé, et le laconisme du flic désabusé peut en faire un lointain cousin de Burma. Depuis, Marc Villard a encore écrit de belles choses, dont certaines qu’il me reste à lire : que du bonheur…
Commenter  J’apprécie          10
Les biffins

Un incendie à Barbès, cinq mort. Cécile a pu sauver un SDF mais elle en a marre du Samu social. Cela fait un an qu’elle a retrouvé et reperdu Bird, son père. Alors elle va passer à autre chose. Elle a un nouveau boulot, dans le social, ça ne manque pas à Paris. Dans le labyrinthe des rues dont Marc Villard connait le moindre recoin, il y a toujours de l’aide à apporter à ceux qui manquent de tout et tentent de s’en sortir.



Cécile va travailler au carré des biffins. Cela ressemble à une improbable jungle mais c’est en fait un lieu de vie avec ses règles où les laissés pour compte offrent à la vente tout ce qui a déjà servi, que de la seconde main. Chaque week-end la biffe bat son plein sous le pont du périph’ de la porte Montmartre dans le prolongement des puces de Saint-Ouen. Les biffins officiels ont des emplacements réservés moyennant le respect de règles strictes. Cécile aura du travail, il faut faire la police car les vendeurs à la sauvette essaient en permanence de choper des espaces. Il faut aussi s’occuper des enfants et surtout panser de multiples plaies sociales. Marc Villard est un guide fabuleux, trouvant les mots justes pour décrire cette misère, une pointe d’émotion, beaucoup de lucidité sans jamais juger.



Cécile veut aider Nadia, une vendeuse toujours triste, silencieuse, souvent absente, peut-être malade. Et puis elle est rattrapé par l’incendie de Barbès, le SDF qu’elle a sauvé des flammes est mort de manière suspecte. Aurait-il été le témoin d’un incendie criminel ?



Il y a de tout dans ce grand roman ( même s’il ne compte que 110 pages ). Une touche de polar, beaucoup d’humanité et d’émotion et une bonne dose de réalité sociale que l’on comprend mieux tellement Marc Villard en parle bien, avec légèreté lorsque des situations prêtent à sourire ou avec gravité lorsque les évènements l’imposent. Ses portraits sont ceux de gens simples, décrits avec des mots simples et cela fait vrai.



Marc VILLARD – Les biffins . Parution en février 2018 , Joelle Losfeld Éditions . ISBN 978-2-07-274857-8 .
Lien : http://romans-policiers-des-..
Commenter  J’apprécie          20
Sharon Tate ne verra pas Altamont

Une nouvelle éclatante qui montre l'envers du décor de "l'été de l'amour" de l'année 1969. La secte de Manson, les Hells Angels bourrins et assassins, la drogue frelatée, le sexe facile ou tarifé, les ploucs de l'Amérique, la lâcheté des Stones qui continuent à jouer verts de peur alors qu'on massacre leur public sous leurs pieds… Une synthèse saisissante. Un livre qui ne date pas d'hier, mais la session de rattrapage est indispensable...
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Marc Villard (788)Voir plus

Quiz Voir plus

les doigts rouges

Qui voit son frère avec les doigts rouges ?

emilie
ricky
paul
léon

5 questions
9 lecteurs ont répondu
Thème : Les doigts rouges de Marc VillardCréer un quiz sur cet auteur

{* *}