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Critiques de Raymond Carver (211)
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Les Trois Roses jaunes

Tchekhov, mon chouchou de la dernière année, m’a conduite à Carver, ce dernier ayant été surnommé le « Tchekhov américain ». Force est de constater la parenté littéraire, mais pas que. Les deux auteurs proviennent de milieux prolétaires et ils sont morts trop jeunes, l'un de la tuberculose l'autre d’un cancer du poumon, deux grands maux de leur époque respective. Surtout, ils excellent tous les deux dans l’art de la nouvelle minimaliste, sans un mot de trop, mettant en scène de petites gens qui n’en vivent pas moins de vastes tourments.



Sans surprise, ma rencontre avec Carver relève du coup de cœur. Les sept nouvelles du recueil sont excellentes. J’ai beaucoup aimé la nouvelle éponyme, Les trois roses jaunes, qui raconte les dernières heures de Tchekhov, mais ce sont toutes les autres, au « je », qui m’ont le plus frappée. Le bout des doigts est ma préférée. Son histoire est simple et banale : une femme quitte son mari. Son traitement est fantastique : un mélange parfaitement orchestré d’angoisse, de folie, de tristesse et de résignation, avec une touche d’humour. Pour n’en retenir qu’une, l’image de l’apparition dans le brouillard d’un cheval échappé broutant la pelouse du couple est d'une beauté saisissante.

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Poesie

« Poésie » réunit trois recueils écrits dans la seconde partie de sa vie (1977-1988). Il vit avec Tess Gallagher Il a arrêté l’alcool.

La sobriété lui permet de retrouver un second souffle créatif. Il se met sérieusement au travail, passe ses journées à écrire de la poésie. Tess Gallagher sa compagne lui procure l’environnement idéal. Equipé de sa machine à écrire, il tisse, il invente une identité propre. Authentique et audacieuse. Raymond Carver est un observateur du monde et de la langue. A travers la forme et l’esthétique, il communique sa vie émotionnelle, son expérience. La plupart de ses poèmes évoquent l’instant présent, le désir, le bonheur, la mémoire mais aussi la solitude, l’addiction à l’alcool. Certains poèmes ont de l’ampleur par leur forme et leur vision. C’est un homme qui regarde son environnement du sommet de son expérience et avec détachement.

Ce que je ressens c’est la fragilité humaine. Mon texte préféré est « Bonheur en Cornouailles »
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N'en faites pas une histoire

Pour découvrir un écrivain, rien de mieux qu'un ouvrage composé de différentes formes d'écriture. Raymond Carver est un écrivain américain, poète, nouvelliste, éditeur. Il est décédé en 1988. Sa vie n'a pas été facile. Comme beaucoup d'écrivains, il est pétri de doutes, autodestructeur. Il fume et boit beaucoup. Dans ces écrits, nouvelles et poèmes, Raymond Carver recourt à sa propre histoire et celles de ses proches et amis pour construire ses textes de fiction. C'est un observateur de son époque et des gens qui la compose. Il vise à établir une communication avec son lecteur. Ses thèmes d'un réalisme traditionnel sont la famille, la relation de couple, le sexe, la mort, l'argent. C'est une narration orale qui est servie par une fluidité des mots et des phrases. Il y a de la tendresse malgré tout. Une humanité transcendante. Pour Raymond Carver, écrire est un besoin, un refuge.
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Parlez-moi d'amour

Carver pose le cadre en quelques lignes : une maison, un salon, un cendrier et un bouteille de Scotch. Un couple qui se déchire, un autre qui s'ennuie...



S'il y a quelques nouvelles qui tiennent la route, le reste me paraît fade et sans saveur, vite oublié.



Côté nouvelles américaines, je préfère Salinger qui mène les dialogues et le situtations avec plus de talent.



Déception pour cette lecture qui me laisse un goût amer.
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Les Vitamines du bonheur

C’est mon père qui m’a conseillé ce Carver. Ou plutôt non, il m’a dit : « Tiens, j’ai lu un recueil de nouvelles d’un certain Raymond Carver. C’est peu banal. Ça ne parle pas toujours de grand-chose, mais c’est curieux. » J’ai jugé ça un compliment, alors j’ai acheté. J’aurais dû me méfier. Il y a cinq jours, quand j’ai eu papa au téléphone et que je lui ai dit que je m’apprêtais à lire ce livre, c’est à peine s’il se souvenait de quoi je parlais. Et puis, au bout d’un moment, il a répondu à peu près : « Oh ! tu sais, c’est juste que ça m’a paru original, sur le coup. »

Après ça, j’aurais dû me double-méfier. Mais c’était trop tard : le livre était acheté.

Pour être original, ça l’est ! Mais mon père, qui est un habitué des polars et qui semble au surplus y prendre un certain plaisir (malsain compte tenu de ce que sont la plupart des polars aujourd’hui), doit manquer quelquefois de sens critique, ou bien, mû par une sorte de naturelle bienveillance, il surévalue ce qui lui paraît simplement surprenant.

Ah ! pour être surprenant, ça l’est aussi !

Vraiment, si on ne m’avait pas dit que Raymond Carver était un alcoolique patenté, je crois que je l’aurais deviné, à force d’y songer : son recueil est originalement surprenamment anodin et fadasse. Certes, c’est même à peine si, dans un genre qui doit valoir par la consistance et par la chute, on peut ici parler d’intrigue ! En gros, tous les récits sont la resucée d’une seule et même idée : un personnage généralement masculin se situe à un moment de sa vie morne et problématique, et tandis qu’il est enferré dans une logique morbide et valétudinaire, il fait une rencontre plutôt banale, et il en ressort un peu moins morose sans plus – et voilà. Au risque de me répéter, d’être impitoyable, de ne pas me soucier des minorités, des victimes et des handicapés qu’il faut plaindre dans notre société, et d’être en somme de nouveau si cruellement « intempestif », je trouve vraiment que ce recueil pue à plein nez l’insuffisance alcoolique : j’y sens une forme de contentement de l’ordre de la mise à l’épreuve littéraire, et je n’en sors, moi, nullement transfiguré ! Que les auteurs, bon sang ! fassent leur thérapie d’autre façon qu’avec des bouquins ! Une cure de désintoxication, ça ne se fait une plume à la main qu’au détriment de l’esthète alors atterré !

Le style est pauvre, sans souci de littérarité ou de minutie – phrases courtes, vocabulaire restreint, répétitions, pas une tournure étonnante ou neuve (c’est même cela qui est étonnant !) : une copie sur deux environ d’une classe de cinquième fait à peu près mieux (sincèrement, j’ai fait de la correction une heure cet après-midi, et je puis vous montrer, preuve à l’appui, que je n’exagère pas). La narration est piètre en dépit d’une habitude patente où se distinguent quand même tous les automatismes de l’écrivain, mal dosée, appesantie inutilement sur des actions désespéramment minuscules et vaines et puis passant juste après au récit du lendemain ou de la semaine suivante – cette manie de perdre son temps et celui des lecteurs avec des faits stupides, ridicules et pas même symboliques m’est personnellement insupportable. Les histoires sont médiocres, au point qu’on se demande s’il faut réfléchir pour les écrire ou seulement se laisser porter autant de fois qu’il y a de récits par le lointain souvenir d’un même rêve. Évidemment, comme mon père sans doute, on peut se laisser aller à croire qu’en l’absence de tout intérêt apparent, il doit à tout prix se trouver là quelque morale cachée, quelque leçon de vie, quelque nécessité première… C’est à mon sens tout le bluff de ce genre d’ouvrage de faire accroire en sa profondeur, parce que justement la profondeur y est indiscernable, parce qu’on serait censé tirer soi-même quelque enseignement essentiel de ce banal-superficiel-illusoire-et-captieux ! Et c’est aussi probablement ce qu’on appellerait : accorder à la réputation d’un homme célèbre son éternel « bénéfice du doute », mais cela ne prend pas avec moi : quand on a confiance en son jugement, on ne s’efforce pas d’être laudateur pour complaire à une rumeur ou à une multitude. Oser dire, par exemple, et sincèrement : « Molière était mauvais », voici quelque brillant indice d’indépendance et de grandeur.

Ici, c’est nul, vide, ça paraît écrit en série sur une terrasse de café avec trop de soucis en tête, en plein état dépressif et hypotonique. On tombe certes par hasard sur des passages éloquents, mais c’est à peu près inévitable et ça tient tout à fait des probabilités normales. Non seulement on espère une amélioration qui ne vient pas, mais on découvre que les récits sont tellement semblables qu’on ne les distingue plus : rarement suis-je revenu à un recueil en ayant oublié le début de la nouvelle en cours… et en peinant même à me le rappeler après coup ! Ce réalisme cru sans imagination qui passe on ne sait pourquoi pour du courage et du style m’importune particulièrement par le modernisme vantard qu’il semble suggérer : « Voyez, gueule l’auteur insipide, je parle du monde et de la vie contemporaine, c’est même si chiant que c’en paraît tout à fait vrai ! C’est bien la preuve que je suis un remarquable conteur de réalité ! »

Eh bien ! qu’il reste permis de ne pas adhérer à un pareil constat d’enthousiasme : si j’ai besoin, moi, de la narration d’un homme qui marche dans sa cuisine pour aller chercher un coca (avec tous les gestes par lesquels cet homme ouvre et saisir sa canette), j’ai mieux à faire que d’aller la lire ; suffit que j’aille dans ma cuisine et que je me serve effectivement un coca ! Pour l’interprétation littéraire, c’est autre chose, certes, et l’on sait depuis longtemps qu’on peut faire dire n’importe quoi à n’importe quel texte, mais s’il ne s’agit comme ici que de raconter et de décrire ce que fait tout le monde et d’une façon dont tout le monde est capable, je ne vois pas pour quel motif je perdrais mon temps à ouvrir tel livre : en ouvrir un autre, plutôt.



P.-S. : Un éditeur a dû trouver plus chic d’intituler ce recueil Les Vitamines du bonheur que Cathédrale, son titre d’origine. Je dis cela et je ne dis rien d’autre, de façon qu’on entende bien une fois de plus ce qu’est un éditeur.
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Les Vitamines du bonheur

Si vous avez le moral dans les chaussettes, évitez d'avaler ces vitamines du bonheur, c'est un conseil !



Voici en effet douze nouvelles mettant en scène des personnes ordinaires confrontées à des drames de diverses natures (des difficultés de couples, des addictions, la perte d'un enfant,...).



En dépit de cette relative noirceur, j'ai personnellement apprécié ce recueil, déniché  dans une boite à livres, et plus particulierement les nouvelles intitulées "C'est pas grand chose mais ça fait du bien" et "La bride". J'ai trouvé qu'il s'en degageait beaucoup d'humanité, avec des protagonistes très courageux malgré les épreuves traversées.
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Neuf Histoires et un Poème

** Replay **

La citronnade: replay en poésie, frais & acide

oh j'aimerais tellement tellement refaire le chemin à l'envers,

et si et si

trouver consolation en le continuant à l'endroit, j'y arrive pas

ou en lui en inventant une autre fin.

"Ce serait une trop grande douceur.

Alors je me rappelle à l'infini

ce moment où

la vie était douce,

ce moment où

il m'avait été donné une autre vie"

- mon fils -



Concentré d'émotions

en quelques mots sur la perte d'un être, sur ce sentiment de culpabilité,

sur ces interrogations à l'infini, sur cette envie de ne plus être,

(à lire en français comme une nouvelle)

Condensé d'émotions



Dans ce menu gastronomique découverte, 9 plats et 1 dessert

la grande force de Carver:

liberté, libre-arbitre accordé à chaque lecteur

de se projeter sur son propre écran intérieur, en intimité

Il résonne comme un Hopper, superbe --- la couverture,

dans cette solitude de glace (s), chacun seul, en face à face.



Jean-Pierre Coffe, ressuscite, made US,

- confiné, il débarque, inspecte notre frigidaire

et nous concocte ( ! surprise !)

un repas nouvelle cuisine

en 9 assiettes individuelles

ou tupperwares, à mettre au congélateur.

( + dessert )

et c'est goûteux



Pour la saveur aigre-douce de l'ensemble du menu,

"compliments" au Chef Carver,

Quel univers singulier, particulier, codifié

que celui de la nouvelle (réussie)



Merci de me l'avoir fait découvrir



** Replay **

Il aurait été plus simple de faire mention

* soit de Short Cuts, the movie --- impossible de figer Carver à l'écran, c'est un moment qui passe à imaginer, à continuer ou à prendre tel quel

Vol au dessus d'un nid de coucou ?



* soit de la définition-même de la nouvelle dont

Carver semble se moquer librement en la respectant à la lettre et à l'esprit - càd en la réinventant totalement - le plus percutant exemple dans ce recueil serait "tais-toi je t'en prie" où seule, la pensée seule (solitude) est le personnage en mouvement, le reste est accessoire



** La poésie, citronnade, moins réussie en termes de sonorités, surtout en français, est une démonstration "accessible" de l'esprit de l'auteur et une des raisons de la maison d'édition de la rajouter à ce recueil.
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Tais-toi, je t'en prie

Recueil de vingt-et-une nouvelles dont les titres sont des reprises de motifs ou de phrases qui apparaissent dans chacune d'elle, çà vous a un petit côté ludique. Hormis cela, ce n'est guère un tableau réjouissant qui nous est fait ici de la médiocrité ordinaire de vies sous le boisseau des contingences journalières. Difficile de plonger dans ces petits textes qui par leurs sujets et leurs personnages n'ont pas vocation à ressortir d'une banalité commune, même pour ceux, enclins à la lecture du format spécifique des nouvelles, assez peu couru des lecteurs d'aujourd'hui, il faut l'avouer. Sans allez jusqu'à prétendre qu'il faille lire d'urgence cet opus et qu'il ne vous laissera pas indemne comme l'affirme pompeusement la quatrième de couverture, on peut mettre en avant la réussite de certains de ces textes, et concéder que la certaine homogénéité thématique du volume apporte une image très évocatrice du quotidien pas toujours enthousiasmant, que l'on a, de quelque manière, en partage.
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Les Vitamines du bonheur

C'est avec ce recueil de nouvelles que j'ai découvert Raymond Carver.

C'est avec lui que j'ai compris que l'on pouvait se montrer apparemment ( bis repetita) cynique et être empli d'espoirs et d'amour comme de désespoirs et de déceptions.

C'est avec ce recueil que la nouvelle est devenue un genre littéraire parmi mes favoris, vraiment.



C'est un grand classique, à lire avec curiosité, à relire, c'est un morceau de jubilation littéraire.

Ce bouquin est une pépite.
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Les Vitamines du bonheur

Philippe Djian l'ayant cité comme l'auteur américain qui avait motivé son désir d'écrire, j'ai cherché à découvrir Raymond Carver. Voila qui est fait avec ce recueil de nouvelles.



On développe rapidement de l'empathie pour les personnages tant on s'identifie facilement à eux. On se débat comme eux dans nos petites misères du quotidien, nos petites lâchetés, nos a priori.



Cette collection de 12 nouvelles se picore facilement et la qualité d'écriture est indéniable mais toutes n'ont pas retenu mon attention. Celles qui m'ont marqué sont plutôt « La maison de Chef », « C'est pas grand chose mais ca fait du bien », « La d'où je t'appelle », « La bride» et « cathédrale ».
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Parlez-moi d'amour

Et si on parlait d'amour, l'amour avec un grand A. Tellement d' autrices et d'auteurs l'ont magnifiquement écrit Shakespeare les sœurs Brontë et il y a Raymond Carver qui arrive avec ses gros souliers " Parlez moi d'amour".

Dans ce recueil de nouvelles l'amour est plutôt en fin de vie, une chronique d'une mort annoncée. L'amour c'est comme une ligne imaginaire chacun a son coté et quand une des deux personnes franchit cette ligne c'est la collision assurée. Cette fameuse ligne à ne pas franchir ça peut être l'adultère comme dans la nouvelle " rencontre entre deux avions " un père se confiant à son fils ( ma préférée) ou de " gloriette".

Une chose est sure l'alcool et l'amour ne font pas bon ménage, difficile de ne pas voir les problèmes de Carver avec l'alcool.

Dans ce recueil heureusement tout n'est pas noir " Au temps des oies sauvages" ou l'histoire de ce jeune couple qui se construit.

voila mon ressenti avec cette première rencontre avec Raymond Carver, son écriture percutante et concise pour un résultat brillant
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Qu'est-ce que vous voulez voir ?

Depuis qu’elles ont été retraduites, j’ai l’envie de lire ou relire les nouvelles de Raymond Carver, dont le souvenir s’est effacé. Tranquillement et pas dans l’ordre, puisque je commence par le sixième et dernier tome des œuvres complètes. Sa compagne Tess Gallagher a publié ces nouvelles après sa mort, elles lui ont semblé terminées puisque que, comme ils disaient entre eux : « Quand on se met à rayer des mots qu’on vient d’ajouter, la nouvelle est finie. » À chaque nouvelle que j’ai achevée, il m’a fallu marquer un temps pour les digérer, pour me repaître de leur harmonie… Et pourtant, leurs sujets ne sont pas de grandes aventures, mais des tranches de vies quotidiennes. Les hommes et les femmes y sont souvent en cours de séparation, se cherchant un espace différent où vivre leur nouvelle solitude ou faisant malgré tout une tentative pour rester ensemble. Les relations de voisinage ou d’amitié y sont bien présentes aussi.

Des textes intimes mais puissants !
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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Qu'est-ce que vous voulez voir ?

Cinq nouvelles inedites.

Pas toujours achevées.

Pas encore retravaillées.

Et tant pis, tant pis ! On s'en contentera allègrement. Retrouver les mots de Carver, se laisser bercer, les prendre comme ça, bruts et brillants. Ce n'est pas parfait, peut-être, pas aussi parfait que d'autres textes. Mais la perfection après tout...

Donc, voilà un recueil un peu décousu, c'est à dire sans réel fil conducteur, et j'avoue que ça me va bien. Des vies, de la vie en pagaille. Carver.

Une maison brûle puisque des amours s'effilochent.

D'autres foyers se quittent, pour essayer de se survivre, de s'aimer, de s'aimer encore un peu. Quand on a tout donné.

Voilà, c'est ça, Carver. Et c'est ce qu'on retrouve encore dans ce recueil. Cet amour brouillon, qui n'en finit pas de finir. La vie simple. Simple, vraiment, ça existe ? Non, pas du tout. C'est ce que Carver vous racontera. Comme personne.
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La vitesse foudroyante du passé

La poésie de Carver ressemble à de courtes histoires. Son style me laisse indifférente. "J'ai mis de côté du temps, aujourd'hui, comme tous les jours, pour ne rien faire du tout". Il y a des jours avec et des jours sans. Il écrit pour une femme, pour des amis, pour les autres.

Je suis dubitative.
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Qu'est-ce que vous voulez voir ?

Ce recueil de nouvelles fabriqué de toute pièce par l'éditeur français de Carver devrait n'avoir aucune cohérence. Et pourtant, il en a une. C'est comme si chacune des nouvelles partageait les même cellules, les mêmes gènes. On sent, derrière les mots, la singularité presque tyrannique d'un auteur qui cherche obstinément à donner à voir son monde. C'est précisément cela qui est merveilleux.



En apparence, les thématiques abordées par Raymond Carver ne sont pas très glamour : crise de la cinquantaine, difficultés de la vie en couple, alcoolisme, lassitude existentielle. Mais comme tous les grands écrivains de l'ennui, il n'est lui-même jamais ennuyeux. Ce qu'il raconte peut sembler banal, mais la façon dont il le raconte, elle, respire une profonde maîtrise de l'écriture et de ses ficelles.



Dans une langue d'une simplicité presque diabolique, Carver décrit parfaitement les relations complexes entre les êtres humains : des voisins qui se croisent en sortant leurs poubelles, un couple séparé après 15 ans de mariage, un vieil ami de lycée qu'on n'a pas vu depuis longtemps, un fils de presque trente ans qui revient désargenté à la maison…

La première fois que j'ai ouvert ce livre, j'étais dans le métro. J'ai oublié de sortir à mon arrêt. Rien n'aurait pu me faire lever les yeux de ces nouvelles – sinon peut-être le terminus de la ligne 11.



En le relisant (quelques mois plus tard), mesdames et messieurs, le charme opère toujours, la magie du texte ne s'est en rien estompée : je me sens à nouveau estomaqué. On sent que tout ça vient de très loin. Lorsqu'on fermera le livre, il restera quelque chose : un mystère dont on sait qu'il restera à jamais irrésolu.

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Tais-toi, je t'en prie

Avec ce recueil de vingt-deux nouvelles, Raymond Carver nous plonge au coeur du quotidien. Un ordinaire, ni éclatant ni lumineux, mais bien construit autour d’une vérité crue.



Ouvriers, magasiniers, caissiers, facteurs, commerciaux ou chômeurs, tous portent les mêmes interrogations sur le monde ou sur leur vie de couple. Dans des pavillons américains, des familles sont confrontées aux aléas du quotidien entre le règlement des factures, l’éducation des enfants ou la médisance des voisins…



Face aux ravages de l’alcool ou de la pauvreté, Raymond Carver dresse le tableau de ces familles américaines. Ces nouvelles, d’une profonde sincérité, mettent de côté tous les faux semblants.



A travers ces scènes d’un quotidien ordinaire, Raymond Carver dessine des portraits violents, cruels ou tragiques. Sous le prisme de la banalité, ces écrits vont nous en dire bien plus sur la solitude grandissante des êtres.



Portées par une belle écriture, ces nouvelles content des instants ordinaires parfois emprunts d’une désespérance sans limite.
Lien : https://memoiresdelivres.wor..
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Les Vitamines du bonheur

Un recueil de nouvelles pour entrer dans l'univers sombre et décalé du grand Carver
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Poesie

On dit le vin gagne avec l'âge. Certains écrivains aussi. Raymond Carver que l'on connait surtout pour ses nouvelles, a réalisé quelques recueils de nouvelles, dont le dernier volume de la série en publie 3 : Où l'eau s'unit avec l'eau, La vitesse foudroyante du passé et Jusqu'à la cascade. Les deux premiers sont tout à fait remarques ! Je dirais même que certains poèmes déplacent quelques-uns des recueils de nouvelles au second plan dans l’œuvre de Carver, c'est pour dire.



On retrouve une écriture avec une concision encore plus extrême, il ne reste que l'essentiel. Pour les lecteurs du nouvelliste, ce sont des thèmes connus, des histoires où les personnages se déchirent, avec beaucoup d'alcool, de cigarettes, mais à y regarder de plus près, les poèmes les présentent sous un nouvel éclairage. Une sorte de distance ou de retenu. C'est ici que quelques éléments de biographie permettent de saisir ces subtiles transformations. Ces trois recueils sont écrits à la fin de la vie de Carver, lorsque les tracas sont derrières lui. En plus, il a Tess. À ce sujet, Ray Carver me fait beaucoup penser à Tom Waits, chanteur dont les premières années ont été follement remplies, à tel point, que s'ils continuaient dans cette direction, cela aurait pu mal finir. Tant l'un que l'autre, une Tess ou une Kathleen Brennan, leur ont permis de poursuivre la route un peu plus longtemps que prévu et surtout, d'accomplir des choses formidables.



C'est pour cette raison aussi, que le ton change, ils s'approchent même parfois de la mièvrerie, mais connaissant la vie qu'ils ont vécue, ces instants de bonheur ont une autre saveur. Il y a aussi une sorte de mélancolie douce, lorsque l'on sait que l'on ne recevra plus de coup, que nous sommes désormais protégés. 



Dans ces 3 recueils, Carver ressasse des histoires que l'on connait déjà, le type qui se trouve dans une maison louée, obligé de partir ou une soirée qui se termine mal, avec la gueule de bois, ou encore les quelques moments paisibles à pêcher, ou, ou, des souvenirs avec son père, son fils, son ex-femme... rien de neuf sous le soleil, mais Carver fait l'effort de les fixer avec une précision encore plus grande, avec une netteté comme s'il savait que ce serait la dernière fois qu'il pourrait raconter ses histoires. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'ai moins apprécié le 3e recueil - jusqu'à la cascade. Carver se sait malade, il sait que ses jours sont comptés et, par conséquent, écrit pour la postérité, pour Tess qui restera après lui. Il m'a semblé l’exercice un peu forcé, mais pour ceux qui ont lu une bonne partie de son œuvre, le voir écrire/tenir jusqu'au bout, ça l'a quelque chose de touchant.
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Tais-toi, je t'en prie

Il y en a un qui achete des cigarettes. Un autre qui décide d'arrêter de fumer.

Des amours qui commencent et d'autres qui peinent à finir.

De l'alcool, des rires, des angoisses.

Du temps qui passe.

Il y a tout dans les nouvelles de Carver. La vie toute entière, brutale et illuminée.

Une écriture vivante, une des plus vivantes que je connaisse. Des dialogues réalistes. Pas une phrase qui ne sonne pas juste, pas une phrase qui ne soit parfaitement ciselée, précise. C'est beau comme un poème. Comme un poème de Carver, tiens, pourquoi pas.

On l'aura compris, j'ai une tendresse folle pour cet auteur.

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Parlez-moi d'amour

Souvent auréolé d'une étiquette d'écrivain minimaliste, Raymond Carver (1938-1988) est de ceux pour qui les mots sont comptés. Partisan du mot juste, n'en déplaise aux amateurs de fioritures, il aura consacré l'intégralité de sa carrière littéraire à la nouvelle et à la poésie. Il disait d'ailleurs à ce propos que "dans un poème ou une nouvelle, on peut décrire des objets parfaitement triviaux dans une langue on ne peut plus banale, mais d'une grande précision, et doter lesdits objets d'une force considérable, et même confondante." Qui peut le moins peut le plus ; et toute la puissance du style Carver s'embrase. Parlez-moi d'amour est le troisième recueil de l'écrivain, publié aux Etats-Unis en 1981, celui qui le propulsera sous le feux des projecteurs, en l'adoubant maître incontesté de la short story.





Les dix-sept nouvelles compilées dans ce recueil font entendre les histoires des émargés du rêve américain, elles font éclore la terrible lassitude de ceux qui sont restés sur le quai. Les personnages sont formidablement ordinaires, nimbés de désillusion et de mystère, en quête perpétuelle d'un bonheur idéal qui semble systématiquement les devancer. Carver décrypte l'insondabilité des rapports humains, il passe au crible les passions ordinaires qui secouent des vies dramatiquement banales. Étrangement détaché, l'auteur a la syntaxe évasive mais incisive. Entre monotonie et lassitude, il devient l'alchimiste de l'ordinaire ; sous sa plume le néant devient enchanteur. 



Carver réussit le coup de maître de faire de la littérature de l'insignifiant un art premier, du minimalisme un style magistral. L'écrivain a révolutionné l'art de la nouvelle en faisant du quotidien sordide et du silence désespérant un laboratoire d'expérimentation stylistique ; il y trouva d'ailleurs probablement une exorcisation cathartique à sa propre histoire. Celui qui lit Carver se retrouve forcément dans ses lignes, confronté malgré lui à son propre vide, et il refermera le recueil tout étonné d'avoir été percé à jour, un peu amer, un peu usé, profondément marqué. 
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