Citations de Vladimir Fédorovski (343)
Grand charmeur, Alexandre, en jetant les yeux sur la comédienne, ne cachait pas qu’à son auguste désir s’ajoutait une curiosité d’ordre historique. En effet, après la rencontre de Tilsit, il lui plaisait de se mesurer à l’autre empereur, celui qui recevait la jeune actrice dans la bibliothèque de Compiègne. Il alla même, dit-on jusqu’à laisser échapper ce mot : « Je voudrais goûter l’eau au puits même oû mon rival s’est désaltéré. »
Les champs de l'horreur.
Le Goulag
A tout seigneur tout honneur : c'est Lénine qui inventa les camps de concentration destinés en premier lieu dès la fin de la première Guerre mondiale aux officiers du corps expéditionnaire russe en France, puis à l'intelligentsia avec ses "pleurnicheries d'intellectuels pourris" selon la formule de Lénine, puis aux opposants aux réquisitions agricoles, enfin à quantité d'officiers blancs qui allaient être expédiés à partir de l'été 1920 sur les îles Solovski, quand les barges n'étaient pas coulées entre-temps dans la mer Blanche ..
Et en mai 2004, la République tchèque a rejoint l'Union européenne en déposant dans la corbeille un joyau : la splendeur de Prague. Au même titre que Paris, Venise ou Saint-Pétersbourg, cette capitale fait partie des plus belles villes au monde.
Conscient de l'attrait qu'exerçait son regard de velours, il était capable de contracter et de dilater ses pupilles, ce qui contribua sans doute à sa réputation de magicien ou de mystique.
Il n'y avait pas de cour en Europe où le service fût aussi varié et la hiérarchie aussi compliquée qu'à la cour de Russie.
Selon le constat qui anime encore aujourd'hui les kamikazes islamistes, seule la stratégie de la terreur semblait apte à produire un déclic. Mais en Russie, les acteurs surent masquer les ravages de la terreur et tourner le regard des foules vers de nobles objectifs. " On ne tue pas un homme concret, non, en sa personne, on tue le mal lui-même."
Ces deux environnements différents ont donné naissance à deux mentalités distinctes. Celle de la Russie du Sud de Gogol, sentimentale et fantasque, et celle d la Russie du Nord de Dostoïevski, plus proche de l'Occident et plus cérébrale.
Il avait vu Staline se transformer en idole païenne sous un tonnerre d'applaudissements, pendant une soirée en son honneur au Bolchoï, en 1938. Son regard mystique le perçut alors comme un démon travesti en dieu vivant.
Dans ce théâtre de l'absurde, le KGB devait également s'occuper des petites satisfactions du Tsar Rouge comme, par exemple, le choix de son couturier, dont la visite le mettait toujours de bonne humeur.
Le destin de Raspoutine est chargé de contrastes, d'incohérences et de bizarreries. Mais ce qu'on appelle l' "âme russe" n'est pas étranger à la création du mythe : tout était exubérant chez cet homme qui semblait émerger des entrailles de la Russie éternelle.
Lentement, il s'approchait d'une table éclairée de bougies, regardait tout autour de lui avec des yeux de pierre, restant de marbre tant que le silence n'était pas absolu; et il attaquait, tenant la strophe avec une maîtrise tourmentée, ralentissant à peine à la rime. Il avait la diction ensorcelante, et lorsqu'il finissait une poésie, sans un changement dans la voix, d'un seul coup on avait l'impression que ce délice avait cessé trop vite et qu'il fallait encore rester à l'écoute.
Mais, plus que le reflet des caprices de ses architectes, ce jeu de contrastes, de couleurs et de lumière n'est-il pas tout simplement l'expression de l'âme fantaisiste de Saint-Pétersbourg et de ses métamorphoses au fil des drames de son histoire?
Les gens ne s'intéressaient plus à ce qui se passait ailleurs, ils estimaient qu'il était enfin temps de se détendre. Ils en avaient assez des grandes causes et de l'esprit de croisade. Trop de listes de morts avaient endeuillé les journaux. Leurs nouveaux héros, ils les cherchaient dans les colonnes mondaines, sur le ring, les stades ou l'écran.
En ce samedi, absorbé par ses réflexions, le jeune homme flâna dans le quartier piétonnier de l'Arbat, où habitèrent Gogol, Tolstoï et Pouchkine puis chercha la maison où commence le roman de Boulgakov Le Maître et Marguerite. Il accomplissait ainsi une sorte de pèlerinage chez les auteurs qui avaient accompagné sa femme toute sa vie. Il visita donc le lieu devenu musée où Gogol, son écrivain favori, brûla le deuxième tome des Âmes mortes. Puis il passa devant la maison où vécut Pouchkine juste après son mariage. Il se remémora les éloquentes pages de Guerre et Paix dans lesquelles Tolstoï décrit le vaste hôtel de la comtesse Rostov, connu de tout Moscou. Le buste de l'écrivain trône devant cette demeure, aujourd'hui la Maison des écrivains.
Mais les figures mythiques de la Russie éternelle s'éclipsaient devant une réalité bien moins séduisante. En effet ce quartier, transformé en centre de marché noir, avec ses inévitables règlements de comptes, était devenu le lieu de prédilection des nouveaux Russes avec leur côté tape-à-l'oeil.
Les restes de Raspoutine ont connu un autre destin [que ceux de la famille impériale]. En mars 1917, sur ordre du gouvernement révolutionnaire, ils furent exhumés et brûlés. La légende raconte que seul le cercueil se consuma : le corps du Sibérien serait resté intact sous les flammes... Mais c'est surtout le "mythe Raspoutine" qui demeure intact : du "monde invisible", l'esprit du starets continue, semble-t-il, de hanter le pouvoir et la société russes, avides de mysticisme et de miracles.
Le crépuscule des civilisations est souvent marqué par des chroniques d' alcôve !
... Dans les rues provinciales, de vieilles maisons à colonnes s'alignaient. On y trouvait le palais du gouverneur puis une modeste bibliothèque portant le nom d'un célèbre historien russe ; de magnifiques arbres offraient leur ombrage aux promeneurs. Sans pavage, les rues se creusaient d'ornières tout au long des habitations de bois et se couvraient, suivant la saison, d'une boue collante au printemps ou de monticules de poussière durant l'été..
(Simbirsk, avant la révolution, où est né Vladimir Oulianov, pseudo : Lénine)
L'automne russe exhalait à la hâte ses derniers parfums.
Il entra en agonie le dimanche 18 août 1850 dans la matinée, et mourut à 23 h 30 entre Eva, désormais Mme de Balzac, et Victor Hugo, effrayé de le trouver dans cet état : "Il avait la face violette, presque noire, inclinée à droite, la barbe non faite, les cheveux gris et coupés court, l'oeil ouvert et fixe. Je le voyais de profil et il ressemblait à l'empereur."
Elle était attendrie par sa naïveté, sa bonté, son enthousiasme. Il la surprenait toujours, sans jamais la lasser, tantôt si savant, tantôt semblable à un enfant. Elle se savait la maîtresse, la muse et bientôt peut-être, cela ne tenait qu'à elle, la femme d'un génie, le femme de Balzac devant l'éternité.