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Citations de Margaret Mazzantini (170)


J'ignore quel chemin emprunte l'amour avant de se figer dans notre ventre. La guerre coulait à travers les fentes que l'amour avait autrefois empruntées, elle s'était déposée dans mes entrailles en profondeur. La nuit, seule la lumière des balles traçantes éclairait l'obscurité. Je pensais au ventre d'Aska qui grossissait, rond et blanc comme les anciens sarcophages de pierre, ornés de symboles floraux et de cosmogonies, que les projectiles avaient abîmés. "C'est le symbole qu'ils veulent tuer... le symbole", affirmait Gojko. A présent, je savais que le ventre d'Aska était Sarajevo.
La langue entre les dents, Diego imite le sifflement des obus. Il n'envoie plus ses rouleaux en Italie par l'intermédiaire d'autres journalistes. Il glisse son objectif dans une des petites entailles que le vent et le froid ont pratiquées dans les bâches aux fenêtres, comme le fusil d'un sniper, choisit une cible, un passant, appuie sur le déclencheur. Il hausse les épaules quand je lui fais remarquer qu'il n'y a pas de pellicule dans l'appareil.
"C'est pareil, dit-il. Ça ne change foutrement rien."
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Quelques mois plus tôt, par une journée quelconque, j'avais vu dans le miroir d'un ascenseur les mille chemins que mes petites rides prendraient, une moustache, des boucles capricieuses qui transformeraient mes traits. J'avais compris que l'épicentre de l'explosion est un chagrin qui naît et nous corrode de l'intérieur, provoquant des fissures, comme une vitre qui se brise sans tomber. On ne vieillit pas de jour en jour, on vieillit d'un coup. Une étincelle corrompue nous foudroie, nous salit... répand de l'amertume sur notre visage.
Ce désir inerte, inavoué, se libéra tandis que je regardais le petit trait bleu du bâtonnet. Le temps pouvait maintenant s'abattre sur moi, me vieillir : l'épicentre dont la vieillesse a son origine ne serait pas un regret, mais un cadeau... tout serait donc agréable. Les années fendilleraient un visage de mère, le mien, sur le bon versant de la fécondité, de l'amour qui passe, et va se nicher dans le corps du témoin.
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Qu'avait-il de commun avec ces jeunes arrivistes qui affichaient déjà le rictus d'une fin pas très reluisante ? De leur chair qui macérait docilement dans la saumure du bien-être, à leur insu ou presque, à l'insu de tout et de tous. A l'époque, je pensais qu'ils étaient mes amis. Avec les années, ils finiraient par m'apparaître tels qu'en eux-mêmes, des navigateurs de haute et basse mer. J'en reverrais certains à la télévision, arborant des lunettes à la mode, des chaussettes à rayures, transgressifs sous leur costume noir. Un coup sur la caisse, l'autre sur le tambour, une gorgée d'eau bénite et une autre de péché. Les poches pleines, des appartements luxueux, et de grands canapés pour accueillir tout le monde.
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La meilleure partie de la vie, c'est celle que nous ne pouvons pas vivre.
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C’est ainsi que nous nous étions engagés dans la plaine de la normalité. Je craignais que, tôt ou tard, ce quotidien fait de débrouille, cette répétition de l’identique, ne finisse par nous ronger, nous aussi, et que le désenchantement ne se glisse entre les lattes des volets, par une journée de mauvais temps et de smog. Chacun se remettrait alors à ne penser qu’à soi, à ses problèmes, libéré de l’autre. Ce voile opaque qui retombe sur les couples, lorsque l’illusion s’achève et, avec elle, cette cécité bienveillante, finirait bien par s’abattre également sur nous.
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On ne peut pas dire que nous soyons tristes ; nous sommes comme des troncs d'arbres dans le courant, qui descendent placidement vers la vallée. Nous sommes devenus plus indifférents. Nous ne voyons plus personne, nous inventons des excuses. Nous apprécions notre solitude.
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La vie est une suite de vides qui se remplissent les uns les autres étrangement.
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Et mon nom prononcé par lui, avec sa voix enrouée et profonde, mon nom qui naissait de son ventre et passait à travers sa gorge était le plus beau du monde, redonnait courage à ma misérable personne, glissait en moi et me conférait une identité, un lieu et un temps, et une origine certaine.
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Observés par-derrière, les gens portent le poids de leur destin, comme si dans la partie d'eux-mêmes qu'ils ne peuvent pas voir se concentraient toutes les souffrances, les pensées et les espoirs, les leurs et ceux de toutes les générations qui les ont précédés et qui semblent s'acharner contre eux, les derniers témoins, les poussant à aller de l'avant tout en riant d'eux, de la défaite qu'ils essuieront à leur tour.
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Il avait cette force-là, de celui qui peut détacher un évier du mur et briser une vitre pour sortir du mensonge.
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Maintenant elle n'attend plus que son destin. Le dernier visage de l'histoire. Elle le guette, elle le cherche, la chair rongée par les éclats de sel, dans un endroit qui n'a plus d'horizon. Il n'y a que la mer. La mer qui devait apporter le salut et qui n'est plus qu'un cercle de feu mouillé. Un cœur noir.
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Guardami, Italia, siediti su questa sedia vuota che ho dentro, e guardami. Davvero sei venuta a riprendermela? Non ti muovere, voglio dirti una cosa. Voglio dirti cosa è stato.
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La haine à présent est comme la vie. Forte comme la vie.
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On ne peut jamais imaginer combien de stupide désespoir, combien d'incapacité de vivre il y a au fond des personnes.
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A l'époque Gae ne savait pas parler. Il vivait de pensées enfouies qui ne réussissaient pas à s'exprimer.
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Ce soir il le sait. Les gens devraient se quitter avant d'en arriver à ce point. Où ils en sont arrivés.
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On n'assaisonne pas le désamour avec du bon vin, ce sont des gestes et des sous gâchés.
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On ne vieillit pas de jour en jour, on vieillit d’un coup.
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La vie n’attend pas.
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La poésie est une partition, elle rend compte de la musique des choses invisibles… de la nuit, du vent, de la nostalgie.
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