Citations de Witold Gombrowicz (343)
- Quand même! Une mère ça ne se remplace pas.
La louange me revient de droit, c'est mon hermine et ma couronne!
- [...] Notre langue est cent fois plus riche que la française, qui passe cependant pour la plus accomplie. Que dit le français? «Petit», «petiot», «très petit», tout au plus. Tandis que nous, [Polonais], quelle richesse : «maly», «malutki», «maluchny», «malusi», «malenki», «malenieczki», «malusienki», et ainsi de suite.
Le socialisme devient un instrument entre les mains du libéralisme, qui se dissimule derrière lui.
La cocasserie sinistre de la situation était due surtout au fait que nous étions comme un couple d’amants déçus dans leurs espoirs et repoussés par un autre couple d’amants ; notre embrasement, notre exaltation suprême nous n’avions pas de quoi les assouvir et ils circulaient maintenant entre nous, de l’un à l’autre… il ne nous restait rien ni personne hors nous-mêmes, et, en dépit de notre répugnance, il nous fallait bien être ensemble dans cette sensualité que nous avions déchaînée et qui nous transportait.
Nietzsche
Sans Dieu, il n’y a pas de lois extérieures.
La seule loi pour Nietzsche est l’affirmation de la vie.
C’est une philosophie antichrétienne et athée.
Ce n’est pas facile d’être athée.
Chez Nietzsche, la vie n’est pas bonne, mais nous sommes condamnés à la vie.
L’espèce humaine est comme toutes les autres, elle s’améliore par une lutte et une sélection naturelle qui est faite par la vie même.
Ici on voit l’aspect le plus sensationnel et le plus provocant de cette philosophe: c’est l’opposition au christianisme qui, selon Nietzsche, était une morale des faibles imposée aux forts, nuisible pour l’espèce humaine, et donc, immorale.
Évidemment, cette attitude était révolutionnaire et elle mettait à l’envers tous les systèmes de valeurs.
L'amour! quelle charmante, quelle incompréhensible absurdité! Pincer et repenser, et même prendre dans ses bras, combien de choses cela implique! Bah, je sais maintenant à quoi m'en tenir, je vois la secrète parenté de cela avec la guerre : à la guerre aussi il s'agit de pincer et de repenser, ou de saisir dans ses bras. [...]
Or dans la Pornographie se manifeste, il me semble, un autre but de l’homme, plus secret sans doute, en quelque sorte illégal : son besoin du Non-achevé… de l’Imperfection… de l’Infériorité… de la Jeunesse...
-Préface-
dérisoires sont les projets, vains les arrangements, futiles les résolutions quand l'homme est acculé par les hommes, perdu au milieu des hommes comme en une sombre forêt. Alors, tu marches mais en réalité tu erres; tu prends des décisions et batis des plans mais tu erres; tu crois agencer les choses selon ta volonté propre mais tu erres; tu parles, tu agis mais, au coeur de la forêt, dans la nuit, tu erres, tu erres...
- [...] Voyez-vous, poursuivit-il, lorsque nous rencontrons dans la vie humaine un élément inexplicable et mystérieux, nous avons tendance à tout mettre sur le compte de son influence. C'est une grave erreur. Il existe encore une multitude de forces et d'événements qui dépassent notre science, mais il ne faut pas en exagérer l'importance. L'homme est l'artisan de son propre destin. Ce sont son caractère, sa conscience et sa foi qui sont déterminants et non de sombres fluides aveugles. Toute vie humaine, toute aventure a toujours quelque chose de mystérieux. Nous vivons dans un monde qui reste encore en partie inexpliqué. Mais, pour un homme de bonne volonté, il suffit déjà de cette connaissance que nous avons acquise.
Douce, passive, timide, elle était une grande spécialiste de l'attente et c'est pourquoi elle avait souvent mal aux dents car les salons d'attente des dentistes lui convenaient à merveille et ses dents le savaient.
Il n'y a rien de pire que des maîtres à la personnalité sympathique, surtout si, par hasard, ils ont des idées à eux. C'est seulement un enseignant désagréable qui peut inculquer aux élèves cette bonne immaturité, cette sympathique maladresse ou impuissance, cette ignorance de la vie qui doivent marquer la jeunesse pour qu'elle reste dépendante de gens honnêtes comme nous, pédagogues par vocation. C'est seulement à l'aide d'un personnel adéquat que nous pourrons faire retomber le monde entier en enfance.
Il faudrait aussi établir, définir et décréter si [cet ouvrage] est un roman un journal, une parodie, un pamphlet, une variation sur des thèmes imaginaires, une étude - et ce qui prévaut en lui : la plaisanterie, l'ironie ou un sens plus profond, le sarcasme, le persiflage, l'invective, la sottise le pur non-sens, la pure blague - à moins qu'il ne s'agisse d'une pose, d'un artifice,d'une feinte, d'un jeu, d'un manque d'esprit, d'une anémie du sentiment, d'une atrophie de l'imagination, d'une attaque contre l'ordre ou d'une destruction de la raison.
Page 281
Je restai un certain temps au milieu de la pièce, flairant l'atmosphère, analysant les éléments et cherchant : où débusquer le mauvais goût, comment corrompre ?
Page 220
Mes attentats contre la Forme, où m’ont-ils mené ? A la Forme, justement. Je l’ai tant et tant brisée qu’à force je suis devenu cet écrivain dont la Forme est le sujet. Voilà ma forme, et ma définition.
Je voulais protester, mais le parfait pédant m'avait si brutalement pédantisé avec son parfait pédantisme que ce me fut impossible.
Le monde devenait insupportable. Je ne voyais partout que des méchantes caricatures. Ma famille, ma «sphère» sociale : trop gâtées, boursoufflées, ramollies. La société, la nation, l'État : des ennemis. L'armée : un cauchemar. Les idéaux, les idéologies : des lieux communs. Et le pire, c'était moi-même : le comble de l'affectation, de la prétention - chacune de mes paroles tournait autrement que j'aurais voulu, tous mes gestes étaient corrompus.
"Imbibés de cette sottise, ils se montraient faux dans leurs émotions, affreux dans leur lyrisme, insupportable dans leur sentimentalisme, malhabiles dans leur ironie et leurs plaisanteries, prétentieux dans leurs élans, repoussants dans leurs faiblesses. Ainsi allait le monde.''
Et ce n'est pas nous qui disons les mots, ce sont les mots qui nous disent.
Rabelais, lui, ne savait pas s'il était "historique" ou "supra-historique". Il n'avait nullement l'intention de cultiver "l'écriture absolue" ni de sacrifier à l'"art pur", ni à l'opposé, d'exprimer son époque : il n'avait en général aucune intention, car il écrivait, comme un gosse fait pipi contre un buisson, simplement pour se soulager. Il attaquait ce qui le mettait en fureur ; il combattait ce qui entravait sa route ; il écrivait pour la volupté, la sienne et celle des autres --- tout ce qui venait sous la plume.