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Critiques de Sylvain Prudhomme (469)
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Par les routes

L’autostoppeur, ce personnage central de Par les routes, roman étonnant, très original, de Sylvain Prudhomme, je ne saurai jamais comment il s’appelle.

Cet homme est mystérieux, irritant, attachant, curieux, décevant, mais surtout d’une audace folle envers les humains que nous sommes.

Sacha, le narrateur, un vieil ami, le retrouve par hasard, vingt ans après, dans la ville de V., au sud de la France, une ville qui ressemble beaucoup à Arles. L’autostoppeur vit avec Marie et ils ont un garçon : Agustin.

Sacha est très bien accueilli, fait l’amour avec Jeanne mais reste seul jusqu’à ce qu’il retrouve Marie. Surprise, l’autostoppeur est reparti et repartira sans cesse dans cette quête incroyable de rencontres et d’échanges. Si Sacha faisait de l’autostop avec lui autrefois, il n’en est plus question pour lui aujourd’hui, sauf…

Alors que cette entrée en matière commence à me lasser car je ne vois pas où l’auteur m’emmène, son roman devient de plus en plus passionnant, de plus en plus étonnant.

L’autostoppeur délaisse femme et enfant pour aller à la rencontre des gens, de toutes sortes de gens qui doivent remplir un seul critère, le prendre à bord de leur véhicule.

Sylvain Prudhomme, rencontré lors des Correspondances de Manosque 2019, conte tout cela avec talent, d’une écriture simple et poétique à la fois, ajoutant anecdotes et informations intéressantes comme cette légende d’Orion dont un village de l’Ariège porte le nom.

Des noms de villages, de villes, de hameaux, il en défile beaucoup dans la seconde partie du roman. J’ai même noté plusieurs bourgs ardéchois : Vocance, Joyeuse, Loubaresse… Je savais que de nombreux noms étaient surprenants, rigolos, mais je n’avais jamais rencontré cela dans un roman mettant si bien en exergue les valeurs d’humanité et d’amitié.

Même si certains faits paraissent improbables, c’est tellement beau que je me suis laissé emporter sur les pas de Sacha qui n’en finit plus de redécouvrir son vieil ami, l’autostoppeur.

Original, Par les routes est une belle fable que j’ai bien appréciée sans bouger de chez moi… Un beau voyage quand même un peu partout en France, sous l’égide de la littérature, de l’écriture car Sacha est écrivain et peintre. De plus, Marie traduit des romans italiens.



Le Prix Landerneau 2019 a distingué Par les routes et c’est mérité !
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Par les routes

Au début du roman, Sacha le narrateur, la quarantaine, écrivain, célibataire et sans enfants vient d'emménager dans une petite ville du Sud-Est de la France, pour entamer une nouvelle vie, aspirant au calme et à la solitude.

À peine installé, il retrouve, après l'avoir perdu de vue depuis plus de quinze ans, celui qu'il a toujours appelé l'autostoppeur et qui l'emmenait dans ses folles randonnées, lui disant qu'il fallait "vivre" avant "d'écrire". Sans qu'on sache pourquoi cependant, Sacha lui avait demandé de sortir de sa vie. Celui-ci a guère changé, il vit avec Marie, traductrice de livres de littérature italienne et ont un fils Agustin, 8 ou 9 ans, intelligent et très subtil qui devine assez bien le monde des adultes sans le laisser paraître.

S'ils forment un couple visiblement épanoui, cet homme a du mal à se fixer, c'est plus fort que lui, il lui est impossible de tenir 10 jours d'affilée en place, il lui faut partir en auto-stop pour faire de nouvelles rencontres avec des gens de toutes conditions et vivre de nouvelles aventures. Pour varier, Il va s'éloigner des autoroutes et passer de l'autre côté de la rambarde et s'égarer dans les réseaux secondaires.

La vie que mène l'autostoppeur est en quelque sorte un éloignement volontaire, une fuite de la vie.

L'arrivée de Sacha va quelque peu déséquilibrer ce couple original et Sacha lui-même va être amené à douter de son choix de sécurité.

Sylvain Prudhomme avec une écriture simple et sans fioriture, d'une grande douceur, des phrases courtes, nous offre un roman lumineux, à la fois léger et très profond, un peu mélancolique, qui nous parle du temps qui passe inexorablement, de l'ouverture aux autres, de l'hospitalité et nous pose la question de savoir comment combiner bonheur et liberté, . C'est aussi et surtout l'amitié, l'amour, le partage qui sont évoqués avec beaucoup de poésie dans ce magnifique ouvrage Par les routes, récompensé par le prix Femina et le prix Landerneau des lecteurs 2019.

J'ai apprécié l'originalité dont a fait preuve l'auteur pour traiter ces thèmes par le biais de l'autostop et admiré la beauté et la diversité des noms de ces villages français ! de quoi donner envie de prendre son sac et tenter l'aventure, pouce levé !

Un livre délicat, tout en finesse, une belle ode à la liberté !


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Par les routes

"Le monde se divise en deux parties , ceux qui partent et ceux qui restent"

Bon , pardonnez moi , mais tourner les pages pour tourner les pages , j'ai passé l'âge. Je pars . J'avoue humblement ,mais sans hésitation, n'avoir éprouvé qu'ennui mortel depuis le début de ma lecture . Bien gentils , Sacha et l'autostoppeur , mais , franchement , où veulent - ils en venir ? Je dois être intellectuellement " insuffisant " pour ne pas comprendre ce qui est , pour moi , un vide sidéral. J'avoue ne renoncer que rarement à une lecture mais , quand celle - ci devient une torture , il en va du salut de mon âme, de mon moi , de mon être . Je ne dis pas que c'est un récit sans aucun intérêt, ce serait bien prétentieux de ma part , je dirais simplement que je ne comprends rien et que je m'emmerde , mais " grave " . J'ai bien essayé de rétablir du sens avec la ponctuation , un effet de style soi - disant moderne , qui ravit certains et certaines mais ne me convainc pas , je ne vois pas où je vais , dans quelle galère je m'embarque mais je vois dans quel ennui je sombre . Désolé , j'arrête , je fuis , je laisse la place , ce livre ne m'inspire aucune émotion, c'est tout . Je ne dirai jamais qu'il est mauvais , ce serait d'une prétention.....mais je dis que je ne m'y sens pas bien , n'y trouve rien qui puisse m'emballer. Une déception car , à la lecture des critiques , je pensais me trouver en face d'un remarquable roman , un incontournable de la rentrée littéraire, un élément du plus haut intérêt.

Mais que voulez - vous , comme aurait dit Brassens , " quand on s'emmerde , on s'emmerde " et , franchement , à cette lecture , je m'emmerde et ce n'est pas ma conception de la littérature .Allez , sans rancune , je passe à autre chose ....Rien de plus à dire...

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Les orages

Dans Les orages, Sylvain Prudhomme, découvert et bien apprécié avec Par les routes, m’a offert treize histoires, treize nouvelles, treize moments de grâce, un régal de lecture.



Certaines de ces histoires avaient déjà été publiées dans une première version mais elles sont regroupées ici et c’est très bien.



Avec son écriture délicate, poétique et précise à la fois, Sylvain Prudhomme m’a fait partager quelques moments de vie aigres-doux où un brin d’humour et d’inquiétude apparaissent de temps à autre.



Souvenir de la lumière ouvre le livre de manière très tendue avec Ehlmann, ce père qui sort de quinze jours et autant de nuits passées près de son enfant, bébé de cinq mois entre la vie et la mort, dans une chambre d’hôpital. Comme dans d’autres histoires, lorsqu’il évoque un personnage féminin, en l’occurrence sa femme, l’auteur se contente d’un A. minimaliste. A., justement, n’a pas pu être présente car obligée de travailler. Enfin, sur le bord d’une route, Ehlmann pleure et rit en même temps…



Le taille-haie se révèle aussi très angoissant car grand-père refuse de passer l’engin à son petit-fils alors que chacun, et lui-même en premier, constate de sérieuses absences de plus en plus inquiétantes.



Les voisins crient en faisant l’amour et tout l’immeuble les entend. En fait, ils ne crient pas, ne jubilent pas non plus : ils exultent et Sylvain Prudhomme offre un court récit bien savoureux.



Les cendres sont celles contenues dans une urne funéraire. Après la cérémonie, il faut se rendre au cimetière et le débat est lancé : faut-il un caveau ou enterrer les cendres sous un arbre ? Quel arbre ? Dans le jardin ou dans la forêt ? Le père voudrait se retrouver sous un chêne alors que la mère préfèrerait un amandier… à vous de trancher !



Awa beauté dépayse franchement en m’emmenant en Casamance, au Sénégal. J’ai été très ému par ce que vit cette femme qui travaille dur au service de madame Cissé puis fait le ménage à la banque, subissant les assiduités du directeur, monsieur Ba. Elle a une petite fille, Mamouna, pas encore deux ans, et elle économise au maximum car elle rêve d’ouvrir son salon de coiffure qu’elle nommera « Awa beauté ». Hélas, elle apprend que Boubacar, son frère souffre d’un cancer. Si Demba, autre frère, le conduit à l’hôpital, il n’a pas un sou. Alors, Awa paie d’abord la coloscopie puis le voyage en bateau jusqu’à Dakar, et…



La baignoire offre un moment de grâce, formidable moment de détente pour « Elle ».



L’île se trouve en Bretagne où un couple et ses filles se retrouvent pour les vacances. Elle est épuisée. Tension et incompréhension règnent. Faire l’amour ? L’un a envie, l’autre pas mais, après l’orage, le lendemain, tout semble aller mieux.



Balzac, c’est le nom donné par les clients du seul café de Meulun-Paradis à un client qui s’était mis à écrire, seul à une table. Le narrateur, lors d’escapades amoureuses, le rencontre puis le retrouve des années après et Balzac se raconte devant le panorama : la Seine, les barres d’immeubles des Mureaux et l’usine de Flins.



L’appartement est une histoire pleine de nostalgie. Juste avant de le vendre, cet homme revient dans l’appartement où il a vécu dix ans avec A. dont il est séparé. Tous les souvenirs remontent à la surface et sont évoqués avec une justesse infinie.



La vague présente un père et sa fille qui retrouve des selfies, six photos prises à l’hôpital où elle va apprendre pourquoi cet homme près duquel elle a grandi, perd peu à peu tous ses moyens : son hippocampe dégénère. Mainteant, elle est à Venise, avec son homme et ses deux enfants et voilà qu’une vague a apporté, devant leurs pieds, un hippocampe !



La tombe est la folle histoire d’un libraire qui, traversant le cimetière du Père-Lachaise, découvre une tombe avec son nom gravé dessus ainsi que sa date de naissance et… 2055. Or, nous sommes le 4 juin 2015 ! Il lui reste donc quarante ans à vivre et il va passer par tous les états, tenter de profiter au maximum, compter les années puis les jours, déprimer, essayer d’écrire. Vraiment, il vaut mieux ne pas savoir…



Fellini montre un homme regardant un film célèbre dans lequel une femme dit que les hommes sont faibles, abouliques, pas clairs, en italien : uomini deboli, abulici, senzo chiarezza. Son métier étant d’écrire des romans, il s’y remet régulièrement et entend sa femme qui lui dit : « Caresse-toi, Guido ». Si elle le dit…



La nuit termine cette série d’histoires, au bord de la mer. Les parents sont avec leurs deux enfants, heureux. Elle lit, dort, nage. Le père de leurs deux garçons est reparti pour son travail et c’est la dernière nuit, une dernière baignade…



Ainsi se terminent ces treize moments savoureux. Chacune et chacun sera touché, ému, bouleversé par l’une ou l’autre de ces histoires qui prouvent, à nouveau, toute la délicatesse d’écriture de Sylvain Prudhomme.


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Par les routes

Le titre Par les routes fait écho à celui de Kerouac et convoque l'idée d'errance, de nomadisme, de voyages et de rencontres fortuites.





Il y a des êtres croisés, côtoyés qui vous marquent au point de rester gravés dans votre mémoire. L'autostoppeur , « donquichottesque silhouette », que le narrateur écrivain Sacha a retrouvé quinze ans plus tard appartient à cette catégorie.

Sacha brosse le portrait de cet ami d'adolescence et colocataire. Épris comme lui de liberté, il leva le pouce en sa compagnie avant que leurs routes divergent.

On comprend qu'il s'en était éloigné, la relation devenant toxique.



La fée hasard les réunit de nouveau quand Sacha, à la quarantaine, choisit de quitter Paris, désireux de changer son cadre de vie pour « retrouver la concentration » et mener à bien son roman. Il emménage dans un meublé dans cette ville du Sud, V., où le baroudeur invétéré est lui aussi installé avec femme et enfant.



Inimaginables de telles retrouvailles !

Que ressent-on en pareil cas ? le passé défile et convoque de nombreux souvenirs communs.

Sacha s'interroge sur ce besoin compulsif de rencontres, ce virus qui habite son ami retrouvé et note son énergie décuplée à ses retours. Mais ce dernier n'est-il pas en train de ruiner son couple à négliger ainsi sa famille ? Ne risque-t-il pas le naufrage ?

Au début le téléphone permet un contact plus proche. Son fils, Agustin, les guette ces appels du paternel, puis il manifeste parfois une curieuse indifférence.

Et à la longue, ils insupportent Sacha.

Les cartes postales et les photos polaroid des automobilistes qui ont pris en stop ce père fugueur affluent ainsi que les lettres, souvent rédigées avec humour, jeux de mots. Ce sont les seuls liens avec Sacha (l'archiveur du voyageur) et sa famille qui permettent d'apprivoiser l'absence. Certes, par la correspondance qu'il entretient avec ses êtres chers, leur déclarant à distance son amour, « il parvient à conserver une place à leurs côtés », mais il semble avoir démissionné de son rôle de père, d'époux pour endosser celui de pigeon voyageur. le contact vocal n'est pas totalement rompu, le trio restant se met à téléguider l'autostoppeur sur des sites de leur choix : magnifique et émouvant échange entre le père et le fils suite à un dessin d'Agustin.

Toutefois les envois semblent se tarir. « Un imperceptible effacement » s'installe.



Reste en suspens la question du retour du nomade, ce qui crée agacement et tristesse chez Marie, qui, elle aussi, a besoin de souffler. Mystère quant aux mobiles de son absence d'une dizaine de jours. le récit devient haletant quand elle relate son escapade émaillée de rencontres. Cet interlude lui a permis de faire le point.

Aime-telle toujours celui que Sacha compare à « un coucou, un tisserin qui fait son nid de ce qu'il rencontre » ou même à « une baleine qui refait surface plus loin qu'on ne l'imaginait » ? Marie va-t-elle s'autoriser à s'abandonner à un autre ?



Peu à peu Sacha va combler ce vide de sa présence auprès de ceux qui restent. Une complicité se tisse avec le jeune Agustin. ( promenades, jeux, gardes) Une affinité grandissante le rapproche de Marie, traductrice, tous deux soucieux du mot juste. L'auteur insiste sur la nécessité de l'ascèse, « de la juste dose d'isolement » pour avancer dans le roman en chantier. Ce moment de solitude également indispensable pour Marie. Ne faut-il pas vivre avant d'écrire ?



Mais l'équilibre de cette nouvelle vie à trois ne risque-t-il pas d'être menacé en cas de retour inopiné de l'autostoppeur ? le récit réserve surprises et rebondissements ! .



L'errance de cet électron libre, mobile, interpelle. de quoi vit-il ? Trouve-t-il toujours son bonheur dans la griserie de la vitesse et de la liberté ? Est-ce pour lui une façon de «  secouer le fardeau de la routine » ? Va-t-il un jour revenir définitivement ? Personne ne connaît les pensées secrètes du drôle de «zouave », de «  ce doux dérangé ». Et Sacha de sursauter à chaque coup de sonnette !



Ce kaléidoscope de la France (des autoroutes et «  des vaisseaux secondaires ») qui se déroule comme en travelling, avec des arrêts images sur des libellules, des forêts, des plages, un goéland, suscite chez le lecteur une envie de partance. On se prend à rêver à l'énoncé d'une myriade de lieux aux noms pleins de poésie (Orion, Joyeuse, Beausoleil, Contes, Lançon : « le tremplin rêvé », La Flotte, Saint-Pompont...).

Les déplacements étant en stop, une galerie de portraits d'automobilistes défilent en même temps que la radiographie des habitacles, ce qui permet d'avoir un miroir de la société empruntant ces routes. Une mixité des classes. « Un échantillon représentatif de la variété des hommes et femmes d'aujourd'hui ».



Sylvain Prudhomme nous offre une traversée de l'Hexagone quelque peu atypique et erratique, car au gré des voyages en stop de celui dont la passion est restée intacte, de celui qui a une propension à la dromomanie. On avale les kilomètres, fait halte sur les aires de repos et stations service, arpente des villages, passe une soirée conviviale chez Souad, on s'abîme dans la contemplation des paysages dont le narrateur cartographie les charmes, on se recueille aux Éparges devant un champ de croix blanches, devant une plaque commémorative relatant la blessure de Genevoix. Lieu tristement célèbre où l'écrivain Pergaud a perdu la vie.

En alternance mouvement, avec l'autostoppeur pour qui « partir est nécessaire à son équilibre », qui « avait toujours besoin que sa trajectoire en frôle d'autres et immobilité avec Sacha, devenu plus sédentaire, à l'heure du bilan de la quarantaine, cherchant, lui, à freiner, à retenir le temps.

Ce qui donne un rythme saccadé en plus des phrases courtes.



L'auteur signe un roman géographique, une invitation à sillonner, à notre tour, la France profonde, à la manière de Depardon. Un road trip sensoriel, à plusieurs vitesses, scandé par la musique (Cohen Nina Simone, ragas),la voix du GPS, traversé d'odeurs (d'ail, de tarte, de framboise, de café, de piment, de terre, de résine, d'herbes détrempées ou de térébenthine, de javel),nourri de multiples lectures ( Kundera, Mc Carthy, Levé, Lodili, Sau, Ponge). Une écriture frétillante de la vie.

Sylvain Prudhomme explore la pérennité du couple, la fidélité, l'amour, la fiabilité de l'amitié. Il distille de nombreuses références à la fuite du temps : « Vivre c'est maintenir entier le petit nuage que nous formons, malgré le temps qui passe ».

Il expose le processus de la genèse d'un roman, l'attente de voir jaillir « une fulgurance, récompense de mois de patience, d'obstination, de labeur, d'endurance ».

Le tableau final apporte un regain de fraternité salvateur/jubilatoire dans ce rassemblement euphorique, digne de Woodstock. Serait-il là le bonheur dans cette chaîne humaine et son partage ? Dans cette même communion à repérer « la ceinture d'Orion ». Dans cette grande famille de l'Autostoppeur qui lui a fait « don de son hospitalité ». Un récit qui se termine en apothéose et qui ravivera les souvenirs de ceux qui ont pratiqué le stop dans leur jeunesse. Et si l'envie de barouder vous habite, sachez que l'auto-stop ressemble à la pêche : « Même patience, même délicatesse dans le coup de poignet, même absence de brusquerie. Même joie dans les prises » !























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Les orages

Par les routes est un roman que j’avais bien apprécié (Prix Landernau des Lecteurs et Prix Femina 2019), j’avais été séduite par l’écriture de Sylvain Prudhomme. C’est pourquoi, je n’ai pas hésité à emprunter Les orages à ma médiathèque lorsqu’il a été disponible et je n’ai pas regretté.

Les orages se présente comme un recueil de treize nouvelles explorant des moments de vie où un être perd un peu l’équilibre, se retrouve dans une position fragile, déconcerté face à un événement de la vie inattendu, surprenant, en tout cas déstabilisant. La personne va alors se retrouver face à elle-même, en proie à des émotions très intimes. Après cette période de tempête intérieure souvent non perceptible ou non comprise par les autres, l’apaisement et la lumière reviennent. Ce sont ces quelques moments que l’on pourrait qualifier d’heures de vérité que Sylvain Prudhomme a magnifiquement su transcrire.

Le premier de ces récits « Souvenir de la lumière » au titre évocateur, met en scène Ehlmann qui, après deux semaines d’enfermement dans un service d’urgence pédiatrique, à sa sortie, dans la lumière qui baignait la terrasse de l’établissement, fait le vœu « de ne plus jamais quitter cette incandescence. Faire que sa vie entière se passe désormais dans cette clarté ».

Si ces brèves histoires évoquent toutes un événement incontrôlé par les protagonistes qui les bouleversera à jamais, certaines, comme la première m’ont davantage touché. Ainsi « Awa beauté » où Awa, cette jeune femme très belle rêve en épluchant des crevettes, sa petite Maïmouna pendue à ses jambes, à son futur salon de coiffure, en attendant un coup de fil qu’elle pressent porteur de mauvaise nouvelle. Autre texte court mais bouleversant : « La vague » qui nous parle de la vieillesse de façon tellement délicate avec ce vieil homme qui, doucement mais sûrement oublie tout peu à peu, a trouvé un remède : « L’éclat de rire préventif, comme une façon d’anticiper déjà, à tout hasard, la possible bourde ».

Chacune de ses nouvelles recèle sa part de lumière, de beauté, de délicatesse, de poésie, en mettant à nu des personnages au moment où leur vie bascule, nous révélant ainsi leur fragilité et leurs angoisses les plus intimes, leurs orages intérieurs.

Une écriture d’une très grande sensibilité !


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L'Enfant dans le taxi

Depuis toujours, j’aime l’atmosphère des romans de Sylvain Prudhomme, tout en finesse et en mélancolie et son dernier roman ne déroge pas à la règle.

Dans « L’enfant dans le taxi », l’auteur soulève ce coin du tapis sous lequel se dissimile un secret de famille.

C’est lors des funérailles de son grand-père Malusci, patriarche d’une grande famille, que Simon entend parler de ce fils illégitime. Ce M serait né des amours d’une allemande avec Malusci alors militaire en Allemagne occupée à la fin de la seconde guerre mondiale.

Simon raconte avec sincérité ce cheminement pour découvrir l’homme derrière ce M inconnu. Il aimerait le rencontrer mais sa grand-mère Imma s’y oppose farouchement

« Si tu t’obstines je te bannis Simon c’est compris.

Comme si elle avait longtemps cherché l’avertissement le plus impressionnant qu’elle puisse m’adresser. »

Passant outre l’avertissement d’Imma, Simon va faire sa propre enquête.



Tout le récit est écrit à la première personne et, à travers la vie intime et les confidences de Simon, écrivain quadragénaire qui vit une séparation douloureuse avec sa compagne, on découvre une famille soudée autour des grands-parents mais qui garde le silence sur ce passé dérangeant. Que s’est-il vraiment passé près du lac de Constance ? Et Simon de raconter cette belle et fulgurante rencontre amoureuse entre Malusci et cette femme inconnue, une rencontre née de son imagination pour la sortir du silence, « scène primitive, à jamais manquante. »

« Je sais que de ce plaisir naquit un enfant, qui vit toujours, là-bas, près du lac. Et que ce livre est comme un livre vers lui. »

Malusci a épousé Imma avec laquelle il aura quatre enfants parmi lesquels un fils dont il célèbrera la naissance.

« Un fils Imma tu m’as donné un fils, avec la même joie la même incrédulité qui si M n’existait pas, comptait pour rien, n’était pas lui aussi son fils, né des années avant le second. »



A pas comptés, Simon va tirer sur ce fil fragile pour dérouler cette vie inconnue, cachée durant tant d’année, il va lui donner du souffle, lui inventer une histoire et la rendre importante.

En s’emparant du destin de M, c'est aussi une facette peu connue de l'histoire franco-allemande que nous raconte l’auteur, la tragédie de ces milliers d'enfants de guerre nés des amours illicites et condamnables entre un soldat allemand ou français et une française ou une allemande.

Simon va tâtonner, tenter de lever le silence. Il va emprunter de fausses pistes, mais s’obstiner à rendre sa place à cet oncle inconnu. Il finira par trouver une aide inespérée auprès du compagnon allemand de sa tante, lequel est aussi un de ces enfants nés de la honte.

Peu à peu, ce flou qui entoure M va devenir plus précis, on va voir se dessiner l’image de la mère et l’histoire de ce fils qui a tout tenté pour connaitre son père disparu mais que celui-ci a rejeté.



C’est un roman émouvant qui parle de la filiation, de la quête d’un enfant privé de père et de sa réhabilitation au sein d’une famille qui l’avait rayé de l’arbre généalogique.

Magnifique récit empreint d’humanité et qui sonne tellement juste.



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Awa Beauté

Awa Beauté, des éditions Initiales, une association de libraires indépendants.

Lu ce jour, 7 octobre 2018, petite nouvelle de Sylvain Prudhomme, écrivain que je viens de découvrir grâce à ma librairie préférée qui le distribuait gratuitement un jour où je me trouvais là pour un achat.

Casamance, considérée par beaucoup comme la plus belle région du Sénégal et d’Afrique de l’ouest, la Casamance qui tire son nom du fleuve Casamance est situé au sud-ouest du Sénégal, entre la Gambie et la Guinée-Bissau.

Awa Beauté, qui tient son prénom à cause de sa grande beauté, vit avec ses frères et sa fille Maïmouna dans cette si jolie partie du Sénégal. Elle est très recherchée par les hommes, mais n'en a que faire.

Awa travaille, dur, elle rêve de s'acheter un salon de coiffure qu'elle appellerait Awa Beauté - Awa Coiffure et pour cela, met ses petits sous de côté depuis plusieurs années pour pouvoir se le payer. Elle nettoie dans une banque le soir et est employée de maison la journée chez Mme Cissé.

Son petit frère Boubacar maigrit, maigrit, l'entourage s'alarme, consultation à l'hôpital, le terrible verdict tombe : cancer.

"Elle sent la nouvelle qui éclate en silence dans sa tête et sa poitrine. C'est une déflagration lente, sourde..."

Pour suivre le traitement, il faut aller à Dakar, cela va coûter très cher et, vous l'aurez compris, Awa n'hésite pas et utilise ses économies de presque une vie pour que son petit frère puisse être soigné comme il faut.

Elle sent bien pourtant qu'elle ne le reverra plus.

Maïmouna pleure, "Est-ce qu'elle pleure parce qu'elle sent. Parce qu'elle sait. Est-ce vrai ce qu'on dit : qu'avant d'apprendre à parler les enfants voient des choses que les adultes ne voient pas. Que les très petits enfants sentent".

Cette petite nouvelle de 47 pages est attendrissante et tragique, écrite avec une simplicité qui frise la perfection, c'est presque une poésie, l'histoire d'une famille toute simple d'Afrique que Sylvain Prudhomme nous livre là.

Une belle découverte. Merci.



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Par les routes

Par les routes, ce sont des décors. Avec un point de ralliement choisi par le narrateur, dans une petite ville du sud qui sert de point fixe à une cascade de départs et de rencontres. Des petites bourgades qui constituent le maillage rural de notre sol, on se délectera de leur nom, qui est le motif avoué de leur visite, pour le squatter de véhicules, héros de ce roman. (L'auteur connait-il l'existence de ce rassemblement annuel dans une petite ville de Bretagne, destiné à célébrer ces communes au nom improbable?)



Ce sont aussi des personnages.



Le narrateur, artiste, écrivain, éternel ado qui a cependant pris conscience du temps qui passe, sans pour autant rechercher à se créer des attaches stables. Un coucou sympa, mais un coucou quand même.



L'auto-stoppeur, objet de toutes les questions, un type auréolé de mystère, cultivant le doute, et incapable de résister à l'appel du chemin. Il m'a tout de suite fait penser à Augustin Meaulnes, celui-là, éternel fugitif, créant le manque et semant le doute autour de lui. Un vrai romantique contemporain.



Et puis les femmes, Jeanne, Marie, de belles personnes, qui donnent sans contrepartie, jusqu'au point de non retour.



Il en naît une curieuse histoire, portée par la magie d'une écriture fluide, nimbée de poésie et de tendresse, qui m'a emportée presque malgré moi sur les traces laissées par le voyageur impénitent .



Une belle découverte , qui vient d'être récompensée par l'attribution du Prix Fémina
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Par les routes

J'ai un problème avec les romans actuels dont les personnages féminins s'appellent Marie ou Jeanne. Je ne sais pas pourquoi, mais je sens qu'on va très très vite se prendre les pieds dans le tapis pour finir la tête dans l'arête du mur le plus proche.

Et le pire, c'est que ça marche à tous les coups.

Parce que ces femmes (est-ce le prénom qui veut ça?), elles sont chouettes, sympas, plutôt pas mal, un peu bohèmes, un brin artistes, écrivaines, traductrices, elles lisent des textes que pas grand monde ne connaît, écoutent de la musique que personne n'écoute, vont parfois au ciné… Dans leur maison, style bourgeois-bohème, de jolis tissus qu'elles ont ramenés de jolis voyages recouvrent les canapés et les lits (parce qu'avant, quand elles étaient étudiantes, elles étaient aussi un peu baroudeuses…)

Dans cette maison, on se sent bien entre amis… On danse un peu en fin de soirée… C'est sympatoche tout plein...

Elles ont des copains cool les Marie et les Jeanne, des mecs pas comme les autres, qu'aiment marcher seuls dans la montagne ou sur les routes, qui se laissent pousser la barbe, qu'aiment pas trop les téléphones portables et qui ne bossent pas vraiment.

Oui, ils sont chouettes aussi les copains des Jeanne et des Marie. Super attachants, pas soumis à la société de consommation, un peu mal dans leur peau. Beaux, bien sûr, jeunes encore (même si ça commence à tourner un peu...)

Généralement, il y a un môme qui traîne dans leurs pattes, on ne sait pas trop pourquoi et eux non plus d'ailleurs…

Et quand on en est là, je me dis qu'on n'est plus à un stéréotype près : un peu de vague à l'âme par-ci par-là, l'envie de revivre une seconde jeunesse (comme-de-grands-ados-qu'-ont-jamais-vraiment-réussi-à-devenir-des-adultes-parce-que-les-valeurs-de-la-société-beurk-beurk), quelques scènes d'amour, deux trois passages où on joue avec le gosse (assis par terre), deux trois balades dans le paysage (un peu gris, c'est mieux), puis un retour à la maison où l'on débouche une bonne bouteille de vin rouge (du pas dégueulasse) que l'on déguste dans un verre ancien chiné en regardant le paysage (toujours tristounet) à travers la fenêtre de la cuisine. Oui, la cuisine, c'est pas mal.

Voilà voilà.

Les Marie et les Jeanne, ça annonce généralement ce type de récit, dans l'air du temps, bobo dans l'âme, un peu platounet dans l'écriture et souvent pas très très original, il faut bien le dire...
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L'Enfant dans le taxi

C'est sur une scène de roman traditionnel que s'ouvre ce roman, quelque part dans une ferme d'Allemagne aux abords du lac de Constance en fin de guerre, avec le point de vue omniscient du romancier pour décrire l'histoire d'amour entre une fermière et le soldat français qu'elle héberge : «La douceur de leurs peaux. L’humidité de leurs sexes. L’énergie de leurs muscles. Le plein de toute cette vie qui bat dans leurs veines et irrigue si fort leurs corps, exulte, ne demandait que ça depuis des mois, exulter.»

Mais le point de vue se fera tout autre par la suite. Celui introspectif de Simon – peut-être en ombre portée de l'auteur, qui prend la parole et nous révèle avoir imaginé cette histoire. Il n'en sait rien à vrai dire si ça a eu lieu dans une grange, si elle était blonde ou rousse, il n'a même pas cela : « un geste familier, un éclat de rire sonore ou léger, un grain de voix, une humeur enjouée, au contraire une gravité qui n’appartenait qu’à elle ». Et pourtant elle l'a habité cette histoire, il l'a déjà écrite dans un de ses précédents livres. Tout ce qu'il sait il le tient d'une famille où ce secret était enseveli sous « quelque chose comme un ordre supérieur aux allures de glacis, chape de silence devenue invisible à force d’habitude, [...], parée de souci du prochain : si je ne t’ai rien dit c’était pour ton bien». Autant dire qu'il ne sait pas grand-chose.

Du moins il ne savait pas grand-chose. Jusqu'à l'enterrement du grand-père en question, et un oncle d'origine allemande qui va lui révéler l'existence d'un fils caché de l'ancien soldat outre-Rhin, « chaque nouvelle phrase de Franz comme une déflagration sourde que j’avais sentie se propager dans tout mon être». Là l'auteur prendra le temps d'amplifier le moment, augmentant sa résonance à coup de participe présent, de phrases s'enchaînant en paragraphes sans point ni majuscule. On peut penser au Nouveau Roman, à Claude Simon et ses participe présent de « La route des Flandres », même si c'est la route de Constance que Simon envisagera pour une mise en lumière des dénis familiaux, avant de rebondir suite à sa rupture. Une quête de secret en résonance avec soi pour un narrateur qui mesure ce que cela dit de lui, le roman finissant par dessiner avec brio des portraits en creux ou en ombre en plus de celui de Simon, la silhouette du fils caché, ou celui d'une famille touchante malgré ses dénis et ses silences.



Voilà de nouveau un très beau roman de Sylvain Prudhomme qui change de maison d'édition, de Gallimard à Minuit (même si l'une a racheté l'autre), avec des teintes un peu désuètes (et si charmantes) de Nouveau Roman et de secret. Un Sylvain Prudhomme sur le chemin singulier d'une œuvre aux accents de sincérité, avec ce roman introspectif fait de mise en relief des êtres dans leur part ombrageuse. Un (court) roman très attachant, sur le fil sensible d'une écriture intuitive et somptueuse, au final croustillant de délicatesse.



« J’ai continué plein nord et peu à peu j’ai senti que je basculais dans un autre monde. Celui des sapins, des épicéas, des forêts gorgées d’eau. Pays reculé dans les contreforts des montagnes, loin des mers. Pays auquel le brouillard allait bien. Où tout était fixe. Où les lacs et les hauts arbres reposaient immobiles dans leur écrin de vallées, et c’étaient les brumes qui tantôt les prenaient tantôt se retiraient d’eux, comme fluait et refluait la mémoire. Pays des fantômes, des souvenirs, des secrets.»

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L'Enfant dans le taxi

Figure tutélaire d'une grande et belle famille soudée , le patriarche vient de rendre son dernier souffle .Alors que l'on enfonce le dernier clou du cercueil , des brins de poussière sortent de sous le tapis pour se déposer sur le bois laqué de sa dernière demeure ....D'abord simple bruissement , la rumeur parvient aux oreilles de Simon . La grand - mère , désormais dépositaire du secret de famille, a beau se rebeller , l'omerta familiale se fissure et Simon se le promet , il partira à la recherche de ce fils caché , fruit d'une bréve mais intense passion entre le grand - père , militaire en Allemagne et une jeune fille ...Secrets de familles ...Stop ...Attention , danger !

Le sujet a certes été maintes et maintes fois abordé dans la littérature , mais c'est avec beaucoup de lucidité et , surtout avec bonheur , que Sylvain Prudhomme va mettre son talent au service d'une bien belle histoire .

Sylvain Prudhomme , c'est , si ce superbe qualificatif n'était pas déjà élégamment porté par un de mes chers amis qui se reconnaîtra ( et que je salue ) un "artisan des mots ". Douceur , sensualité du mot , de la phrase tout en s'affranchissant d'une inutile ponctuation , c'est tout Sylvain Prudhomme .Avec lui , c'est une force délicieuse qui nous transperce , nous faisant virevolter avec des personnages fins , sur lesquels les non - dits pèsent puis glissent élégamment .Ce petit roman m'a profondéments séduit , interpellé , parfois même bouleversé , mais ça , chers amis et amies , ce sera mon " non - dit" , à moi .

Ce roman est un coup de coeur mais je ne veux pas laisser mes émotions personnelles vous entraîner sur des chemins qui ne seraient pas vôtres .On le sait tous et toutes , les livres agissent parfois curieusement sur nous , alors , pudence .Pourtant , laissez - moi ajouter ceci .Il y a quelques temps , malgré son succés , le roman " Par les routes " , du même auteur , m'avait ennuyé et irrité au point que je ne l'avais pas terminé .Curieux non ? Je n'avais rien apprécié , ni le style , ni l'histoire et , surtout pas l'absence de ponctuation ...Changé moi ? vieilli , oui , un peu mais .. Besoin de " me faire pardonner "? Sûrement pas , j'assume . . Alors ? Ben alors .....Chuttt ! Secret ...de famille ? Allez savoir ...

Allez , vous me direz . Et ce soir , pas de ménage , hein ...En soulevant les tapis , vous pourriez soulever la poussière et ça , c'est pas bon du tout ! ( oui , je sais , de la poussière , il y en a bien un peu partout, mais tout de même ...)

A trés bientôt et encore merci pour votre fidèle attention .
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L'Enfant dans le taxi

C’est au décours d’un après-midi de juillet, alors que la famille revient du cimetière, alors que les vivants tentent de se convaincre que la vie continue, que le secret a surgi. L’homme dont on vient de célébrer les obsèques a caché à sa famille l’existence d’un fils, né à la fin de la guerre. Les quelques membres de la famille partageant ce secret ont gardé le silence. Mais le narrateur ne peut en rester là. Cette histoire qu’il découvre l’entraîne dans une quête personnelle, malgré les réticences, voire les injonctions familiales.



Réflexion sur ce que sont les liens du sang, sur les aberrations à long terme de la guerre, sur la difficile quête des origines et sur ce que l’omerta crée de souffrances diffuses.



Le texte est porté par une belle écriture, à la fois élégante et subtile. Un très bon cru de l’auteur, qui su mêler fiction et histoire personnelle avec délicatesse et respect pour tenter de lever les parts d’ombre au coeur du récit officiel.



224 pages Editions de Minuit 24 Août 2023


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Par les routes

Le monde se divise en deux catégories. Ceux qui partent. Et ceux qui restent.



Sacha le narrateur, un écrivain de 40 ans, a quitté Paris pour entamer une nouvelle vie. Il rêve de repos, d’une existence plus vraie. Il s’installe dans un village où il retrouve l’autostoppeur qu’il a connu il y a vingt ans. Marié à Marie, papa d’Augustin, il bricole à droite et à gauche, ni trop souvent ni trop peu, juste ce qu’il faut pour maintenir le juste équilibre, rapporter à la maison sa part de revenus. L’autostoppeur a toujours ce besoin de partir, c’est nécessaire à son équilibre, s’il reste trop souvent sans s’en aller, il étouffe. Le goût des rencontres, l’envie de connaître des gens, de voir du pays, d’aller traîner ses guêtres ailleurs.

Il prend des photos des personnes rencontrées pour garder un souvenir et il les envoie à ses proches pour simplement dire qu’il va bien.



Des phrases de quatre ou cinq mots, pas plus, qui donnent de la souplesse et du rythme au récit. Une écriture tranquille comme le cheminement du héros. Une ode aux chemins, aux routes, aux paysages et aux rencontres. Une histoire originale dont on ne connaît pas le nom du personnage principal simplement son surnom « L’autostoppeur ». Un homme qui voyage sans but si ce n’est d’être par les routes, un appel irrésistible.

Un beau récit sur l’éloignement. La quête sans fin d’un homme qui va s’effacer peu à peu. Un roman rempli d’amour, plein de délicatesse et de poésie qui vous donnera envie de prendre votre sac à dos et de partir sur les chemins. Les dernières pages sont magnifiques, un hymne au partage, au rassemblement.

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Légende

Ouvrage reçu dans le cadre du dernier Masse Critique, je tiens tout d'abord à remercier Babelio ainsi que les éditions Gallimard qui m'ont cependant mise au supplice en me recommandant de ne pas apposer ma critique sur quel site que ce oit avant ce jour, mais j'ai réussi à tenir ma promesse. J'avais eu l'occasion de rencontrer Sylvain Prudhomme à l'occasion de sa venue à la médiathèque de ma ville pour la sortie de son roman "Les grands". J'avais alors non seulement apprécié le roman mais également l'auteur pour sa simplicité et sa proximité avec le public. Ici, l'n retrouve ce ton de légèreté dans l'écriture malgré les thèmes assez rudes qu'il aborde.



Tout part d'une histoire banale : reconstituer une époque, un mode de vie en faisant un film sur une ancienne boîte de nuit très en vogue quelques années auparavant : la Chou. Située dans le pays d'Arles, à La Crau exactement, cette discothèque, anciennement restaurant, a, on ne sait pas vraiment pourquoi, attiré toutes sortes de gens, jeunes ou moins jeunes, des personnes comme voue et moi ou encore des personnalités. Bref, c'était l'endroit où aller, l'endroit où il faisait bon d'être vu mais que reste-il de tout cela aujourd'hui ? Matt, l'un des protagonistes veut absolument en retracer l'histoire, en capter le moment et pour cela, il va avoir besoin de Nel. Ce dernier, photographe, en sait plus sur n'importe qui sur la Chou, non pas seulement faute de l'avoir fréquentée mais grâce aux souvenirs de ses cousins, aujourd'hui disparus, qui, eux, l'ont bien connue au sommet de sa gloire. Fabien et Christian étaient loin d'être des adolescents comme les autres. Ayant grandi séparément, ils n'étaient pas si différents l'un de l'autre finalement même si un océan s'était dressé entre eux durant leur enfance. Et puis, il va y avoir la rencontre avec Josette, la tante de Nel, qui, elle, se souvient. Si, les deux frères n'avaient pas du tout le même caractère ni les mêmes centres d'intérêt...et puis les souvenirs rejaillissent au fil des pages à tel point que Matt se demande si finalement, il ne serait pas en train de faire un film sur ces deux frères que tout opposait plutôt que sur la discothèque. Il y a aussi le père de Nel, berger depuis des générations et qui ne souhaitait pour rien au monde que son fils suive sa trace. Et enfin, il y a tous les autres...



Un roman extrêmement bien écrit, rempli d'émotions. Si les écrits parfois peuvent partir en fumée, les souvenirs, eux, restent même si ils sont parfois déformés par notre cerveau qui voudrait que les choses se soit passées différemment. Il ne le fait pas intentionnellement mais par simple instinct de survie, pour que nous puissions continuer à avancer sans chercher des réponses auxquelles nous n'avons pas de réponses ! Un livre magnifique que je ne peux que vous recommander !
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Les orages

Ouvrir ce livre de Sylvain Prudhomme, c'est un exercice de lecture vibrant sur le fil d'un équilibre délicat, avec la promesse d'échappées furtives dans des bulles inspirées, et c'est en substance la sensation d'approcher de plus près encore cet écrivain singulier, à l'écriture sensible.

Le thème de ces orages intimes semble lui aller à ravir : épingler avec des mots la fragilité de nos vies sur des post-it, attraper ces instantanés papillons de bascule potentielle, fixer ces moments charnières d'intense vérité, de lucidité, d'incandescence voire de tourmente, où les existences se révèlent dans leur intégralité.

Vertiges d'instants, pas forcément spectaculaires ni décisifs, dont on se souvient longtemps après.

" Je bois au Temps, cher ami. Au temps et à son élasticité. À ses galeries secrètes et ses doubles-fonds sans lesquels on pourrait tout de même vivre bien sûr – mais pas si bien", trinque Balzac, un personnage qui a fait du temps son allié, en arrêtant la frénésie de son quotidien au troquet de Paradis.

Il est ainsi surtout question de temps dans ses nouvelles, un temps le plus souvent en pause, en observation, en suspens voire en surplomb des existences.

Il y est aussi souvent question de couples, d'amours, de vie et de mort, de vie familiale et sentimentale. Et de maladie, comment ne pas envisager le thème sans ce moment décisif où tout bascule, comme pour la première ensorcelante dans sa construction narrative, superbe d'intensité dramatique retenue. Même si la plupart des instants des autres nouvelles seront plus nuancés, la plupart suivis de contre-coup sous forme de décompression, du torrent de larmes trop longtemps refoulé au rire libérateur, via la plénitude sereine.

Il y est aussi question de simplicité, les histoires bien ancrées en elle, aux scenarii souples et décidés, ni trop ni pas assez, la narration dotée d'attrait et de mystère. Jusqu'au choix formel de la nouvelle qui s'impose au fil des pages comme une simple évidence. On lit un recueil de nouvelles sans en avoir la sensation, les frontières entre chaque vie s'estompant pour taguer la fresque moderne d'un florilège de destinées, une mosaïque contemporaine d'instants figés, à l'allure universelle.

Après le très réussi « Par les routes », Sylvain Prudhomme semble affûter encore un peu plus son univers délicat avec ce beau livre. Un écrivain plutôt discret du paysage littéraire, au retentissement de plus en plus manifeste.



"Était-ce surtout la bouleversante inconscience dans laquelle ils m'avaient semblé se tenir, épargnés pour quelques minutes encore, avait continué la femme, si inquiets fussent-ils, assis côte à côte sur leurs petits sièges en bois, venus là sans un pyjama ni une affaire de rechange, certains il y a une heure encore de s'en retourner tous les trois chez eux avant le soir – le vertigineux contraste entre notre sidération à tous alentour et leur ignorance de premiers concernés pourtant, de premiers détruits en puissance, miraculeusement intouchés encore, quoique sur le point de voir leur vie à jamais ravagée."
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Par les routes

Pépite !!!....

Les autoroutes de France et les autostoppeurs... et vive la Nationale 7! Ah la belle époque où les gens avaient encore quelques libertés! sans avoir à passer par le satané Net...une histoire originale : ces deux hommes, deux personnages liés par une vieille amitié "de jeunesse routarde"....



Lors d'un déménagement en Province, Sacha célibataire la quarantaine, s'est "rangé" il retombe sur son "poteau de jeunesse" ... mais son acolyte non! malgré sa vie de famille, un port d'attache douillet : sa compagne Marie, traductrice et son fils..il les délaisse toujours pour partir sur les routes et de plus en plus souvent..

Toujours prendre la tangente, le large, le pouce tendu et pancartes de destination souhaitées en évidence ,.. irrépressible élan pour partir à l'aventure, voir du pays et provoquer des rencontres..the road trip où il se perd dans le plus petits villages de France, avec drôlerie le chapelet de villages énumérés correspondra à ses humeurs..et des portraits de personnages croustillants,...il sillonne et distille son parcours par ses cartes postales envoyées à sa famille sédentaire. ...

Cette étrange escapade est prenante...cet homme que l'on ne peut blâmer, tiraillé par ses sentiments, se reconnaît comme un courant d'air...que l'on ne peut saisir..quels sont ses réelles motivations ? Quel est son but?...un questionnement qui ne quitte pas le lecteur...resté un ado libre..? un père de famille responsable..?.A quoi sert d'aimer finalement?...c'est la toute la complexité du personnage..et c'est en cela réside le charme de cette histoire laissant au lecteur une porte ouverte à son propre imaginaire...

"On ne peut jamais attraper le vent.. "

Je n'ai pas pu m'empêcher de penser au sketch culte de Coluche..

Impossible de lâcher ce roman délicat, original, qui vous embarque malgré vous..!
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Par les routes

En recherche d'inspiration, Sacha, écrivain, s'installe dans une ville du sud de la France. Il y retrouve, par hasard, un ami de jeunesse, surnommé l'autostoppeur, qui vit avec Marie, traductrice de romans, et leur fils Agustin. Malgré sa famille, entre deux jobs, l'autostoppeur continue à partir à l'aventure sur les routes et à revenir quelques jours plus tard.

L'apparition de Sacha semble rompre un équilibre : l'autostoppeur s'absente de plus en plus, tandis que la littérature rapproche Marie et l'écrivain...



Le roman est centré sur quatre personnages : Sacha, l'autostoppeur, Marie et le petit Agustin. Dès le début, l'issue de l'intrigue semble prévisible. Mais l'auteur s'ingénie à brouiller les cartes sur les sentiments de Marie et la capacité de l'autostoppeur à entrainer avec lui son vieil ami.

L'analyse de ces personnages est plutôt fine. On s'interroge avec eux sur ce que sont leurs objectifs et leurs choix de vie.

L'environnement est volontairement laissé dans le flou. On pourrait être au bord du Rhône, à Arles, Beaucaire ou Avignon, ou ailleurs.

L'écriture est belle, facile à lire. Bien qu'il n'y ait que très peu d'action, Sylvain Prudhomme a su donner du rythme à son texte.

Un roman déroutant, mais qu'il faut lire !
Lien : http://michelgiraud.fr/2022/..
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Par les routes

Le roman de Sylvain Prudhomme est un émerveillement constant. La fonction de l’écrivain n’est-elle pas de se rebeller contre le désenchantement ? De nous ouvrir les yeux ? De nous montrer la ligne d’horizon cachée derrière la colline ? Abandonnez-vous, prenez les chemins de traverse, faites confiance à des inconnus, laissez-vous submerger par l’altérité. Pour traduire cette vision de l’existence, y avait-il plus belle métaphore que l’auto-stop, à la merci d’un hasard qui fait si bien les choses ? La vie est un voyage dont on connaît la funeste destination. Partir pour le plaisir de partir, comme un marin ou un montagnard, c’est une manière de conjurer la fatalité. C’est aussi l’éloge du « pourquoi pas », du « on verra bien » dans une société formatée par l’utile et l’agréable à tous prix - au mépris de soi. Ce roman est porté par le souffle de la liberté. Il m’a rappelé « L’homme Dé » (Luke Rhinehart) et sa lutte désespérée contre le déterminisme et le conformisme, le cynisme en moins, et la poésie en plus. Il est rare qu’un roman m’hypnotise à ce point, que j’en rate une station de métro, que j’en oublie des rendez-vous. Le héros, « l’auto-stoppeur », n’a pas de nom, il n’a qu’une obsession : courir le monde, sans intention particulière. Avec Blablacar, on choisit son conducteur (p38), et sur les réseaux sociaux, l’interlocuteur est présélectionné par l’algorithme (p234) mais quand on fait de l’auto-stop, on ne sait jamais sur qui on tombe. C’est la beauté de l’aléa. Comment cette quête éperdue allait-elle finir ? N’allais-je pas être déçue ? Bien au contraire, le final est magnifique. Il justifie tous les égarements, toutes les absences, tous les silences de l’auto-stoppeur. Et cette chanson de Gérard Manset qui court dans ma tête : « il voyage en solitaire, nul ne l’oblige à le faire… »

Bilan : 🌹🌹🌹

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L'Enfant dans le taxi

Un nouveau roman de Sylvain Prudhomme ? Toujours tentant quand on a aimé les nouvelles du recueil «Les orages », ou « Par les routes » ou surtout « Les grands » qui l'a fait connaître.



Simon le narrateur, à l'occasion de l'enterrement de son grand-père Malusci , entend des propos à propos d'un oncle dont il n'a jamais été question jusque-là. Un certain « M » serait né d'une rencontre entre son grand-père, alors prisonnier de guerre en Allemagne, et une femme allemande dont on ne sait rien. Pire, l'interdit semble peser sur cette naissance puisque sa grand-mère Imma, lorsqu'il aborde le sujet avec elle, lui défend formellement de chercher à en savoir plus.



Evidemment, il va passer outre.



Commence alors une longue enquête qui passe par l'Allemagne, près du Lac de Constance, où Simon croit avoir repéré la ville et la rue de ce grand-oncle inconnu, mais aussi un échange avec ce grand oncle qui a hébergé pendant 3 jours cet enfant tombé de nulle part, venu en taxi d'Allemagne pour tenter de faire connaissance avec un père qui refuse obstinément de le voir. Imma n'avait eu d'autre idée que de proposer à son propre frère de venir, en pleine nuit, à Toulouse, récupérer le paquet (à savoir un enfant de onze ans) dont le père niait l'existence…



Sylvain Prudhomme ouvre la porte des secrets de famille, et notamment la page obscure de toutes ces naissances hors mariage, fruit de rencontres furtives entre des prisonniers et leurs geôliers. Simon ne sera pas au bout de ses surprises, notamment de la part de son oncle Frantz, qui le premier a attiré son attention sur ce secret bien gardé jusque-là.



Avec de la douceur et de tendresse pour ces êtres éprouvés, l'auteur nous confirme que la vérité vaut mieux que le secret mortifère, qui infuse dans toutes les branches familiales, léguant en héritage un océan de questions aux générations futures. Il comble les blancs des non-dits, en imaginant la scène initiale entre son grand-père et cette Allemande dont il imagine la vie près du Lac de Constance.



Et c'est beau. Il s'affranchira donc de l'interdit de sa grand-mère, répondant ainsi aux questions de ses propres enfants, sur fond de rupture de son propre couple pendant son enquête.

La touche nostalgique apportée par la séparation donne d'ailleurs une tonalité douce-amère au récit du passé, et nous prenons Simon en affection en le remerciant du trajet qu'il fait à l'intérieur de la famille.



Un beau récit sensible donc, qui nous encourage tous à suivre nos propres chemins de vérité à l'intérieur de nos familles respectives. Pour l'affranchissement des générations à venir.

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