Citations de Margaret Mazzantini (170)
La vérité, je ne la connais pas, je ne m'en souviens pas. Je sais seulement que je roulais vers elle sans aucune pensée précise. Italia n'était rien. Elle était la petite mèche d'une lampe à pétrole. Le feu était au-delà d'elle, dans cette lumière huileuse qui baignait mes besoins et tout ce qui me manquait.
Je me rappelle avoir pensé que rien ne peut nous préserver de nous-mêmes et que l'indulgence est un fruit qui tombe à terre déjà gâté.
Morte, il aurait pu l'aimer intensément, il le sentait. C'est la vie qui les divisait, le sang qui battait encore trop fort.
Qu'est-ce qu'elles vont devenir, ces armes, quand tout sera fini ?
Elle s'est réveillée en pleine nuit avec cette question.
Ce voile opaque qui retombe sur les couples, lorsque l’illusion s’achève et, avec elle, cette cécité bienveillante, finirait bien par s’abattre également sur nous. C’est toujours ce qui arrive ; c’était arrivé à mes parents. Mon père était heureux de quitter la maison le matin, et ma mère reprenait elle aussi sa respiration, se délectant de sa solitude. Pourtant, ils s’aimaient, se respectaient.
les hommes sont toujours beaucoup plus seuls que les femmes. Pleurer ensemble constitue, pour un couple, un événement minuscule, emblématique… c’est le souffle de l’autre qui crève dans votre gorge. C’est le chagrin que vous éprouvez pour le monde et pour vous-même, bout de chair, saucisse animée, sac bon marché.
Elle posait la tasse de café sur le rebord de la fenêtre et restait là, profitant de l'air frais sur la peau fine du petit matin, avec ce goût dans la bouche, la langue satisfaite et noire. Toujours cette vieille habitude ; le plaisir du premier café à savourer seule, en paix, avec derrière elle la maison qui dort encore. Une quiétude furtive, merveilleuse.
les gens déclassés qui ne savaient pas aborder leur prochain autrement qu'en les agressant.
Le véritable exil, ce fut celui de la solitude morale
Je pourrais te dire, Angela, que les ombres des réverbères semblaient me tomber dessus comme des oiseaux morts et que, dans cette chute sur le pare-brise, je voyais s'abattre tout ce que je n'avais pas. Je pourrais te dire que, tandis que je roulais trop vite et que les ombres plongeaient de plus en plus vite, montait en moi le désir de combler ce manque par un quelconque bouche-trou. Je pourrais te dire beaucoup de choses qui, maintenant, sonneraient juste, mais qui alors ne l'étaient peut-être pas. La vérité, je ne la connais pas, je ne m'en souviens pas. Je sais seulement que je roulais vers elle sans aucune pensée précise. Italia n'était rien. Elle était la petite mèche d'une lampe à pétrole. Le feu était au-delà d'elle, dans cette lumière huileuse qui baignait mes besoins et tout ce qui me manquait.
L'espoir appartient aux enfants. Nous, adultes, avons déjà espéré, et presque toujours perdu.
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D'improvviso, spinto da un ridicolo moto di rivolto, cerchi l'osso dell'uomo che ti sarebbe piaciuto essere. Ma per tua fortuna sei avvolto da un bendaggio di adipe che si è ben assettato intorno a te per proteggerti dagli spigoli, e dalle stronzate che ogni tanto ti racconti.
Il se demande à quel moment ils sont devenus si pesants. Quand la fusion de leurs énergies déséquilibrées a produit cet alliage de plomb.
Les amours nouvelles sont pleines de peur, Angela. Elles n'ont pas de place dans le monde et aucun port d'attache.
Un roman extraordinaire, bien traduit, dense, à déguster lentement. L'histoire d'une femme et d'un homme passionnés, pris au filet dans leurs manques, leurs amours, leurs vies avec pour toile de fond l’Italie et Sarajevo, cette ville détruite par une guerre abominable.
Gemma, Diego et Pietro vous tiendront en haleine du début à la fin. Beaucoup de rebondissements et une conclusion tout à fait inattendue. Un roman sauvage, sans concession où les sentiments sont exacerbés et constamment à fleur de peau. Beaucoup de passion et de force dans les personnages centraux. La description de l’horreur de la guerre en Yougoslavie ne laisse pas le lecteur indemne. Envoûtant.
Toutes les nuits, un nouveau bateau, de fumier humain, des exilés chassés par la faim, par la guerre.
Des mains se crispent à la surface. Des poumons éclatent sans faire de bruit. Des corps tombent et sont entraînés vers le fond, ils basculent tels des singes sur des lianes perdues. Des créatures de sable gonflées d'eau de mer, que la faim des poissons réduit en lambeaux.
Je pense à ce mot, espoir. Dans la pénombre, il prend la forme d’une tête de femme un peu effarée, une de ces femmes qui traînent derrière elles leur défaite, mais n’en continuent pas moins de se débattre avec dignité.
Dieu dans le désert, c'est l'eau et l'ombre.
Il n'y a que la mer. La mer qui devait apporter le salut et qui n'est plus qu'un cercle de feu mouillé. Un cœur noir.