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Critiques de Marc Villard (235)
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Sharon Tate ne verra pas Altamont

Une nouvelle éclatante qui montre l'envers du décor de "l'été de l'amour" de l'année 1969. La secte de Manson, les Hells Angels bourrins et assassins, la drogue frelatée, le sexe facile ou tarifé, les ploucs de l'Amérique, la lâcheté des Stones qui continuent à jouer verts de peur alors qu'on massacre leur public sous leurs pieds… Une synthèse saisissante. Un livre qui ne date pas d'hier, mais la session de rattrapage est indispensable...
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Bird

Quoi de mieux que des courts extraits de cette novella pour parler de Bird ? Il n'y a pas meilleur que Marc VILLARD pour raconter la face noire de Paris :



« - On y va Cécile ? Nous sortons dans le froid vif. Je passe mon joli blouson bleu et blanc avec ¨Samu social de Paris¨ écrit en typo énorme dessus pour le cas où l’on me confondrait avec un CRS »



« Plus rien ne m’étonne dans la nuit parisienne. La détresse totale commence à deux heures du matin. »



« Ma grand-mère m’a dit la vérité avant de mourir en septembre : il est sans-abri depuis dix ans et zone à Paris »



« Bird tire Marie hors de la tente avec délicatesse. Il colle l’oreille à sa poitrine et se redresse, effaré »



« Enfoiré de ta race de merde. Si le mec qui a le portable porte ça aux journaux, je suis perdu »



« Un Breton t’a laissé son saxophone et je t’ai vu dans la pénombre du club, t’étais mon héros de la nuit »



« Les élections sont dans trois semaines et ce portable entre de mauvaises mains peut m’anéantir »



« Votre client, comme vous dites, est une petite ordure de seize ans qui s’amuse à buter les SDF le soir avec ses copains »



« Puis je deviens dingue et, en laissant couler les larmes dans mon cou, glisse ma main sur la sienne et murmure. – Papa »



« J’ai choisi le Samu social quand j’ai su que tu zonais à Paris. Je me suis dit qu’un beau jour je te verrais pendant la maraude. Et j’avais raison . Pourquoi tu te fais appeler Bird ? »



« Et hier, on essaie de te tuer pour récupérer le téléphone et supprimer toutes les traces. T’es mal parti, papa »



« Je vais mettre de la distance entre moi et ces morts. J’ai pas encore décidé. Je t’enverrai une carte; à partir de maintenant on reste en contact »



Marc VILLARD – Bird . Parution en octobre 2008 , Joelle Losfeld Éditions . ISBN 9782070787593 .
Lien : http://romans-policiers-des-..
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Quand la ville mord

Il ne faut jamais manquer une occasion de parler de Marc Villard, encore moins de le lire. D'autant plus quand le texte en question est précédé d'une phrase d'Henri Calet.



Jacques Tramson, Tramson pour tout la plupart et Tram pour quelques uns est éducateur à Barbès depuis un bout de temps. C'est la troisième fois que l'auteur narre ses aventures, d'abord dans « Rebelles de la nuit » en 1987, puis en 1993 ça été « La porte de derrière », et enfin celui-ci, « Quand la ville mord » en 2006. Depuis 2019, les trois romans sont regroupés dans « Barbès Trilogie ».

Tram connait Barbès par cœur, ses misères et ses gloires, les vivants comme les morts. C'est un personnage d'une rare humanité. Dire qu'il défend la veuve et l'orphelin n'a rien de caricatural, il s'échine à rattraper des gosses et des ados, à les sortir de la zone, du crack, de la prostitution, de tous les maux qui gangrènent ce quartier parisien qui n'a rien à vendre ni à montrer que son caniveau.



L'histoire est aussi banale que sordide : Sara arrive du Congo la tête pleine de rêves, se retrouve dans un squat de Barbès, dépendante de Brigitte et Omar, un couple de proxénètes. Au cours de ce bref roman, on la voit lutter pour garder la tête haute, rester fière.

Sara a pour héros Pollock, et surtout Basquiat dont l'ombre plane du début à la fin, elle dessine entre deux passes, peint dès qu'elle peut avec ce qu'elle trouve ; jusqu'à ce que sa colocataire et amie soit assassinée. Alors le roman se transforme en fuite, en vengeance ; la tête de Sara est mise à prix.

C'est vers Tramson qu'elle va se tourner, il peut l'aider à s'éloigner de Barbès, à dégager du trottoir. Quitte à dépasser outrageusement ses attributions d'éducateur en employant des moyens qui ne laisse guère le choix aux adversaires.



Marc Villard est un romancier et un nouvelliste talentueux et prolifique, c'est également un grand styliste. Il est bon de rappeler qu'il a débuté en littérature dans les années 70-80 avec des recueils de poèmes. Il y a des passages, des phrases où ça tombe comme une évidence. Il a une écriture d'une aisance quasi insolente, parler de musique des mots n'est pas un cliché, c'est scandé comme du rap, saccadé comme du be-bop.

Comme souvent dans ses livres, « Quand la ville mord » propose une vision, un regard sur Paris loin d'Instagram. La ville apparaît telle qu'elle est, cradingue, cruelle. Chez Villard, la géographie n'est pas qu'un décor, la ville, Paris, Barbès font intimement partie du livre, le quartier est un personnage, au même titre que Sara et Tramson, Zina et Cooper ou encore Mario et Kaba. Ça peut se lire avec une carte du quartier, et/ou avec Streetview sur le téléphone, comme ça on a le dédale de Barbès sous les yeux. Et bien sûr avec la musique à fond : presque à chaque page, les Art Pepper, Elvis Presley, Dennis Bovell, Bill Hurley et d'autres, posent leurs voix, jamais de tocards, que des cadors.



On peut très bien lire « Quand la ville mord » sans connaître les deux autres, c'était mon cas il y a peu. C'est vrai qu'à lire les trois, on voit Tramson prendre quelques rides et une trâlée de coups, Pigalle se lézarder et s'enfoncer, pendant que l'écriture et le style de Villard se modifient, se bonifient.

Lisez « Quand la ville mord », mieux, lisez « Barbès Trilogie », ce sera trois fois plus de plaisir et puis comme ça vous ferez connaissance avec Abdullah le sage. Il n'existe aucune bonne raison de refuser de lire ces trois cents soixante-dix pages puissantes.
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Les doigts rouges

Fin des vacances d’été dans le Var pour la famille de Ricky, c’est alors qu’un gendarme sonne pour annoncer la disparition de Bruno. Ricky s’inquiète pour son grand frère qui se dispute souvent avec le disparu. Le doute s’installe chez Ricky, des doigts rouges, des mystères : l’ambiance policière s’installe et c’est palpitant. Très court roman qui peut aussi se lire à voix haute et initie les plus jeunes au genre polar.
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Les portes de la nuit

Marc Villard sort à nouveau du XVIIIème arrondissement et c'est pas pour faire du tourisme. Il nous emmène vers Saint-Quentin-en-Yvelines, Trappes, Guyancourt...

"Les portes de la nuit" donc. Ce coup-ci il est accompagné par Cyrille Derouineau, photographe. Le livre est un grand format, quatre nouvelles illustrées de clichés en noir et blanc sombres et granuleux, des quais de gares, des souterrains, des parkings, des endroits de passage qu'on voit sans regarder.

Quatre histoires rythmées par le hip-hop et la soul, aux accélérations brutales, à lire en pleine nuit, quand le sommeil s'est arrêté vers 2 ou 3h00 et qu'il ne reviendra plus, ou seulement quand il sera temps de se lever.

"Du côté des étangs" on enterre un cadavre en pleine nuit alors qu'on en était simplement à écrire de petits scénarios sur la mort en essayant d'arrêter de picoler. La vieille publicité "Balafre" au dos des Série Noire sauve probablement la vie de celui qui s'est trompé mais pas de celui qui se retrouve six pieds sous terre à côté de la bauge aux cochons. D'autres gagnent trois sous en chantant pour Noël dans une maison de retraite et voient la mort surgir face à eux.

La dernière nouvelle, "Tête cool" empêche de se rendormir. Tout en dialogue c'est une nouvelle foudroyante, glauque, qui fait monter une boule dans la gorge en un claquement de doigts.

À chaque texte les photos en regard apportent des éclairages abrupts.



Comme souvent quand Villard fait du noir, ce sont les femmes et les enfants qui prennent. Ces derniers sont les plus mal lotis ici, orphelins, morts, meutriers. L'enfance n'est ni heureuse ni innocente dans "Les portes de la nuit".

Dans la vraie vie ces histoires auraient pu faire une brève dans le Courrier des Yvelines, sous la plume de Marc Villard elles deviennent autre chose, des moments où la vie et la mort se croisent au gré des mots, des phrases.

C'est prefacé par Didier Daeninckx, raison de plus pour le lire.
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Les doigts rouges

C’est horrible ce qu’ on apprend à la fin franchement c’est trop giga mega horrible.



L’enseignant de mon fils a lu ce livre à sa classe de CE2. Il a eu très peur de cette histoire. Cette erreur d’appréciation de l’âge des lecteurs est fort dommageable.
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Harmonicas et chiens fous

Dans ce recueil de Marc Villard, "Harmonicas et chien fous", la musique est omniprésente, dès la première nouvelle rien de moins que Chuck Berry, Janis Joplin et Bruce Springsteen, dans la deuxième Crosby Stills Nash & Young. Et ça continue jusqu'à la dixième et dernière : Muddy Waters, June Carter, Abd Al Malik, Dr. Feelgood, bien d'autres encore.



Les thèmes chers à l'auteur sont bien sûr présents, les misères quotidiennes et la débrouille, les gosses et les femmes qui trinquent, un peu d'alcool et de drogues mais pas trop, pas toujours, ces histoires n'ont pas toutes la couleur du charbon. Il en est même qui finissent plutôt bien, laissent un peu d'espoir. On peut y sauver sa peau et faire sauter le contrat qu'on a sur la tête en jouant un morceau de Neil Young.

Si parfois les derniers mots restent incertains, pour une poignée de personnages c'est une fin définitive. Des partitions de Willie Dixon se révèlent meurtrières, le sang coule dans les wagons, les balles sifflent quand on n'est rien d'autre qu'un tocard.



Bien que le décor change, Villard sort de Paris et nous emmène dans le nord de la France, jusqu'en Belgique, l'ambiance reste au noir, au minimum tragique ; il y a pourtant une constante : Villard c'est l'art de plier une bonne histoire en moins de dix pages.
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Les petits polars du Monde

Retrouvé dans un improbable arrière rayon de ma bibliothèque, un exemplaire de cette collection dont jai dû un moment posséder l'intégralité. Mais comme le dit si bien Michele Mari, nous sommes des "dilapideurs". J'essaye de me remémorer la façon dont les autres opuscules ont disparus. Un déménageur peu scrupuleux ? Des emprunteurs indélicats ? La poubelle jaune ? Que sais-je encore ?

Je me plonge dans la lecture des Négatifs de la Canebière de Didier Daeninckx avec d'autant plus de plaisir.

Une lecture complète jusqu'aux indications relatives à l'impression , en Italie, chez Grafica Veneta en juillet 2012.

"Ce livre est imprimé grâce au soleil, par la première société au monde à zéro émission carbone."

On ne plaisante pas avec ces choses dans mon quotidien favori du soir.



L'histoire se lit comme on mange une truffe en chocolat de mère-grand. On retrouve tous les ingrédients au fur et à mesure de la mastication.

Un exercice de style réalisé sans difficulté et avec plaisir.

La période trouble de l'occupation dans le sud de la France. Des collabos passant leur temps à dépouiller des familles juives. Une milice qui en fait plus que la Gestapo. Des personnages sur mesure à peine plus caricaturaux que la réalité des exécutants de l'époque.

Emile Galande un critique littéraire au journal l'Emancipation, un intellectuel (?) matiné cochon d'Inde. Sa Bugatti Atlantic équipée de pneus à flancs blancs. Chloé Valmiérini, sa maîtresse, la soeur de Charles alias Rossignol pour ses talents de siffleur.

Bagaluti, le garde du corps analphabète. Bilhartz, l'Allemand aux paluches de catcheur qui joue du piano. Les frères Scoumoune, des Corses versés dans l'exploitation d'hôtels haut de gamme de la station de ski de Chamonix -putes et came à discrétion-

Accident ou un crime crapuleux ? La mort de Chloé, mobilise le commissaire Plisnar qui n'hésite pas à se mettre à dos, Rossignol chef du Groupe Action du parti Populaire Français, qui traite les suspects dans la prison privée de sa villa Conchita boulevard Carnot.

Un récit mené à la hussarde sur fond de débarquement allié, l'opération Dragoon entre Toulon et Cannes le 15 août 1944.

Malgré le nombre réduit de pages, Daeninckx nous livre une somme considérable d'informations sur la période de la fin de la guerre. Il joue à merveille des volte faces des résistants de la dernière heure, des libérations de prison par la résistance où la confusion entre droits communs et politiques est une aubaine pour certains.

Le suspect du meurtre est-il coupable ? le procés en appel se tient malgré la pression des événements.

Un retournement de situation intervient dans les dernières lignes, qui fait de ce récit court et concentré l'équivalent d'un roman qui n'aurait pas été à son terme.

Du pur Daeninckx, avec tous les ingrédients, justement salé et poivré, épicé comme il se doit pour notre plus grand bonheur.





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Barbès trilogie

En 2019 les Éditions Gallimard ont publié en un seul volume les trois romans que Marc Villard avait consacré au quartier parisien de Barbès. Le premier est intitulé « Rebelles de la nuit » et a été édité en 1987. Le deuxième est intitulé « La porte de derrière » et a été édité en 1993. En 2006, parait le troisième titre, « Quand la ville mord ». Vingt ans de vie dans les rues de Barbès.



« Rebelles de la nuit » ( 1987 ). Africains du Nord, Black et européens se côtoient à Barbès. C’est dans cet univers cosmopolite que travaille Jacques Tramson l’éducateur de rue. Tout le monde le connait et l’appelle Tram. Presque trois ans qu’il est là pour le matin réveiller les jeunes afin qu’ils puissent embaucher à l’heure, trouver des petits boulots à des adolescentes et éviter qu’un mac ne leur mette le grapin dessus. Pour les jeunes de Barbès, le vie se résume à la débrouille et ils ont bien besoin de l’aide de Tram pour ne pas tomber dans le crime, le trafic de drogue a besoin de dealers, la prostitution a besoin de jeunes corps. Et les tentations sont nombreuses, la tricherie aux jeux, les combats clandestins de chiens ont remplacé l’école et sont autant de chemins vers la violence. L’équilibre est fragile, chaque rue a ses règles et quelques religieux arrivent tant bien que mal à distiller un peu de justice et l’aide de Tramson n’est pas de trop. Educateur de rue, c’est bien le seul lien ténu et officieux qui relie ce quartier à quelques lambeaux de légalité.



Tramson voudrait retrouver le jeune Fred. Son frère, un musicien, est sans nouvelles et le temps presse pour le retrouver car Fred a un contrat aux fesses. Tramson devient détective, il est arrivé trop tard pour sauver Fred et il veut démasquer celui qui a commandité le meurtre. Ses rencontres sont instructives, une phrase de Marc Villard m’a marqué : « Ils vivaient, pour la plupart, à six ou sept dans des appartements minuscules où le conflit des générations s’exacerbait entre des parents exilés et leurs enfants nés en France et trop bien convertis aux vices occidentaux ». Le lecteur déambule dans Barbès mais d’autres noms sont autant évocateurs : Château-Rouge, La Goutte d’Or, Rochechouart, Marcadet, Poissonniers …



« La porte de derrière » ( 1993 ). Cinq – six années ont passé. Tramson est toujours là, le lecteur retrouve aussi Farida croisée dans le premier roman et devenue dealeuse. Elle a 21 ans. Le hasch et les amphés, c’est terminé. Désormais c’est le crack. Le crack, c’est l’horreur, le poison des pauvres, cinquante francs le tube. Nasser est une de ses victimes mais c’est Farida qui l’a tué. Elle se retrouve traquée et pas seulement par la police. Il y a eu des bouleversements depuis le « premier Barbès ». Il y a davantage de flics, réglos ou pas. Moins d’éducateurs ? Peut-être, en tout cas Tram est moins présent dans ce roman. Il y a des graffeurs comme l’attachant Stevie. Stevie est un rayon de lumière dans ce récit noir et gangréné par la violence. Il y a beaucoup de musique dans cet histoire, moins de reggae mais plus de raï et déjà du rap.



« Quand la ville mord » ( 2006 ). Sept ans après le deuxième roman, année 2005. Barbès a encore changé. Tramson a quitté la DDASS pour le milieu associatif. Il y a l’immigration clandestine. Sara arrive du Congo. Elle est sans papier mais elle a un rêve, Paris. A Barbès, elle n’a pas de logement mais un squat. La soupe est servie à Saint Eustache. Sara n’a pas d’emploi mais un boulot, elle vend des galettes de crack. Mais cela ne lui rapporte rien alors elle fait le tapin. Sara a un rêve : dessiner, peindre, les Beaux-Arts. Elle est douée. Mais ce n’est pas si simple à Barbès, les Blacks exploitent les Blacks. Il faut se défendre et parfois il faut tuer. Sara va tuer. Le sida tue aussi. Les flics expulsent les familles sous les yeux effarés de leurs enfants rentrant de l’école. Pour raconter ces vies sans avenir, Marc Villard se fait poète. C’est envoutant. C'est également alerte comme l'envi de vivre de Sara.



Presque vingt ans de la vie à Barbès ont défilé. L’auteur raconte de belle manière des histoires simples, émouvantes et tragiques avec des personnages attachants ou violents. En vingt ans le crime n’a fait que renforcer sa place mais n’a jamais réussi à affaiblir l’espoir des gens de Barbès.



Marc VILLARD – Barbès trilogie. Parution le 3 octobre 2019, Éditions Gallimard, collection Série Noire. ISBN 9782072828874.
Lien : http://romans-policiers-des-..
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La mère noire

Une collaboration de plus pour ces deux grands écrivains de romans noirs mais toujours ancrés dans la société d’aujourd’hui avec ses faits divers qui évoquent toujours l’actualité et les petits problèmes du quotidien.

Une errance d’un père et de sa fille qui se sont construits une vie faite de routine qu’une semaine de vacances va bouleverser.

L’errance d’une femme qui quitte tout, son mari et sa fille, juste parce qu’elle en veut plus de la vie, elle veut vivre autre chose alors elle part et arrivera ce qui arrivera.

Chaque auteur raconte son histoire, nous invite à partager des moments de fortes émotions ou des petits bouts d’existence qui reflètent le mal être et les difficultés de chaque jour, et partant d’une même situation pour finir par se retrouver au soir de l’histoire … une fin raccord chaque auteur ayant laissé courir son imagination pour nous parler de ce quotidien qui étouffe les rêves et qui noit les grandes et les petites illusions.

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Raser les murs

Samir, le réfugié syrien, échappe à ses poursuivants en se cachant au ciné Brady, sur l’écran joue “ Easy Rider”.

Dernière soirée pour Lydie, la joyeuse entraineuse de La Movida, une triste boite de Pigalle. Sam Yellowhair dans son pick-up valétudinaire zone sur les routes de l’Arizona.

Dans un hôtel du vieux Nice, George le pianiste de jazz attend son ultime concert.

Poker fatal pour Pedro le mexicain sur un cargo qui traverse l’Atlantique et Samir qui retrouvera au bord de la Seine tout ce qu’il a fui à Alep.

De beaux portraits dans ce recueil de nouvelles idéal en lecture de plage pour cet été.

Il y a de la tendresse dans cette écriture belle et mélancolique.

Marc Villard, dont on avait aimé son portrait fin et sensible des déclassés parisiens il y a 4 ans, a le style direct et sans fioriture pour raconter la vie qui passe à coté de la vie.

Les blessés, les paumés, les sans-grades ont trouvé leur auteur.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Raser les murs

On avait déjà croisé Marc Villard avec Les Biffins qui nous faisait voyager non pas dans la France d'en-bas mais carrément dans la France d'en-dessous, celle des SDF et du Samu social.

Avec Raser les murs, on ne change pas d'étage : nous revoici dans les bas-fonds de Paris, ville lumière où il ne fait pas toujours bon traîner la nuit.

Et ce recueil de quelques nouvelles n'offre que de mauvaises fréquentations : un réfugié syrien, des effeuilleuses de Pigalle, ...

Dans ce recueil de nouvelles où le ton est plus "noir" que "polar", Villard nous emmènera aussi ailleurs qu'à Paris, jusqu'en territoire Navajo ou au Kazakhstan.

Un auteur à découvrir et à suivre.

Pour celles et ceux qui aiment les laissés pour compte.



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Les biffins

Après les nouvelles de Raser les murs, on poursuit avec Marc Villard et Les biffins notre exploration non pas de la France d'en-bas mais carrément de la France d'en-dessous, celle des de la cloche et des SDF.

Cécile maraude la nuit dans une des camionnettes du Samu social et fait de l'assistance humanitaire en bordure des puces de Saint-Ouen auprès des vendeurs à la sauvette, les biffins.

Même si une petite enquête sert de fil rouge, on n'est pas dans le registre du polar mais plutôt dans celui du reportage en live et la jeune Cécile nous sert de guide dans un monde inconnu.

En peu de mots (le bouquin fait à peine plus d'une centaine de pages) l'auteur nous embarque dans les pas de Cécile, caméra au poing, et réussit à faire surgir tout un monde qui nous est (et nous restera) tout à fait étranger.

Quelques tranches de vie (ou de survie plutôt) entre reportage et documentaire, une prose sèche et précise, épicée de pas mal de musique, d'un peu d'humour mais surtout pétrie d'humanité bienveillante (un monde étranger on vous dit).

Pour celles et ceux qui aiment les laissés pour compte
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Raser les murs

Marc Villard revient avec un recueil composé de 9 nouvelles – 5 textes inédits et 4 déjà publiés précédemment. On y retrouve sa manière unique de raconter la vie des désœuvrés abandonnés par le système, qu’ils soient SDF, prostituées ou migrants, qu’ils vivent du RSA ou de petits larcins, qu’ils puissent compter ou non sur le soutien des associations et l’humanité des habitants de leurs quartiers. Des arrondissements de Paris à la banlieue de Mulhouse, de Port-au-Prince au Mexique, d’hier à aujourd’hui, il raconte à l’ancienne – « on notera ici la direction résolument rétro adoptée par le réalisateur qui envoie un message fort aux réseaux sociaux : fuck internet », écrit-il comme s’il s’agissait d’un commentaire méta sur sa propre approche – les bas-fonds parfois transpercés par des gestes de bonté lumineux. En quelques pages seulement, Marc Villard battit des personnages denses et des histoires complexes, comme si chaque nouvelle était le synopsis d’un immense roman – un phénomène particulièrement prégnant avec « Le Voyage de Roasario », l’avant-dernier texte.



Dans Raser les murs, les monstres sont rarement impunis. Celles et ceux qui abusent de la condition des délaissés finissent par en payer les frais – à l’image de Sharon, qui a contourné les démarches d’adoption en achetant un enfant mexicain volé à sa mère, pour finalement passer ses journées au SPA, tandis qu’une Vietnamienne s’occupe du garçon, et qui connaîtra un sort ironique. Sur fond de jazz, seuls les loseurs peuvent prendre vie. Chez Marc Villard, les écrivains ne sont pas des auteurs à succès, obsédés par leur ex ou leur prochaine conquête, mais des écrivains publics qui aident les démunis à rédiger CV, lettres de motivations, discours et documents administratifs.



La dernière nouvelle, « Raser les murs » qui donne son titre au livre, offre une belle reprise : il s’agit de la suite de « Bird » et de « Les Biffins », publiés respectivement en 2008 et 2018 aux éditions Joëlle Losfeld. On y retrouve Céline, la fille de Bird, qui évolue toujours dans les sphères associatives, et se prend d’affection pour Samir, un Syrien qui vient d’arriver en France.

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Raser les murs

On peut raser les murs, vivre dans la rue, être un voleur ou même une prostituée, parfois même un migrant, on n'en demeure pas moins des êtres humains et devenir le centre du monde pour un écrivain et même prendre vie dans les nouvelles qu'il écrit avec un talent inouï.



Il est comme ça Marc Villard, il sort de l'ombre les invisibles, les paumés, les désoeuvrés, les loosers, il les sort de l'oubli pour en faire des héros pas ordinaires.



Un air de Jazz les accompagne, pour les faire danser dans le tourbillon de la vie, pour leur premier pas et parfois les derniers.



Que ce soit en France ou au delà des frontières, la vie et la mort se côtoient, il n'est jamais simple de vivre au bord de l'abîme.



Oui il est comme ça Marc Villard, à travers neuf nouvelles il envoie au Paradis, les plus paumés, des hommes et des femmes qui n'ont guère connu que l'échec mais qui grâce à sa plume, franchissent la porte avec dignité.



Chronique complète sur mon blog ⬇️⬇️⬇️
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La mère noire

Curieux roman que La Mère noire paru dans la Série noire, on se demande pourquoi : il ne s’agit ni d’un thriller, ni d’un polar, pas même d’un roman noir, je crois. Deux heures trente d’une lecture agréable, mais pas inoubliable. Deux écrivains se partagent ce bref roman de 145 pages dans lequel se succèdent trois différent narrateurs. La première partie (58 pages) écrite par Jean-Bernard Pouy est titrée « L’Art me ment ». Un père et sa fille s’y expriment à la première personne en alternance. Jean-Pierre, artiste peintre, qui réussit à vivre modestement de son travail, élève seul sa fille Clothilde depuis que sa mère est partie. Il explique à l’enfant qu’elle est en Inde et qu’elle avait besoin de s’éloigner. Clothilde l’accepte, mais mal : sa maman s’est tirée alors qu’elle avait six ans, il y a justement six ans. La mère envoie de temps en temps des cartes postales représentant des tableaux célèbres, signées uniquement d’un V pour Véro. La deuxième partie (74 pages) est écrite par Marc Villard. Un narrateur à la troisième personne va nous expliquer ce qui est arrivé à Véro depuis qu’elle a quitté son mari et sa fille, six ans auparavant. Une vraie galère !

***

J’ai retrouvé avec plaisir deux des écrivains du néo-polar français des années 70. J’étais restée fidèle à certains, mais j’avais lâché ces deux-là. Le vocabulaire, les jeux de mots, la vivacité des dialogues et la truculence de J.-B. Pouy me ravissent toujours, encore plus quand son propos se fait sérieux. Sa petite Clothilde, sorte de double de Zazie modernisée (elle est en train de lire le roman), m’a enchantée. En revanche, la dérive de Véro m’a moins touchée, peut-être parce que l’écriture de Marc Villard est beaucoup plus classique. L’engagement politique toujours présent chez les deux auteurs se traduit par leur besoin d’ancrer leurs intrigues dans des événements sociaux ou sociétaux. En vrac et sans égard à la chronologie du roman, il sera question d’un père élevant seule sa fille, d’une grève des cheminots, des violences policières, de la pauvreté, d’un braquage, de sans-abris, de soupe populaire, et d’autres aspects que je ne nommerai pas pour ne pas trop en dévoiler. Un bon petit roman qui se lit vite, mais qui me laisse un goût d’inachevé. Pauvre et courageuse petite Clothilde : les adultes aussi ont besoin de grandir…

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Raser les murs

Victime de la dictature du roman, la nouvelle est sous-représentée dans le milieu de l’édition alors que de talentueux auteurs en ont fait avec bonheur leur marque de fabrique. Ainsi Marc Villard, dont on peut lire les nombreux romans noirs dans différentes collections, est-il un fervent défenseur du genre et son dernier recueil est un modèle du genre.

Bien sûr, les textes suinte la tristesse et le chagrin à chaque page mais Marc Villard possède ce don de faire aimer ses personnages de loosers, de victimes potentielles, de flics border line, de stripteaseuses fatales.

Sur fond de jazz et de blues, du 10° arrondissement à un bled de l’Arizona, de Pigalle à Nice, traversant les époques et provoquant de solides rencontres avec des personnages réels (Matisse, Art Peper) Marc Villard réinvente le désespoir.
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Sharon Tate ne verra pas Altamont

I Can get No tout à fait satisfaction



Ce roman court se lit en une heure maximum, sans que l'ennui pointe, c'est déjà bien.

Des faits authentiques (la mort de Brian Jones par noyade, les assassinats commis par la famille Manson et le désastreux concert gratuit des Stones à Altamont) "arrangés" puis reliés assez habilement entre eux, c'est pas mal non plus, à une réserve près (cf. plus loin).



L'impression reste pourtant mitigée.



Le style est coulé, vif, avec quelques traits d'humour discrets bienvenus (ainsi, à propos de la femme qui au cours de son jogging, découvre les cadavres des personnes assassinés par la famille Manson : "Elle fait dix mètres pour jeter un œil et se plie en deux pour vomir son petit-déjeuner. On notera qu'il est préférable de courir avant de manger" ou encore : "Les Hell's Angels sont des gens simples qui croient aux carburateurs, à la guerre du Vietnam et aux filles qui couchent dès le premier soir").



La fiction est suffisamment étayée pour être séduisante, même si on du mal à imaginer un Meredith Hunter se ruant sur les Hell's Angels pour se venger, alors même qu'il vient péniblement (très) de leur échapper.

D'ailleurs, si on s'en tient à l'histoire rapportée par la quasi totalité des témoins (que ne dément pas le film des Frères Maysles), Hunter et son amie "blanche" Patty Bredehoft, étaient potentiellement en danger par leur seule présence en tant que couple mixte, dans cette foule, a fortiori, pour ce concert qui connaissait des actes de violence depuis son début, en raison du "service d'ordre" assuré par les Hell's Angels.

C'est quand il est monté (avec son hallucinante veste verte !) sur un des moniteurs près de la scène que Hunter aurait été bousculé par ces motards dégénérés, sorti son pistolet (pointé vers la scène certes, mais vers qui ?) avant d'être poignardé et massacré.

Mais après tout, peu importe la vraisemblable "vérité" historique.

Le récit d'Altamont est plutôt bien conduit et prenant.



Du coup, le choix d'une évocation de la mort de Brian Jones en ouverture semble encore plus étrange. Je me demande quel lien l'auteur fait entre cet évènement et le désastre d'Altamont ? L'un n'est pas inscrit dans l'autre. Villard veut-il signifier qu'avec Brian Jones, disparaissait l'innocence sixties ? Cela ne me semble pas très convaincant. Viré des Stones, Jones était également sorti de l'Histoire. En revanche, la dérive de la famille Manson et Altamont sont autant de clous dans le cercueil de la contre-culture dévoyée.



Au delà de ces considérations, si on s'en tient au style de l'auteur, j'ai du mal à considérer -en tous cas au vu de ce livre- que Marc Villard est "L'Ecrivain" qu'attend le polar français.

Je ne trouve pas que le ton présente une telle originalité qu'il se distingue à ce point. Par moments, ça ressemble plutôt à ces articles "adulescents" formatés qui semblent sortis tout droit d'un "Rock 'n' Folk" avec cette décontraction travaillée, cette volonté d'écrire "cool" en cherchant la scène décalée : "La tarte qu'elle prend arrive tel un crash de Boeing", ou (après que Sheryl vient à peine de se libérer de ses liens et que son son copain a été embarqué par les Hell's) : "Elle note sa solitude...Elle est nue au centre du living. Légèrement bronzée. Elle se laisse tomber sur le plumard abandonné et commence à se masturber, se passant en boucle un porno suédois...".



Donc, plutôt agréable mais pas non plus de quoi, selon moi, quoi crier au génie.



A noter une expression curieuse à propos de Charles Manson : "la brebis garée". Coquille ? Astuce ?
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Un jour je serai latin lover

On parle de nouvelles mais finalement, il y a surtout un narrateur qui nous raconte sa vie de tous les jours, dans le désordre et par bribes. Adolescence, boulot, vie de couple, petits bobos du quotidien et situations parfois cocasses ou moins drôles, mais souvent situations dans lesquelles où se retrouve le commun des mortels. Personnellement, j'ai par exemple retrouvé mon mari car il a lui aussi le cancer du coude depuis quelques semaines ...

Très plaisant !
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La mère noire

Deux récits, deux nouvelles, presque deux novellas. Au final, un roman qui raconte quelques mois de la vie de Véro et Jean-Pierre et de leur fille Cloclo. C'est pas simple dans cette famille, Véro est partie laissant seuls le père et la fille. Jean-Bernard Pouy nous parle de Jean-Pierre et de Cloclo. Puis Marc Villard nous apprend ce que Véro est devenue.



Quelques mois de la vie de Jean-Pierre et de sa fille Cloclo. Elle est en cinquième. C'est peut-être le départ de sa mère qui lui a forgé une si belle personnalité, une franchise si naturelle et un humour si craquant lorsqu'elle raconte au lecteur ses vacances en Bretagne où elle retrouve ses poules et son coq. Elle est attendrissante lorsqu'elle parle de ses copines et elle m'a bien fait rire lorsqu'elle observe de sympathiques grévistes de la SNCF. Jean-Pierre est un papa sympa, complice avec sa fille, on le sent ébranlé par le départ de sa femme mais il n'en laisse rien paraître. Jean-Pierre est aussi narrateur, il nous présente son travail de peintre ( dans l'art ) et on apprend qu'il reçoit régulièrement des cartes postale de son ex-compagne, des reproductions de tableaux. Il dit qu'elle est en Inde.



Avec Jean-Bernard Pouy le lecteur s'amuse bien, il rit à ses bons mots. Parfois on pense à Zazie dans la métro. Mais Cloclo et son papinou, ils sont dans le train, il y a grève et ça va mal tourner, la faute aux gendarmes.

Véro après avoir quitté le domicile conjugal n'a pas vécu en dilettante sur les plages indiennes. On s'en doute bien. Marc Villard nous fait le récit de six années d'absence, six années noires, tristes et tragiques. Elle côtoie toute la misère du monde jusqu'à devenir dingue de solitude. Véro est aussi artiste, elle écrit des poèmes, un peu spéciaux. Avec elle, l'art est triste.



Jean-Bernard Pouy et Marc Villard. Quel duo ! Quelle manière de raconter des histoires ! C'est érudit, tendre et lucide. J'en suis ressorti tout retourné. Ravi et triste à la fois.



Pouy / Villard : La mère noire. Parution le 11 février 2021 dans la collection Série Noire, chez Gallimard. ISBN 978-2-07-291637-3 .




Lien : http://romans-policiers-des-..
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