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Citations de Roger-Pol Droit (345)


Philosophie est un mot qui souvent fait peur. On imagine des questions terriblement compliquées, un vocabulaire énigmatique, des livres dont on ne comprend même pas le titre. un univers à part, réservé à quelques rares spécialistes, qui sont peut-être des extraterrestres. Bref, ce ne serait pas une activité pour tout le monde. On se trompe, en croyant cela.
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Ethique et morale […] : je crois qu’il n’y a aucune coupure profonde et radicale entre les deux notions. Toutefois une différenciation progressive s’est établie dans les usages des deux termes.
A l’époque moderne, on a souvent considéré que le terme « morale » pouvait être réservé au type de normes et de valeurs héritées du passé et de la tradition, ou bien de la religion. […] Un code de comportements et de jugements plus ou moins figé.
Au contraire, le terme « éthique » s’emploie plutôt pour les domaines où les normes et règles de comportement sont à construire, à inventer, à forger au moyen d’une réflexion qui est généralement collective. (p 19-20)

L’éthique est devenue le nom de la morale en train de se faire, de se chercher, en particulier à propos de sujets neufs – domaine médical, mariage homosexuel, protection des mineurs sur Internet, libre diffusion de la pornographie, législation des drogues douces…
[…] Notre époque ne vit plus sous l’emprise d’une morale dominante capable de tout régenter. Au contraire, ce qui domine, le plus souvent, ce sont des doutes sur les règles à suivre, des perplexités sur les principes à appliquer. (p 22-23)

L’éthique, c’est d’abord le souci des autres. […] Le souci que nous avons de leur existence, de leur présence, de leurs attentes, de leurs désirs, de leur dignité et de leur liberté. (p 42-43)

La difficulté de la réflexion et de la décision éthiques, c’est que, même quand nous avons des règles générales, nous avons affaire à des cas particuliers. Il va donc falloir distinguer entre « l’éthique générale » et « l’éthique appliquée ». (p 45)

Le principal ressort de l’éthique naturelle, c’est la pitié. (p 55)

Les débats sur la bioéthique nécessitent de comprendre qu’il faut à la fois des limites et des innovations, des interdits et des transgressions. Ainsi, située sous une permanente incertitude, l’éthique se trouve à sa place, entre mutation et renaissance. (p 108)

La seule présence du visage de l’autre est, pour chacun de nous, une exigence et un appel. Avant le souci de soi, que nous avons tous légitimement, l’éthique nous invite au souci des autres et nous appelle à être responsables envers eux. (p 110-111)
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Le plus déconcertant, pour qui prétend vivre sous le contrôle de la raison...? C est que l amour n a décidément rien a voir avec la raison, ni de près ni de loin, incapable de calculer, inapte aux demi-mesures, aussi profondément bête qu il est sublime, il sent, rêve, veut, imagine, projette, échafaude mais ne pense pas, du moins au sens d une activité de réflexion méthodiquement poursuivie
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Sans remplacer le savoir par le vide, sans faire l éloge de la stupidité, il est utile de combattre l arrogance des je-sais-tout, leur mégalosophie, leur hypertrophie cognitive, en ramenant l horizon dans les limites de notre humaine insuffisance
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43 - Faire un livre avec des livres

Sauf exception rarissime, les auteurs opèrent ainsi depuis qu'existent des écrits. Chacun rédige son texte en se nourrissant des autres, en y puisant informations, données, questions, idées ...
(...) Il ne s'agit ni de plagiat ni de copie : tout texte nouveau provient nécessairement de l'assimilation de ceux qui le précédent. Nul ne rédige sans bibliothèque, si modeste soit-elle. Mais on peut en imaginer un usage nouveau.

Au départ, le geste est bêtement mécanique. Cessez de vous soucier du sens, de la pertinence des références.
Prenez la première phrase complète d'une même page, dont vous aurez choisi le numéro à l'avance.

Par exemple, sur cette étagère dont les volumes ne sont pas classés, on obtient l'échantillon suivant en ouvrant les volumes à la page 32.
"Très peu de pluies durant les trois mois d'été" (il s'agit d'un livre sur les vins français, concernant le millésime 2007)
Dans le titre suivant, toujours page 32 : "La toute-puissance amoureuse de Jupiter n'aurait pas été complète s'il ne s'était pas intéressé aux beaux éphèbes" (l'ouvrage traite des scènes mythologiques dans la peinture classique) (...)

Plus vous avez de séquences, plus s'offrent de combinaisons possibles, évidentes ou insolites, s'agençant d'elles-mêmes ou exigeant quelque ingéniosité. Rien qu'avec ces cinq échantillons, vous avez de quoi faire.

Si des textes ont survécu en Egypte, peut-être parlent-ils de Zeus.
A moins qu'ils n'aient survécu qu'un été, en Gaule, parce qu'il ne pleuvait pas.
Est-ce bien cela que la science permet d'affirmer aujourd'hui ?
Vous pouvez toujours rebattre les cartes, imaginer que Zeus cherchait des éphèbes en Gaule pendant les mois d'été, ou que la science redécouvre les secrets perdus de papyrus détruits ...

L'importance n'est pas la cohérence du résultat ni son étrangeté, mais la découverte que tous les livres en contiennent une infinité d'autres possibles
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25 - Mixer des proverbes

Dans toutes les langues, il en existe des centaines.
Les proverbes sont une des choses du monde les mieux partagées.
Procurez-vous un bon recueil, ou bien cherchez en ligne le site à proverbes qui vous convient. Dès que vous en avez un petit stock, l'expérience peut commencer.

Elle consiste à couper et coller pour obtenir de nouveaux proverbes à partir de ceux qui existent. (...) Ce que vous obtiendrez sera tantôt subtil tantôt faible.
Mais vous pouvez compliquer le jeu, permuter les éléments de trois ou quatre proverbes, organiser des compétitions, vous exercer en temps limité, changer de langue, etc.

Si vous vous amusez ainsi, gratuitement, vous découvrirez surtout, au passage, une des propriétés du sens : il n'est pas donné, fixé, assigné à résidence une fois pour toutes.
Il se fabrique, se déplace, surgit d'éléments disparates, là où on ne l'attend pas.
(...) Il fuse, comme une étincelle ou un éclat de verre (...)
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20 - Chercher un fruit dans un aéroport

Rien ne vous oblige, pour faire cette expérience, à prendre l'avion.
Bien sûr, vous pouvez saisir l'occasion d'un voyage, mais aussi vous contenter de venir accompagner des amis, ou chercher quelqu'un dans un aéroport.
A moins d'y aller juste pour le plaisir, comme en promenade, pour mener à bien cette instructive tentative.

Consigne : dans ce lieu de transit, d'allées-venues, de croisements, de technologie, d'horaires minutés, de modernité fabriquée, vous allez simplement chercher un fruit.
Cette chose de la nature, ancienne, crue, sans apprêt, végétale, offerte, qui a fait survivre l'humanité nomade au temps des chasseurs-cueilleurs.

Très vite, vous constaterez que c'est un sport. Vous pouvez demander (...) ... personne ne sait où l'on peut trouver un fruit ! (...) A tout hasard, on vous enverra donc chercher un fruit au bar, à la sandwicherie, chez le marchand de journaux. Presque toujours, à l'arrivée, on vous dira qu'il n'y en a pas.

Ce qu'on trouve dans les aéroports : des cigarettes , des vins, des alcools, des cravates et des montres, des gadgets high-tech et des magazines, des parfums, des DVD, des masques pour les yeux et des préservatifs
- pas des fruits !

Vous pouvez prolonger l'expérience, la compliquer, la faire à plusieurs, comparer les aéroports, élaborer des statistiques.
Vous constaterez que le taux d'échec est remarquable, le temps moyen de repérage d'un fruit fort élevé.

Sans parler, dans les rares cas de réussite relative, de la qualité du fruit trouvé au bout du labyrinthe.
Pas de choix, la plupart du temps. Une pomme, le plus souvent (...)

Ce qu'on peut en penser ? Ce ne sont pas les pistes de réflexion qui manquent.

Par exemple, vous pouvez méditer sur la manière étrange dont le temps parvient à transformer l'espace. A l'endroit même où se tient à présent l'aéroport, vous auriez pu aisément, il y a seulement quelques décennies, cueillir des mûres, grappiller des fraises des bois, trouver des prunes ou des pêches. L'histoire nous éloigne-t-elle de la nature ?

Occasion de se demander aussi ce que l'empire de la technique nous fait gagner et nous fait perdre. (...)
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12 - Changer au maximum ses horaires

La routine s'inscrit d'abord dans le temps - répétition des mêmes gestes aux mêmes heures, retour à l'identique des actions qui se succèdent, dans le même ordre, aux mêmes moments. Voilà ce qu'il faut perturber.

Dans la mesure du possible, évidemment.
Impossible de conduire les enfants à l'école le soir, d'aller au bureau en fin d'après-midi ou d'ouvrir boutique avant l'aube.
Mais on peut toujours, rien que pour voir, se concocter des décalages sans bouger de chez soi.

Levez-vous en pleine nuit, allez faire un tour dans la rue, mangez au petit-déjeuner ce qui était prévu pour le dîner, terminez la journée par un café-croissants ou un thé-toasts. Ne vous lavez pas à l'heure habituelle, dormez à un moment où vous ne dormez jamais, réveillez-vous à des instants où normalement vous dormez, etc. (...)

le jeu consiste seulement à perturber les automatismes, afin de les voir en pleine lumière. (...) vous découvrez des sensations inconnues, vous vous étonnez de vivre de manière si régulière. Et, si vous revenez avec soulagement à vos cadrages normaux, vous n'oublierez plus qu'ils ne sont que conventions. (...)

Après, il s'agira de savoir ce qu'on souhaite en faire : les renforcer, les accepter, les modifier, les assouplir ... C'est à voir, encore faut-il les explorer.
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Parler de "la" lumière est un égarement.
De même qu'on ne peut parler de "la" saveur - comme s'il pouvait n'y en avoir qu'une.

Au contraire, seul règne le multiple.

Des saveurs, toujours.
Et des lumières, évidemment - au pluriel irréductiblement,
disséminées, diffractant le monde en une infinité de lieux aux intensités non comparables.
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8 - Collectionner des riens

Une part de folie accompagne les collections.
Dans l'infinité des choses du monde, en rassembler qui se ressemblent, mais qui aussi se distinguent, se concurrencent, se comparent, s'additionnent et se soustraient.

C'est la tâche obscure du collectionneur, son obsession minutieuse, interminable et hasardeuse. Un peu dingue.
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Rien ne vous empêche, toutefois, d'en discuter avec vos amis.
C'est même fortement recommandé.

Il n'y a aucune raison, en effet, pour que les voyages philosophiques soient forcément des aventures en solitaire. Au contraire, c'est toujours à plusieurs voix que se poursuit le mieux la réflexion. Confronter ses idées et ses manières de comprendre à celles de ses amis est sans doute la plus sûre façon d'avancer.

Car l'amitié ne suppose évidemment pas qu'on soit du même avis, qu'on ait les mêmes réactions. C'est tout l'inverse : entre amis, la confiance permet d'exposer différences, divergences et désaccords.

C'est bien pourquoi, depuis qu'existe la philosophie, elle a partie liée avec l'amitié, le partage de la parole, l'échange des arguments, questions et objections. D'ailleurs, même le plus solitaire des penseurs s'adresse toujours aux autres, ne serait-ce qu'à l'intérieur de sa tête.
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Toutes sortes de portes ont été essayées. Presque toutes passent par l'histoire des idées, l'exposé des doctrines, la lecture des œuvres majeures, l'analyse des notions.

Ces passages fonctionnent, mais au prix de multiples ratés et de nombreux malentendus. Car, bien souvent, ces portes savantes entretiennent l'idée fausse que la philosophie est seulement pour quelques-uns, réservée à une forme d'esprits particuliers, destinée à demeurer hermétique pour les autres.

Plus encore, ces portes classiques, souvent austères et imposantes, renforcent la conviction, plus fausse encore, que la philosophie est essentiellement affaire théorique, purement intellectuelle, coupée des réalités quotidiennes.

Les petites expériences qui suivent sont toutes construites sur une démarche exactement inverse : elles s'emparent de gestes familiers, de situations concrètes. Leur matière première, ce sont les saveurs, bruits, odeurs, paroles et objets qui nous entourent - parmi les plus banals (...)
Chaque fois, il s'agit de les faire entrer dans un minuscule tourbillon insolite, une sorte de bref dérèglement, volontaire et baroque.

Le but de ces jeux : retrouver l'étonnement. Car, sans cesse, il faut replonger, (...) dans cette source première de toute aventure philosophique (...) éprouver ces troubles déclencheurs de réflexion.
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(...) la vie qui bat, qui pulse, qui va et vient tout le temps (...)
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"Finie la vie, bonjour les mystères,
Mystère de cet arrêt,
Mystère de ce qu'il y au delà,
Mystère de ce qu'il faut faire avant,
Alors tout devient plus intense, plus urgent et plus dense"
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