Nouvelles longues (deux) et courtes en milieu urbain de nos jours. Ce sont les notations topographiques qui ont le plus attiré mon attention. Les personnages se déplacent dans des lieux réels, situés, concrets, donnant à l'ensemble une vision proche du documentaire ou du film/roman noir.
Cela tombe bien, ce texte est édité dans la collection "La Noire" de Gallimard que je remercie, ainsi que Babelio, pour l'envoi de cet ouvrage dans le cadre de l'opération Masse Critique d'octobre.
J'ai eu plaisir à parcourir de façon non touristique des cités telles Paris, Marseille, Barcelone et d'autres coins plus modestes et néanmoins tout aussi réels tels Frontignan, dans les pas de personnages qui pédalent, jouent d'un instrument souvent, ou font de la recherche mais toujours au travail.
(Sinon Sète ne peut pas être la "Venise Provençale" car elle se trouve à l'ouest de Montpellier mais on pardonne).
Dans la dernière et longue nouvelle nous partons jusqu'à Los Alamos, découverte passionnante pour moi où p.132 : « aux abords de Black Mesa, le plateau basaltique, des cactus géants claquent sur le ciel d'un bleu hyper réaliste. »
Les héros sont des anti-héros, ou du moins des hommes et des femmes ordinaires, mais eux aussi sont individualisés, pas franchement marginaux mais surtout pas conformistes, croisant des plus défavorisés : migrants ou prostituées par exemple en France, Indiens aux USA.
La lectrice que je suis s'est régalée là encore de cette épaisseur et cette variété sociologique décalées par rapport aux simplifications sans densité ni complexité de la majorité des magazines, séries ou autres journaux télévisés.
Les phrases sonnent juste et sont agréables à lire. Elles m'ont parues parfois juxtaposées, l'ensemble manquant de fluidité. Ce qui m'a empêchée d'adhérer à la première phrase de la courte bio liminaire décrivant
Marc Villard comme « un des plus grands stylistes du polar français et de la Série Noire ».
Mais à la réflexion j'en connais peu, hormis Manchette, Izzo ou
Lemaître, peut-être tous trois au-dessus du lot.
Le regard m'a beaucoup plu. Décalé, c'est le propre du noir aussi : l'ordre et les lois sont loin, les humains se débattent dans le monde réel et poisseux, s'entraident ou s'entretuent, sans morale.
Donc j'ai fort apprécié ce recueil. Et vous le conseille, qui que vous soyez.