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Citations de Roger-Pol Droit (345)


Dans l’évolution de la philosophie, vérité et bonheur se sont séparés. En cherchant la vérité, les philosophes avaient cessé de croire qu’ils traquaient le bonheur. En faisant de la philosophie, ils ont arrêté de penser qu’ils transformaient leur existence, métamorphosaient leurs désirs, changeaient radicalement leur rapport à soi comme leur rapport aux autres. Ils travaillaient des concepts, élucidaient des notions, élaboraient des démonstrations. Ils œuvraient à distinguer le vrai du faux, non à stabiliser leur bonheur.
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La vérité – dans sa perfection, sa nudité – fournit une béatitude. La logique – dans sa cohérence, sa rigueur – rend la vie heureuse.
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 "La philosophie est une activité qui, par des discours et des raisonnements, nous procure la vie heureuse. "Cette formule de Sextus Empiricus (souvent attribuée, à tort, à Épicure), pourrait devenir la formule-clé de pratiquement toute l’Antiquité.
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La philo-bonheur a tendance à oublier la philosophie, l’histoire, la complexité du psychisme, la diversité des civilisations. Son bonheur est à la fois très fragile et cher payé. D’autant qu’il n’est pas sûr du tout, contrairement à ce qu’elle affirme, que la philosophie soit en mesure de le procurer. Cette belle assurance se heurte, en effet, à de nouvelles questions et objections.
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Combien de justes ou de têtes brûlées – peu importent leurs motivations – se sont jetés volontairement dans un malheur assumé, un risque effroyable, sans se soucier une seconde de leur bonheur ? Ou plutôt en le sabordant sans vergogne, résolument, fiers de vivre une aventure plus haute. La foule immense de ces hommes sans bonheur, satisfaits de faire leur devoir, ne se posant même pas la question de sauver leur peau, leur avenir et leur confort, plaide en faveur d’une grande fragilité de ce désir universel posé comme évidence par les nouveaux prêtres.
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Pour soutenir tout de go que tout le monde veut être heureux, et ne veut que cela, il faut encore un dernier oubli, celui de l’éthique. Dès qu’on la fait intervenir, en effet, il devient difficile de tenir pour assuré que le désir de bonheur est universel. En tout cas, le jeu se complique. Comment comprendre, si tout le monde, toujours, partout, veut être heureux, que tant de millions d’hommes aient préféré l’honneur à la vie ? La mort au combat au bonheur planqué ? Les risques des résistances au confort des soumissions ?
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Tuer, torturer, dépecer, faire souffrir sont aussi des jouissances que certains désirent comme telles. Se détruire, organiser son propre malheur, fuir tout ce qui pourrait permettre d’en sortir, et de guérir, s’accrocher obstinément, comme à son bien le plus précieux, à sa misère, sa déchéance, sa mort – ce sont aussi des réalités humaines. Elles ressortissent au domaine du négatif, dont les œuvres d’André Green, dans le sillage de celles de Freud, permettent de comprendre l’ampleur et la ténacité retorse.
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Il est peu intéressant, mais pas faux, de remarquer que tous les vivants préfèrent le plaisir à la douleur, l’agrément au tourment, la joie à la peine. Si le désir de bonheur se résume à cela, il est aisé de consentir à son universalité. Le constat revient pratiquement à souligner que les vivants veulent vivre, tiennent à se préserver, ne cherchent pas leur écrasement, leur souffrance et leur mort. Ce qui est vrai, et peu instructif. Mais vrai en partie seulement.
Car ce lien entre pulsion de vie et bonheur est évidemment plus complexe que ce constat trivial. La complication ne vient pas du calcul des plaisirs et des peines : tout le monde a compris, depuis l’Antiquité, qu’on peut choisir une douleur pour en éviter d’autres (le mauvais goût d’un médicament, et pour nous Modernes les suites d’une intervention chirurgicale, ou les effets secondaires d’une chimiothérapie, par exemple). C’est donc au nom du bonheur qu’on endure une misère, qu’on choisit une souffrance, qui n’est pas désirée pour elle-même mais comme un moyen de souffrir moins.
La complication ne vient pas non plus du masochisme, si on le cantonne au désir de souffrir. Si la douleur fait jouir, c’est bien la jouissance qu’on choisit à travers la douleur, et non la douleur elle-même. Le paradoxe n’est donc qu’apparent. En fait, il n’existe pas. C’est toujours et encore le plaisir qui prime et, en fin de compte, la vie qui gagne.
Si on en reste là – ce que fait la philo-bonheur –, le négatif semble ne pas exister. De même que Socrate, dans le Gorgias, soutient que « nul n’est méchant volontairement », de même la philo-bonheur pourrait soutenir que « nul n’est malheureux volontairement ». La thèse de Socrate est finalement qu’il ne saurait exister de volonté négative : tout désir serait en fin de compte un désir du bien, même si on se trompe de bien. Le criminel, selon Socrate, ne veut pas « le mal », il se trompe seulement de bien, en désirant sa propre vengeance, ou sa réussite personnelle. Il n’est pas destructeur, mais ignorant. Il fait erreur, c’est tout.
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« Le désir de bonheur est essentiel à l’homme ; il est le mobile de tous nos actes. La chose au monde la plus vénérable, la plus entendue, la plus éclaircie, la plus constante, c’est non seulement qu’on veut être heureux, mais qu’on ne veut être que cela. C’est à quoi nous force notre nature. »
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L’ensemble des êtres humains ne se divise, dès lors, qu’en deux groupes : ceux qui ont atteint le bonheur, ceux qui le cherchent. Comblés ou désirants, heureux ou en manque, gens de la plénitude ou gens du désert, mais partout une seule et même quête, qui se poursuit ou qui aboutit.
« Vivre heureux, Gallion, mon frère, c’est ce que veulent tous les hommes » : ainsi commence le traité de Sénèque, stoïcien romain, La Vie heureuse (De vita beata) rédigé au Ier siècle de l’ère commune.
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« Le bonheur est le seul but que nous recherchons toujours pour lui-même et jamais pour une autre fin. » C’est pour être heureux que l’on veut avoir argent, amour, gloire, santé, etc., mais on ne veut pas le bonheur pour autre chose que pour être heureux. Le bonheur n’est le moyen de rien, et le but de tout.
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 "Philosopher revient à se comporter face au monde comme si rien n’allait de soi. "Tout au long de l’histoire, il a été dit et redit, autour de ce primat de l’étonnement, que la philosophie ne laisse aucune évidence non questionnée, aucune hypothèse non interrogée. Le doute systématique est sa première posture. Si la philosophie pouvait parler, elle commencerait par dire, à toute occasion : « Tout le monde croit et dit qu’il en est ainsi, mais n’est-ce pas curieux ? Quelle est donc l’étrangeté qui habite cette donnée familière ? Sommes-nous certains que cette chose existe, que cette idée tient ? » Il y a toujours – au moins pour entamer le voyage, donner l’impulsion initiale – du sceptique chez le philosophe.
J’en suis toujours convaincu.
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La philo-bonheur n’a que des certitudes. Elle est assurée que tous les humains aspirent au bonheur plus que tout, et convaincue que la philosophie, mieux que tout, peut les y conduire. Ces évidences constituent les piliers sur lesquels elle croit pouvoir tenir.
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Le sage échappe au malheur, certes, mais aussi au bonheur. Il se soustrait aux deux, se tient ailleurs. Tout à fait ailleurs, en réalité. Il y a même bien plus de distance entre le « bonheur » supposé du sage et ce que le commun des mortels rêve d’atteindre comme bonheur qu’entre le malheur et le bonheur des hommes ordinaires.
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Parmi les écoles de sagesse, celle des stoïciens est sans conteste celle qui a le plus abondamment décrit la vie intime du sage, sa manière spécifique de vouloir, de juger, de décider, de se souvenir. Leurs analyses concernant ce que peut le sage, ce qu’il éprouve (ou n’éprouve pas), les manières dont il pense, etc. sont d’une précision et d’une minutie qui donnent l’impression que le moindre détail a été scruté.
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Platon, Aristote, la plupart des Grecs, ont en effet conçu la sagesse comme l’horizon ultime vers lequel la philosophie chemine, qu’elle s’efforce d’atteindre. Plus encore, les écoles de sagesse de l’Antiquité (épicuriens, stoïciens, cyniques, sceptiques, nous venons de les rencontrer) ont élevé la figure du sage à la hauteur d’un idéal suprême. Le but du philosophe : devenir sage.
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Ce qui a été acquis peut être perdu, indéfiniment. Ce qui a été édifié peut se voir détruit, brutalement. Un malheur toujours peut surgir, venir frapper. L’équilibre du bonheur reste, par nature, vulnérable, fragile, exposé à périr d’un instant à l’autre. Tout bonheur, dans cette représentation antique, est un château de cartes. Sauf le bonheur du sage !
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Aujourd’hui, mon bonheur ne concerne d’abord que moi. C’est une affaire privée, personnelle, subjective. Cela n’implique pas obligatoirement que l’égoïsme en soit la forme unique. Elle est prépondérante, cela va sans dire.
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Il va de soi que le destin, heureux ou malheureux, demeurait avant tout celui d’un individu. C’était bien telle personne que l’on pouvait dire heureuse, et non telle autre. Mais cette trajectoire singularisée ne pouvait être considérée comme « bonheur » qu’à la condition impérative de s’inclure dans un tout, de s’insérer dans un ensemble.
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Accéder au bonheur ne signifiait donc pas épanouir sa personne, développer son individualité – isolément, indépendamment du reste du monde, pour son propre compte. C’était au contraire sortir de soi, quitter sa place, la contempler du dehors, saisir son inclusion dans un tout : se voir comme un musicien dans l’orchestre, une touche dans le tableau, un rôle dans le théâtre de l’Univers.
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