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Critiques de Olivier Adam (2719)
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Tout peut s'oublier

Olivier Adam qui a passé quatre mois au Japon dans le cadre d'une résidence d'écriture , à son retour, en dira " Moi qui aime la littérature, la poésie, le cinéma et la peinture de ce pays , je n'ai rien découvert, j'ai tout reconnu, tout m'a semblé d'une totale évidence, lisibilité....Et je savais que j'en ferais un livre...Quand j'ai le lieu, j'ai le livre....des millions d'histoires et de livres possibles." de ces livres possibles, les deux premiers seront " le coeur régulier" et " Kyoto Limited Express" , publiés en 2010. Et dix ans plus tard ce troisième où il retourne dans son pays de prédilection avec une histoire de famille douloureuse, voir cruelle.

Nathan exploite un cinema familial, dans une ville maritime en Bretagne. Il est désemparé, son ex-femme japonaise Jun a disparu avec leur fils Leo de cinq ans. Ils sont partis au Japon sans le prévenir. Il ne s'agit pas d'un simple déménagement, il s'agit d'autre chose, mais quoi ? Il sait qu'il est dans le pétrin car au Japon en cas de divorce, la garde de l'enfant est exclusivement attribuée au parent nippon, ici la mère.....



Dans ce dernier opus Adam ne dérogeant pas à la règle, nous campe à nouveau son type de héros récurrent, son double littéraire dans ses nombreux livres, ici incarné en Nathan. Un type solitaire, renfermé, mal à l'aise avec les sentiments et les démonstrations d'affection. Il a "la sensation d'être une sorte de figurant dans le film de sa propre vie, de n'y tenir qu'un rôle secondaire ", qui lui va d'ailleurs très bien mais manifestement pas aux deux femmes de sa vie, vu qu'elles l'ont quitté à tour de rôle. Il y est question de relations de couples qui semblent si simples au départ mais se révèlent si compliquées une fois la rupture entamée. Mais le coeur du sujet sont les enfants, un père / fils séparé, et une autre relation mère/ fils rompue.....

Une histoire qui se déploie entre la côte Émeraude et ses magnifiques paysages et le Japon, où l'on va avoir affaire à la face sombre de ce dernier , sa justice ! Si ce que raconte l'auteur est vrai, c'est une conception de la justice indigne "d'un grand pays démocratique ". Une justice, si on peut appeler ça encore justice, violente et fasciste, qui m'a donnée froid dans le dos.



À travers son histoire , Adam partage aussi avec nous, des réflexions existentielles, des références à l'actualité ,sa déception concernant Macron, les violences policières....,des nombreuses références au cinema d'auteurs , ses piques à ses compatriotes face à l'étranger, qu'il trouve pénibles, vantards, grossiers , impolis, son admiration pour la patience, la courtoisie, la ponctualité , la simplicité dans la forme , la sophistication dans le fond, .......des japonais.



"Tout peut s'oublier" dit le titre et Jacques Brel, moi je dirais non si ce "tout" englobe, un enfant, une mère, un père, un frère,.....un lien de sang. le dernier Adam est un livre délicat qui m'a déchirée le coeur. J'en suis une inconditionnelle, rien à dire, un excellent auteur que j'aime énormément lire.



"Après tout la vie était comme ça. Les grandes joies se mêlaient aux chagrins les plus profonds. Les espoirs les plus fous à l'incertitude la plus absolue. On n'y pouvait rien. C'était le grand manège. Un foutu bordel. du grand n'importe quoi."

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Les Roches rouges

Olivier Adam (Les lisières, La tête sous l'eau, Peine perdue, À l'abri de rien, Chanson de la ville silencieuse), avec son talent habituel, met en scène Leila, vingt-et-un ans, mère d'un petit garçon, Gabi, dont le père, Alex, a douze ans de plus qu'elle. Cet homme brutal est impliqué dans des trafics plutôt louches. Surtout, alors qu'il était son prof de volley, il a séduit cette gosse de quatorze ans qui a été enceinte à dix-sept ans.

C'est à Pôle emploi que Leila a flashé sur le jeune Antoine, qu'ils se sont aimés en secret jusqu'à ce qu'Alex découvre leur liaison, frappe Leila, l'insulte quotidiennement et tabasse Antoine.

Devant tant de violences, Leila et Antoine fuient la région parisienne avec Gabi pour se retrouver dans une villa, à Agay, sur la Côte d'Azur. Cette belle maison appartenait aux grands-parents d'Antoine et la famille se la partage pendant les vacances.

Là, surprise, Antoine y retrouve Lise, sa soeur aînée, disparue sans laisser d'adresse. Un terrible contentieux l'oppose à son frère dont elle ne voulait plus entendre parler. Je vous laisse le découvrir.

C'est là, dans cette maison rose, entourée de roches rouges, que Leila, Lise, Antoine et Gabi tentent de vivre avant que leur histoire ne les rattrape.

Ce roman, paru chez Robert Laffont, collection R, comme La tête sous l'eau, est donc considéré pour Jeunes adultes. Malgré mon grand âge, j'ai pris plaisir à le lire, trouvé l'ambiance très glauque au début puis j'ai tremblé pour ces jeunes qui tentent de donner un équilibre à leur vie.

Olivier Adam, dans Les roches rouges, a eu la bonne idée de laisser raconter son histoire par Antoine mais n'a pas oublié de donner la parole à Leila par l'intermédiaire de son carnet secret. Ainsi, nous avons son éclairage sur les événements, son ressenti, ses impressions, ses craintes, ses espoirs.

Si l'auteur ne mène pas tout à fait l'histoire jusqu'à son terme, ce que je regrette un peu, il donne suffisamment d'éléments pour que le lecteur se fasse sa propre idée.

Pour le plaisir de l'intrigue et du suspense, Olivier Adam a bien compliqué les situations familiales, ajoutant fâcheries et disparitions, recherche d'emploi, accoutumance à la drogue, présence réconfortante des parents. Ne serait-ce pas un tableau assez réaliste de beaucoup de situations familiales d'aujourd'hui ?




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Dessous les roses

Dessous les roses, d’Olivier Adam est un roman en forme de pièce de théâtre en trois actes. Dans une unité de lieu, un pavillon de banlieue et une unité de temps, l’action se déroulant sur trois jours, c’est à une mise en abîme familiale qu’il nous est donné d’assister.

Trois enfants devenus adultes Claire, Paul et Antoine se trouvent réunis autour de leur mère après la mort du père et vont solder leurs comptes.

La présence de Paul n’est pas du tout certaine au début du roman. En effet, celui-ci est rarement présent aux réunions de famille. Célèbre réalisateur de films, il a d’après lui et selon sa mère, besoin de se concentrer sur l’écriture de ses films. Mais le suspense est vite levé, il sera là.

Les relations de Paul avec sa famille sont en fait assez houleuses. Il était fâché avec son père depuis quelques années, celui-ci lui reprochant, tout comme le fait Antoine, de s’inspirer de sa famille pour nourrir ses films et ses pièces de théâtre et critiquer la société contemporaine. La question récurrente étant : De quel droit, tordait-il la vie de ses proches ?

Olivier Adam explore avec talent ce lien qui unit une fratrie, montrant avec finesse comment des frères et sœurs ayant vécu avec les mêmes parents et au même endroit ont l’impression d’avoir vécu des vies différentes.

Dans ce récit polyphonique, tout en tentant de retrouver leur complicité d’antan, chacun va ainsi donner sa perception de l’histoire familiale, chacun avec un angle de vue différent selon, notamment, sa position dans la fratrie.

En réunissant à la veille des obsèques de leur père et dans les lendemains, Claire, Paul et Antoine, l’auteur a su trouver une forme originale, leur permettant de s’épancher, de s’affronter et de s’engueuler, l’alcool, concourant à faire sauter les dernières retenues. Rancœurs et désappointements sont exprimés tour à tour par les protagonistes, cela n’empêchant pas qu’un sentiment de tendresse, une certaine complicité retrouvée soient présents.

Comme pour ses précédents romans, l’écriture simple, d’une grande fluidité, tellement juste et précise d’Olivier Adam pour décrire ces relations difficiles et conflictuelles entre membres de la même famille, ces non-dits qui peu à peu étouffent, m’a complètement séduite. Il a su m’embarquer dans cette atmosphère lourde de malaise, si particulière, où colère, amertume, rancœur, jalousie, chagrin et tendresse se côtoient. De même, j’ai trouvé très réussie cette montée en tension et apprécié les références musicales.

Ce thème de la déconstruction progressive de la cellule familiale m’a beaucoup touchée et parue d’une portée quasi universelle.

Dessous les roses, référence à la chanson Nantes de Barbara qui retentira d’ailleurs lors de la cérémonie sans que l’on sache vraiment qui l’a commanditée est à la fois une mise en abîme familiale et une plongée dans la famille d’un transfuge de classe qui s’en revendique.

Pour conclure, je dirais qu’il est difficile en lisant ce roman, de ne pas l’apparenter à une autofiction, car comment ne pas faire entrer sa famille dans son univers créatif ? Il me semble que ce pourrait bien être le sujet principal de Dessous les roses.


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La tête sous l'eau

Léa a laissé sa famille liquéfiée par sa disparition, « fracassée contre le mur de la peur et du chagrin ». La retrouver va-t-il pouvoir tous les sauver ?



En Bretagne, non loin de Saint-Malo, Antoine, le narrateur, ses parents et sa soeur revenue de « l'enfer » entament une reconstruction auprès d'une mer tumultueuse, qui seule semble les apaiser.



L'adolescence et ses premiers émois, mais aussi ses premiers drames. le secret de Léa est bien gardé pour cet amour inconditionnel qu'elle éprouve en secret.



Le mystère plane et nous entraîne dans la tête de ces jeunes adultes épris d'amour et d'espoir. de jolis moments et une intrigue qui prend.

Mais si « la mer les as sauvés de la folie », la conclusion du roman m'aura fait trébucher et tomber dans une simple flaque... Dommage.



Lu en juin 2018.



Mon article sur Fnac.com/Le conseil des libraires :
Lien : https://www.fnac.com/Pour-ce..
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Dessous les roses

Une histoire de famille. Olivier Adam, dans Dessous les roses, m’a fait vivre les retrouvailles d’une famille au complet. Enfin, presque puisque le motif de ces retrouvailles est la mort de François, le père.

En trois actes, Olivier Adam me fait traverser trois journées avec plusieurs scènes. Claire, l’aînée, et Antoine, le petit dernier, assument leurs pensées, leurs doutes, leurs craintes, leurs reproches. Dans ce dernier rôle, c’est Antoine qui est le plus virulent car intervient celui qui est né six ans avant le petit frère : Paul. Celui-ci a assumé son homosexualité malgré l’hostilité de son père. Il a réussi comme metteur en scène au cinéma et au théâtre.

Antoine développe beaucoup d’agressivité envers son frère car il lui reproche d’utiliser leur histoire familiale dans ses films et au théâtre. Cette histoire familiale, il la transforme, l’embellit, la tourne en dérision ou l’avilit.

Au cours de ma lecture, j’ai bien apprécié quantité de formules, de réflexions bien senties qui pourraient s’adapter à d’autres familles.

Si Antoine est avec Sarah mais aime Lise, Claire veut divorcer de Stéphane malgré leurs trois enfants. Pour tous les deux, rien n’est simple et c’est là que le talent d’Olivier Adam s’affirme une fois de plus. Il sait, à merveille, donner la parole à ses trois principaux personnages sans négliger le rôle posthume de leur père. La mère n’est pas absente mais, comme la plupart des mères, elle s’inquiète pour ses enfants, ne fait aucune différence entre eux, accepte leurs défauts et supporte leur éloignement.

Dessous les roses, titre emprunté à « Nantes » de Barbara, alterne discours violents et passages tendres. Si Antoine est direct, s’exprime sans fioritures, laisse éclater colère et jalousie envers Paul, Claire sait s’effacer, supporte Stéphane, son mari, qui l’exaspère alors qu’elle assume seule l’éducation de leurs trois enfants.

Tendresse de l’enfance, différences affirmées dès l’adolescence et soucis d’adulte avant de passer à la vieillesse, Olivier Adam, à travers les reproches, les dialogues violents et les réflexions distillées au bon moment, réalise un roman qui m’a touché tant sa justesse est émouvante.

Le vécu de chaque famille est différent mais, pendant ces trois jours de retrouvailles familiales autour du décès de leur père, Claire, Paul et Antoine assurent une partition à trois voix. Cela ne peut que toucher le lecteur. Cette histoire m’a fait réfléchir sur la vie qui s’en va toujours trop vite.

Celles et ceux qu’on aime, sœurs, frères, parents ne sont pas éternels et il est tellement important de faire taire jalousies et ressentiments pour ne retenir que le positif.

Ceci, Olivier Adam l’a parfaitement mis en scène dans Dessous les roses.

J’avais déjà lu ce livre et rédigé ma critique avant d’aller aux Correspondances de Manosque où j’ai pu écouter Olivier Adam parler de son livre, répondant aux questions d’Élodie Karaki. Aussi je peux ajouter quelques notes prises au cours de l’intervention de l’auteur.

Il a précisé le rôle de la parole, exprimée ou non et parlé du rôle de l’alcool. Ces frères et cette sœur, comme dans toutes les familles sont cimentés par un passé commun puis ont pris des chemins différents. Si l’auteur se refuse à toute scène de retour en arrière, il fait bien ressentir ce qui se passe lors de la mort d’un père. Si Claire veut tout envoyer valser, Antoine alterne violence et douceur alors que, pour lui, la paternité approche et que cela l’émeut et l’effraie à la fois. Il se révèle différent de Claire et de Paul. Enfin, on apprend que ce père controversé s’est révélé un grand-père formidable !

Au final, Olivier Adam que j’avais déjà apprécié dans À l’abri de rien, Chanson de la ville silencieuse, La tête sous l’eau, Les lisières et Peine perdue, m’a à nouveau captivé avec Dessous les roses.


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Une partie de badminton

“Il avait quitté la côte bretonne pour les lumières de la capitale et les mirages du monde littéraire parisien.”......A son départ Paul Lerner était en haut de la vague, son dernier livre s'était vendu au-delà de ses espérances et de celles de son éditeur. Cinq ans plus tard le voici de retour, avec femme et enfants, dans des circonstances moins glorieuses, après l'échec de ses derniers romans.

Un retour difficile. Sa fille adolescente est malheureuse, sa femme qui se tape des heures de voitures pour aller bosser est déprimée par leur couple entré dans le moule. Seul son fils semble y rester indifférent. Quand à lui, en manque d'inspiration, il travaille pour le journal local. Après cinq années de parenthèse, il sent bien que quelque chose s'est abîmé. “Une faille. Une fissure. Entre Sarah et lui. Entre lui et Manon. Et en lui-même.......La vie s'acharnait à faire voler en éclats ses certitudes, ses fondations mêmes, celles qu'il croyait immuables, mais ça allait.”

Chez Adam la morosité, le mal-être est partie intégrante de son oeuvre et les détails autobiographiques souvent au coeur de ses livres. Ici, il ne déroge pas à la règle, dans un contexte social et politique guère réjouissant. En ajout à son mal-être intrinsèque, notre protagoniste est empêtré dans le désarroi de “l'auteur qui n'écrit plus” et de ses soucis de famille. Dans le décor envoûtant de la Bretagne, les dunes, la mer s'acharnant sur les rochers, l'horizon qui se déploie sans fin, une autopsie et autocritique d'une vie d'homme avec tout ce qu'elle a de plus humain, constellée de pépins de famille, de femmes mystérieuses, de regrets et non-regrets de la vie intellectuelle parisienne. S'y ajoute l'interrogation sur le rapport du talent de l'écrivain et de la qualité littéraire de son oeuvre à son succès commercial, une question de débat sans fond.

Bref le dernier opus d'Adam est un très beau livre sur la vie et ses revers qui nous dépassent, avec un ajout de suspens.

J'en suis une inconditionnelle, j'aime sa prose, j'aime ce qu'il raconte, j'aime ses livres tout court, même s'il semble qu'il écrit toujours la même chose !



“Exister quel sport de rue/ Sûr c'est pas du badminton/ Exister si j'avais su/ Aurais-je décliné la donne” ( Alain Chamfort )
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Les Roches rouges

Leila est une jeune femme mariée à Alex qui a douze ans de plus qu’elle et qui est un homme violent, « Mariée à ce type que je déteste et qui m’effraie. Qui me considère comme sa chose, sa propriété, sa boniche ». Ils ont un petit garçon Gabi qui a trois ans. Le père de Leila est également violent et sa sœur Jen a d’ailleurs disparu dans la nature.

Leila trompe son mari avec Antoine plus jeune qu’elle. Elle l’a rencontré à Pôle emploi « Un mec marrant mais déjà bien cabossé... Un mec bizarre et fragile », mais elle est séduite par sa gentillesse.

Tous vivent dans une ville de banlieue.

C’est Leila elle-même qui fait les présentations dans ce carnet qu’Antoine lui a offert récemment et qui lui sert de journal intime.

Mais Alex, extrêmement jaloux va rapidement s’en apercevoir, suivre Antoine et lui filer une raclée.

Antoine et Leila n’ont qu’une seule solution : fuir, sans oublier le bambin que Leila chérit par-dessus tout. Bien que se connaissant peu, ils n’ont rien à perdre et tous deux voudraient oublier leur passé respectif, Antoine étant hanté lui aussi par un secret. Les voilà donc en cavale.

Olivier Adam, avec Les roches rouges nous offre un roman social magnifique et bouleversant empreint de réalisme.

Il utilise deux points de vue, celui de Leila qui livre ses confidences au moyen de son journal intime et celui d’Antoine qui donne sa version des faits, n’hésitant pas à écrire en italique les propose de Leila.

En alternant et en croisant ces deux témoignages, l’auteur laisse libre le lecteur de se faire son opinion.

Si le sujet principal au départ est la violence exercée sur les femmes, un sujet hélas toujours d’actualité d’autres thèmes sont aussi abordés dans ce roman, notamment la famille, la violence conjugale physique et morale, l’inceste, l’avortement, le suicide, la drogue, le deuil d’un enfant, la culpabilité …

Néanmoins, malgré les difficultés rencontrées par ces jeunes gens , l’angoisse du lendemain, la peur d’être découverts, véritable épée de Damoclès suspendue au-dessus de leurs têtes et cette tension croissante qui en découle, l’entraide, le pardon et l’amour permettent quelques bons moments, notamment dans le cadre enchanteur des calanques même si la sérénité n’est jamais vraiment là.

Olivier Adam nous embarque dans un véritable thriller qui nous tient en haleine jusqu’à la fin, une fin fidèle au roman lui-même, très réaliste.

Ses personnages ne sont pas des héros, ils sont simples, ordinaires, émouvants, maltraités par la vie, la société ne les ayant pas épargnés et ils tentent de faire face à cette dure réalité avec leurs faibles moyens. On voudrait tellement qu’ils réussissent après ce qu’ils ont souffert !

Sans pathos, sans angélisme non plus, mais avec beaucoup de sensibilité et de psychologie, cet écrivain que par ailleurs j’apprécie déjà beaucoup, m’a encore une fois bouleversée.

Les roches rouges, s’il est classé roman jeunes adultes, public auquel je le recommande fortement, peut parfaitement convenir aux adultes.

C’est un roman qui marque encore longtemps après sa lecture !


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Chanson de la ville silencieuse

« Je suis cette fille qui n'est pas sûre de reconnaître son père. Qui n'est pas sûre d'avoir bien compris qu'il était mort. Qui n'a jamais été bien sûre de l'avoir connu un jour. », sujet du dernier livre d’Adam . Le père, c’est Antoine Schaeffer, ex-star de la chanson française, légende vivante qui un beau jour à l’apogée de sa gloire, plaque tout pour aller vivre en ermite à la campagne et finit par disparaître totalement, déclaré mort sur papier....? Une mort sans sépulture, sans cadavre.

Elle, “la fille du chanteur”, qui n’en garde aucune trace, aucun souvenir. Elle tente de rembobiner le film de sa vie, images désordonnées, usées, floues, en quête du fantôme du père ,........en quête d’elle-même. Une mère croisée par hasard, qui l’a délaissée enfant, partie loin. À huit ans, débarquée chez le père, dans une vie de pagaille, parmi des adultes, où à part une vie de famille tout y est....”Je suis celle qui grandit sans souvenirs d'enfance.”

Une quête physique et spirituelle qu’elle poursuit à Lisbonne, capital du pays de « La Saudade »( mot portugais qui exprime une mélancolie empreinte de nostalgie, sans l'aspect maladif), sur la voie d’une photo d’un chanteur de rue, sosie du père, «  Je le cherche sans le chercher..... un fantôme. Un visage flou sur des photos. Celui d'un mort. D'une légende. ».

Un livre travaillé par la musique, une texture sonore à travers des phrases très courtes sans verbe, percutantes, vibrantes, ou une phrase longue, longue qui atterrit en douceur ....une prose endiablée, qui me fait penser à la musique de Prokofiev.

Olivier Adam qui se considère comme un musicien raté, dans ce livre librement inspiré de la vie de Nino Ferrer et d’un chanteur de rue entraperçu dans une rue de Lisbonne, nous émeut, nous fait vibrer encore une fois avec sa musique dans le silence des mots, et ses thèmes récurrents de la fuite, de l’errance, du mal être permanent et de l’infinie solitude des êtres. Il touche au cœur de l’inévitable gouffre entre l’intimité de l’artiste et son œuvre public, “les chansons sont plus intéressantes que ceux qui les chantent.”



Il écrit dans le fond toujours la même chose, mais ce n’est pas la même chose, puisque je ne me lasse pas de le lire......magnifique .





I lost myself on a cool damp night

I gave myself in that misty light

Was hypnotized by a strange delight

Under a lilac tree ....

(Lilac Wine)*

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Dessous les roses

Papa Eriksen est mort, on l'enterre demain. Claire, Antoine et le frère prodigue Paul se retrouvent chez leur mère . L'occasion a jamais de remettre les pendules à l'heure avec la famille et soi-même. Trois frères et soeur, trois vies désormais étrangères les unes aux autres, n'ayant comme point de ralliement que les souvenirs d'enfance. A partir de là tout est possible , les préjugés, les perceptions erronées, qui donneront lieu à des mésententes douloureuses. Adam nous revient dans son dernier opus avec un sujet très intime, qui soulève de multiples questions entre frères et soeurs avec le passage à l'âge adulte et aux vies individuelles qui suivent chacun leur propre cours. On n'a jamais les mêmes souvenirs et au fil du temps chacun arrange les choses à sa sauce, la distance s'accroît, et les mots plutôt que rapprocher , gommer un malentendu , au contraire peuvent ne cesser de souffler sur les braises.

D'une part une fratrie qui se déchire, de l'autre une mère, pour qui ne reste que les trois enfants, trois adultes, trois étrangers, qui désormais se soucient très peu d'elle, alors qu'elle subit le destin inévitable que nous réserve la vie, la vieillesse et la solitude. Vu les critiques dithyrambiques, moi une inconditionnelle d'Adam j'avais pour la première fois peur d'être déçue. Mais non , l'un de mes écrivains français préféré dont je suis une inconditionnelle répond toujours présent à l'appel de sa prose dont j'aime la simplicité à exprimer les sentiments les plus intimes sans tomber dans le pathos. Même si l'histoire ici est plus lisse par rapport à ses livres précédents, il se rattrape vers la fin en donnant la parole pour la première et dernière fois à Paul, le fils prodigue par où est arrivé « tous les malheurs », terminant avec une fin excellente qui confirme bien les paroles du grand William « Le monde entier est un théâtre, Et tous, hommes et femmes, n'en sont que les acteurs », officialisant ainsi la structure théâtrale en trois actes du livre.

Sacré Adam, qui finalement nous laisse dubitatif sans savoir que penser de ces trois frères et soeur, qui se retrouvent sur un pied d'égalité. Qui a vrai , qui a faut, nul ne peut en convenir, et c'est l'intérêt de ce livre où Adam souligne très bien l'ambiguïté de la nature humaine.





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Une partie de badminton

Si on dit Saint Malo, écrivain dépressif, histoire de famille, on pense inévitablement Olivier Adam. Fidèle au cadre où se situe la plupart de ses romans, il nous convie à nouveau au spectacle d’une famille dont l’harmonie semble menacée, par des choix stratégiques maladroits (quitter Paris), des coups de canifs dans le contrat de mariage, et des ados enclins à s‘éclipser sans prévenir.



Le scénario démarre lentement, donnant le temps au narrateur de bien développer le contexte qui conduit le personnage principal à tant de frustrations, pour finir sur une ambiance de thriller mouvementé.



Pas de surprise : même sans couverture et premières pages, on reconnait le décor et l’ambiance propres à l’auteur. C’est agréable à lire , avec tout de même une impression de déjà vu. Ni la construction du roman, ni les thèmes abordés (monde de l’édition, couple) ne viennent étonner le lecteur fidèle d’Olivier Adam. Si l’on aime, on ne sera pas déçu, avec le petit risque de se lasser cependant.


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La renverse

"La renverse: période de durée variable séparant deux phases de marée ( montante ou descendante ) durant laquelle le courant devient nul".



Dans son dernier livre, Olivier Adam fidèle à son poste de narrateur, est plus brillant que jamais!



L'histoire débute avec l'information de la mort par accident d'un certain Jean-Francois Laborde, que notre narrateur, Antoine, quasi la trentaine, apprend à la télé d'un bar. Un nom lié à un scandale qui par le biais de sa mère a éclaboussé toute sa famille , il y a dix ans....une vie au passé, qu'Antoine "pense" avoir enterré , fuyant maison et famille et se réfugiant dans un bled perdu en bord de mer, en Bretagne, où il travaille dans une librairie.....

Les démons du passé resurgissant , il va essayer de faire le chemin à rebours pour " chercher une cohérence dans un parcours qui est une succession de ruptures".



Au-delà du fait divers sordide, Adam s'interroge sur les identités multiples à l'intérieur d'une même personne et fait une excellente analyse des vérités sociales actuelles et de ses conséquences sur les vies individuelles de la petite et moyenne bourgeoisie, où les faux-semblants et les apparences ont la part belle.

Le narrateur, est toujours lui-même , qu'il met en scéne, un homme solitaire, taciturne ,qui fuit et essait de mettre tout à plat ( la renverse) avec une enfance et une adolescence dans un pavillon d'une ville de banlieue de la région parisienne, dont il a le sentiment de ne pas vraiment y avoir été , de ne pas y avoir vécu,de n'avoir rien vu venir, rien compris.

Les paysages de Bretagne ( le bruit permanent de la mer, la compagnie des oiseaux,les dunes et les oyats vibrant dans l'air frais du matin...) où il noit son spleen et sa prose libre sont comme toujours, sublimes.



Dire j'ai aimé ou pas aimé ce livre n'a pas grand sens.Comme tout ses livres( j'en suis une inconditionnelle !), un livre qui vous prend par le cœur et l'esprit,vous touche par sa mélancolie, vous éblouit par la justesse de ses propos , et vous renvoit à des vérités sociales et politiques actuelles.
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Je vais bien, ne t'en fais pas

À 20 ans, Claire n'est pas des plus heureuses. Caissière au Shopi du coin, elle a du mal à gérer sa vie au quotidien. De plus, elle a été très marquée le jour où son frère Loïc a disparu, il y a de cela deux ans. Un amour sincère unissait ces deux jeunes gens et Claire vouait un véritable culte à son frère. Seule heureuse nouvelle est que celui-ci lui envoie de simples cartes postales, régulièrement, des différents endroits où il se trouve. Des cartes postales laconiques où il lui répète "je vais bien, ne t'en fais pas". Mais voilà, Claire s'inquiète beaucoup pour son frère et il lui manque énormément.

Leurs parents habitent un petit village près de Paris et celle-ci s'y rend de temps en temps, même si pour Irène, cela est trop peu.

Un jour, ces brèves nouvelles ne lui suffisent plus et elle décide de partir à sa recherche et fera d'étranges découvertes...



Adapté au cinéma par Lioret, ce court roman sans prétention d'Olivier Adam est une très belle révélation. L'enchainement des situations est une grande réussite et le personnage De Claire est vraiment attachant, tout comme ses parents, Irène et Paul. Nous-mêmes nous posons nous la question de savoir où a bien pu passé Loïc, ce n'est qu'aux toutes dernières pages qu'Olivier Adam nous révèle le fin mot de l'histoire. Et ceci rend ce roman d'autant plus passionnant et intrigant.

Des chapitres très courts, une écriture réellement intéressante et haletante, sans fioritures, ce roman est un petit bijou de littérature.



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Peine perdue

Sur la côte méditerranéenne, en cet hiver, les touristes sont rares. Les plages et les paillottes à l'abandon. Les hôtels déserts. Ne restent ici que les locaux qui peinent à profiter de la mer, devenue presque invisible à leurs yeux. Parce qu'ils ne vivent pas dans les yachts, ne trinquent pas au champagne, ceux-là ont du mal à joindre les deux bouts. Qu'on soit face à la mer ou pas, les galères sont les mêmes pour tout un chacun. Les découverts à chaque fin de mois, les divorces douloureux, les mauvaises combines, les amours refoulés ou frustrés, les deux boulots accumulés pour subvenir aux besoins de la marmaille. Marmaille qui s'étiole petit à petit, qui fugue ou se rebelle. Et cette mer, aujourd'hui déchaînée par la tempête, qui deviendra le théâtre de scènes violentes.

Tout commence par Antoine... Gardien du camping, future star locale du ballon rond, il repeint pour le mafieux du coin les mobil-homes. Parce qu'il aura eu un geste déplacé lors du dernier match, il est mis sur la touche. Victime d'une agression par deux hommes cagoulés, il est laissé pour mort aux portes des urgences. Autour de lui gravitent son ami Jeff qui tient la paillotte, son ex recasée avec un vendeur de voitures, son fils Nino en admiration devant ce père pourtant si absent, ce couple de retraités à la dérive, cette interne de l'hôpital fracassée, cet entraineur de foot égaré dans sa propre vie ou bien cette écrivaine lesbienne venue se ressourcer près de la mer...



Olivier Adam nous plonge littéralement dans ce roman choral où il dresse le portrait de 22 personnes. Elles se connaissent ou pas, se croisent, s'effleurent, s'aiment ou se déchirent. L'auteur leur donne la parole, chacune leur tour et l'on est pris dans un tourbillon de mélodrames, d'effusions de sentiments, de rencontres tantôt émouvantes tantôt plus tragiques, de rêves, d'espoirs parfois déchus. Ce roman terriblement humain et pénétrant nous touche au plus profond tant il est empli d'émotions. La mer, ce personnage à part entière, engloutit tout sur son passage et nous submerge. Les phrases courtes ne laissent aucun répit, les descriptions colorées sont omniprésentes malgré cette France en plein désarroi. Les mots sont si mesurés et l'écriture si agile et intense qu'il en ressort une certaine musicalité. De part sa construction si originale et travaillée, ce roman prégnant et poétique est tout sauf une peine perdue pour le lecteur...
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Les Lisières

Originaire de la banlieue qu'il a fuie, Paul Steiner pensait pouvoir se reconstruire dans la capitale, s'y faire de nouveaux amis et avoir tout le loisir d'écrire. Mais, là encore, il ne trouvait pas sa place. Il a donc quitté la grisaille parisienne pour s'installer en Bretagne. Il espérait prendre un nouveau départ, avec sa femme Sarah et leurs deux enfants, Manon et Clément. Admirer cet horizon sans fin, se ressourcer dans cette mer glacée, sentir le vent vous fouetter le visage... Mais, cela n'aura été que de courte durée. Sa femme l'a quitté, il s'est installé dans un petit appartement près de chez sa famille et ne voit ses enfants qu'un week-end sur deux. Sa famille lui manque, viscéralement. Pourtant, il va devoir la quitter pour quelques jours. En effet, sa maman, hospitalisée, son frère lui demande de venir soutenir leur père pour quelques jours. C'est dans cette ville de la banlieue parisienne qui fourmille de mille souvenirs et qu'il a voulu fuir à tout jamais que Paul va retrouver les siens, ce père si froid et rustre, ce frère qui ne lui ressemble en aucun point et ces amis avec qui il avait coupé tout contact et qu'il rencontrera par hasard comme autant de souvenirs ou de moments passés qu'il aura enfouis...



Olivier Adam nous plonge la tête la première dans cette eau qui vous happe et vous saisit. L'auteur décrit sans concession le parcours de Paul, écrivain en mal de vivre, timide, rongé par la Maladie et excentré. Maintes fois exilé, ayant fui Paris et coupé tout contact avec ses anciens amis, le monde de l'édition et le strass qui l'entoure, Paul se réfugie dans ce finistère pour se retrouver, lui et un semblant de vie, et écrire pour pouvoir habiter ce monde. Mais les rencontres du passé auront vite fait de le rattraper. L'auteur interpelle par ses propos et son ancrage dans la réalité, décrit sans concession une France écartelée, éblouit et émeut par son écriture si juste, à la fois engagée et poétique. D'une grande précision et d'une incroyable sensibilité, ce roman dense, bouleversant et fascinant est une véritable réussite.



Les lisières, un effleurement, une caresse...
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Chanson de la ville silencieuse

Elle arpente les rues de Lisbonne. Depuis trois jours, dérive au hasard. Se cogne aux passants et aux touristes. Le soir venu, guidée par le murmure de la musique, elle s'attarde sur les visages des musiciens. Montre les photos, le peu qu'elle dispose, aux barmen et aux patrons des restaurants où s'agglutinent les dîneurs. Elle, c'est la fille du chanteur. Antoine Schaeffer, ex-star adulée, sulfureuse, sexy. Déclaré mort. Disparu soudainement au détour d'un ruisseau. Ne laissant derrière lui que quelques bribes de souvenirs pour celle qui l'a si peu connu. Enfant délaissée d'une mère fuyante et d'un père fantôme. Serait-ce vraiment lui que l'on a aperçu en contrebas du Bairro Alto ? Est-ce lui que son ami Théo a capturé sur l'écran de son portable ?





Des années que son père a disparu. Des années aussi qu'elle vit en marge de la société. Solitaire et effacée. Fragilisée par le délaissement de ses parents. La fuite de sa mère, l'absence de son père qui, aujourd'hui, prend trop de place. Est-ce réellement lui sur le cliché ? Un sosie ? Partie à la recherche d'un père fantôme, la fille du chanteur se met en quête de la retrouver. Olivier Adam donne la parole à cette jeune femme discrète, mutique qui, peu à peu, dessine le portrait d'un homme excentrique, d'un chanteur qui a connu la gloire et qui s'est retiré du star-système, d'une vedette qui s'est noyée dans l'alcool et la drogue, d'un papa à mi-temps. Dans cette quête au cœur d'une ville grouillante et somnambule, l'on suit les déambulations et les errances de cette jeune femme en lisière de la vie. Ponctuée de phrases courtes, souvent dénuées de verbes, s'attardant sur les descriptions, cette bal(l)ade se révèle poétique, envoûtante et mélancolique.

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Le coeur régulier

Après la mort de son frère (suicide ? accident ?... de toute façon on s’en fout un peu), une bourge totalement insupportable que l’on peut assez rapidement et dès les premières pages qualifier de « tête à claque » est au bord de la crise de nerf. Elle décide pour se refaire une santé de se payer un petit voyage au Japon, pays de la zénitude absolue.

Se lamentant crescendo, fumant clopes sur clopes, accusant les autres de façon assez pathétique d’être responsables de son mal-être, elle parvient à pourrir la vie de sa famille proche, de ses amis, de ses rencontres, et même du lecteur, bref, elle fait ch** tout le monde, et nous sommes donc soulagés lorsque ce livre, heureusement assez court, peut être refermé.

Son mari, un banquier, nage tellement dans le pognon qu’il ne se rend compte de rien lorsqu’elle ne touche plus son salaire, car elle se fait virer comme une malpropre de son job, ce qu’elle lui cache. Elle est virée car, bien sûr, elle emm*** également ses collègues, des extraterrestres évoluant dans un monde du travail caricatural. De toute façon, elle a épousé un con (il n’aime ni la musique, ni les livres, et elle déteste la déco de leur pavillon), ses enfants sont des abrutis (ils ont grandi et n’ont pas voulu rester des bébés), et son frère chéri (aussi barjo qu’elle, on l’apprendra plus tard), a tiré sa révérence sans daigner donner la moindre explication ; il est grand temps pour elle de partir.

Arrivée au Japon, elle est assez désœuvrée, mais elle parvient quand même à trouver de quoi s’occuper en assouvissant ses besoins sexuels (arrivé là dans l’histoire, je me suis demandé si je n’étais pas victime d’hallucinations, et je me suis pincé) : elle se tape sans état d’âme une gamine dans la piscine de son hôtel, puis un vieux monsieur vendeur de boissons gazeuses sur la plage. Va-t-elle aussi se taper le jeune bonze du monastère ?

Pour intéresser le lecteur à son histoire, Olivier Adam n’hésite pas un seul instant à utiliser un style emphatique et prétentieux, tout aussi insupportable que son héroïne.

Bref, un scénario invraisemblable, des situations peu crédibles, des personnages improbables, une histoire qui ne décolle jamais, une émotion qui reste superficielle, un livre à mettre au pilon, et, en ce qui me concerne, un auteur désormais à éviter. Vous l’aurez compris je pense, je n’ai que moyennement apprécié Le cœur régulier.

Mon challenge ABC, lettre A comme Adam, démarre mal, d’une part avec beaucoup de retard, et d’autre part avec ce rendez-vous manqué.
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Tout peut s'oublier

Venu chercher son fils Léo chez son ex-femme, Nathan trouve un appartement déserté. Stupéfait, il comprend que Jun est rentrée au Japon, emmenant leur petit garçon. Pourra-t-il les retrouver ? Et quand bien même, trouvera-t-il le moyen de faire valoir là-bas ses droits de père ?





En cas de divorce – ce qui reste marginal au pays du Soleil-levant -, le code civil japonais ne se préoccupe aucunement d’autorité parentale conjointe, ni même de droit de visite. La garde des enfants échoit automatiquement à l’un des parents, la plupart du temps la mère, entraînant de fait la suppression de tout contact avec le père. Les cas d’enlèvement des enfants à leur père sont donc monnaie courante, et tout à fait licite, au Japon, ce que les étrangers mariés à un ressortissant nippon découvrent à leurs complets dépens en cas de séparation. Tenter de maintenir le lien malgré tout les expose à l’expulsion pure et simple du Japon et, en cas de récidive, à des poursuites judiciaires aboutissant à l’emprisonnement.





C’est cette cruelle réalité que découvre Nathan, dans une fiction totalement représentative des multiples cas avérés. Ses déboires prennent une tournure d’autant plus dramatique, qu’à l’enlèvement de son fils par son ex-femme – acte malheureusement pas si exceptionnel lorsque des couples binationaux se séparent -, s’ajoute bien plus que la non-coopération judiciaire du pays concerné. Nathan est considéré comme un fauteur de troubles au Japon. Il n’y est qu’un étranger qui menace des intérêts privés locaux, qui plus est dans un climat diplomatique tendu depuis une certaine affaire Carlos Ghosn. Les lecteurs qui en auront suivi les rebondissements liront avec moins de stupéfaction que les autres les pratiques judiciaires nippones, en particulier les terribles conditions d’une garde à vue à rallonge, même pour les délits mineurs, conçue pour extorquer des aveux coûte que coûte.





Sans pathos et évitant soigneusement tout cliché, le texte factuel prend garde de rester nuancé et de n’oublier ni certaines mauvaises manières occidentales, ni les attraits de la culture nippone. Cette exactitude, conjuguée au talent de conteur de l’auteur, fait de ce roman un frappant témoignage, où transparaît la souffrance sans remède de terribles arrachements. L’on reste néanmoins un peu frustré de ne pas s’élever franchement au-delà. Le portrait de Nathan, principalement en forme de collage de références cinématographiques, m’a notamment laissée sur ma faim…


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Tout peut s'oublier

Quand un romancier perd une bonne partie de ses personnages au fil des pages, il est justifié qu’il adopte comme titre «Tout peut s’oublier », me suis je dit en restant sur ma faim.



Alizé Tellier (pseudonyme de Tiphaine Véron) et ses frères Arthur et Clément disparaissent en cours d’intrigue ainsi que Gabriel, le fils de Lise et Alain (lui aussi perdu de vue), alors pourquoi leur consacrer de longues digressions ?



La disparition d’enfants nés de couples binationaux brisés est le sujet traité par Olivier Adam. Problème majeur puisqu’en France près de 20% des couples sont binationaux, que 45% des mariages finissent par un divorce, et que de nombreux pays bafouent la législation internationale sur la garde partagée des enfants. L’Algérie, l’Allemagne, le Japon, entre autres, se révèlent être des enfers en cas de séparation. L’Algérie pour des raisons religieuses (l’enfant doit être obligatoirement élevé dans la religion paternelle), l’Allemagne à cause du « Jugendamt » qui a tout pouvoir et le Japon dont l’appareil judiciaire est réputé depuis le traitement infligé à Carlos Ghosn et que rappelle fort bien l’auteur.



Nathan, dont le fils Léo a été enlevé au Japon par sa mère, essaye de faire respecter ses droits légitimes de père mais il se heurte au double obstacle de l’état japonais qui nie les accords internationaux et use de sa force pour réduire Nathan à un simple rôle de géniteur, et à la faiblesse de l’état français qui a pour politique de tendre la joue gauche quand il prend une claque sur la droite … et continue à verser allocations familiales et pensions alimentaires ad vitam aeternam (cf dispositif ARIPA déployé depuis 2017) … sans faire appliquer les décisions de justice et sans retirer la nationalité française à ceux et celles qui le bafouent.



Le sort tragique des milliers de Léo, la souffrance de leurs pères ou de leurs mères, de leurs grands parents est un thème peu traité par les journalistes et les écrivains, et Olivier Adam a le mérite de prendre le problème à bras le corps. Mais je n’ai pas réussi à « aimer » les personnages qui m’ont semblé manqué de profondeur et les causes du problème sont évoquées de façon trop superficielle.



Reste un beau détour dans l’estuaire de la Rance, les remparts de Saint Malo, les villas de Dinard, le festival du film de Dinan et son cinéma Emeraude qui ne méritent pas l’oubli !
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Je vais bien, ne t'en fais pas

Premier roman d’Olivier Adam que je lis en entier et quelle déception.



Claire est caissière, un peu paumée, un peu seule, elle panse l’absence de son frère Loïc qu’elle n’a plus vu depuis deux ans dans des bras sans tendresse. Entre Loïc et elle, c’était une belle histoire de frère et sœur fusionnelle. Suite à une dispute avec leur père, Loïc claque la porte et disparaît. Seules quelques cartes arrivent pour Claire annoté au dos : Je vais bien ne t’en fais pas.



Je ne peux évidemment rester objective devant ce livre ayant vu et adoré le film avec Mélanie Laurent et Kad Merad. Le livre m’a semblé ici à cent lieues du film. Des chapitres très courts, des passages longs à la caisse du supermarché, des scènes de sexe crues, un langage de jeunes peu reluisant. Le roman est auto centré sur Claire. Les parents sont très peu mis en avant, l’état émotionnel de Claire est aussi assez anarchique et désordonné. Peu d’empathie en somme.



Bref je n’ai pas aimé ce livre. Je m’attendais à ressentir à nouveau le flot d’émotions que j’avais ressenties en visionnant le film. Et non, comme quoi, il arrive qu’un réalisateur travaille un texte à la perfection en poussant à son paroxysme les émotions en stand bye dans le livre. Du moins pour moi ici c’est à nouveau un carton plein pour le film et un sentiment contraire pour le roman.
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À l'abri de rien

Marie est une jeune femme, mariée à Stéphane, chauffeur de bus, mère de deux adorables enfants, Lucas et Lise. Elle ne travaille plus depuis qu'elle a fait une dépression dont Stéphane l'en a sortie et s'ennuie chez elle. Elle croule sous les tâches quotidiennes et banales qui lui pèsent de plus en plus chaque jour. Ils vivent dans un lotissement de pavillons aux maisons toutes identiques et aux rues mortes. Marie ne s'intéresse plus à rien, délaisse sa maison et se remet péniblement de la mort de sa sœur Clara, tuée dans un accident de voiture.

Les fins de mois étant difficiles, rien ne va plus dans cette maison. Stéphane lui reproche sa désinvolture et son insouciance.

Un soir, alors qu'elle tombe en panne de voiture, elle est secourue par un homme presque tombé du ciel qui lui la répare. Il repart sans décliner son identité et sans réclamer quoi que ce soit.

Au hasard de ses promenades au bord de mer, elle retombe sur lui. Elle se rend compte que c'est un Kosovar, qu'il vit dans la rue et fait tout son possible pour pouvoir rejoindre l'Angleterre. Prise au dépourvu par Isabelle qui l'entraine dans les tentes et lui demande de l'aide pour la distribution des repas, elle le fait sans réfléchir et cela lui apporte finalement un sens à donner à sa vie. Elle se sent enfin utile et continuera ainsi à venir en aide à tous ces gens en détresse humaine et sociale...



Confrontée à la misère humaine, bien plus forte que la sienne, Marie fait partie de ces gens qui se donnent à fond dans ce qu'ils entreprennent et cela leur permet de donner un sens à leur propre vie. Olivier Adam signe ici le portrait d'une femme dont la vie calme et parfois triste lui rendait finalement une bien pauvre image d'elle-même.

A l'écriture hachée et tendue, des phrases sans virgules marquant un certain rythme et l'urgence de la situation, ce roman fait la part belle aux beaux sentiments. A la fois poignant, parfois cruel, ce récit d'une grande intensité nous plonge dans la vie, ou plutôt la survie, parfois l'horreur des Kosovars. Entre lucidité et désespoir, Olivier Adam nous livre un roman réellement touchant.



Nous ne sommes … A l'abri de rien...
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