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Critiques de Pat Conroy (424)
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À quelques milles du reste du monde

À QUELQUES MILLES DU RESTE DU MONDE de PAT CONROY

Pat se porte volontaire pour enseigner à Yamacrow, à des enfants pauvres de couleur. Le docteur Piedmont, super intendant de l’éducation en Caroline du sud n’en espérait pas tant. Yamacrow est une petite île proche de Savannah en Georgie, elle a connu un certain âge d’or avec les huîtres mais une usine pollua les eaux et depuis elle se vide de ses habitants. Madame Brown est la directrice de l’école, elle est noire et pour elle, la discipline se fait au fouet et elle applique strictement les méthodes qu’elle a apprises, sans aucun résultat pour les enfants. À la rentrée, Pat découvre avec stupeur l’état de leurs connaissances que ce soit en lecture, écriture, calcul ou compréhension. De plus ils parlent le gullah, langue créole, mélange de dialecte africain et d’anglais souvent archaïque. Il va donc devoir trouver des solutions pour les sortir de leur isolement(ils pensent que Savannah est la plus grande ville du monde) et de leur inculture. Il va se battre à sa façon en prenant appui sur l’actualité, en leur faisant faire des excursions hors de l’île, mais il va très vite se trouver en butte à Madame Brown, gardienne du temple des traditions, aux parents d’élèves, effrayés des innovations et bien sûr aux institutions(blanches) pleines de bienveillance mais totalement empreintes de racisme et de ségrégation, on est dans le Sud dans les années 60.

Très autobiographiques, ce sont les premières expériences d’enseignement de Pat CONROY, pétri d’idées progressistes, plein d’illusions sur ce que doit être un prof et qui se trouve confronté à la réalité. Intéressant.
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À quelques milles du reste du monde

Auteur, mais aussi ancien professeur, Pat Conroy a vécu une expérience qui l’a révolté. C’est cette histoire qu’il raconte dans ce roman plus que réussit !



En 1969, Pat Conroy est choisi pour enseigner sur l’île de Yamacraw, en Caroline du Sud. Une île peuplée par une communauté noire. Pat est banc, et dans sa jeunesse, il était du genre très raciste. Mais le temps à fait son œuvre, il est encore jeune mais à compris ses erreurs. En arrivant sur l’île, il découvre qu’il a en charge une classe d’éléves de 10 à 14 ans illettré, ou au mieux très retardé. Choqué par l’abandon de ses jeunes enfants par le systéme éducatif, il va se lier à eux, et être pris d’un réel coup de coeur pour cette île isolée…



Il passera un peu plus d’une année sur l’île, à enseigner aux éleves. Ils sont deux professeurs, lui et Madame Brown, une noire qui voudrait être blanche. Persuadé de bien agir, elle éduque à coup de martinet, et n’apprécie que peu les cours de Conroy, plus basés sur une forme de divertissement, sur l’envie de faire découvrir le monde à des enfants isolés depuis bien trop longtemps. Mais en tant que lecteur, difficile de ne pas ressentir le fort attachement que ressent le professeur pour ses éléves, qui lui rendent bien. On ressent son intégration, sa rage envers le systéme qui les laissent presque dépérir sur leur île. Ce racisme sudiste ambiant le révolte et il va se débattre pour leur permettre de s’en sortir.



Mais forcément, il ne peut lutter seul. Alors sans en dire plus, je me contenterait de vous inviter à lire ce roman. Blindé d’humour malgré tout, il tacle sans vergogne et on ne peut que sentir la rage qui se dégage des mots de Conroy. Plus le roman avance, plus on sent son aversion pour son systéme, sa frustration, sa haine même. On a envie de l’aider, et sortir de la lecture sans une forme de rejet, de culpabilité, est quasiment impossible. Je ne peux faire autrement que de vous conseiller sérieusement de lire ce roman. Il a par ailleurs était adapté en film, sous le nom de Conrak, avec John Voight !
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À quelques milles du reste du monde

1969, Pat Conroy, jeune professeur de Caroline Sud, accepte le poste d’enseignant dans une école réservée aux noirs sur une île à laquelle on ne peut accéder qu’en bateau, située à quelques milles du reste du monde. Cette expérience unique a été vécue par l’auteur auprès de 18 jeunes dont certains sont illettrés dont d’autres ne savent que très peu s’exprimer, leur langage étant limité. Pat CONROY a dû faire face à un système administratif indifférent au sort de ces jeunes noirs dans un sud encore profondément ségrégationniste.

En nous relatant sa lutte en faveur d’une éducation efficace pragmatique et non conventionnelle permettant à ces jeunes de s’ouvrir au monde, Pat CONROY nous plonge dans l’Amérique de 1969 alors que KENNEDY est président des États Unis, dénonçant le racisme inhumain de cette époque qui perdure malheureusement encore aujourd’hui à bien des égards.

Ce roman autobiographique écrit en 1972 et traduit en 2018 par Marie Bisseriex, est le premier de l’auteur et augurait déjà la belle littérature qui a suivi. Des descriptions de paysages magnifiques et des états d’âme de l’auteur qui m’ont beaucoup touchée. A découvrir ou à relire 😍
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À quelques milles du reste du monde

Je remercie chaleureusement Babelio et la maison d'édition Le Nouveau Pont pour l'envoi, dans le cadre de Masse Critique, de A Quelques Milles Du Reste Du Monde, le dernier livre de Pat Conroy.

Dernier, enfin façon de parler puisqu'il s'agit d'une réédition de son tout premier roman, intitulé alors Conrack, publié en 1972.

Pat Conroy y relate son expérience en tant qu'enseignant à Yamacraw, une ile de Caroline du Sud au large de Savannah.



L'histoire débute à la rentrée scolaire de 1969.

Le Civil Rights Act a 5 ans,

Martin Luther King a été assassiné un an plus tôt.



Pat Conroy est issu d'une famille de militaires et a fait ses études au collège militaire La Citadelle. Cependant, il est myope et daltonien, ce qui l'empêche de devenir aviateur comme son père.

Il choisit donc d'enseigner dans un lycée de Caroline du Sud. Il a 21 ans.

C'est une période où les mentalités commencent à changer au Etats Unis.

Mais le sud reste profondément ancré dans ses valeurs du passé, aussi l'intégration des élèves noirs se passe plutôt mal.

Pat Conroy et ses amis sont jeunes, idéalistes, aussi ne vivent ils pas bien ce racisme qui perdure jusque dans les établissements scolaires où ils enseignent. Au même moment, les grands mouvements contre la guerre du Viet Nam apparaissent. Conroy les approuve mais ses opinions sont très mal perçues dans son lycée. Déçu, il décide donc de s'engager dans le Corps de la Paix . Le temps passe et sans réponse de leur part, il pose sa candidature au poste d'enseignant dans une école primaire de l'ile de Yamacraw.

La particularité de cette ile est qu'elle n'est peuplée (pratiquement) que de noirs. Ils vivent de leur petite ferme ou de la mer, mais très pauvrement, la pollution induite par les industries de Savannah ayant détruit leur principale source de revenus qu'était le ramassage des huitres.

En 1969, l'électricité vient tout juste d'y être installée mais pas le téléphone.

Les habitants vivent mal, l'alcool et la violence sont un fléau.

Lorsqu'il arrive à l'école, Pat Conroy est atterré par le niveau des enfants: aucun ne sait le nom du pays dans lequel ils vivent et bien sûr encore moins le nom du président. La plupart d'entre eux ne savent pas lire ni compter...

Sa collègue noire lui conseille d'user et abuser des châtiments corporels. Mais Pat Conroy comprend bien vite que ce ne sont pas les méthodes traditionnelles ni les coups de fouet qui aideront les enfants à progresser.

Il commence donc à les éduquer différemment, par le jeu, l'observation, la musique, les sorties. Ce qui n'est guère du coup de sa collègue, ni des ses supérieurs hiérarchiques!

Le jeune enseignant veut faire changer les choses, bousculer le satu quo, mais il s'aperçoit rapidement que le système éducatif, par sa rigidité tient à ce que les élèves restent dans leur illettrisme profond car ils sont noirs...

Cette découverte est un gran choc pour Conroy: "Cette ile était le berceau d'une ignorance scandaleuse due au résultat de centaines d'années de négligence'... (p249)

D'une manière générale, l'enseignement donné aux noirs est "une tragédie et une parodie d'éducation".

Mais les dirigeants, au comble de l'hypocrisie, se donnent bonne conscience en installant une climatisation dans l'école alors que les vrais problèmes demeurent.

Le but étant bien sûr, par leur manque d'éducation, de les maintenir au plus bas de l'échelle sociale, une forme d'esclavage moderne.

"Si je laissais mes élèves partir sans avoir altéré substantiellement les conditions de leur existence, je savais qu'ils se feraient rapidement, irrémédiablement et désespérément dévorer par le ghetto de béton sans perspective d'une ville quelconque. J'entendais la voix blanche venant d'un inconscient collectif ancré au plus profond de moi me dire: " Ils ne connaissent rien de mieux. Ils sont heureux comme cela" (p151,152)



Dans ce récit, l'auteur décrit de façon très approfondie les mécanismes subtils et pernicieux du racisme.

Par exemple, de nombreux blancs n'ont en fait rien contre les noirs et en pratique les traitent plutôt bien, mais ils sont conditionnés à ne pas les aimer, à les traiter de "nègres" par tradition, par principe. A la fin des années 60 dans le Sud des Etats Unis, la haine des noirs est plus une tradition qu'une réalité basée sur des faits.

Il analyse aussi la culpabilité de certains blancs, comme ces deux étudiants venus d'une université de Californie pour aider à la construction des maisons de l'ile et qui se retrouvent à construire des lieux d'aisance pour les noirs pendant que ceux ci les regarde, assis en buvant de l'alcool à l'ombre.

Il découvre par ailleurs que sa collègue noire rêve d'être blanche et se complait à humilier les noirs... parce qu'ils sont noirs...

Les parents d'élèves eux même ne veulent pas d'un enseigna de couleur et affirment que seul un blanc peut être un bon enseignant, renforçant ainsi le mythe de la suprématie blanche...



C'est un constat tragique, mais qui n'est pas raconté de manière mélodramatique, au contraire, avec respect et humour. On rit beaucoup en lisant les réactions de élèves, mais Conroy nous les raconte sans ironie et avec une grande tendresse.



Pat Conroy, comme il le fera dans ses futurs romans, décrit magnifiquement les paysages marécageux et la nature luxuriante de la Caroline du Sud, si chère à son coeur.



La dernière partie est une peu longue, brouillonne, sans doute parce que le livre a été écrit un an après les faits et qu'un peu plus de recul aurait été souhaitable pour une meilleure structurations du récit.



Si vous vous intéressez aux problèmes du racisme et du statut des noirs à la fin des années 60 dans le sud des Etats Unis, si vous aimez Pat Conroy, ou si, tout simplement, vous aimez la belle littérature, précipitez vous sur ce roman magnifique et attachant.



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À quelques milles du reste du monde

Cher Pat,



Y avait-il un meilleur moyen pour vous rencontrer que lire cet épisode autobiographique de votre vie ? Je ne crois pas.



« A quelques milles du reste du monde » et ce titre qui, a lui seul déjà m’avait enchantée, m’a donc permis de faire connaissance avec le héros que vous êtes, ordinaire que vous croyez être.

Pourtant, étudiant blanc en Caroline du Sud dans les années 60, votre destin suprématiste semblait tout tracé.

Alors, lorsque jeune enseignant vous décidez de quitter votre bastion conservateur pour aller faire vos classes sur une île de noirs, votre métamorphose et le repentir qui l’accompagne n’en sont que plus humbles et plus forts.



« Bienvenue en outre-mer où les enfants sont soit fainéants, soit attardés. » C’est peu ou prou ce que vous dira l’administrateur égocentrique de l’école qui se pense Bon Samaritain quand il gère son école comme on gérait une plantation.



Ce roman est comme le journal intime que vous auriez tenu durant l’année que vous avez passée sur l’île. Avec sincérité et en assumant vos préjugés, vous nous livrez vos sentiments, votre surprise à découvrir ces gamins illettrés, votre révolte contre le système scolaire qui les a abandonné, votre agacement face à leurs familles qui les contiennent dans leur condition, vos angoisses aussi de ne pas parvenir à leur apprendre un petit peu le monde. Vous leur donnerez beaucoup à ces gamins qui croient dur comme fer aux fantômes mais ne peuvent envisager qu’un homme a marché sur la lune. Et ils vous leur rendront bien.



Votre expérience écœure, vos remises en question rassurent. Votre foi et votre engagement forcent le respect. Le monde a manqué, et manque encore, de Pat Conroy.



Respectueusement,

Céline
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À quelques milles du reste du monde

J'aime Pat Conroy. Tellement ! Il me bouleverse, m'amuse, et me transporte par son écriture virtuose. Et voilà qu'il a écrit un livre où il parle de lui, nous raconte ses jeunes années, et je me suis dit que c'était sans doute une clé pour comprendre un peu mieux le bonhomme…



À 24 ans, Pat conroy jeune professeur demande à aller enseigner à Yamacraw, une petite île isolée de Caroline du Sud. Tellement isolée que le vingtième siècle a oublié sa présence. Des familles de noirs y vivent, abandonnées du reste de l'Amérique, dans un confort plus que sommaire, une ignorance quasi-totale et un alcoolisme endémique.



On découvre, au début de son récit, qu'il a été un jeune crétin, avec des comportements racistes dans sa bande de copains : "Le mot nègre possédait le mystère et l'attrait du fruit défendu et je l'utilisais abusivement au sein de la bande d'amis blancs et abrutis qui contribua à mon éducation."

Pourtant, par idéalisme, il ira enseigner à des enfants noirs totalement incultes. Et les méthodes d'enseignement du jeune professeur "Conrack" ou "Patroy" selon qui le nomme, s'évertuent à casser les codes et leur apprendre des tas de choses dans un joyeux bordel. Pourtant ses méthodes dérangent. Mrs Brown, la directrice, considère que les noirs ne comprennent que le fouet, alors qu'elle est elle-même afro-américaine.



Il y a énormément d'humour dans ce récit et on se rend compte que Pat Conroy ne s'est jamais pris au sérieux et pratiquait l'autodérision, même en compagnie de tous ces petits noirs, ces sauvageons, ces petits gremlins remuants, ignorants et moqueurs, lui qui se sentait, au milieu d'eux, si ridiculement blanc.



Dans cette Amérique des hippies, de la guerre au Vietnam, de la marche sur Washington, Pat Conroy nous raconte la vie des afro-américains laissés sur le bord de la route et de ces patriotes blancs et racistes qui rêvaient de buter toute cette engeance chevelue, droguée, colorée pour rendre à l'Amérique sa grandeur.



C'est un plaisir absolu, une délectation totale de découvrir la vie et la grande générosité d'un auteur qu'on aime passionnément, par son talent d'écriture et les histoires qu'il raconte. Cet électron libre, totalement anticonformiste, nous offre un regard amusé et moqueur sur ses contemporains, cette Amérique raciste, puritaine, et bien-pensante.

C'est tout un pan de l'histoire des États-Unis que Pat Conroy nous offre là, avec l'ironie, la drôlerie et la bienveillance qui le caractérisent.



Côtoyer ces enfants, isolés du monde et analphabètes à fait grandir ce jeune Pat Conroy qui pouvait avoir des idées abruptes sur certains sujets, tant il ignorait la profondeur de certaines croyances et superstitions.

J'aurais adoré avoir un prof comme lui, idéaliste, humaniste, anticonformiste, humble et pourtant moralisateur et inflexible parfois, qui a offert à ces enfants un peu du monde dont ils ignoraient presque tout, et l'altérité grâce à des intervenants extérieurs. Ce livre est aussi un regard sur l'Amérique post-ségrégation.
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À quelques milles du reste du monde

Témoignage des actes de discriminations persistants au Sud des États-Unis en 1969. Les habitants de l'île de Yamacraw semblent effectivement avoir été bannis : le titre est justifié. Il ne s'agit pas d'un mélo larmoyant mais d'une "photographie" de la complexité de l'évolution des regards et des cultures. Par exemple, Pat Conroy a grandi dans l'univers ségrégationniste et regarde le jeune idéaliste qu'il était, avec recul et amusement.

On y découvre une multitude de petites histoires liées à l'Histoire (ségrégation, Vietnam, 2d guerre mondiale, etc.). On constate les séquelles d'un apprentissage inadapté/ forcé aggravant la situation de précarité de ces enfants, surtout pour ceux présentant un handicap.

La forme de cet écrit n'est pas celle d'un journal de bord. Chaque chapitre a une thématique ( navigation entre île/ continent en janvier, le basket, la sortie collective d'Halloween, etc.) Cela est vraiment agréable.

Le regard bienveillant et patient de Pat Conroy me rappelle le témoignage de l'enseignante Torey Hayden dans "Les enfants des autres".

J'ai beaucoup apprécié cette découverte instructive. Merci aux éditions "Le nouveau pont" et à Babelio via l'opération masse critique.
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À quelques milles du reste du monde

Ce premier roman de Pat Conroy est une petite merveille ! Cette fiction n’en est pas vraiment une car elle cache en réalité un témoignage historique passionnant. A la fin des sixties, Pat Conroy enseigna pendant toute une année aux enfants noirs de l’île isolée de Daufuskie, en Caroline du Nord. Depuis cette île coupée de tout, Pat Conroy était bien déterminé à faire découvrir le monde à ses élèves, quitte à lutter contre la rigidité du système éducatif ségrégué de l’époque. Il fut d’ailleurs renvoyé pour insubordination.



Quelques bonnes raisons pour lire ce livre :



* Ce livre raconte le combat d’un enseignant blanc pour ses élèves noirs à l’époque de la lutte pour les droits civiques et dans un Sud largement dominé par le racisme.



* Il dépeint la singularité de la vie des îliens et de la culture Gullah.



* L’écriture foisonnante de Pat Conroy se marie incroyablement bien avec les paysages marécageux de la Caroline du Sud.



* J’ai souvent ri en lisant ce livre, d’un rire libérateur.



Paru en 1972 aux Etats-Unis, c’est le premier roman de Pat Conroy. En France, il a été édité par les Presses de la Renaissance en 1974 sous le nom de Conrack (surnom que ses élèves avaient donné à Pat Conroy). Pour la version française, il faudra l’acheter d’occase car elle n’est plus éditée.



(Un film a été tiré de ce récit autobiographique : il s’agit de Conrack, sorti en 1974 et réalisé par Martin Ritt avec Jon Voigt dans le rôle titre. Ce n'est pas un chef-d’œuvre et il ne rend pas justice à Pat Conroy)




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À quelques milles du reste du monde

Depuis le temps que je voulais lire Pat Conroy... J’avoue n’avoir jamais eu le courage de m’attaquer au Prince des Marées…Voici donc ma première incursion chez l’auteur et dès les premières pages je n’ai pas regretté mon choix.



« A quelques milles du reste du monde » n’est pas un roman mais un récit autobiographique dans lequel l’auteur nous raconte une année de sa vie, une année qui va le marquer durablement.

Nous sommes en 1969, Pat Conroy a 22 ans et se porte volontaire pour partir enseigner sur l'île de Yamacraw, au large de la Caroline du Sud.

Là, il va rencontrer un monde à part et des conditions d’enseignement très différentes de tout ce qu'il a connu sur le continent. L’ile est principalement peuplé d’afro-américains qui ont longtemps vécus de la pêche et des huitres. Aujourd’hui, les eaux polluées par les industries de Savannah ne leur permettent plus de vivre décemment. Chargé d’une classe de 18 élèves allant de 10 à 14 ans, il va très vite se rendre compte que bien que scolarisés, ces enfants ont été abandonné par le système éducatif américain. Ils sont pour la plupart analphabètes, ne savent pas compter, ils sont incapables de situer leur ile sur la carte… Pat Conroy va devoir faire preuve d’imagination, tenter de nouvelles expériences pédagogiques pour aider ses enfants. Mais tout cela ne se fera pas sans heurts car les autorités ne se soucient guère de quelques gamins noirs et ils ne sont pas prêt à se faire bousculer par l’idéalisme d’un jeune prof.



Conroy écrit merveilleusement bien. Sa plume se fait classique quand il s’agit de nous décrire la nature de l’ile mais la plupart du temps elle se pare d’humour pour capturer le monde des enfants, la singularité des iliens, la naïveté du jeune enseignant qu’il est et l’absurdité du système scolaire.

Ce livre est une véritable fenêtre sur l’Amérique de la fin des années 60. La lutte pour les droits civiques est engagée mais les vieilles mentalités ont la dent dure. Le sud du pays est toujours bien ancré dans l’ancien système ségrégationniste. Les quelques blancs qui habitent sur l’ile sont les « décideurs » et on ne se mélange pas. Malgré ce contexte,l’histoire de ce jeune prof candide et de ses élèves est vraiment attachante et joyeuse. Si je ne me trompe pas, ce livre est le premier écrit par l’auteur un an après la fin de son séjour sur l’ile, mais sa pertinence perdure car les laissés-pour-compte de l’éducation n’ont pas disparu.



Traduit par Marie Bisseriex
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Beach music

Pat Conroy s'est malheureusement éteint le 4 mars dernier à Beaufort, en Caroline du Sud, alors qu'il venait de nous annoncer qu'il s'apprêtait à combattre un cancer du pancréas mais qu'il comptait bien nous offrir un dernier roman.



Beach Music est paru en 1995, neuf avant après Le Prince des Marées. Ce livre est étonnant.



Il s'agit du roman le plus noir de Pat Conroy et l'intrigue en est plutôt compliquée. Tout y est question d'histoires dans l'histoire.



Le personnage central est Jack McCall, critique culinaire et journaliste voyage, originaire de Caroline du Sud. Désireux de fuir son passé, Jack s'est installé à Rome avec sa fille Leah, pour élever celle-ci en paix. Il fuit le suicide de sa femme, des beaux-parents qui l'ont traîné en justice, une mère froide et manipulatrice ainsi qu'un père violent et alcoolique.



A Rome, quelques années plus tard, la vie est douce mais pas pour longtemps : les beaux-parents de Jack souhaitent faire la paix et revoir leur petite-fille de huit ans ; un ami producteur de film lui propose une mini-série retraçant l'histoire de leur petite ville Sud des États-Unis et des familles des 6 amis d'enfance ; puis un télégramme de son frère lui apprend que de l'autre côté de l'océan, sa mère lutte contre une leucémie. Un retour à Waterford s'impose. Jack reprend sa place de fils aîné parmi ses frères et entame, malgré lui, une véritable plongée dans le passé. Le sien, celui qu'il partage avec son groupe d'amis d'enfance, celui de sa femme disparue, celui des grands-parents de Leah (survivants de la Shoah), celui de sa mère.



Les histoires dans l'histoire sont parfois racontées à la première personne (un pogrom en Ukraine) ou à la troisième personne (l'enfance de sa mère).



Conroy explore le poids des histoires familiales sur la destinée des individus. Or les histoires de Beach Music sont d'une violence inouïe. Quel est l'impact d'une histoire dévoilée ? Quel est celui d'un secret ? Jack cherche des réponses et pense à l'avenir de sa fille.



Lui-même lui raconte beaucoup d'histoires, vraies ou inventées.



On retrouve donc le thème de la famille dysfonctionnelle dans Beach Music mais l'auteur ne focalise pas sur une seule histoire familiale mais sur plusieurs, susceptibles d'interagir ou d'entrer en collision.



Ceux qui connaissent bien Pat Conroy noteront de nombreuses similitudes avec sa propre vie. Ses talents de conteur, son humour ainsi que son lyrisme incroyable sont au comme toujours au rendez-vous. Beaucoup de répartie dans les dialogues.



Les passages traitants de la Shoah et du pogrom en Ukraine ont fait l'objet de recherches approfondies basées sur des témoignages et des récits. Ils sont étonnants de justesse et d'autant plus effrayants.



A la sortie du livre, même les critiques qui l'avaient apprécié ont reproché à Beach Music d'en faire trop. Pour ma part, je me suis laissée portée par ce roman incroyable. A vous de juger !
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Beach music

Ce livre est une ode à la beauté de la vie. A dévorer en une semaine ou à picorer et savourer sur un mois, c'est vous qui voyez, chacun y trouve son compte.

Ces descriptions de chaque instant, goût, lieu, moment, tout est beau mais sonne si merveilleusement vrai. Les auteurs masculins m'ont parfois mise mal à l'aise ou agacée en décrivant la beauté féminine. Pat Conroy lui trouve les mots justes.

Je pense que ce qui m'a poussé à retirer 0,5 points à ma note est la façon dont se joue le dénouement final. Non pas que je sois déçue de la fin qui est magnifique mais la mise en scène ne m'a pas convaincue. Comme si on replaçait volontairement les personnages à sa guise pour pouvoir annoncer un final. C'est d'ailleurs probablement une volonté de Pat Conroy.

Quoiqu'il en soit on est pas loin du coup de cœur et ses autres romans trôneront bientôt à côté de Beach Music, sur l'étagère de ces livres qui marquent et dont on ne veut se séparer.
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Beach music

C'est l'auteur du coeur...Il m'emporte à chaque fois dans cette Amérique du sud que je chéris tant sans l'avoir vue. Je ris, je pleure, je refuse de voir la fin de ce livre. Il n'y a tout simplement pas assez d'étoiles pour noter un Pat Conroy. Ce sont des gifles de bonheur, de joie littéraire à chaque roman. C'est tout simplement excellent! On lit et on savoure.



Pas besoin de dire plus pour ce genre de roman...:-)
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Beach music

Je n'ai pas lu "Le prince des marées" du même auteur mais vu le film qui m'a touché . Lire un roman de Pat Conroy s'imposait et c'est ce titre "Beach Music" que j'ai choisi.



Un homme, sudiste ce qui visiblement fait une différence aux USA(qu'on perçoit d'ailleurs dans le roman), Jack McCall, décide de quitter la Caroline du sud après le suicide de sa femme et le procès que lui font les parents de sa femme, partir, fuir, en Italie pour tenter de survivre. C'est donc à Rome qu'il élèvera sa fille se tenant éloigné de sa famille et de son pays. Toute la première partie décrit une Italie et des Italiens merveilleux, les femmes y sont élégantes et belles, la gastronomie extraordinaire, les gens ouverts et généreux ....



Puis la famille reprend ses droits, la belle -famille d'abord qui envoie une émissaire approcher le récalcitrant, les amis d'enfance qui viennent pour un projet de film puis la famille directe qui lance l'information à laquelle on n'échappe pas , la mère se meurt...



Retour à Waterford pour la suite du roman où vont s'égrener souvenirs et règlements de comptes .



La religion, les religions, le pardon, la rédemption, l'Holocauste, la guerre du Vietnam, l'amour, la folie, la dépression, la violence, l'écologie et encore plus, ce qui finit par faire un gros livre, très gros, peut-être trop car si certains passages m'ont happée d'autres se sont étirés par contre un beau rendu des us et coutumes du sud ainsi que des paysages.



Avis mitigé donc sur ce roman, beaucoup de pathos et trop de sujets abordés dans le roman
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Beach music

je viens de le refermer à l'instant et j'ai beaucoup aimé ce livre. Ce fut un beau moment de lecture que je n'ai pas connu depuis longtemps, l'amour, l'amitié, la trahison, le pardon, la maladie, la souffrance, tout il y a tout dans ce livre, c'est un livre de VIE....

Pat Conroy nous fait découvrir à travers l'histoire d'une famille, la mentalité, la façon de vivre dans les états du Sud des Etats Unis. Même si le thème du roman est plutôt rude, on se laisse emporter par l'écriture empathique de Conroy.

Je ne dirais pas qu'il n'y pas parfois quelques longueurs normal, il s'agit tout de même d'un pavé de 900 pages !

C'est beau, très bien écrit, beaucoup de poésie . Magnifique et violent, tendre et difficile, La valse de la vie .
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Beach music

Il y a très longtemps que je n'étais pas venue faire un tour par ici à cause d'une perte de goût pour la lecture et les échanges numériques...

Mais je viens de lire un livre qui m'a sorti de mon marasme et il faut que je vous parle sans tarder de Beach Music de Pat Conroy tellement j'ai adoré !



Beach Music est mon premier Pat Conroy !



Il s'est retrouvé dans ma PAL voilà bien 2 ans suite aux retours enthousiastes de plusieurs membres du #PicaboRiverBookClub sur "Le prince des marées" du même Pat Conroy... mais comme ce livre était épuisé, je me suis rabattue sur un titre qui était disponible.



Alors ? Qu'est-ce que j'ai pensé de Beach Music ?



Et bien sans mentir, c'est un des meilleurs livres que j'ai lu dans ma vie ! J'ai ri, j'ai pleuré ! j'ai adoré beaucoup de personnages et j'en ai détesté d'autres ! Pendant ces 924 pages, j'ai ressenti de la joie, de la colère, de la tristesse, de l'angoisse, du bonheur, de la peur, ... C'est un livre qui m'a "habité" et que je n'ai pas pu lâcher ! Je voudrais presque ne pas l'avoir déjà lu pour pouvoir ressentir à nouveau toutes ces émotions !



Dans Beach Music, Pat Conroy traite principalement de la trahison.



La trahison des parents, soit alcooliques, soit trop sévères, soit traumatisés, soit brutalisés eux-mêmes dans leur jeunesse et qui trahissent leurs enfants en les maltraitant et en ne sachant pas les aimer.



La trahison de l'amitié, de l'amour, de la patrie ou de la religion.



Mais Pat Conroy amène également ses personnages à la rédemption car comment vivre après avoir trahi ?



Il paraît que Le prince des marées (qui vient enfin d'être réédité en poche) est considéré comme le chef-d'œuvre de Pat Conroy... pourtant c'est l'écriture de Beach Music qui aurait provoquée une profonde dépression à son auteur (dixit Wikipedia). Peut-être parce que Pat Conroy explore encore plus sa vie dans Beach Music que dans ses autres livres ?



Je ne dirai rien de plus sauf qu'il faut ABSOLUMENT lire ce livre !

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Beach music

C'est un roman captivant avec cependant des moments longs. J'ai failli arrêter parfois et je ne regrette pas de l'avoir lu jusqu'au bout. Mon passage préféré a été celui où le père de Shyla raconte ce qu'il a vécu pendant la guerre. Je l'ai lu d'une traite et j'en suis ressortie bouleversée. Plusieurs fois, je me suis demandée ce que j'aurai fait si j'avais été à sa place et jusqu'à maintenant je n'ai pas trouve de réponse... Il m'a laissée perplexe. Bien entendu, il y a d'autres moments forts; comme la lettre de Shyla mais je ne vais pas raconter le livre. Il faut le lire.
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Beach music

Beaucoup de thèmes abordés comme la famille, les violences familiales, l'alcoolisme, les guerres etc.… Pas une seconde de répits dans ce roman.



J'ai tout aimé les personnages, les dialogues avec de superbes réparties, les souvenirs du passé, des moments aussi très dur et d'autres plus légers qui fait que l'on passe toujours un bon moment quoi qu'il arrive.



Auteur que je relirais avec grand plaisir.
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Beach music

J'ai commencé ce roman avec le même ravissement que m'avait procuré « Le prince des marées ». L'écriture poétique de Conroy quand il décrit le Sud, ses personnages intenses, ses dialogues percutants, ses multiples histoires qui s'emboîtent si bien, le charme opérait à nouveau jusqu'à ce qu'il soit rompu et me laisse finalement avec l'impression d'avoir parcouru une montagne russe littéraire...

Il y a tellement de points forts dans ce roman que cela aurait pu être un coup de cœur monumental. L’introspection de Jack m'a happé tout au long. Que ce soit quant au suicide de sa femme, de ses amitiés trahies, de sa relation avec ses parents et ses frères ou même la plaie vietnamienne. Sa façon d'assumer seul l'éducation de Leah, ne pensons ici qu'à Chippie-la-bonne-chienne en autre, donne lieu à des dialogues savoureux et fait chaud au cœur. À chaque fois que les frères McCall étaient réunis, un joyeux bordel s'installait à mon plus grand plaisir. L'enfance et la vie étudiante de Jack et ses amis est digne de biens des romans d'apprentissage. Les descriptions de Rome, Venise et le Sud profond font rêver. Tout ce qui concerne Lucy, de ses origines à ses mariages, de ses tortues à son attitude devant sa mort imminente m'a captivé, ému et fait réfléchir. J'ai aimé détester le père de Jordan, savourer les répliques assassines de la fratrie, rire des frasques du benjamin, suivre les états d'âme de Jack, découvrir tant de personnages tranchés au couteau. Et quelle histoire! Dense, complexe, louvoyant de thèmes en thèmes, chevauchant les époques et les pays avec en filigrane ces obsédantes questions: mais qu'a donc fait Jordan et quelle est ce drame qui a conduit à l'éclatement de ce groupe inséparable? Et le dénouement de l'intrigue, sous forme de simili procès, avec toutes ces confrontations m'a paru une pièce d'anthologie en soi.

Mais, et il est de taille, les longs retour sur le passé des parents de Shyla m'ont paru plaqués, n'apportent rien de substantiel à l'histoire et m'ont profondément ennuyé. L'Holocauste et ses ravages ont été écrits ad nauseam et je n'ai rien trouvé d'original ici. J'ai vu cela comme une énorme digression qui casse le rythme et l'atmosphère du roman. Mon autre réserve, très personnelle, concerne le pardon qu'accorde Jack à ses beaux-parents qui ont tenté de lui ravir sa fille sous de fallacieux prétextes et à son « ami » Capers qui l'a sciemment et profondément trahi à l'université; je ne crois pas que dans la vie on doive tout accepter et la déception a été vive face à ce personnage qui m'était si sympathique. En somme une très bonne lecture qui ne m'a pas laissé indifférent!

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Beach music

Quand j'ai lu l'an dernier le Prince des marées, j'avais la certitude d'être en présence DU grand livre de Pat Conroy, de son roman le plus abouti.

Le suivant serait forcément moins bon.



Et paf ! Voilà que je tombe sur Beach Music, et que j'y retrouve avec joie le même souffle narratif, la même ambition, la même abondance de personnages aux caractères parfaitement fouillés, le même soin du détail et la même savante alchmie d'humour, de drame, d'exubérance, de surprises et d'émotions...

Bref, je redécolle au quart de tour !



Nous voilà cette fois en présence de Jack McCall, un quarantenaire natif de Waterford (Caroline du Sud), depuis peu exilé à Rome avec sa fille Leah et bien décidé à ne plus jamais remettre les pieds outre-Atlantique.

Que fuit-il ? Sa famille bien sûr (une mère un peu azimutée, un père incapable de faire face à ses penchants alcooliques, quatre frères tempétueux avec qui il entretient des rapports complexes), mais aussi et surtout une tragédie incommensurable, le suicide de sa femme Shylla, la mère de Leah.

Alors oui, Jack a fini par larguer les amarres. Pour conjurer ses douleurs d'hier, il s'est promis de couper définitivement les ponts avec les siens ("Le passé était le pays par excellence où j'évitais de faire des incursions inutiles"), de tourner le dos une fois pour toute à la terre de ses ancêtres et aux souvenirs qui la hante.

Mais bien sûr il ne faut jamais dire jamais ! Divers évènements vont pousser notre narrateur à rebrousser chemin et à renouer contact avec ceux qu'il avait reniés, pour exorcicer enfin tous ses vieux démons et nous faire la démonstration - s'il en était besoin - que "l'exil est le plus sûr moyen de sanctifier le chemin du retour au bercail".



Quel étonnant revirement ! Quelle "ampleur" et quelle fluidité dans la narration ! Quelle maitrise dans la construction !

Rebondissements multiples, alternance des époques et des générations (l'auteur insère dans son récit contemporain de vastes séquences sur la guerre du Vietnam ou sur l'enfer de la Shoah), interconnexions soigneusement travaillées entre les trajectoires de chaque personnage : Pat Conroy est sur tous les fonts ! Il se joue allègrement des contraintes chronologiques sans pour autant donner l'impression de s'éparpiller, et son roman qui se déploie en ramifications tentaculaires sur plus de 900 pages, reste de bout en bout cohérent et très addictif !



L'ensemble est bien sûr trop dense pour que je puisse ici en faire la synthèse, mais difficile quand même de ne pas évoquer la profondeur et l'originalité de cette histoire, la puissance des liens qui unissent Jack - presque malgré lui - au reste de sa famille et à ses amis d'enfance, avec qui il partage des souvenirs très forts. Tous ont contribué à faire de lui l'homme à la fois résolu et brisé qu'il est devenu, tous participent de cet héritage sacré, dont notre héros comprend peu à peu qu'il est vain de vouloir se délester.

La relation qu'entretient Jack avec les siens, ainsi qu'avec sa région natale, est en effet particulièrement intense, et parfaitement atypique. Elle oscille continuellement entre amour et répulsion, entre ressentiment et adoration, et c'est avec beaucoup de justesse que l'auteur met en scène ce tiraillement perpétuel.



Pour agrémenter les descriptions superbes des basses terres marécageuses de Caroline du Sud que Conroy connaît comme personne, il nous offre des dialogues vivants et savoureux, notamment entre les cinq frères qui s'adonnent à des joutes verbales incessantes faites de piques acerbes, d'humour et d'ironie mordante.

Les rancoeurs semblent tenaces, mais une fois que les dernières digues d'hostilité ont cédé, c'est une histoire pleine tendresse qui prend le pas sur les colères d'hier. Ainsi les scènes de réconciliation finales, alors qu'un proche de Jack vit ses derniers instants, sont tout à fait poignantes.



En clair et en bref : Beach Music est à nouveau une franche réussite, l'oeuvre incroyablement riche d'un conteur hors-pair. A la lecture de ce retour aux sources éprouvant mais salvateur, on ne peut que s'interroger. Est-il vraiment possible de rompre avec le passé ? Serait-ce par ailleurs souhaitable ?

Pat Conroy et moi-même ㋡ estimons que non.
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Beach music

En voyant l'épaisseur de ce pavé, je m'attendais à passer des mois en sa compagnie... Mais c'était sans compter sur la jolie plume de Pat Conroy et sur les personnages très intéressants qu'il nous permet de découvrir dans ce roman.

Beach Music est avant tout une histoire de famille ou, plutôt, l'histoire de plusieurs familles, dont les destins s'entrecroisent durant plusieurs décennies, pour le meilleur comme pour le pire.

Certains personnages sont drôles et attachants et le héros du roman, tandis que d'autres sont particulièrement insupportables.

Dans la catégorie ''personnages agréables", mon préféré est Jack McCall, le héros du roman. J'ai parfois eu beaucoup de mal à comprendre ses réactions, , mais c'est parce que la gentillesse naturelle de Jack le pousse souvent à adopter un comportement totalement irrationnel.

De nombreux flash-backs, nous plongent dans les années de lycée de Jack et de ses amis proches. Loin d'être déstabilisants, ces petits retours en arrière permettent de mieux comprendre les événements ayant mené toute cette galerie de personnages à l'âge adulte.



Beach Music fait partie de ces livres à lire et à relire pour passer de bons moments. Même si le récit est assez nostalgiques et si certains passages sont carrément tristes, il s'en dégage une grande douceur.
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