AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Paul Auster (1719)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


4 3 2 1

Quel bouquin inouï !



Après 1016 pages de lecture, c'est un peu court comme avis, j'en conviens. Mais comme il est hors de question que je me perde dans un résumé de toute façon impossible, voici le pitch minimal : « Quatre variations biographiques pour un seul personnage, quatre répliques de Ferguson (le personnage principal) qui traversent d'un même mouvement l'histoire américaine des fifties et des sixties. »

Passons à l'essentiel maintenant : les raisons pour lesquelles j'ai beaucoup aimé ce roman, même si j'aurais préféré que quelques passages soient moins longs.



1.4 C'est d'abord et avant tout un formidable récit à la construction très originale. Une aventure vivante, foisonnante, gargantuesque comme on en lit peu. Quatre scénarios pour un héros, jeune garçon juif de Newark né en 1947 (comme Auster), ses amours, ses amis, sa famille, dont les vies sont diversement impactées par les aléas rencontrés dans le labyrinthe narratif imaginé par Paul Auster. Mais attention, ces possibilités ne se succèdent pas basiquement en quatre parties, mais en sept qui se déclinent en quatre variations, quatre destinées différentes qui s'entremêlent. C'est beaucoup plus sioux à suivre, intellectuellement palpitant. Au début, j'ai cherché à regrouper chaque scénario au fil de ma lecture pour finir par admettre que l'aléatoire avait un charme certain et qu'il valait mieux me laisser embarquer, quitte à me perdre pour mieux me retrouver plus tard.

Et ça fonctionne !



1.3 Ça fonctionne parce que Paul Auster a un incontestable talent de conteur, une agilité d'écriture qui m'épate, bref une grande maitrise du job d'écrivain. En même temps qu'il s'amuse autour de ce que j'appelle « Les variations Ferguson », à hauteur d'hommes et de femmes, il revisite l'histoire de son pays et les principaux évènements marquants depuis la seconde guerre mondiale jusqu'à la fin des années soixante. Ses personnages les traversent, les impactent. C'est très habilement fait, même si, de mon point de vue, le fait de s'apesantir parfois sur des évènements historiques nuit au rythme du roman et à sa souplesse singulière. Comme ceux par exemple des révoltes étudiantes, sur lesquelles il revient à plusieurs reprises.



1.2 « Quelle idée intéressante de penser que les choses auraient pu se dérouler autrement pour lui, tout en restant le même. » C'est bien le coeur du roman selon moi : la quête de l'identité véritable du héros, l'illustration de sa fragilité aussi, soumis à des variations de destinée. Selon que son père meurt, fait faillite ou réussit, pour ne prendre qu'un exemple parmi les multitudes de variations mineures ou majeures.

Roman multiple, certes, mais très autobiographique. Les références personnelles qu'elles soient littéraires, cinématographiques, sportives (le baseball évidemment) abondent et éclairent sur « Les passions Auster ».

C'est le roman d'une vie !



1.1 L'« Austeur » n'est donc jamais loin, devenant finalement comme Ferguson, ou Ferguson comme lui, un personnage de fiction. Quand vous aurez croisé Les variations Ferguson avec Les passions Auster, au terme de plus de mille pages de lecture (oui, je sais c'est énorme et lourd à porter, mais tellement passionnant), vous en saurez peut-être un peu plus sur vous-mêmes car comme le disait déjà Paul Auster dans La pipe d'Oppen :

« L'être humain a besoin d'histoires. Sans elles, il est impossible d'imaginer la vie. »

Commenter  J’apprécie          20240
4 3 2 1

J'ai fini le roman "4321" de Paul Auster, j'ai ralenti tant que j'ai pu ma lecture mais voila l'histoire est finie.

Vous connaissez surement la trame du roman, la vie d'Archibald Ferguson et ses quatre destins.

Il y a une phrase que tout le monde s'est posé au moins une fois dans sa vie; " Qu'aurait été mon existence si j'avais rencontré telle personne, si j'avais pris telle chemin..."

La vie est faite de hasard heureux et malheureux.

Archie est un personnage attachant, il est bosseur, fidèle en amitié pas très heureux en amour. Sa vie suit son petit bonhomme de chemin, du New-Jersey à New-York de l'université de Princeton à celle de Columbia, son amour des livres, de la musique ou encore du cinéma. Bien sur la vie lui fait des crocs en jambes, des accidents de la vie, des retours de manivelles.

Pendant plus de 1000 pages on déambule dans les couloirs du temps, de la guerre froide aux assassinats des frères Kennedy, des émeutes raciales au meurtre de Martin Luther King pour finir à la guerre du Viêt-Nam.

Paul Auster a su encore une fois me surprendre et m'étonner.

"4321" n'a rien à voir avec ses romans précédents, le style a changé, des phrases plus longues un point de vue politique intéressant dans cette Amérique en pleine effervescence.

j'ai adoré ce roman à tiroir, je vous le recommande vivement.
Commenter  J’apprécie          1698
4 3 2 1

Depuis le temps que j'attendais cela (7 ans en fait) : Paul Auster a enfin sorti un nouveau roman, 4 3 2 1, un beau pavé de 1016 pages.



Je suis émue tellement j'ai savouré ces deux semaines en compagnie d'Archie Ferguson. Un énorme coup de coeur. Quand on est fan depuis un quart de siècle, ça fait du bien ! Quel pied !



Le 1er janvier 1900, Isaac Reznikoff arrive en Amérique. Suite à l'erreur d'un fonctionnaire, il va devenir Ichabod Ferguson « Un Juif russe transformé en presbytérien écossais de quinze traits au stylo sortis de la plume d'un autre. » Ichabod est le grand-père d'Archie.



Archie est né le 3 mars 1947 (un mois après Paul Auster ^_^ ) et c'est son histoire en quatre déclinaisons que Paul Auster nous propose. Au début, j'ai eu un peu de mal à resituer chaque Archie dans son contexte (vu que les histoires se chevauchent) mais en fin de compte, c'est tellement mieux que s'il avait découpé son roman en quatre parties distinctes. Quoi qu'il en soit, il est plus que probable qu'un jour je relise chaque vie séparément… juste comme ça, pour le plaisir.



On y retrouve tout ce qui fait l'univers de l'auteur : l'immigré juif, l'absence du père, la chance/le hasard (au choix), le base-ball, New York, etc. Mais aussi il y a tous ces petits clins d'oeil qui m'ont ravie : Laurel et Hardy (cfr sa pièce Laurel et Hardy vont au Paradis), Anne Frank, Paris, la traduction de poètes français, l'écriture, le Moon Palace et ces personnages qui sont venus faire une apparition : David Zimmer (Le livre des illusions) et Marco Fogg (Moon Palace).



C'est aussi un livre sur l'histoire de l'Amérique jusqu'en 1970. Bon, il y a avait quand même quelques passages un peu trop longs (sur les troubles survenus à l'Université de Columbia en 1968 par exemple) mais dans l'ensemble c'était quand même intéressant.



Le seul petit bémol (qui ne me fera pas baisser ma note de 5 étoiles) est que j'ai été un peu déstabilisée



C'est un roman remarquable avec une galerie impressionnante de personnages qui se croisent (ou pas) d'une vie à l'autre.



J'ai vraiment adoré la fin, que je n'avais pas vue venir (c'est encore mieux).







Challenge pavés 2018 (2-3)

Challenge multi-défis 2018 (69)
Commenter  J’apprécie          13613
4 3 2 1

4 grands thèmes récurrents : l'écriture, la judéité, le sexe, l'engagement.

4 trajectoires de vie possibles.

4 Archie Ferguson

4 personnages-clés, au premier ou second plan: la mère en majesté; la figure paternelle, souvent père de substitution; le pote/ le double/ l'alter ego ; l'"Amy" perdue ou retrouvée,.



3 lieux pivots: les limbes- banlieue, camps de vacances- , New York: le nombril du monde, Paris: paradise lost ou paradise regained.

3 passions annexes : le baseball, le cinéma, le journalisme.

3 générations d'Ichabod à Archie, en passant par Stanley.



2 blagues juives fondatrices aux 2 endroits stratégiques.

2 décades prodigieuses et 2 morts ...



..+ 1 finalement...nolens volens..



____________

= 1 roman de 1000 pages haletant, passionnant, plein d'empathie et d'ironie, plein de tourment et de piment, si personnel et pourtant si universel.



4 3 2 1 : Magnifique come back du grand Paul Auster!
Commenter  J’apprécie          13115
Baumgartner

Egalement scénariste et réalisateur, Paul Auster s’est imposé comme un auteur majeur du post-modernisme. A 77 ans et atteint d’un cancer, il publie ce qu’il annonce comme probablement son dernier livre, un ouvrage dense et court, où la marée des souvenirs assaille un écrivain vieillissant, tourmenté par la perte de sa femme et par les premières défaillances de l’âge.





Dans ce récit, où est le vrai, où est le faux ? Alter ego de l’auteur, Sy Baumgartner est un éminent professeur d’université en même temps qu’un auteur respecté. Mais, à plus de soixante-dix ans, le terme du voyage se fait pressentir. Même si, et pas seulement en esprit, l’homme n’a toujours rien lâché de ses activités, oeuvrant son relâche à son dernier ouvrage, il lui faut bien reconnaître que des détails commencent à le trahir. Veuf depuis dix ans, il a de soudaines absences, se brûle avec une casserole oubliée sur le feu, tombe dans l’escalier de la cave et ne se souvient plus de ses rendez-vous. Le mari de sa femme de ménage s’étant accidentellement sectionné plusieurs doigts, le « syndrome du membre fantôme » lui inspire une « métaphore de la souffrance humaine et de la perte ». Ayant perdu la moitié de lui-même, il se voit en « moignon humain », souffrant de tous ses membres manquants.





Alors, irrépressiblement et de plus en plus souvent, les souvenirs éparpillés telles les pièces d’un puzzle envahissent le présent comme dans une tentative de recomposer sa vie : son enfance, l’histoire de ses parents entre Europe et Amérique, et, toujours et surtout, son coup de foudre pour Anna – Blume, comme la narratrice de l’un des premiers romans d’Auster –, leur long mariage heureux mais sans enfant, son admiration pour celle qui, poétesse et traductrice, ne s’est jamais souciée de publier son œuvre, restée à l’état de manuscrits épars. Tout à son deuil impossible, en même temps qu’il continue inlassablement à plier les vêtements de l’aimée disparue, il rêve, à défaut de pouvoir lui redonner chair, de la faire revivre par l’esprit en faisant connaître ses écrits. Et le miracle se produit : éblouie par le recueil de poèmes qu’il a soigneusement choisis dans les tiroirs d’Anna pour une édition posthume, surgit une étudiante et son projet de thèse, une fille brillante, intellectuellement la copie de la morte, qui pourrait bien devenir une fille spirituelle, celle par qui la mémoire se transmet au lieu de se perdre.





Mettant, comme il sait si bien le faire, son style dépouillé au service d’un enchâssement d’histoires pleines d’incidents et de détails riches de sens, Paul Auster tisse les fils d’un récit poignant, non dénué d’humour, où amour, vieillesse et deuil trouvent, dans l’exploration de la mémoire et dans sa transmission, une continuité pleine de vitalité et d’espérance. Un dernier livre qui s’achève sur une épiphanie : la littérature ne meurt jamais et, à travers elle, ses auteurs non plus.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          11311
Moon Palace

C'est ma troisième expérience avec Paul Auster et je dois avouer que cet auteur me fascine, avec "Moon Palace" j'ai vraiment été impressionné.

Ce monsieur est un magicien des mots, un maître pour créer des ambiances hors normes, des situations improbables et pourtant logiques et cohérentes. J'aime son style qui vous aspire dans l'histoire, il est inimitable, une écriture dense et pourtant fluide, précise et prenante.

Au bout de ma troisième rencontre, je crois déceler une constante avec des personnages qui touchent le fond, qui vont à l'extrême limite de leurs capacités et de leur résistance, cela pourrait paraître triste et ennuyeux, c'est en fait passionnant et assez dingue.

Marco Stanley Fogg raconte ici les circonstances étranges qui ont marqué le commencement de sa vie...

Et ensuite quelle construction ! Un enchaînement de faits, de réflexions, de coups du sort, et surtout de rencontres, de rencontres qui façonnent un destin, le destin d'un jeune homme ordinaire qui va vivre quelque chose d'extraordinaire.

Mais là où Paul Auster est fascinant, c'est que l'air de rien il nous fait prendre conscience que M.S Fogg n'est pas si différent de vous où moi, ce qui nous rend si réceptif à cette évocation de sept ans du tourbillon de sa vie.

J'ai adoré, je suis désormais fan, inconditionnel ;)
Commenter  J’apprécie          11316
Moon Palace

C'était mon premier Paul Auster..... Ça va vous paraitre excessif, mais je suis déjà fan !

C'est le bon livre qui vous tient en haleine, tant par le fil de l'histoire que par toutes les anecdotes historiques autour de cette Lune, véritable fil conducteur...

Beaucoup d'empathie éprouvée pour les quelques personnages du Moon Palace et beaucoup de temps passé à éplucher avec délectation mes encyclopédies pour vérifier l'exactitude des propos du sieur Paul Auster.

Je vous encourage à lire, "liker" et commenter toutes les citations que j'ai retranscrites avec plaisir.

Pour les puristes ou tout simplement les curieux, qui aimeraient prolonger la réflexion du pourquoi M.S. Fogg continue de marcher vers le Pacifique.....je vous invite à lire "Marcher, une philosophie" de Frédéric Gros, il nous encourage tous de marcher vers..... l'Ouest !!!!

Je pense que Paul Auster pourrait se présenter au Nobel de Littérature, J'ai d'ailleurs retrouvé une certaine similitude dans la première partie d'errance et de faim avec un certain Knut Hamsun (Nobel 1920), mais peut-être que je voulais vous laisser le meilleur pour....... la Faim. :-)





PS : par contre si quelqu'un peut m'expliquer ce qu'est devenu M.S. Fogg, j'avoue avoir un flou à vouloir tout décortiquer !??
Commenter  J’apprécie          1006
La nuit de l'oracle

Pas facile la vie d'écrivain, ce n'est pas Sidney Orr qui va me contredire; Par exemple la peur de la page blanche. Pour Sidney se sont ses ennuis de santé qui l'inquiète, une note d'hôpital impayée.

Lors d'une balade dans Brooklyn notre convalescent entre dans une minuscule papeterie et est attiré par de minuscules carnets. Il n'en faut pas plus à Paul Auster pour nous entrainer dans une histoire dans l'histoire.

Je ne pense pas me tromper en disant que les écrivains ont des rituels, des façons de travailler qui pensent-ils évitent les pannes ou défaillances. Sidney lui c'est son petit carnet bleu qui le fait espérer, retrouver de la matière pour son prochain roman.

La magie Austerienne a encore fonctionné, la nuit de l'oracle m'a emmené dans des endroits inquiétants où sont rangés des centaines d'annuaires téléphoniques, des papeteries éphémères.

Une fois de plus Paul Auster m'a mené par le bout du nez, j'aime tellement son univers, découvrir des pistes semées d'embuches ou démêler des écheveaux d'idées. Ne me demandez pas si j'aime l'écrivain....

Commenter  J’apprécie          9911
L'Invention de la solitude

Je vais finir par manquer de qualificatifs pour exprimer mon ressenti concernant le style envoûtant de Paul Auster, je continue à être impressionné, subjugué, bref j'adore !

"L'invention de la solitude" nous plonge dans les souvenirs de l'auteur, des souvenirs personnels, il fallait oser se révéler aussi intimement.

Deux parties, la première concerne le père, son père qui vient de mourir.

Parler du père comme d'un sujet philosophique est une chose, parler de son père et de son influence sur les relations familiales et la construction/déconstruction qui en découle en est une autre.

Et justement la façon qu'il a d'évoquer son père est fascinante, la distanciation, la froideur presque clinique qu'il met dans ce récit est troublante, à tel point que l'on s'interroge constamment sur la profondeur de ses sentiments pour son géniteur...

Cette évocation est déconcertante et pourtant elle a le goût d'un vécu que nous partageons tous à différents niveaux, le père ce n'est pas rien, il peut nous rendre fort ou nous détruire par le regard qu'il nous renvoie, par les attentes qu'il comble ou non.

Auster avec son style inimitable nous aspire complètement dans ses observations a posteriori, dans ses analyses rétrogrades, il donne la sensation de comprendre sans juger, d'accepter sans trop regretter, de trouver une cause pour chaque effet en nous relatant nombre de ses souvenirs, souvenirs qu'il rend plus marquants en y intégrant la touche émotionnelle qui y est associée.

On peut parler de quelqu'un en disant ce qu'il est, mais aussi en disant ce qu'il n'est pas, je dois dire que cette approche m'a impressionné.

Ca nous emmène loin, beaucoup se reconnaîtront dans ces évocations c'est une certitude, ce fut parfois mon cas.



Dans la deuxième partie l'auteur parle de lui, là encore son parti pris est surprenant dans la mesure où il met encore une distanciation, il ne dit jamais "je", j'ai mis quelques pages avant de comprendre que "A" le désignait.

Cette partie n'a pas la même texture, même si c'est toujours assez intime avec quelques anecdotes qu'il fallait oser rapporter. Il est possible que l'auteur nous révèle en partie son mode de fonctionnement, son mode de pensée qui est, comment le dire ? Faute de mieux je dirai analytique à l'extrême, mais aussi intuitive et onirique, mais toujours avec un recul évident, une forme d'acceptation de ce qui est, car explicité, donc logique et normal.

Beaucoup de souvenirs évoqués encore, en plusieurs parties thématiques, arts, littérature, amitiés, sans oublier son propre rôle de père, qui peuvent nous donner une idée de la façon dont Paul Auster voit et comprend le monde dans lequel il vit. J'ai trouvé cette deuxième partie plus complexe, j'ai peur d'avoir parfois perdu le fil car ne rentre pas dans la tête de Paul Auster qui veut ;)

Une nouvelle et très belle expérience de lecture !
Commenter  J’apprécie          9912
Brooklyn Follies

" Je veux parler de bonheur et de bien-être, de ces instants rares et inattendus où la voix intérieure se tait et où l'on se sent à l'unisson avec le monde ".

J'ai refermé ce livre il y a quelques heures, j'ai un peu de mal à trouver mes mots devant un récit qui m'a profondément marqué.

" Brooklyn Follies "est mon deuxième roman de Paul Auster et j'avoue je suis devenu "accro " .

accro à son style et à sa thématique.

Nathan Glass à 60 ans , un divorce, un cancer en rémission, cet ancien assureur à l'esprit cynique cherche un endroit idéal pour finir ses jours.

Brooklyn le rappelle à son bon souvenir.

Entre écriture et bouquiniste Nathan observe le quartier de sa jeunesse.

La rencontre de son neveu Tom Wood va réveiller en lui des sentiments enfouis, l'amour filial ...

Ces retrouvailles vont être le point de départ à une série d'évènement toutes plus touchantes les unes que les autres .

Une galerie de personnage atypique, Harry le bouquiniste, la petite Lucy, la fragile Aurora, Nancy la jeune maman sublime.

De ces rencontres naitra " l'hôtel existence" un endroit intemporel, un refuge pour les âmes égarées.

Difficile d'être objectif quand on a lu et adoré un livre mais quand je pense aux nombreux livres de Paul Auster qui m'attendent.....

" Je veux me rappeler tout cela.

Et si tout, c'est trop demander, alors une partie. Non, plus qu'une partie.

presque tout."
Commenter  J’apprécie          8915
4 3 2 1

Découvert ce livre juste après la sortie de son édition originale anglaise (et lu dans cette langue donc, la traduction française n'étant pas encore disponible, Actes Sud a annoncé 2018) bien en évidence sur la table des nouveautés d'une librairie anglophone bruxelloise alors que j'attendais une amie pour aller dîner au restau d'en face. Une découverte de l'existence de ce livre somme toute très austérienne car le complet fruit du hasard. En effet si j'ai pas mal lu Auster il y a quelques années, j'ai un peu décroché récemment et n'avais aucune idée que ce livre était sorti et était visiblement très attendu (d'après de que j'ai pu glâner sur internet après son achat).

Certains décrivent ce livre comme son "chef-d'oeuvre". Je serais plus réservée car je préfère le Paul Auster des oeuvres plus anciennes, où sa "petite musique du hasard" s'alliait à une sorte de poésie confinant au fantastique. Les livres plus récents d'Auster m'ont moins emballée car si sa petite musique y est toujours présente, sa narration est devenue simplement réaliste et ce livre-ci n'y fait pas exception.

Cependant je comprends par ailleurs ceux qui y voient un livre majeur dans l'oeuvre d'Auster. Car il s'agit sans doute de son bouquin le plus personnel et, au surplus, sorti alors qu'il célèbre ses 70 ans, sans doute un livre "bilan", en quelque sorte.

J'ai lu quelque part qu'Auster était sorti "épuisé" de son écriture. Ca se comprend car "la bête" est i m p r e s i o n n a n t e, 866 pages d'un format assez grand et couvertes de caractères relativement petits pour une édition originale "harcover". L'édition française dépassera sans nul doute allègrement les 900 pages.

Une telle longueur, vraiment inhabituelle chez Auster, s'explique par le fait que ce livre est un "4 en 1" car il s'agit de raconter la vie d'un certain Archibald ("Archie") Isaac Ferguson (ou plutôt sa jeunesse, de sa naissance à l'âge de 23 ans) en quatre versions différentes. Il s'agit bien du même personnage entouré de la même famille mais un événement affectera son père dans sa petite enfance qui changera le cours de son existence. le père, doté d'un certain esprit d'entreprise mais, malheureusement pour lui, également encombré de deux frères "parasites", ouvre un magasin d'appareils ménagers. Dans la première vie d'Archie le magasin de son père est le théâtre d'un cambriolage orchestré par ses deux frères en manque d'argent. Dans la seconde vie d'Archie le magasin part en fumée à la suite d'un incendie provoqué par ses frères. Dans la troisième vie d'Archie, la même chose se passe que dans la seconde sauf - détail capital - que son père meurt dans l'incendie en question. Enfin dans la quatrième vie d'Archie, tout se passe bien du moins en ce qui concerne les affaires de son père rapidement débarrassé de ses frères toxiques.

Partant de ces prémisses, la vie d'Archie va prendre des orientations forcément très différentes, qu'il s'agisse des lieux où il va grandir, de l'évolution de ses parents et en particulier de sa mère (qui survit dans les quatre versions) rejaillissant sur lui, des écoles et universités qu'il va fréquenter, des amitiés et amours nouées etc. Toutefois il y aura deux constantes quel que soit l'Archie considéré : son attachement pour une certaine Amy et sa prédisposition pour l'écriture...

Comme je le disais il s'agit indubitablement de l'oeuvre d'Auster la plus inspirée par sa propre jeunesse. Comme Auster Archie est né en 1947 de parents juifs dans le New Jersey. Comme Auster ses Archie (à une intéressante exception près) vivront la vie de banlieusards aspirant à rejoindre New York pour y vivre la vie trépidante du citadin immergé dans la culture. Comme Auster, ses Archie passeront des périodes de leur jeunesse en France. Certaines anecdotes (j'ai lu ça ensuite dans des interviews) ou événements jalonnant l'enfance de ses Archie sont également inspirés de faits vécus par Auster (notamment lors de ses camps de vacances d'été). Le plus pénible pour un européen continental est que comme Auster ses Archie sont passionnés par le baseball. Il s'agit là d'un tic de plus en plus omniprésent, me semble-t-il, dans les bouquins d'Auster et, franchement, on baille profondément lorsqu'il consacre des pages à narrer les exploits d'obscurs héros baseballeurs des années 30 aux années 60 et on s'empresse de sauter le passage... Heureusement le décrochage des phases baseball ne nuit pas à la lecture et à la compréhension du reste (du moins je l'espère)....

Un conseil : n'entamez pas la lecture de ce livre si vous n'êtes pas sûr de pouvoir vous libérer des périodes de lecture significatives et rapprochées s'étirant sur plusieurs semaines. En d'autres termes il est à mon sens impossible d'en entamer la lecture, de le poser quelques jours et de le reprendre ensuite. La narration parallèle de l'histoire des quatre Archie n'est pas des plus aisées à suivre, d'autant plus que les différences de parcours entre eux sont parfois assez subtiles. Au début je me suis demandée si je ne devrais pas établir des fiches résumant l'histoire de chacun des Archie afin de ne pas tout mélanger (la structure est celles de chapitres se subdivisant en sous-chapitres pour chacun des Archies, on passe donc constamment de la vie de l'un à celle des autres). Puis je me suis dit que le mieux était probablement de me "laisser aller" et que, de toute façon, s'il s'avérait nécessaire de faire des fiches cela voudrait dire qu'il s'agit d'un mauvais bouquin. Mon intuition a été la bonne car une fois que l'on a pu passer les deux premières chapitres on s'habitue au mode de narration et que si l'on mélange probablement un peu cela ne prend pas des proportions gênantes et, après, tout il s'agit bien du même personnage en quatre déclinaisons. Il faut dire que la tâche se trouve au surplus facilitée du fait de la disparition très rapide (malheureusement pour lui) de l'un des quatre Archie (dès le second chapitre), ce qui nous laisse trois Archie pour l'essentiel du bouquin et, perso, j'ai trouvé trois Archie beaucoup plus gérables que quatre.

Au final quelle appréciation ?

Personnellement je regretterai sans doute toujours les oeuvres plus anciennes d'Auster. Ce bémol étant fait il s'agit d'un bouquin plus que "solide" et qui dépasse de très loin en qualité la plupart des livres sortis (trop rapidement et trop aisément encensés) aujourd'hui. Evidemment cette nouvelle variation sur la petite musique du hasard, qu'Auster a lui-même popularisée, ne surprend plus aujourd'hui (du moins si on a déjà lu du Auster) mais que l'auteur se l'applique désormais à ce point à lui-même ne manquera pas d'intéresser ses fidèles lecteurs. Quant à ceux qui ne le connaissent pas encore, il seront probablement impressionnés. Pour ma part, sans être totalement convaincue je suis contente de l'avoir lu. Au-delà de l'histoire d'Archie d'ailleurs j'ai particulièrement apprécié le récit des faits historiques (les années 60 contestataires, révélatrices d'une crise dont on dirait que celle-ci n'a jamais cessé depuis, personnellement je ne savais pas que les prémisses de notre "mal" actuel remontaient au-delà des années 70; à en croire le récit d'Auster il semblerait bien pourtant que ce soit le cas) accompagnant la petite histoire d'Archie. A ce niveau Auster, qui a connu l'époque mais qui a aussi pris le soin d'une recherche historique soigneuse - contrairement à pas mal d'auteurs plus jeunes -, nous distille une autre petite musique, celle du caractère circulaire de l'histoire et que, sans nul doute, notre époque gagnerait beaucoup à se réintéresser au passé pour en tirer les leçons appropriées...
Commenter  J’apprécie          879
Au pays des choses dernières (Le voyage d'Ann..

Une lecture atypique et troublante que ce voyage d'Anna Blume...

« Laissez toute espérance, vous qui entrez », voilà qui pourrait résumer la plus grande partie de ce récit sombre et crépusculaire aux allures de guide de survie en territoire hostile.

Fantasmagorie ? Allégorie ? Je me suis interrogé tout au long de ma lecture et à l'arrivée ma foi...

J'hésite à tenter de classer cette histoire, peut-être dans la rubrique étrange, ma frustration est réelle, j'avoue que je n'ai pas compris où l'auteur m'emmenait, et pourtant j'ai rarement été aussi concentré et attentif à une lecture.

Une lettre d'une exceptionnelle longueur, très peu de dialogues, le tout sous la forme d'une lente descente aux enfers en compagnie d'Anna Blume qui va faire l'expérience quasi exhaustive de tout ce que peut subir un être humain en termes de privations et de dangers, de peurs et d'inconforts.

Dans un univers où le chacun pour soi est une simple question de survie, où la moindre victoire sur l'adversité n'est qu'un simple sursis, Anna, alternant entre la plus farouche détermination et le lâcher prise qui la libérerait de son fardeau qu'est devenue sa vie, va nous emmener au plus profond du désespoir, aux limites de la folie.

La première partie est dure car sans justification, c'est pesant et parfois glauque car sans espoir, on s'éloigne de l'humain, où cela nous mène-t-il ?

Anna s'accroche, et le lecteur aussi, et elle a raison car sa première et seule action altruiste va lui permettre de réintégrer le monde des vivants, un sursis qui nous amène à la deuxième partie du récit pour d'autres épreuves, pour d'autres espoirs...

C'est ma deuxième lecture de Paul Auster et je continue à aimer le style, le moins que l'on puisse dire c'est qu'avec cette histoire on est sorti des sentiers battus, c'est même une sortie de route en fait :)

En passant je pense que le titre original " le pays des choses dernières " est plus approprié...

En conclusion je ne sais pas si j'ai aimé mais l'auteur m'aura intéressé jusqu'au bout, une expérience que je ne suis pas mécontent d'avoir vécue.
Commenter  J’apprécie          8413
4 3 2 1

Si le fond de l’histoire ne se démarque pas vraiment de cette littérature new-yorkaise, qui se nourrit d’une analyse à double focale, à la fois triviale dans son souci du quotidien et consciente des failles de la nation qui a depuis longtemps fait l’impasse et perdu ses illusions sur le rêve américain, la forme est originale.





Au coeur du récit, Ferguson, dont on suit le destin sur une quinzaine d’années, de sa petite enfance aux années universitaires, de la fin des années cinquante aux seventies. Mais ce qui vit cet enfant de la 3 ème génération d’une famille immigrée de l’Europe de l’Est (l’origine de son nom tient d’un malentendu à la fois drôle et pathétique), se déclinera en quatre versions, au cours desquelles les événements extérieurs et les relations avec son entourage, modifieront le chemin. (Pas avertie du processus lorsque j’ai démarré la lecture, j’ai eu un moment de doute sur mes capacités d’attention, lorsqu’ayant abandonné le cadavre du père de Ferguson à la fin d’un chapitre, je le retrouve fringuant au début du suivant).



C’est au travers de l’histoire de la famille et des amis de Ferguson, un portrait des Etats-Unis sans concession, avec les ravages du racisme qui s’expriment avec une violence qui laisse l’enfant sans voix, tant elle est loin de l’idéal qu’il se construit peu à peu. C’est aussi la stupidité sans nom, et l’iniquité du conflit armé dirigé contre le Vietnam, faisant des deux côtés un nombre considérable de victimes qui n’auront jamais dû payer de leur vie les ambitions imbéciles des « prêcheurs à l’abri de la bataille ».



Martin Luther King, Kennedy, les émeutes qui finissent dans des bains de sang, tout cela forge la personnalité du personnage, qui, quelle que soit l’option prise pour créer son destin, reste un pacifiste convaincu.



Il est important de dire, en effet que Ferguson est sans ambiguïté. Dans chaque version, ce sont les événements extérieurs qui façonnent son histoire et modifient son destin. C’est le rôle de l’environnement sur les choix de vie, et l’intervention du hasard qui peut ouvrir des perspectives ou mettre un terme brusque à une existence lancée sur des rails que rien ne semble pouvoir changer.



Et il est bien sympathique, Archie, avec ses doutes et ses certitudes, ses multiples façons d’aborder l’amour et sa fidélité en amitié, sa conscience des rendez-vous manqués et le fil rouge de l’écriture.





C’est un peu long, mais au final, on a quand même quatre romans en un, et la lecture reste facile et agréable.








Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          823
Moon Palace

Quel filou ce Paul Auster... On croît qu'il nous promet du Jules Verne et, d'un tour de passe-passe, il passe à Dostoïevski... À moins que ce ne soit que l'une des nombreuses coïncidences de ce livre ? Et “Plus on prête attention aux coïncidences, plus elles se produisent" disait Vladimir Nabokov.



Pour la première coïncidence, difficile justement de ne pas faire le rapprochement entre Marco Stanley Fogg et Rodion Romanovitch Raskolnikov : deux ex-étudiants fauchés, délirants de faim et de solitude... mais si l'un commettra l'irréparable, Paul Auster est trop malin pour entraîner son héros dans une réinterprétation simpliste de "Crime et Châtiment". Que nenni !



Mais parler des autres coïncidences du livre reviendrait à dévoiler toute la trame de l'histoire... et ce serait franchement dommage de gâcher à d'autres lecteurs.trices le moment précis du livre où je me suis dit "Mince ! Je ne l'avais pas vu venir !".



MOON PALACE est un EXCELLENT livre de Paul Auster (parmi ses meilleurs même) et j'ai ADORÉ.



Ce que j'aime principalement avec cet auteur, c'est qu'il arrive toujours à instiller des éléments de physique (appliquée ou quantique) dans ses histoires, là en l'occurrence, il se sert de Nikola Tesla et de l'électricité.



Quand je referme un livre de Paul Auster, et MOON PALACE ne fait pas exception à la règle, je sens que des choses m'ont échappées mais ce n'est pas grave, c'est même une des raisons principales pour lesquelles je ne me séparerai jamais de ses livres, afin de pouvoir les relire.





MOON PALACE de Paul Auster

Traduit par Christine Le Bœuf



Editions Actes Sud (GF) / Babel (poche)
Commenter  J’apprécie          8110
Léviathan



LÉVIATHAN a peine refermé, je sais que j'ai adoré même si je n'ai pas saisi toute l'étendue de ce roman (et qu'il me faudra le relire encore plusieurs fois pour espérer en comprendre toute la portée).



Dans ce que j'ai compris, Paul Auster nous parle de la création littéraire en se dédoublant littérairement : Peter Aaron, n'est autre que Paul Auster dans son rôle d'écrivain et Benjamin Sachs (dont le prénom est aussi le nom du pseudo de Paul Auster pour son tout premier livre publié) représente la création.



Selon Wikipédia, "le Léviathan est un monstre colossal. Il peut être considéré comme l'évocation d'un cataclysme terrifiant capable de modifier la planète, et d'en bousculer l'ordre et la géographie, sinon d'anéantir le monde"... Et dans mon interprétation, le Léviathan de Paul Auster n'est autre que la création qui peut détruire l'écrivain quand il en manque mais qui peut bouleverser et changer la vie des lecteurs à travers ses livres.



"Parce que mes livres sont publiés, ai-je expliqué. Des gens les lisent, et je ne sais pas du tout qui ils sont. Sans même m'en douter, j'entre dans la vie d'inconnus, et aussi longtemps qu'ils ont mon livre entre les mains, mes mots sont la seule réalité qui existe pour eux." (p18*)



"Nul ne peut dire d'où vient un livre, surtout pas celui qui l'écrit. Les livres naissent de l'ignorance, et s'ils continuent à vivre après avoir été écrits, ce n'est que dans la mesure où on ne peut les comprendre." (p68*)



Encore un très grand livre de Paul Auster. En plus, j'adore quand il se sert d'éléments biographiques pour mieux nous perdre : "...et que même si ce sont des histoires vraies, elles sont aussi inventées. Ou que, même si elles sont inventées, elles sont vraies." (p212*)





LÉVIATHAN de Paul Auster

Traduit par Christine Le Bœuf



Editions Actes Sud (GF) / Babel (poche)





* Édition Babel de 1994
Commenter  J’apprécie          809
L'Invention de la solitude

Pour ma 500ème critique, j’ai décidé de relire le livre qui a changé ma vie : L’invention de la solitude de Paul Auster que j’ai découvert en 1992.



Bien sûr, avant ce livre il y a eu de très bon livres comme Les dames du lac de Marion Zimmer Bradley, Le Moine de M.G. Lewis et Le Parfum de Patrick Süskind (pour ne citer qu’eux).



Mais avec ce livre, c’était différent. Pour la première fois je me suis dite - à l’instar d’Agnès Desarthe  : « Tiens, pour une fois, je comprends quelque chose à ma vie... »



J’avoue que j’ai eu très peur de me lancer… et si un quart de siècle plus tard il ne me plaisait plus ? J’ai été très émue de l’apprécier encore plus que la première fois. Il s’en passe des choses dans un quart de siècle d’une vie… cela ouvre de nouvelles perspectives.



Le livre est divisé en deux parties : Portrait d’un homme invisible et Le livre de la mémoire. C’est autobiographique mais comme le dit le Maître :



« J’ai moins l’impression d’avoir d’y avoir raconté l’histoire de ma vie que de m’être servi de moi pour explorer certaines questions qui nous communes à tous. »



Tout est dit dans cette phrase, tirée de la Lecture de Pascal Bruckner.



Dans Portrait d’un homme invisible, Paul Auster rend hommage à son père et raconte un peu l’histoire de sa famille paternelle.



Le livre de la mémoire est une sorte d’inventaire de ses sources d’inspiration raconté à la troisième personne. Je suis tombée sur des passages très bouleversants. Si je ne devais qu’en retenir qu’un ce serait :



« C’est un monde perdu. A. se rend compte avec un choc que c’est un monde perdu pour toujours. Le petit garçon oubliera tout ce qui lui est arrivé jusqu’ici. Il n’en restera rien qu’une vague lueur, peut-être moins encore. Les milliers d’heures que A. lui a consacrées pendant les trois premières années de sa vie, les millions de mots qu’il lui a dits, les livres qu’il lui a lus, les repas qu’il lui a préparés, les larmes qu’il a essuyées – tout cela disparaîtra à jamais de la mémoire de l’enfant. »



Mon fils, 11 ans, avait 5 ans quand son père est mort. À la dernière fête des pères il m’a avoué qu’il n’avait plus de souvenirs. Cela m’a brisé le coeur.



Ce livre donne tellement d’intensité à la vie avec toutes ces petites choses qui ont l’air de pas grand-chose.



Pour la petite histoire, mon exemplaire a été paraphé par Paul Auster lui-même le 18 juin 2008 à Bruxelles. C’était mon rêve quand j’ai commencé à lire ses livres : le rencontrer. Moment inoubliable que j’ai partagé avec le père de mes enfants.



Voilà, et pendant que je vide la boîte de kleenex je vous laisse sur cette chanson de Billie Holiday, Solitude (tirée du livre).





https://www.youtube.com/watch?v=8eLl84iMsrQ





Challenge multi-défis 2018 (72)
Commenter  J’apprécie          8023
4 3 2 1

Le dernier Auster. Cet écrivain qui a bercé ma jeunesse. J’ai attendu presque deux ans pour le lire, intimidée, en ayant peur d’être déçue et effrayée par le morceau (pas moins de 1016 pages), j’ai attendu je crois le moment propice. Bien m’en a pris, cette lecture a été une véritable aventure.



4321 serait-il LE livre de Paul Auster, celui qui réunit absolument tout son univers, ses gouts (musicaux, littéraires, cinématographiques, sportifs), ses expériences personnelles, ses visions de l’écriture et de l’écrivain ? LE livre synthèse, LE livre le plus personnel de l’auteur, LE livre d’une vie ? Le héros, Archie Ferguson, est en tout cas de la même année que lui (1947) et semble traverser des expériences et des interrogations proches de ce qu’a vécu l’écrivain.



4321 est un roman fleuve ou plutôt un roman qui s’écoule telle une rivière qui se séparerait en bras. Au lieu de prendre un chemin et de nous raconter une histoire, l’auteur se veut omniscient et décide de prendre tous les bras de la rivière, en parallèle, pour voir ce que cela donne. Une expérience de littérature. Quatre histoires, quatre destinées pour un même personnage. Tout est résumé ainsi : « Quelle idée intéressante, se dit Ferguson, de penser que les choses auraient pu se dérouler autrement pour lui, tout en restant le même. Le même garçon dans une autre maison avec un autre arbre. Le même garçon avec des parents différents. Le même garçon avec les mêmes parents mais qui ne faisaient pas les mêmes choses qu’actuellement. Si son père était resté chasseur de fauves, par exemple, et qu’ils vivaient tous en Afrique ? Si sa mère était une actrice célèbre et qu’ils vivaient tous à Hollywood ? S’il avait un frère ou une sœur ? ».



Une version lumineuse, une version plus torturée et ambigüe, une version dramatique, une autre peut-être plus sereine d’un même personnage car un virage a été pris et pas un autre, un labyrinthe narratif, variations sur un même personnage, des variations importantes, des variations plus mineures…c’est original, et ce raconté sur deux décennies, les années 50 et 60, sur fonds d’histoire américaine marquée par la ségrégation raciale, la guerre au Vietnam, les révoltes étudiantes.



J’ai profondément aimé ce livre pour plusieurs raisons :



- Le formidable talent de conteur de Paul Auster qui nous amène, des heures durant, sans jamais nous lasser. Il m’a captivé, m’a profondément attaché au personnage principal, je l’ai suivi de bout en bout, alors que le livre fait plus de mille pages, me surprenant à lire des heures durant sans bouger et sans me rendre compte du temps, de l’heure. Ce livre est un cocon douillet.



- Cette expérience de littérature inédite, ces quatre livres imbriqués, de manière foisonnante et ambitieuse, mettant en valeur la puissance du destin mais aussi la prégnance du moi intrinsèque malgré ces destins. Une construction brillante comme je n’en avais jamais lu. J’avoue m’être un peu perdu au début, avoir voulu absolument relier les différents scénarios (car on alterne sans cesse : 1.1/1.2/1.3/1.4 puis 2.1/2.2/2.3/2.4 etc, 2.1 étant bien entendu en écho au 1.1) mais en fait, même si intellectuellement parlant c’est riche, se laisser aller sans chercher à relier quoi que ce soit marche aussi car j’ai fini par bien faire correspondre les éléments sans effort, cela venait naturellement. Et cette trouvaille se base sur des questions universelles que nous nous sommes toutes et tous un jour posé « si je n’avais pas pris telle décision, où en serai-je aujourd’hui ? » Oui, une sorte de kaléidoscope qui montre une image légèrement différente dès que nous le tournons un tout petit peu (variation mineure) et une image totalement différente dès que nous le tournons beaucoup (variation majeure).



- Les références culturelles nombreuses et riches : j’ai corné de multiples pages faisant référence aux livres, aux musiques, aux films, autant de fils et de clés permettant de connaitre, d’approcher, d’ouvrir l’univers austérien. J’ai une envie de me plonger dans cet univers que j’avais bien sûr entrevu dans ces précédents livres mais qui est ici assemblé, comme offert. Oui, Paul Auster nous fait une offrande, un testament culturel.



- Les références historiques, très détaillées, m’ont beaucoup appris. Si ces éléments historiques et politiques semblent parfois longs (notamment les révoltes étudiantes longuement décrites), ils sont importants car ce sont eux qui, en grande partie, ont une influence sur le destin de Ferguson. C'est en effet le rôle de l'environnement social et historique sur les choix de vie, et le hasard qui peut faire bifurquer ou mettre un terme à une vie qui semblait immuable. Une sorte d’effet domino : selon l'endroit où on se trouve et dans quelle situation personnelle, familiale, culturelle, si les parents sont encore ensemble ou non, selon l'endroit où l'on habite, l’université où l'on fait ses études, et donc la façon d’appréhender et de vivre l’Histoire, ou encore selon son orientation sexuelle, on va alors évoluer de manière différente.



- La ville de New York, comme souvent avec Paul Auster, que nous parcourons, dans laquelle nous déambulons, mais aussi celle de Paris des années 50/60 dans leur bain culturel et politique (on sent tout l’amour de l’auteur pour ce Paris de la nouvelle vague).



- De nombreux clins d’œil en référence à ces livres ou pièces antérieurs : Laurel et Hardy , Moon Palace (ah…Moon Palace), le livre des illusions (David Zimmer), le carnet écarlate de Ferguson (le carnet rouge)…





- La quête d’identité malgré les soubresauts du destin, la recherche du moi intrinsèque du héros, avec Paul Auster en filigrane. Les pages, nombreuses, sur l’écriture et le rôle de l’écrivain m’ont plu, interpellé. Malgré tous les soubresauts du destin, l’essence du héros et de l’auteur est là. Dans cette passion, dans cette soif.



- La fin, brillantissime et surprenante…



C’est un roman hors norme, remarquable, riche, intelligent, haletant, plein de rebondissements, et, surtout, à caractère universel. Chapeau bas M.Auster. Je ressors de cette lecture émue et troublée.



Commenter  J’apprécie          7941
4 3 2 1

Onze heures du soir, les néons clignotent sous une lune voilée. Des hôtels bon marché, des restaurants chinois qui ne semblent jamais fermés, des tripots de mauvais augures. En rouge flash, s'illumine devant moi le « Moon Palace », palais de mes rêveries d'antan. Brooklyn Avenue s'allonge comme l'ombre des putes sur le macadam chauffé par cet été indien, je promène mon regard perdu dans cet univers bouillonnant, guidé par « La musique du hasard » un livre en poche, un pavé aussi lourd qu'une caisse pleine de Bud même pas light. Le poids des mots pèse sur ma conscience, mais le plaisir de la rencontre sera au rendez-vous. J’attends donc Archibald Ferguson à la terrasse d'un café où les serveuses baladent leur cul en rollers en balançant leurs seins dans un chemisier dont l'attachement au dernier bouton défie toutes les lois de la physique, sublime époque, la déchéance du rock et le déhanché des serveuses. Mais quel Archie vais-je rencontrer ce soir ?



Archie vient à ma rencontre. Seul. Non... Ils sont deux mais n'en font qu'un, ou deux, ou trois ou quatre. Quatre êtres, quatre destins. Mais finalement qu'est-ce que le destin ? Archie va mourir. Probablement au Viêt-Nam, ou plus drôlement écraser par un Westfalia. A moins qu’il me survive... Qui sait dans quel monde d'Archie je (sur)vis ? Rufus me sert une autre bière avec Archie. A moins que cela soit un whisky avec le second Archie. Un Cuba Libre avec le troisième Archie. Je ne sais plus… 4 3 2... il me manque un verre, je sais encore compter. 1… avec le dernier Archie c'est le cocktail de ma vie, l’intraveineuse du plaisir, bière-rhum-whisky. Merci Rufus, tu es un ange. Ou un saint. Je suis sûr, en revanche, d'une chose. Quel que soit l’Archie auquel je fais face, il est toujours amoureux de la même femme, celle qui a une longue paire de jambes couleur caramel, et une crinière brune lapsang souchong, un parfum épicé qui pique mes sens. C'est une évidence, l'amour est au-dessus du destin, quoiqu'elle en pense. Le silence, il s'impose dans la vie d'Archibald, et la mienne. Devant la tristesse du verre vide, ou la solitude du verre esseulé sur le comptoir, je poursuis ma vie. La radio diffuse un match de baseball, les Yankees de New-York. Je sors de la taverne de Rufus sans plus savoir qui je suis, ni dans quelle vie j'erre. Je ne suis sûr que d'une chose : quand je lève la tête, je vois les néons rouges du Moon Palace clignoter, je regarde la lune, blue moon, et personne ne pourra m'empêcher de penser à elle. La seule évidence de ma vie, le roman d’une vie.
Commenter  J’apprécie          796
Mr Vertigo

J’avais entendu parler de La Trilogie new-yorkaise de Paul Auster, mais pas de Mr Vertigo. Merci à Val, du blog La Jument verte, pour ce cadeau. Cela m’aura permis de découvrir cet écrivain et ce fut plutôt une bonne surprise.



Je dois avouer qu’au départ, j’étais un peu sceptique concernant l’histoire : apprendre à un gamin à voler… soit on est dans le fantastique pur et dur, soit on se moque de lui… Pourtant, Maître Yehudi, qui va recueillir le jeune garçon, ne semble pas être sous l’emprise d’une quelconque drogue. Il a senti un don chez cet enfant désœuvré et va l’aider à le développer. Un maître à penser qui recueille un enfant pauvre subissant des choses qui vont l’endurcir, on connaît déjà avec Hector Malot. Mais j’ai presque envie de dire que cet épisode n’est qu’un prétexte pour l’auteur afin de déployer quelque chose de beaucoup plus intéressant, – enfin, à mes yeux – , l’Histoire (avec un grand H) de l’Amérique.



J’ai aimé l’écriture de Paul Auster et je renouvellerai l’expérience, c’est certain.



Bon, alors, où ai-je bien pu mettre sa trilogie, hein ?
Lien : https://promenadesculturelle..
Commenter  J’apprécie          734
Léviathan

Après Joyce Carol Oates, Stefan Zweig , F Scott Fitzgerald, Faulkner je poursuis mon périple en terre inconnue.

Ouvrir un livre c'est un peu comme découvrir un nouveau monde, jouer les explorateurs. Cette fois je suis parti à la découverte de Paul Auster et son "Léviathan ".

Cet auteur m'a séduit tant par le style que par la trame de l'histoire.

Ce roman est pour moi un hommage à l'amitié; pas l'amitié virtuelle comme Facebook non je veux dire l'amitié avec un grand A.

Le roman commence par la mort de Ben Sachs dans l'explosion de sa bombe.

On va découvrir sa vie grâce à Peter Aaron autre écrivain. Leurs rencontre dans un bar, leur amitié naissante, le même désir de partage .

Au fil des chapitres la psychologie de Ben devient plus complexe laissant Peter dans le désarrois. Léviathan c'est l'Amérique, l'Amérique des coups tordus l'Amérique des années 80 de Ronald Reagan.

Sachs va devenir terroriste et s'attaquer au symbole de l'Amérique la statue de la liberté. Dans ce roman tous les personnages sont intéressants, ils vont apporter au fil du récit un morceau de la vie de Ben, leurs joies, leurs souffrances.

Je voulais terminer cette critique par une citation de Paul Auster : "ma mission d'écrivain c'est de faire ressentir ce qu'est un être humain."

Je voulais saluer mon ami FX qui m'aide à élargir mon univers littéraire.
Commenter  J’apprécie          738




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Paul Auster Voir plus

Quiz Voir plus

Paul Auster

Sous quel pseudonyme a-t-il publié un roman ? (indice : ce pseudonyme est également le nom de certains de ses personnages)

Paul Dupin
Paul Retsua
Paul Benjamin
Paul Palace

10 questions
285 lecteurs ont répondu
Thème : Paul AusterCréer un quiz sur cet auteur

{* *}