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Critiques de Pierre Louÿs (129)
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Les soeurs à l'envers et autres textes inédits

Bien qu’il soit aujourd’hui bien connu en tant que pornographe, Pierre Louÿs ne l’était guère de son vivant et avait gardé secrète son abondante production érotique. Ses héritiers ne l’ont heureusement pas détruite à sa mort, mais les bibliophiles se sont servis et n’ont pas toujours été très partageurs. Jean-Paul Goujon a néanmoins réussi à en réunir et éditer une grande partie. Dans ce recueil, c’est Alexandre Dupouy qui s’est attelé à cette tâche et propose six textes inédits (et un septième déjà publié par le précédent éditeur), illustrés de photographies pornographiques de la Belle Epoque (dont une partie avait déjà été utilisée dans La Comtesse de Lesbos d’E. D.) et de reproductions en noir et blanc de manuscrits de Pierre Louÿs. C’est donc un très beau livre qu'ont créé là les éditions La Musardine



Le recueil s’ouvre avec une courte nouvelle, Les Sœurs à l’envers (titre attribué par l’éditeur), dans laquelle un homme se rend dans un bordel spécialisé dans la sodomie. Les dialogues occupent une grande part du récit et lui confèrent une atmosphère théâtrale. Cette tendance apparaît plus clairement encore dans Vivienne et Made, Le sentiment de la famille, Service de nuit et Fifi et Monsieur Luc, écrits sous forme de petites pièces de théâtre. Comme l’annoncent certains titres, l’homosexualité féminine est représentée dans plusieurs textes, à l’instar de la pédophilie, de l’inceste et de la prostitution. La passion teintée de tendresse succède à la violence et est au rendez-vous au début de Elle savait des raffinements. Chacun de ces textes inédits, parfois incomplets, sont rédigés dans un style vif et gaillard, tout à fait adapté à cette franche pornographie.



Le dernier texte, La Méthode de vulve, le seul à ne pas être un inédit, se présente quant à lui sous une forme différente : il s’agit d’un programme d’éducation érotique féminine. Sont aussi bien abordées l’anatomie que les moyens d’en tirer du plaisir. Ce petit manuel a d’abord été rédigé sous forme de table des matières dans un cahier, avant d’être complété au fur et à mesure de l’inspiration de l’auteur, qui ne l’a pas achevé. Sa présence dans le recueil est justifiée par Alexandre Dupouy dans la postface : il en possédait le manuscrit original et souhaitait illustrer la façon d’écrire de Pierre Louÿs.



En conclusion, ce recueil est très intéressant, aussi bien pour les connaisseurs que les novices souhaitant aborder l’œuvre de cet auteur. Les textes sont plaisants, bien que vite oubliés en ce qui me concerne.
Lien : http://minoualu.blogspot.be/..
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La femme et le pantin

J’ai bien fait de lire en grande partie Carmen quelques jours plus tôt, moi… Voilà un roman qui nous plonge dans la même ambiance, avec cette gitane fatale qui aura à sa botte un homme fou d’elle et soumis, (on a même la réécriture de la scène de la manufacture de tabac, d’une manière un peu plus érotique, peut-être…) Mais Louÿs va encore plus loin avec son personnage féminin, comme le confirme d’ailleurs quelques mots de l’auteur reportés dans les annexes de Carmen : il dit créer « une Carmen plus subtile, plus intelligente, plus effroyablement femme ». Et là je dois avouer qu’en effet que dans le genre elle convainc presque totalement, et que je l’aurai vraiment adoré, cette brave Concha (malgré son nom « qui réunit tout ce qu’on peut exiger d’elle » comme il l'a écrit à Debussy), sans ce tempérament final où l’extravagant vire à l’excès, et où toutes mes espérances en ce personnage retombent aussi violemment que ces stupides scènes.



Car après mon féministe Ibsen, voilà une douche bien froide, et un roman typiquement masculin. J’osais espérer que monsieur, qui n’avait pour ambition que de consommer madame, allait être frustré plus longtemps par cette charmante héroïne, et j’étais loin de m’attendre à un final masochiste de ce genre ! Concha qui accepte de se donner à lui seulement une fois qu’il vient de la tabasser ! Et qui se doit de re-provoquer ce genre de scène pour raviver un quelconque désir (?) Heurk ! C’est malsain, c’est ignoble, c’est à vomir, vite un seau ! J’ai assez exprimé mon dégoût là ? Bon j’exagère (mais à peine), car sans ce final démesuré, ce livre était prometteur, d’où une déception encore plus grande qui en a découlé à la découverte de cette conclusion terrible.



J’aimais le caractère de Concha, et sa façon de faire tourner en bourrique un homme au désir inépuisable. J’étais assez pleine d’indifférence voire presque de mépris pour cet individu frustré qui s’acharnait à courir encore et encore après Concha au point presque de la violer car elle n’acceptait pas de se donner à lui. Notant le parallélisme avec Carmen, je m’attendais à tout sauf à une soumission aussi abrupte et crue. Ce n’est pas ainsi que je concevais le personnage et j’ai été déçue.



Vers la fin, la dame devient tellement insupportable dans sa jalousie qu’Antonio s’en sépare. Puis, il fait son récit au jeune homme du début du roman pour le dissuader de s’en approcher (ce dernier passera tout de même du temps avec elle). Le texte finit néanmoins sur une note positive pour le charisme de la belle, car on apprend qu’Antonio n’a pas pu résister, et malgré les vœux de tempérance qu’il avait fait et confiés au jeune homme, il s’en est retourné auprès de Concha. Un point ma belle !



Un livre qui a au moins le mérite de ne pas laisser indifférent…
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Trois filles de leur mère

Pour moi il y a la littérature érotique (qui m'ennuie) et Pierre Louÿs (qui m'amuse). J'y ajoute G. Bataille et Sade qui tous les deux me dérangent mais qui valent le détour, en particulier pour leur style. Pierre Louÿs est le seul qui me réconcilie avec le genre et fut un véritable déclic. Le terme "happy sex" est peut-être ce qui le décrit le mieux selon moi. Plus sensuels et délicats sont aussi les Claudine de Colette. Enfin, dans le rayon biographie, bien sûr Casanova (Histoire de ma vie) et le beaucoup plus court et plus direct, presque "clinique" confession sexuelle d'un anonyme russe.
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Les Chansons de Bilitis (suivi de) Pervigil..

Il y a d'abord la préface, une supercherie littéraire comme il y en a tant dans l'histoire, qui nous raconte la découverte fabuleuse des poèmes que l'on va lire grâce à un archéologue. Ce tombeau est déjà mystérieux et sensuel, avec un squelette qui a un certain charme. Pour nous faire douter, l'archéologue émet des hypothèses scientifiques, replaçant la poétesse dans son contexte, évoquant Sapho, et émettant même certains doutes sur l'identité de la poétesse. Certains poèmes ne seront d'ailleurs pas traduits, nous n'avons que le titre dans l'alphabet grec, comme pour suggérer que le texte n'a pas été retrouvé, ou de façon trop lacunaire pour être compris.

C'est donc les chants d'une femme venue de l'Antiquité lointaine qui nous parviennent, une femme qui s'écrit à tous les âges de sa vie mais avec des élipses : fillette qui court dans les bois et garde ses chèvres dans une jolie première partie élégiaque qui célèbre la nature, puis jeune fille qui jalouse ses compagnes déjà mariées, attend que ses seins poussent, et découvre les premiers émois amoureux. La tonalité bascule, puisqu'un poème décrit une scène de viol – sans s'y attarder, à demi-mots, mais elle pardonne puisque c'est son amoureux. On comprend toutefois que « cette première fois » attendue a été un traumatisme. Viennent ensuite des poèmes exprimant le désir de l'aimé et le goût des plaisirs.

De façon elliptique, Bilitis se présente ensuite comme mariée, à une femme, à son aimée, lors d'une véritable cérémonie – je ne sais pas si cela existait vraiment en Grèce. Elle a été abandonnée par son amant, a laissé son enfant, mais elle ne s'attarde pas sur ce qui pourrait être d'autres traumatismes. Mais elle vit simplement, semble-t-il de lait de chèvre et de galettes, mais surtout d'amour. Des poèmes très érotiques décrivent alors les plaisirs saphiques et l'amour lesbien. Elles vivent en couple, élèvent un enfant – une poupée, lui donnent le sein, l'habillent. Je comprends que ce recueil ait longtemps été diffusé au sein de cercles lesbiens, car c'est une ode au plaisir féminin, et à la façon d'y parvenir... Mais le charme de l'écriture est justement que ces descriptions ne sont pas voyeuristes, elles sont subtiles et délicates ; je n'ai pas eu l'impression de lire le fantasme d'un homme imaginant deux femmes faire l'amour, mais bien comme si c'était véritablement une femme qui avait écrit. Et comme dans de nombreuses histoires d'amour, les soupçons apparaissent, la jalousie s'installe, les disputes sont plus fréquentes, jusqu'à et la rupture

J'ai trouvé ensuite la dernière partie plus convenue, plus attendue, puisque Bilitis devient une courtisane sacrée au temple d'Aphrodite. Néanmoins, les poèmes où elle évoque le temps qui passe, les menaces sur sa beauté qui commence à se flétrir sont intéressantes, peut-être que j'aurais aimé en savoir plus sur ce qui pourrait être une forme de déchéance, dommage que les poèmes s'arrêtent lorsqu'elle arrête elle-même de donner du plaisir et d'en prendre avec son corps.

Des poèmes érotiques qui ne sont pas que ça, subtils et bien écrits, avec dépaysement exotique lié à l'évocation d'un contexte historique et lointain.
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La femme et le pantin

Voilà un auteur aux mœurs flaubertiennes qui m’intrigue, selon l’appétissant portrait qu’en dresse M. Carcassonne dans sa préface qui débute de façon toute personnelle, mais que, comme tant d’autres, je n’achevai pas parce qu’au seuil du roman elle s’apprête à déflorer toute l’intrigue – et pourquoi n’en font-ils pas des postfaces, plutôt ?! D’un style sans ambages, mu par l’entraînement des faits, exact quoique sans atermoiements et en cela moins puissant parce que le défaut de parure signale en général un manque de profondeur – récit dédié au rythme de la progression, une volonté plutôt qu’une lacune, 150 pages enlevées et efficacement agaçantes, sur un thème proche du Carmen de Mérimée.

Mateo, riche, s’éprend d’une espagnole mineure, Concepción, vierge, et pauvre, d’une beauté presque scandaleuse de candeur et de cambrure. Elle réussit sans mal à se faire désirer, et, partant, enchaîne les tentations, obtenant de l’homme beaucoup d’argent en refusant toujours à se donner, ajournant sans cesse « par pureté » le moment de ce trop symbolique engagement. La torture de frustration et d’indécision que subit dès lors Mateo, en alternances de promesses et de fuites, le contraint alternativement à toutes les fureurs et à tous les repentirs, car lui et le lecteur ne savent vraiment qu’aux dernières pages si Concha est sincère dans ses vœux chastes ou si elle se joue odieusement de lui. Cela crée un mouvement permanent de flux et de reflux, où le report incessant des échéances sexuelles contribue chez Mateo à un sentiment bouillant d’injustice contrebalancé pourtant par les témoignages troublants de la tendresse suggestive de la fille : cet imbroglio fait certes de l’homme un pantin, mais on ignore s’il s’agit du pantin d’un être machiavélique ou de celui de ses propres désirs. L’argent qu’il offre sert perpétuellement à prouver son attachement et doit ainsi être pris par elle en tout honneur, c’est néanmoins aussi à quelque degré une variété d’achat dont elle est en droit de s’indigner : les deux attitudes, paradoxales et sises de part et d’autre d’une frontière ténue qu’un détail peut venir traverser, alternent en des crises dont on s’interroge, Mateo le premier, si elles consistent en des simagrées ou des indignations sincères.

Les souffrances du jeune homme, certes, proviennent de son tempérament qui capitalise sur des paroles et qui légitime des mouvements de refus : il est faible, au fond, et il tient, on ne sait pourquoi ou plutôt : encore ! suivant une convention amoureuse d’une moralité inutile, à n’aller pas faire penser à sa fiancée qu’il est particulièrement sensuel et que son corps l’attire – mais pourquoi se fasciner pour une danseuse pieuse, alors ? c’est la contradiction qui lui coûte ! Et puis, par un jeu opportuniste ou hasardeux, c’est lorsque la force de conviction sacrificielle de Mateo est le plus vulnérable, quand il s’est trouvé si déçu et mécontent, si scandalisé, qu’il jure d’abandonner définitivement la fille à ses retournements inqualifiables et révoltants parce qu’il a tout perdu et n’a plus rien à péricliter, qu’elle trouve le moyen de revenir et de le tenter non tant même par ses sensualités que par ses explications : on rencontre que plus Mateo engage dans sa relation (de promesses, de temps, d’argent, d’émotions), plus il est sous le pouvoir de Concha : historique méthodologie de la femme pour s’approprier les ressources d’un homme, quelle qu’y soit la part de sa conscience. À chaque réinvestissement dans la relation amoureuse, Mateo perd de l’individu et disparaît dans une variété irrationnelle du caprice où naturellement la femme se trouve en grande supériorité : il ne manquerait plus que Mateo s’effondre dans la bouderie et se mette à pleurer ! Et voici un combat, un duel, comme une envoûtante tauromachie où il suffirait à la bête de laisser exprimer sa fureur sans discontinuer – il finirait par pourfendre –, au lieu de quoi ses inquiétudes et ses doutes, la sorte d’hypnose qui le tient captif de cette absurde tauréador gesticulant et si costumé pour ne pas dire trop vêtu, le soupçon vague qu’au juste la danseuse ne lui veut pas de mal, lui donne le dessous, implacablement : le taureau, qui se voit pourtant le plus puissant, n’ose pas user de sa force, l’imbécile ! Il atermoie et devient songeur ; on se sert de lui – c’est l’histoire condensé de la femme et de l’homme. Au comble de ce rapetissement de la virilité, le récit connaît un dénouement surprenant autant que logique, où chacun retrouve la place dont il n’aurait jamais dû déchoir.

Un beau conte moral sur le mélange des sexes, en somme, et presque un apologue. Il est vrai que son enseignement serait, chez un lecteur plus mature et plus mâle que ce pauvre pâle adolescent d’homme qu’est Mateo, encore limité, contenu dans l’idée que le désir et l’amour ne gagnent rien à des prétextes de romantisme et à l’écoute des doctrines ; c’est tout de même, chez un auteur qui, semble-t-il, multiplia les libertinages et se targuait de n’avoir jamais supplié une femme plus d’une heure, une leçon pitoyable sur la manière dont un homme doit conserver son intégrité en s’empêchant de recourir à de spirituelles passions.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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La femme et le pantin

Un jour ma fille (trente ans) m’a regardé d’une manière que j’ai trouvée étrange, un peu fixement, puis soudain elle a planté ses deux beaux yeux dans les miens (qui sont beaux aussi), et m’a sévèrement dit : « Ecoute, papa, cette fois-ci tu vas arrêter les conneries (ça c’est quand la colère couve car elle est plutôt délicate et jamais vulgaire), tu n’as plus quinze ans, et tu vas enfin écouter les conseils clairvoyants (elle tient de moi) de ta fille, pour t’éviter d’aller encore te fracasser dans une improbable soi-disant histoire d’amour qui promet, je te le dis, d’être l’apothéose tragique de toute ta vie sentimentale ! » Eh bien vous le croirez ou non, ça m’a aussitôt fait penser à "La femme et le pantin", qui m’est revenue en pleine figure, avec les 5 étoiles que je lui avais alors mises dans le coin secret de mon cerveau, cerveau qui attendait pour des jours futurs mon inscription chez Babelio que je ne connaissais pas encore. Voilà, c’est ça ma critique.

Je vois que plusieurs lecteurs sont un peu plus rentrés dans le détail de l'oeuvre. Merci à eux.
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Aphrodite

Imaginez un lieu totalement dédié aux plaisirs érotiques.

Imaginez que le temps n’a de sens que de vouloir les satisfaire.

Que reste t’il ?

Des êtres sans amour et sans vertu.

Des êtres dont la laideur d’âme n’a d’égale que leur troublante beauté.

En souhaitant nous montrer le paradis, c’est au spectacle de l’enfer que nous convie Pierre Louys.
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Manuel de civilité pour les petites filles à l'..

Je viens de découvrir la plume de Pierre Louÿs, et je regrette qu'il soit aussi méconnu. Son manuel d'éducation est une véritable mine de conseils avisés. Certainement réprouvés par la morale et les bonnes moeurs, certes.

Un seul défaut, il se lit trop facilement. Pas assez de pages à mon goût, je suis frustrée et désire en lire davantage.

Bien entendu, à ne pas mettre entre toutes les mains, surtout celles des bien-pensants.
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Les Chansons de Bilitis

Supercherie littéraire au moment de sa publication, les Chansons de Bilitis furent un scandale et aussi un succès de librairie par le caractère érotique des poèmes qui prennent pour cadre les iles grecques de l'Antiquité.



Pastichant et s'inspirant des fragments de Sappho et d'autres poètes de cette époque, Louys met en place un recueil beaucoup plus construit qu'il n'y parait.

Ainsi, suit-on chronologiquement les émois amoureux de la poétesse : de son adolescence à l'âge mûr. Il se bâtit aussi autour de cycles qui ont pour centre une amante ou un groupe d'amantes.



Au-delà de son caractère érotique, on peut souligner une certaine modernité du texte car se présentant comme traduction, il présente en fait des poèmes en prose qui parfois se tournent vers ce que l'on pourrait appeler des descriptions poétiques.



Une oeuvre un peu oubliée aujourd'hui et qui a pourtant le mérite de continuer les pistes et chemins que poésie et érotisme avaient tracés depuis le XVI° siècle.
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Trois filles de leur mère

Horriblement, délicieusement décadent et furieusement immoral. À conseiller à toutes les bonnes âmes qui s'offusquent de tout et rien. Cette histoire invraisemblable d'un jeune homme qui tombe dans ls bras, les cuisses et le reste de ses voisines a des accents de vérité tout à fait dérangeants et politiquement indéfendables. C'est jubilatoire, drôle et magistralement écrit comme toutes les oeuvres de Pierre Louÿs.
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Les aventures du roi Pausole

Et si on dessinait un pont ?

Plus j'y pense plus j'estime que par bien des aspects de l'interrogation morale, la Symphonie pastorale de Gide et son très austère narrateur peuvent être rapprochés de l'oeuvre grandguignolesque de Pierre Louys, ami de jeunesse de Gide, parue 18 ans avant: Les aventures du roi Pausole.

Rien à voir ni dans le style, ni dans le caractère. Mais lisez et voyez.

Deux grands livres en tous cas.

Vive l'amour.

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Trois filles de leur mère

Excellent M. Louÿs, il m'a épaté, tant par le style que par le niveau littéraire.

Je me demande si le sulfureux n'est pas un brouillard pour masquer l'évidence car les situations scabreuses ne sont en aucun cas des passages excitants au contraire, par contre il soulève des points très important pour l'éthologie.

Accepter la différence, ce que font les animaux constamment, nous pas!

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Manuel de Gomorrhe - L'Ile aux dames

"Manuel de Gomorrhe - L'Ile aux dames" de Pierre Louÿs sont des textes inachevés. Les deux parties du livre (avec « la prière » de Man Ray en couverture) sont présentés sous la forme d'inventaires et concernent soit les expériences de l'auteur dans le "Manuel de Gomorrhe", soit les expériences de Fernande dans "L'île aux dames" qui a la particularité de disposer d'une "licence de foutre".

La description des trous du cul peut être drôle mais ça ne m'amuse pas quand il s'agit de petites filles dans les bordels.

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La femme et le pantin

Ceux qui avaient été séduits par les poèmes de Bilitis (Je ne parle pas du film...) seront déroutés à la lecture de ce livre. On est toujours dans un univers sensuel, voire érotique, mais bien plus âpre, plus dur et chargé d'intrigues.

Pierre Louÿs reste pour moi un écrivain étonnant, qui livre une oeuvre intéressante mais je ne sais toujours pas vraiment où il voulait aller.

C'est un poète, un esthète, certainement, mais je ne suis pas sûr d'avoir saisi la cohérence de son oeuvre...
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Les aventures du roi Pausole

"Attention, roman euphorisant !" clamait le petit papier ornant la couverture de ce livre, en librairie. Voilà la manœuvre commerciale éhontée à laquelle se sont livrées les éditions Garnier Flammarion. Et ça a marché : j'ai saisi le livre, contemplé l'illustration, lu la quatrième de couverture ... (Pour les voir, il suffit de cliquer ici) Et me voilà partie avec. J'ai gardé le petit papier, afin d'orner certains livres avec, dans de viles manœuvres d'auto-persuasion.

Et alors ? Au bout du compte ? Eh bien, ce fut une très agréable (et surprenante) découverte. Pour un roman publié en 1900, Les aventures du roi Pausole garde un ton très XVIIIème : conte à portée philosophique, dont l'intrigue se résume en deux lignes et qui fournit le prétexte à des digressions et autres conversations livrées d'un ton léger et badin, quand ce n'est pas un peu polisson ... On se croirait parfois chez Voltaire (d'ailleurs cité à titre parodique) ou chez Diderot. Cependant, Pausole se présente comme un ouvrage contemporain, le roi du pays de Tryphème est contemporain et voisin d'Emile Loubet, président français de l'époque. C'est juste que son pays ne figure pas sur les cartes, il est trop prospère pour ça ... Cela pourrait attirer les touristes ... Alors les géographes ont préféré laisser ce pays en bleu, dans la Méditerranée - comme les critiques littéraires montent des "conspirations du silence" contre les "œuvres fortes", ne manque pas d'ajouter l'auteur. Et à Tryphème, ce pays imaginaire si proche de la France, règne un roi débonnaire qui souhaite avant tout le bonheur de son peuple, en proix au démon de l'incertitude. C'est pour cela qu'il a 366 femmes : une pour chaque jour de l'année, et une prévue pour les années bissextiles. Cela lui évite de se confronter à la perspective d'un choix ... Souverain double, Pausole accorde et recommande une grande liberté de moeurs à tous ses sujets, et le code pénal de Tryphème se résume à deux articles : "Ne nuis pas à ton voisin. Cela étant bien compris, fais ce qu'il te plaît." On ne fait pas plus simple et plus compliqué. En cela, le personnage du roi illustre bien les problèmes complexe que sous-tendent ces déclarations : tandis que les Tryphémoises se promènenent avec pour tout vêtement un mouchoir sur la tête et des mules aux pieds, il interdit cette tenue à sa fille ; de même, alors que mariage et monogamie ne sont pas particulièrement recommandés dans son pays, il est interdit aux femmes de son propre harem de voir des hommes, hormis la seule nuit par an qu'elles passent en compagnie du roi. Cependant, Pausole règne sans se questionner, faisant justice sous un cerisier plutôt que sous un chêne (parce que cet arbre fait autant d'ombre qu'un autre et qu'en plus, il donne de bons fruits) jusqu'à ce que son petit monde s'écroule.
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Les Chansons de Bilitis

A la fin du XIXeme siécle, Pierre Louys jeune auteur français d'une vingtaine d'année publie un curieux ouvraege qui fait sensation : un recueil de poésie de la Grèce antique composée par une mystérieuse Bilitis, poétesse contemporaine de la légendaire Sappho, dont l'archéologue allemand M. G. Heim aurait récemment retrouvé les fragments dans un tombeau. le succès est imminent, les critiques sont conquis tout comme les chercheurs et savants de l'Antiquité ravis de la redécouverte d'une nouvelle voix du passé refaire surface au présent... l'histoire était trop belle pour être vrai car effectivement Bilitis n'a jamais existé. Eh oui, ce farceur de Pierre Louys a inventé le personnage et ses écrits qui en sont d'autres que sa propre main ! Ce canular est réussi puisqu'il faudra attendre longtemps avant qu'on ne met à jour la supercherie mais entre-temps l'auteur devient célèbre et se paye avec moquerie de la tête de ses contemporains qui sont tombés dans le piège. D'ailleurs les germanistes vont me remarquer que même le nom du l'archéologue convoqué trahisse toute la machinerie puisque Geheim veut dire en allemand secret... Quand bien même qu'aujourd'hui on est au courant de la fausseté, le recueil vaut toujours le détour pour sa qualité littéraire tout comme l'érudition qui y transpire dans les vers.

En effet, aussi fictif que soit la vie de Bilitis, cette jeune fille de Pamphylie (la Turquie moderne) qui quitte son village et son quotidien de paysanne bucolique pour y mener une vie insouciante à Lesbos avant de terminer en riche courtisane à Chypre, ses vers sont d'une poésie riche, délicate et merveilleuse et qui imitent à merveille tout en lui rendant hommage aux poètes de la Grèce Antique comme Méléagre (traduit d'ailleurs par monsieur Louys durant la même période que la supercherie), Archiloque, Rufin, et bien d'autres... et évidemment surtout à la plus éminente d'entre tous, la belle Sappho dont l'esprit y imprègne le recueil, Sappho qui apparait d'ailleurs dans le poème 'Psappha" ou Bilitis se réveille après avoir partagé sa couche...

Car l'amour est le thème majeur du roman. L'amour entre les hommes et les femmes bien sûr, qu'il soit sincère, violent, passionnel ou simplement monnayé, mais surtout l'amour entre femmes que ce soit sa romance éperdue avec Mnasidika dont elle consacre une dizaine de poèmes ou les soirées qu'elle passe avec ses consoeurs quand elle ne dort pas avec un client dans sa vie d'hétaire, les sentiments lesbiens, la tendresse d'une caresse de l'amante généreuse, tout cela est exprimé d'un érotisme sensuel mais jamais explicite et parfois discret. Bien entendu, c'est sous la plume d'un homme avec les fantasmes émoustillants de son époque (le XIXeme siécle était fascinée par le saphisme suite à la redécouverte des poèmes de notre poétesse de Lesbos, qu'on pense déjà aux versets des Fleurs du mal consacré aux femmes lesbiennes par Baudelaire qui lui valut des soucis) mais il évite la crudité et la vulgarité et loin de traiter cela comme une déviance (bien qu'il la place sous l'argument du " c'était une autre époque" pour laisser ses penchants fantasmatiques ouverts...) il en exprime avec splendeur et douceur.

Cependant, le recueil est avant tout un hommage à l'anthologie grecque, une anthologie des poèmes antiques allant du VIeme siécle avant notre ère jusqu'à la fin de l'empire romain, dont Louys était un fin connaisseur et amateur et qu'il imite avec brio : par les rondes de Pamphylie "Les danses au clair de lune", les activités pastoraux des villageoises "Chant Pastoral", la vénération aux esprits de la nature "Les Fleurs" et les badineries de bergers et autres joueurs agrestes de flûte "La Flute de Pan", c'est les bucoliques de Théocrite qui est reproduit dans sa délicatesse : par les danseuses de Mytilène " La danse de Glottis et Kysé" , la séduction de Mnasidika "Les Trois Beautés de Mnasidika" ainsi que les ballades sur la blanche plage "Promenade au bord de la mer" c'est la solennité quoique légère par moment des élégies de Callimaque : et par les plaisirs de Chypre " le Triomphe de Bilitis" couplé de la mélancolie de la courtisane face aux amours perdus" le Souvenir de Mnasidika" c'est les épigrammes enjouées d'Anacréon qui sont ressuscités. Les sentiments de la Grèce Antique, sa piété aux forces de la nature, ses joies et peines amoureuses, la truculence des rencontres entre clients et prostituées ou ces dernières se moquent d'eux, tout nous est restitué dans la prose poétique de l'imaginaire et fantasque Bilitis. Certains poèmes peuvent parfois choquer comme "La Petite Marchande de rose" ou une petite fille vend son corps à des garçons ou "Le Sommeil interrompu" et "La Violence" qui est sur un viol mais la majorité des poèmes ne sont pas scandaleux et immoraux et témoignent de la vision de l'amour et de la sensualité par les anciens qui est loin d'être archaïque et qu'on partage encore . On frémit, on pleure et on sourit avec Bilitis, on se lamente avec elle lors de ses chagrins et de son constat sur son corps qui dépérit, on exulte avec elle sur le triomphe de ses charmes et le bonheur avec Mnasidika, on prie avec elle quand elle est fait acte de piété à Astarté ou à Aphrodite, elle n'a jamais existé certes mais quand on lit ces vers elle le devient avec nous le temps de la lecture et on la quitte avec regret lorsqu'elle est au tombeau.

Car j'aurais aimé qu'il y ait plus de poèmes sur elle, enfin écrit par Bilitis. Il y a certes l'existence des chansons secrètes de Bilitis que Louys ne publia que longtemps après car elles appuient davantage sur le coté érotique que le recueil mais ce sont des nouvelles versions de poèmes existants. Je peux dire aussi que je regrette notamment qu'on explore guère le coté maternel de Bilitis, qui n'es dédié qu'à un ou deux poèmes, quand on sait qu'elle mène une vie riche, on aurait bien aimé voir plus sur les sentiments maternels.

C'est une très belle découverte littéraire d'un auteur réputé pour décrire avec brio la sensualité dans toute sa grâce et un joli pastiche qui honore la poésie antique à lire auprès d'un soleil couchant à lire. Puissiez-vous vivre les bonheurs et malheurs de Bilitis et ainsi ressentir un instant l'âme d'une civilisation.
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La femme et le pantin

Le sujet est connu, le titre parle de lui-même. Un voyageur français en Espagne croise une femme, et un homme lui raconte leur passion commune. Passion qui lui a fait connaître toutes les humiliations, toutes les cruautés, frustrations et jalousies, dispensées par une femme, Concha, qui semblait ne prendre plaisir qu’à le faire souffrir de toutes les manières imaginables, sans qu’il puisse sans détacher. Avant de trouver peut être la clé lui permettant de s’en faire aimer.



Une sorte d’histoire où le chemin de l’amour et du plaisir est la souffrance, morale et psychologique pour Mateo, physique pour Concha. C’est un peu l’époque dans laquelle ce genre de récits, femme fatale tirant plaisir de la souffrance et l’humiliation de son partenaire, fleurissent, comme L’esprit de la terre de Wedekind ou Le professeur Unrat d’Henrich Mann, qui seront repris un peu plus tard par le cinéma, et immortalisés par Louise Brooks et Marlène Dietrich (qui joua aussi dans l’adaptation de La femme et le pantin de Sternberg). Même si l’image de la femme dangereuse et destructrice, jouant de ses charmes pour mieux annihiler l’homme, semble présente depuis que l’humanité existe (rien que dans la Bible, on en trouve pléthore, on peut citer Judith et Salomé, cette dernière étant d’ailleurs reprise par Oscar Wilde, à peine cinq ans avant la parution de La femme et le pantin), la charnière fin du XIXe et le début du XXe siècle semble avoir particulièrement développé cette thématique.



Une thématique interrogeante si on la replace dans une réalité sociale, historique ou même actuelle, dans laquelle ce sont les femmes qui sont infiniment plus victimes des violences, dominations ou sujétions de tout ordre de la part des hommes. Et pourtant l’image de la femme forte, dominatrice et dangereuse, hante, ou fait fantasmer l’imaginaire masculin.



La femme et le pantin propose un cadre très intéressant à cette question. Mateo est un homme, à l’aise sur le plan matériel, sans doute instruit, visiblement dans une position sociale privilégiée qui lui permet de ne pas travailler, de voyager à sa guise, de satisfaire ses envies. Concha est une toute jeune fille, pauvre, en bas de l’échelle, qui n’a pas du vraiment fréquenter les écoles. La scène de la manufacture où elle travaille à un moment est peut être la plus forte pour poser l’opposition entre eux. Toutes ces femmes, à la fois soumises aux contraintes d'un travail difficile et mal payé, et en quelque sorte offertes comme des objets aux désirs masculins, enfin aux désirs de ceux qui sont suffisamment riches et reconnus pour pouvoir pénétrer dans ce lieu, regarder et éventuellement faire leur choix. Et pourtant c’est Concha qui va mener le jeu.



Le roman de Pierre Louÿs se distingue peut être quelque part par une absence de fin tragique, Mateo ne peut se passer de Concha et elle ne peut se passer de lui. Simplement ils ont un fonctionnement que n’est pas celui que la plupart des gens vont adopter. Mais quelque part, ils trouvent une manière d’équilibre, tout en ruptures et violences, faisant intervenir d’autres protagonistes, pour Mateo en récusant le plaisir qu’il en tire (Concha est au final moins hypocrite).



Intéressant et vraiment bien écrit, d’une façon très ramassée, sans superflu.

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Aphrodite

Dans l'oeuvre – et dans la vie – du très porté sur le sexe Pierre Louÿs, les prostituées occupent une admirable place. Le bonhomme, qui tenait méticuleusement un carnet des femmes avec qui il a couché, aurait ainsi connu 800 femmes en 5 ans, dont 798 prostituées. Il rêvait d'un monde où les choses du sexe ne soient plus recouvert d'un voile de honte, où le corps des femmes soit quasiment divinisé.



L'introduction de cet Aphrodite rappelle quelques uns des points de la philosophie personnelle de l'auteur, et son espérance d'une société sensuelle, où la sexualité n'occuperait plus une place à part et honteuse de la vie quotidienne.



Il met en scène une courtisane (= prostituée) dans une Alexandrie antique largement fantasmée. Celle-ci, pour conquérir le coeur d'un des hommes les plus beaux et puissants de la ville, usera d'un stratagème aussi simple qu'astucieux : se faire remarquer en étant dédaigneuse auprès d'un homme trop habituée à qu'on lui courre après. C'est un peu le « Fuis moi, je te suis ; suis moi, je te fuis » rendu de façon littéraire et érotique !



Ce bouquin est assez étrange. La plume de Pierre Louÿs est très classe, d'un érotisme distingué et omniprésent. Les filles y sont nues plus que de raison, quel que soit leur âge, et la proportion de courtisan-e-s (il y aussi quelques hommes) parmi les personnages rencontrés est impressionnante.



On peut lire ce livre comme une sorte d'hommage aux prostituées et aux corps des femmes. On sait que Pierre Louÿs croyait au sexe comme on croit en Dieu, avec une recherche constante d'idéal et beaucoup de dévouement.



Certains passages sont un peu gênants toutefois, avec une approche assez misogyne quand il sous-entend que les femmes sont fait pour l'amour physique, et incapables de rien d'autres. Sous sa plume c'est positif, puisqu'il adore les femmes et que l'amour physique est l'activité la plus louable qui soit... mais bon.



En conclusion : un livre étrange, distingué, avec un érotisme chic écrit par une très belle plume.
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Manuel de civilité pour les petites filles à l'..

Voilà sans doute l'oeuvre la plus subversive de l'étrange monsieur Pierre Louÿs. Parodiant les manuels d'éducation/morale de son époque (1er tiers du XXe siècle), l'auteur entreprend, en un florilège de phrases aussi courtes que percutantes, d'éduquer à sa façon les jeunes filles. L'occasion d'évoquer les amours et pratiques de ces filles, toujours plus osées et coquines, pour ne pas dire cochonnes. Homosexualité, masturbation... et même inceste, pédophilie... tout y passe dans l'un ou l'autre des textes !



En plus d'être délicieusement osé, ce petit livre des éditions Allia est très bien écrit (Louÿs a un sens de la formule exceptionnel) et souvent très drole !
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Manuel de Gomorrhe - L'Ile aux dames

Il y a en fait 2 livres dans cet ouvrage. Le premier, "Le Manuel de Gomorrhe" est un hymne à la sodomie, pas mal écrit.

Le second, "L'Île aux Dames", une île imaginaire où les femmes font la loi. J'ai adoré les "Parc à foutre".
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