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Critiques de Michel Foucault (131)
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Les Mots et les choses

"Les mots et les choses" entend présenter les structures sur lesquelles s'est développée toute la pensée occidentale depuis la Renaissance et dont l'aboutissement est la pensée moderne, caractérisées par la naissance des sciences humaines. Michel Foucault propose trois grandes périodes et deux bouleversements qui affectent particulièrement la manière dont le langage a été perçu.



Jusqu'à la Renaissance, le langage est inextricablement lié aux autres choses du monde. L'épisode de Babel ayant détruit la clarté du langage de la nature, l'homme essaie de le retrouver par les signes que portent les choses et dont les mots font partie. Le mot et la chose se confondent, et dire, c'est convoquer la chose, d'où les magiciens et les formules magiques.



Au XVIIème siècle, Descartes introduit la notion de hiérarchie entre les choses par la rationalité tandis que Cervantes montre que les mots ne sont que des objets vides s'ils ne sont pas mis en rapport avec ce qu'ils représentent : Don Quichotte confond le mot et la chose, mais si le mot est resté, la chose a disparu. Le monde d'Amadis de Gaule peut encore se dire, mais il ne représente plus rien. Dorénavant, on cherche ce en quoi le langage représente le monde et ce goût de l'ordre abouti à la Grammaire, mais aussi à l'histoire naturelle et à l'analyse des richesses. On rêve de dire le monde d'une manière ordonnée, sous la forme d'un Discours (qui mène à l'Encyclopédie), d'un tableau du monde vivant (la taxinomie) ou de valeurs (le mercantilisme).



Mais cent cinquante ans plus tard à peine, patatras, voilà que l'on découvre que le monde ne peut être dit uniquement par le biais de la représentation, car certains phénomènes se déroulent à l'intérieur des domaines du savoir. Ainsi, les mots présentent des similitudes entre eux et entre les langues, les organes ont des fonctions qui s'adaptent à l'environnement et se développent eux-mêmes selon leurs propres schémas, et le travail a une valeur qui n'est pas fixe mais dépend de son mode d'organisation. Le temps s'insinue dans le concept de l'Ordre qui se change alors, à la fin du XVIIIème siècle, en une quête de l'Histoire. Désormais, on cherche la vérité des choses en elles-mêmes, on creuse et on remonte le temps, on ne se contente plus de comparer les choses entre elles. La conséquence sur le langage est qu'il est maintenant considéré comme totalement autonome, sans lien avec ce qu'il représente. C'est la naissance de la philologie et de la littérature, tandis que la biologie remplace l'histoire naturelle et l'économie politique l'analyse des richesses. Mais tandis que la biologie s'unifie sous le concept de la vie et l'économie sous celui de la production, le langage, lui, se disperse en d'innombrables langues et de représentations du monde.De plus, dans cette épistémè moderne, la source de toute connaissance est maintenant l'homme. C'est aussi un objet de savoir : puisqu'il dit le monde et qu'il s'y trouve, il est à la fois objet et producteur de savoir : quelle est sa place, quelles sont ses limites à comprendre le monde, comment se le représente-t-il ? Voilà que naissent les sciences humaines.



Nous sommes encore aujourd'hui dans ce monde moderne et nous tournons en rond. Car tant que la place de l'homme reste incertaine, les sciences humaines, qui ne sont ni illusions, ni sciences, mais représentation du savoir différente des sciences, le restent aussi, et l'instabilité règne. Pour dépasser nos achoppements, il faudrait que nous trouvions un moyen de dépasser la conception de l'homme comme caractérisé par cette ambivalence. Nietzsche avait pensé la mort de l'homme et l'invention du surhomme. Au sujet du langage, c'est peut-être la linguistique qui remplacerait la philologie. Quoi qu'il en soit, l'homme n'est pas immortel et il suffirait d'un autre mouvement de la pensée pour que, comme l'histoire naturelle et l'analyse des richesses, les sciences humaines disparaissent à leur tour et, avec elle, la notion de l'homme.



On ressort bien évidemment très enrichi de cette lecture épistémologique et on songe que la rédaction du texte remonte à cinquante ans, ce qui donne à notre épistémè moderne environ deux siècles, ou cinquante ans de plus que l'âge classique tel que le décrit Michel Foucault... Peut-être cet âge à venir qu'il prévoyait se met-il en place ? On note que la génétique a remplacé la biologie et que l'on évoque l'intelligence artificielle... on note encore que nos sociétés de services ont certainement dû (mais je ne voudrais pas trop m'avancer....) modifier une conception de l'économie basée sur la production et le travail (revenu universel ?). Du côté de la linguistique, je ne sais pas, si quelqu'un a une idée. Foucault n'est plus là pour nous dire ce qui se passe, mais d'autres peut-être y songent-ils ?...
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Les Mots et les choses

Réussir à comprendre Foucault reléve de la gageure . Dans son texte , il aborde un nombre tellement important de thématiques diverses , en n'ayant de cesse de creuser celles çi jusqu'au plus profond , qu'il est effectivement impossible de tout comprendre . Il définit avec une précision d'orfévre l'importance des mots , allant jusqu'a leur conférer comme une sorte d'aura à laquelle il est le seul à comprendre quelque chose . Heureux sont ceux qui parviennent a comprendre ce texte colossal , qui s'impose comme une pierre fondamentale de la philosophie contemporaine . Cette oeuvre , il faut toute une vie pour en mesurer la puissance.
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Histoire de la folie à l'âge classique

Là, l'ouvrage mérite du sérieux. Une folie, un âge classique, une histoire: vaste programme mes aïeux ! Bon, un peu de sérieux. Foucault nous fait voir, nous donne à voir pour quel motif on passait pour timbré. Comment on traitait des classés socialement déclassés( classer pour déclasser, trouver l'astuce, intelligente l'espèce humaine, déclasse et classe en même temps) . Des déclassés frappés du sceaux de frappa dingues. Y devait y en avoir, pas de doute là-dessus. Mais bon, mettre des lépreux avec des chiffonnés du ciboulot et autres, n'ira pas sans soulever quelques questions. Abréger, j'abrège. En un mot, Foucault nous dresse un tableau jusqu'au XIXème siècle à peu près, ce, depuis l'aube des temps, à savoir, moyen-âge, sur une manière de nous traiter entre nous des bipèdes doués de parole. ON en apprend sur les maladies mentales et leur fabrication. Sans symptômes reconnus: pas de pathologie. A méditer. En lisant l'ouvrage, on en apprendra plus. Si je pouvais pondre mieux qu'un Foucault, cela se saurait; non,? En principe oui. Sérieusement: un ouvrage important à lire. Vraiment. Ne pas hésiter.
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Le Discours philosophique

Un écrit indispensable pour comprendre la notion de discours et celle de philosophie telles que le "philosophe" les a élaborées.

Foucault, ici, s'interroge sur les discontinuités et les mutations du discours philosophique et place Nietzsche au centre de "la grande mutation".

Un éclairage fameux pour les Mots et les choses qui est un livre bien plus compliqué à lire.

Juste publié, cet ouvrage est aussi une interrogation sur ce que c'est que philosopher et la proximité avec la pensée de Deleuze et celle de Guattari est parfois manifeste.

Un très bon livre que je recommande vivement.



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Histoire de la folie à l'âge classique

Cet ouvrage fit grand bruit dans les années soixante et fut l'objet de polémiques (en particulier sur le domaine de compétence du philosophe qui n'était ni historien ,ni psychiatre ) . L'ouvrage observe l'évolution dans le traitement de la folie du Moyen âge au 19ème siècle . Au-dela du côté iconoclaste de son auteur cet essai eut le mérite de porter l'attention sur la psychiatrie . A noter une permanence de cette question à l'heure actuelle.
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Naissance de la clinique

Ancien lecteur de l’Histoire de la folie à l'âge classique, j’ai acheté avec curiosité la Naissance de la clinique, mais je rends compte d’une lecture avortée. La préface annonce pourtant un programme épique, digne de Saint John Perse : « Il est question dans ce livre de l’espace, du langage et de la mort ; il est question du regard » (p 5). On n’y trouve pas de définition de la clinique (étymologiquement, l’exercice au lit du malade), mais on apprend qu’elle naît dans la deuxième moitié du 18e siècle. C’est une « réorganisation formelle et en profondeur, plus que l’abandon des théories et des vieux systèmes, qui a ouvert la possibilité d’une expérience clinique ; elle a levé le vieil interdit aristotélicien : on pourra enfin tenir sur l’individu un discours à structure scientifique » (p 12). Exit Hippocrate et deux millénaires d’observations, absolution des doctrinaires médaillés du 19e siècle, de la phrénologie et du phlogistique. Mais tant pis, les phrases suivantes me titillent : « Cet accès à l’individu, nos contemporains y voient l’instauration d’un “colloque singulier” et la formulation la plus serrée d’un vieil humanisme médical, aussi vieux que la pitié des hommes. Les phénoménologies acéphales de la compréhension mêlent à cette idée mal jointe le sable de leur désert conceptuel ; le vocabulaire faiblement érotisé de la “rencontre” et du “couple médecin malade” s’exténue à vouloir communiquer à tant de non-pensées les pâles pouvoirs d’une rêverie matrimoniale » (p 12). La préface se conclut par une assertion définitive, fièrement reprise dans la quatrième de couverture : « Une fois pour toutes, ce livre n’est pas écrit pour une médecine contre une autre ou contre les médecines pour une absence de médecine. Ici, comme ailleurs, il s’agit d’une étude qui essaye de dégager dans l’épaisseur du discours les conditions de son histoire ». Bon. Les chapitres 1 et 2 s’intitulent « Espace et classes » et « Une conscience politique ». Le reste, je l’ai feuilleté, il y a des pages décoratives, de l’autorité, du non-sens. Je m’abstiens d’autres citations.



Oscour. Comment un doctrinaire médaillé pouvait-il écrire le vide avec une telle assurance, au vingtième siècle, sinon pour les adeptes d’une coterie d’initiés ? Quelqu’un ici a-t-il lu ce livre, et pourrait-il m’expliquer la question du regard ?

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Surveiller et punir

Dans « Surveillé et punir », Foucault décrit le passage d'une société de punition à une société de surveillance (généalogie de la morale). Foucault montre que, dans notre société disciplinaire, le corps n'est plus une donnée naturelle, qu'il est investi, requis, traversé par des procédures qui le rendent docile, obéissant afin qu'il puisse être utile (les disciplines). Les corps sont dressés ni par une institution, ni par un appareil mais en application de savoirs-pouvoirs diffus, omniprésents, anonymes, étendus, détaillés, pointilleux, d'une machinerie sans titulaire (micro pouvoirs), comportant instruments, techniques, procédés, niveaux d'application, cibles (micro physique). En les dépersonnifiant, les corps sont individualisés, assignés à un espace pour être normés, archivés, et constamment surveillés. C'est la vie elle-même qui devient objet de pouvoir. Foucault dévoile dans « Surveiller et punir » le rapport qui existe entre un ensemble de techniques de pouvoir, qui prend pour cible les corps, les vies, et la généralisation de la prison. Pour Foucault, c'est la société disciplinaire qui produit, de l'extérieur, certes comme résultat le plus radical et le plus abouti, la prison.





Foucault décrit méticuleusement le passage des supplices aux cellules, de la vengeance à la punition, d'une société de terreur, de spectacle où une multitude contemple quelques-uns à une société de surveillance où une multitude est surveillée par un petit nombre. L'idée de vengeance du souverain attaquée dans sa souveraineté a été abandonnée au profit d'une technologie du redressement par la société toute entière lorsqu'elle est atteinte dans ses fondements. Foucault montre comment, sous la double impulsion d'une orthopédie morale et d'une architecture qui en fournit la possibilité, l'ère carcérale a pris naissance. Un dispositif visant à l'amendement des coupables, au châtiment de l'âme est dans nos sociétés modernes mis systématiquement en place. Les prisonniers sont individuellement encellulés et mis sous surveillance constante. le retour sur soi, l'intériorisation de la faute doit permettre de réifier les âmes sans meurtrir les corps ; la méfiance généralisée doit forcer à l'obéissance. La société ne puni pas moins mais différemment nous dit Foucault. Elle punit avec une sévérité atténuée mais avec plus de généralité. Ce que la peine a perdu en densité, elle le gagne généreusement en étendue. La civilisation disciplinaire a produit la prison mais elle n'a pas eu à faire à une fille ingrate. Bonne élève, la prison a carcéralisé en retour la société toute entière étendant ses procédures arbitraires hors d'elle-même. Un pouvoir carcéral s'est autonomisé du contrôle de la justice et de l'opinion, il a cogéré la peine en inventant des procédés inédits et généralisables (la prison s'est révèlée aussi comme un lieu de production d'un savoir : comportementalisme, techniques de classification, de gestions spécifiques du temps et de l'espace ...).





Foucault dans « Surveiller et punir » affirme : la prison n'échoue pas, elle réussit ! Il faut, nous dit-il, pour s'en persuader, sortir de l'explication interne de la gestion des détenus et se préoccuper de ce qui en amont l'alimente : la production des illégalismes. Les illégalismes sont des éléments positifs du fonctionnement social. Tout espace législatif ménage des espaces profitables et protégés où la loi peut être violée, d'autres où elle peut être ignorée, d'autres enfin où les infractions sont sanctionnées. La bourgeoisie parvenue au pouvoir n'a plus supporté les anciens illégalismes populaires. La centralité du matériel et de la propriété privée, la prise en compte du corps force de travail de l'ouvrier (rendement, absentéisme, migration ...) ont impliqué une reconfiguration autre des illégalismes. La prison a été l'instrument de réaménagement du champ de ces nouveaux illégalismes, la courroie de distribution de son économie. La prison a localisé une plèbe déclarée dangereuse, elle l'a marginalisée, coupée de ces racines sociales pour former une certaine forme d'illégalisme professionnel : la délinquance. Dit autrement, la délinquance a été cette découpe intentionnelle historique de certains illégalismes dans l'épaisseur des illégalismes que la prison a eu pour tâche de cerner, d'exalter, de stigmatiser. Analysée à la lumière cette économie des illégalismes, la prison s'est révélée un efficient appareil d'intégration plutôt qu'exclusivement de répression. Il y a eu en effet de multiples intérêts à cette professionnalisation. La délinquance a entretenu un conflit idéologiquement profitable avec le restant de la population, elle a favorisé l'acceptation de la répression et le contrôle policier sur l'ensemble de la société et elle a servi de main-d'œuvre à la bourgeoisie pour surveiller, infiltrer et manipuler le prolétariat. Elle a pesé sur l'illégalisme populaire et laissé dans l'ombre l'illégalisme des classes au pouvoir.





Foucault met enfin à jour, avec la prison, le personnage qui allait désormais dominer la scène judiciaire : l'individu dangereux. Extrapolé à partir de faits indéniables mais aussi isolés et (ou) résolus qui se transforment en tendances natives, dispositions permanentes, l'individu dangereux est à la fois considéré comme malade et criminel sans être l'un ou l'autre. Il a la double appartenance au champ judiciaire et au champ médical. Un déplacement a été ainsi significativement opéré : ce n'est plus l'acte qui est désormais répréhensible mais son auteur. La psychiatrie dans notre société contemporaine est devenue le vecteur dominant de la scène judiciaire avec la question centrale de la dangerosité et ses deux corrélats : l'accessibilité à la peine et la curabilité des détenus. La notion de risque est aujourd'hui mise en avant et la peine est le moyen non de punir mais de prévenir. Foucault pensait que si la dangerosité traduit souvent un danger imaginaire, une virtualité, les mesures pour la circonscrire en revanche étaient réellement productives d'insécurité, de peurs et d'obsessions sécuritaires.





Michel Foucault déclarait : « Ecrire ne m'intéresse que dans la mesure où cela s'incorpore à la réalité d'un combat, à titre d'instrument, de tactique, d'éclairage ». « Surveiller et punir » est-il l'instrument souhaité par l'auteur ? Est-ce que cette subtile mécanique peut encore rogner quelques barreaux, ouvrir quelques portes, élargir quelques brèches, écarter certains murs ? Elle l'a indiscutablement fait. Une fois lu, faut-il ranger sagement l'ouvrage sur une étagère, faire quelques commentaires élogieux, approximatifs ou savants et retourner à la routine des peccamineux surveillants, des portiques mouchards, des orwelliens ronds-points et des incertaines coursives ? Un spectre de Foucault semble pourtant encore hanter l'espace du carcéral.

Foucault avec « Surveiller et punir » a durablement changé notre regard, il a rendu inévidentes nos évidences les plus quotidiennes. Il a montré selon quelle nécessité la prison est advenue et du même coup comment elle pourrait disparaître. le recours à l'incarcération comme dispositif pénal privilégié n'est en effet pas de toute éternité. Il a montré plus généralement comment du savoir produit du pouvoir disciplinaire dans la société toute entière.

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La peinture de Manet, suivi de

Quand un esprit majeur tache d'expliquer la peinture d'un maitre , l'on se coupe du monde et on déguste ce remarquable travail qui fait immerger le lecteur au coeur du travail de Manet suivant le regard de Foucault . Souvent on hésite à parler de peinture soi méme , la peur du ridicule sans doute . Foucault le fait avec une telle maestria que l'on ne peut que suivre son invitation dans l'univers de Manet . L'expérience est belle , car Foucault trouve bien les mots nécessaires pour exprimer sa vision de l'oeuvre , et cela sans aucune géne . Il est bon de voir un esprit à l'oeuvre .....
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Surveiller et punir

Après la théorie de la justice de John Rawls, je suis de nouveau confronté à une lecture qui a pour thèmes la justice et les idées utilitaristes de Bentham. Mais cette fois, l'ouvrage est bien plus abordable et agréable à lire, malgré la complexité du sujet traité. Peut-être parce que Foucault écrivait en français tandis que l'ouvrage de Rawls a été traduit de l'anglais. Dans cet ouvrage, considéré comme l'un des plus important de Michel Foucault, l'auteur explique comme est apparu la prison moderne dont le type panoptique est le modèle par excellence. De "l'exécution spectacle " dont le régicide Damiens a été l'une des victimes les plus célèbre à l'enfermement (couvents, maisons de fous, atelier-manufactures, etc.) puis à la prison moderne dont Mettray est la forme la plus aboutie en 1840, plusieurs siècles se sont écoulés accompagnés de réflexions diverses dont Bentham a été l'un des plus important contributeur. Outre l'apparition de la prison moderne, Foucault explique le rôle de la prison comme expression du pouvoir de l'Etat. La prison comme forme de privation de liberté est t-elle une punition ? Vise t-elle à remettre dans le droit chemin les "mauvais citoyens" ? Ou au contraire comme le prétend ses détracteurs dès son apparition, la prison est t-elle une fabrique à délinquant ?

Surveiller et punir a été une agréable surprise d'autant que le sujet ne me paraissait pas si accessible de premier abord.
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Histoire de la sexualité, tome 1 : La volonté d..

Comme beaucoup d'ouvrages de Foucault, c'est très ennuyeux. Dommage, le sujet se prêtait à un traitement passionnant.
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Le Pouvoir psychiatrique : Cours au Collège d..

Ce n'est pas facile de lire Michel Foucault. Sa pensée est dense et complexe, et elle demande un réel effort de réflexion. Mais quand on fait cet effort, la richesse et l'intelligence de sa théorisation est une réelle récompense intellectuelle!



"Le pouvoir psychiatrique" regroupe les cours qu'il a donné au collège de France en 1973 et en 1974 sur le thème de l'histoire et du sens de la psychiatrie. De Pinel à Charcot, le philosophe se propose à travers une généalogie du savoir et du pouvoir psychiatrique, d'exposer son hypothèse selon laquelle la psychiatrie ne serait pas née comme conséquence d'un nouveau progrès dans la connaissance sur la folie mais suite à la mise en place de dispositifs disciplinaires organisant le régime imposé à la folie.



Michel Foucault entend le pouvoir psychiatrique comme l'une des branches du pouvoir disciplinaire (au même titre que la prison), qu'il a beaucoup étudié et qui est au centre de nombre de ses recherches; car pour le philosophe, le savoir dont se prévalent les scientifiques et les experts de toutes sortes, dont les psychiatres, ouvre toujours sur une relation de pouvoir. Les individus, ici les fous, sont donc dans cette optiques des individus assujettis à une discipline.



L'idée centrale de cet ouvrage foucaldien est bien sûr que cette discipline, qui se joue d’abord dans un lieu clos (ici l'asile), se dissémine dans toute la société. Dès lors apparaît ce que l'auteur appelle l’« effet psy », c'est à dire une médicalisation de l’existence, l’obsession de la norme et de la normalité qui préside dans nos sociétés contemporaines.



Je dois avouer qu'il m'a fallut m'accrocher pour terminer cet ouvrage et que j'ai dû prendre des notes tout du long pour organiser ma pensée et être bien sure de comprendre tout à fait celle du maître. Et encore, je suis absolument certaine de n'en avoir pas saisi la moitié, mais je peux néanmoins dire que ce que j'ai compris et ce que j'ai pu apercevoir des profondeurs de la réflexion du philosophe m'a vraiment beaucoup intéressé et m'a semblé être d'une richesse peu commune!

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Les Mots et les choses

Les mots et les choses est le prélude à "l'archéologie du savoir" dans lequel Michel Foucault définit ce qu'est un discours. Dans les mots et les choses, il ne définit pas, il montre en décrivant dans leurs formes comment les savoirs se constituent. Ce qui permet de voir plusieurs choses: l'histoire des savoirs n'est pas une histoire du progrès ou un cheminement vers la vérité, il y a des motifs communs aux différentes disciplines, des motifs qui traversent toutes les disciplines.



On pourrait dire beaucoup d'autre choses sur le propos de ce livre, j'ajouterais pour ma part qu'en plus d'être pertinent et exigent il est bien écrit. A mettre dans la liste, et en bonne place, des livres de philosophie qui ont à la fois de l'exigence et une belle forme.
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L'Archéologie du savoir

Qu’est-ce qu’un discours ? Plus précisément, qu’est-ce qui le rend possible ? La question posée par Michel Foucault me semble cruciale. Qu’est-ce qui fait qu’à un moment donné on a pu dire ceci ou cela ? Qu’est-ce qui fait qu’un domaine du savoir existe ? Foucault écarte l’hypothèse d’une continuité qui feraient des différents discours une tension vers le discours universel dont ils ne seraient que l’ébauche. Pour lui, un discours existe parce qu’à un moment donné un objet de discours se forme. Cet objet ne préexiste pas au discours. Il en est à la fois le contenu et le point de départ.



Et le sujet dans tout ça, l’individu qui tient le discours, quelle est sa part de liberté ? Peut-il créer un discours nouveau ? Pour Foucault, le sujet s’insère toujours dans des structures discursives qui lui échappent, « il est une place déterminée et vide qui peut être effectivement remplie par des individus différents ». En énonçant quel discours que ce soit, je m’insère en tant que sujet dans une structure où ma place est déterminée sans que je puisse modifier cette place. Ce que je peux modifier, c’est le contenu du discours mais pas le discours lui-même.



La question qui se pose alors est celle de l’apparition de nouveaux discours. Qu’est-ce qui a fait qu’à un moment donné un nouvel objet de discours est apparu ? Pour Foucault, le discours est toujours dynamique, « le moindre énoncé – le plus discret ou le plus banal – met en œuvre tout le jeu des règles selon lesquelles sont formées son objet, sa modalité, les concepts qu’il utilise et la stratégie dont il fait partie ». Un discours est donc en perpétuelle mutation mais cette mutation est interne. Elle échappe au sujet énonciateur, qui ne peut que prendre position dans un système discursif donné à l’avance. Il faut donc, pour adhérer à la pensée de Foucault, renoncer au rôle de l’homme de génie constituant par son unique réflexion des savoirs nouveaux et à un discours transcendantal que l’homme aurait pour tâche de déchiffrer afin d’atteindre la vérité. C’est extrêmement difficile.

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Surveiller et punir

Un gros classique des sciences humaines et sociales, et j'ai compris pourquoi. D'où vient l'idée d'enfermer pour redresser ?

Cet ouvrage philosophique et historique fait une généalogie de l'institution carcérale. Il est question de prison, mais aussi d'autres lieux modernes de correction disciplinaire, de contrôle des corps et d'actions thérapeutiques sur les esprits (Foucault parle d' "orthopédie sociale") : l'armée, l'hôpital, l'école... il résonne toujours dans l'actualité sociale. Surveillance, exercices, classement, examens et enregistrements sont finalement décrits dans leur développement historique, pour montrer comment les forces sont canalisées et maîtrisées. Car les hommes et les femmes doivent être utiles. Cet assujettissement est organisé techniquement : Foucault parle de biopouvoir et de technologie politique du corps. Il existe de nombreux procédés disparates, ce n'est pas le fait d'un État en particulier ou d'une institution.

Foucault retrace le passage des tortures et exécutions publiques à un jeu de douleurs plus subtile et discret, avec l'idée d'une peine corrective. Il y a une humanisation visible (respecter l'humanité des personnes), un adoucissement des lois dès le 18è siècle; mais le corps des condamné•es devient un bien social utile, dissuasif pour les autres.

Dès le 19è siècle le spectacle punitif devient progressivement enfouissement bureaucratique, et le châtiment devient une économie des biens suspendus (prison, travail forcé, déportation...)  La discipline devient l'art de répartir les personnes dans l'espace, avec des techniques de contrôle des activités... L'appareil pénal s'est médicalisé, psychologisé et pédagogisé.

Cet ouvrage propose de nombreux concepts et notamment le panoptisme, avec la panoptique comme figure architecturale de la surveillance absolue, institution disciplinaire parfaite...et ce dispositif peut s'intégrer à n'importe quelle fonction (éducation, châtiment, thérapie, observation...)

La prison est en tous cas présentée comme un grand échec de la justice pénale : elle ne diminue pas le taux de criminalité, elle provoque la récidive, peut même créer des réseaux de délinquance...elle fait tomber dans la misère les familles de détenu•es. Mais elle n'est pas remise en cause car elle a des fonctions précises.

Difficile de résumer cet ouvrage passionnant étayé de nombreux exemples et de fines analyses.
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Surveiller et punir

Compliqué de résumer un tel livre qui constitue rien moins qu'une date, une référence absolue, par son ambition analytique et son érudition..

A noter qu'ici Foucault fait d'avantage œuvre d'historien et de sociologue que de philosophe, notamment dans une première partie ou il examine pour la période du moyen âge et de l'ancien régime les notions de Supplice et de Punition envisagées tel qu'il le précise lui-même, comme " affirmation emphatique du pouvoir" , "présence déchainée du souverain" , et "cérémonies par lesquelles le pouvoir se manifeste "

Il faut attendre la seconde partie du livre et la thématique de la Discipline comme contrôle du corps pour voir apparaitre une approche plus conceptuelle qui postule la fabrication d'une individualité cellulaire, organique , génétique et combinatoire.

La dernière partie de l'ouvrage centrée sur le panoptisme et la prison prends cette fois un tour politique en caractérisant les perspectives totalitaires de l'un et la capacité de la seconde à circonscrire et fabriquer une délinquance qui permet de masquer et de laisser dans l'ombre les illégalismes de la classe dominante.

La seule réserve - importante- que l'on peut avoir ici concerne l'écriture et l'organisation discursive particulièrement indigeste qui noie par trop souvent la réception et le déploiement d'une pensée pourtant majeure.

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Les Anormaux. Cours au collège de France

Cours donné au Collège de France au 1er trimestre 1975, le cycle consacré aux "Anormaux" a pour but de retracer en onze cours la généalogie médicale (psychiatrique) et légale du concept polymorphe d'anormal, qui s'est imposé durablement au XIXe siècle.

Les thèses développées ici sont certes séduisantes, parfois même passionnantes, le propos brillant, réussit la prouesse d'être à la fois assez facile d'accès sans faire de concessions sur la subtilité des idées... Mais la méthodologie d'établissement des faits de cette généalogie me dérange. Car c'est un travail d'historien (des idées) qui est fait ici par Michel Foucault, mais sans citer un seul travail d'histoire - en tant que discipline, et sans appliquer vraiment des méthodes d'historien.

Comme si personne n'avait avant lui étudier le sujet des monstres, des psychopathes, de la masturbation, ou encore de l'épilepsie, Foucault revient très en détail sur quelques traités ou quelques faits divers qui ont plus ou moins fait parler d'eux entre le XVIIe et le début du XXe siècle.... C'est évidemment une très bonne chose de se référer aux sources pour l'analyse, mais pour ce qui est de la synthèse, on en est réduit à croire Foucault sur parole quand il nous affirme par exemple qu'il y a trois figures qui préexistent aux anormaux, "le monstre, le masturbateur, et l'impertinent". De même, cette généalogie ne se fonde que sur des exemples français. Que s'est-il passé en Allemagne, en Italie en Angleterre, aux Etats Unis à la même période ? Et quid de la façon dont on considérait les anormaux, les monstres, ou les asociaux dans d'autres civilisations ? Quid de données de l'anthropologie ? La généalogie s'arrête au moyen-âge, mais pourquoi ne pas évoquer les sociétés de l'antiquité grecque et romaine, sur lesquelles on a une incroyable documentation pratique et théorique ?

Cette incomplétude de l'analyse n'est pas seulement constatable sur le plan de l'analyse géographique, mais aussi sur le type d'anormaux étudiés : certaines figures d'anormaux tels qu'apparus au XIXe n'ont ainsi pas vraiment été abordées, et on se demande bien sur la généalogie proposée ici leur est également applicable.

Donc une cours intéressant, mais qui parait n'être qu'une introduction à un sujet bien plus vaste, y compris pour Foucault lui-même...
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Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur..

Avant Criminal Minds, Mindhunter et The Alienist, il y avait Moi, Pierre Rivière... Condamné dès la naissance, il aurait été une formidable Vie parallèle de Plutarque.

Non celle des hommes illustres mais des illustres inconnus.



Que représente une arrestation, un procès, un suicide si le quotidien nous tue déjà à petit feu? Il ne lui manquait plus que l'instabilité familiale, celle d'une mère qui épuise le père.



C'est dans son Mémoire qu'il explique l'usage de la serpe, non pas sertie d'or mais de bois.



Extraordinaire ouvrage.
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OEuvres, tome 2

A cette édition, dont l’apparat critique est établi selon les critères scientifiques les plus rigoureux, il ne manque rien de ce qui peut faciliter la lecture ou aider à s’orienter dans les références savantes.
Lien : http://rss.feedsportal.com/c..
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Moi, Pierre Rivière, ayant égorgé ma mère, ma soeur..

Un document, une enquête, un crime. Un criminel dont l'aveu est consigné sans en changer une virgule: l'équipe de Foucault a ici un matériau de première main.



Le criminel est jeune, presque analphabète, mais il parle un très beau français du terroir. Sa confession est digne, précise, rationnelle. Le crime est sauvage. Barbare. Toute la violence et la misère des campagnes abandonnées.



Ce contraste saisissant m'est resté en mémoire-j'ai lu le livre il y a longtemps- et m'a toujours fait penser au très beau film de Bertrand Tavernier, Le Juge et l'Assassin. Pour moi, Pierre Rivière, c'est le personnage joué par Galabru, mais en beaucoup plus jeune.



Il y a eu un film aussi, je crois...
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Subjectivité et vérité. Cours au collège de France ..

Dans ce cours prononcé au Collège de France en 1980 et 1981, Foucault élabore les lignes directrices de son "Histoire de la sexualité" et montre comment s’est constituée, dans l’Antiquité, une morale qu’on a à tort trop vite qualifiée de chrétienne et qui servira de modèle matrimonial jusqu’à l’époque de ce qu’on appelle traditionnellement « la morale bourgeoise ».
Lien : http://www.nonfiction.fr/art..
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