AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Witold Gombrowicz (343)


Nietzsche

Chez Nietzsche, nous trouvons trois pensées dominantes……
1. Dieu est mort. Ça signifie que l’humanité est arrivée à sa maturité. La foi en Dieu est déjà anachronique. L’homme se retrouve seul dans le cosmos. Rien que la vie.
2. (Idée stupide.) L’idéal du surhomme. L’homme est un phénomène passager qui doit être dépassé. L’homme est donc problématique. Il est un pont et non une fin en soi……
3. L'Éternel Retour. C’est une idée scientifique qui naît d’une part de la notion de temps infini et d’autre part, de l’idée de causalité…Nietzsche part d’une cause originelle qui produit toutes les autres causes, effets-causes, etc…cela sera dépassé par d’autres causes-effets et finalement s’anéantir, et de nouveau la première cause reviendra, etc…, et nous arriverons de nouveau à la même situation. Comme le temps est infini, cela se répétera éternellement
Commenter  J’apprécie          71
Mon voisin de table, un colonel jovial, m'indique discrètement un monsieur corpulent assis à droite de notre hôtesse:
- Regardez, c'est Neruda.
Neruda? Pablo Neruda, le poète chilien? Je regarde de plus près avec toute l'admiration requise.
Comparant ma propre situation avec celle d'un chantre communiste, il m'est difficile de résister au sentiment d'être pris dans un paradoxe assez tordu: moi, simple bourgeois, installé pour tout dire dans le capitalisme et sans aucune disposition à être un actif militant du peuple, je gagne en effet ma vie à peine mieux qu'un ouvrier, alors que lui, avec sa gueule bouche d'or, fourrée de révolution, barde du prolétariat et pourfendeur de richards haïssables et de "l'exploitation de l'homme par l'homme", possède à ce qu'il paraît une résidence faramineuse et se vautre sur un tas de millions lourds, le tout grâce justement à ses hymnes et péans prolétaro-révolutio-ascético-héroïques. Ah, quel magicien de génie ! Le poème capital de ce dignitaire de l'art, art rouge bien entendu, intitulé Canto General, est justement en cours de traduction polonaise, "dans les sept sueurs" de toute une brigade de poètes... traduction entreprise Dieu sait pourquoi, car le destin de ce genre de poème-fleuve consiste à n'être lu par personne... et pourtant, on a déjà prévu pour cela un fonds spécial, et il semble que tout le monde s'y soit mis... Rien de tel, ma foi, que de vivre en poète rouge dans cet occident pourri: on jouit en effet d'une gloire universelle, car si derrière le "rideau de fer", la manne coule à flots, ici même et en même temps, on a sous la main toutes les délices d'un capitalisme vermoulu. Sans compter que, grâce à votre situation semi-officielle, votre rang égale en quelque sorte celui d'un ambassadeur, voire d'un ministre.
Toute cela me venait à l'esprit tandis que je contemplais ce sybarite héroïque, ce capitaliste de la révolution, ce combattant qui avait déjà la victoire en poche...
Commenter  J’apprécie          70
Claquent les bâches au vent, le sillage écume, la queue glougloute, l'avance navigante bourdonne, que de transats, jeux et parlotes - aah, brouhaha étouffé, rires de joie somnolente - aah, luisent les angles, brillent les cuivres, cordages et filins s'impriment en réseau d'ombres soyeuses: lointain et sel, titubance dans l'azur, quelqu'un dit traigaldo aqui, quelqu'un se retourne, change de côté, le grand air.
Commenter  J’apprécie          70
- Qui est là ? répéta-t-il avec circonspection, soucieux de ne pas se montrer ridicule au cas où il n'y aurait eu personne.

P. 374
Commenter  J’apprécie          70
Les Allemands sont lourds, brutaux, avec des pieds plats, les Français sont petits, menus et dépravés, les Russes, velus, les Italiens - c'est le bel canto. Quel soulagement de se sentir polonais : rien d'étonnant à ce que tous nous envient et veuillent nous balayer de la surface de la Terre
Commenter  J’apprécie          70
Qu'est-ce que le roman policier ? Un essai d'organiser le chaos.
Commenter  J’apprécie          70
Elle avait peur du château –peur de son fiancé- mais peur surtout d’elle-même, des menaces qu’elle sentait tapies au fond de sa nature trop hardie, trop impatiente, trop avide de bonheur. Les sinistres murailles perdues dans leur antique passé semblaient dénoncer la légèreté de qui partait en quête d’un bonheur éphémère.
Commenter  J’apprécie          70
Witold Gombrowicz
Il n’y a guère de position psychique qui, conséquente et poussée à l’extrême, ne commanderait le respect. La force peut exister dans la faiblesse, la sécurité dans l’indécision, la cohérence dans l’inconséquence, et aussi la grandeur dans la médiocrité ; la lâcheté peut être courageuse, la mollesse tranchante comme de l’acier, la fuite agressive.
Commenter  J’apprécie          70
La perversité de cette randonnée me frappa tout à coup, car nous étions comme sortis d'une image d'Epinal -une photo morte du vieil album de famille- et sur la colline le véhicule périmé était visible de très loin, ce qui rendait la contrée particulièrement ironique, d'une méprisante cruauté.
Commenter  J’apprécie          70
Le jardin invisible s’enfla, se gorgea de charmes –bien qu’humide, nuageux- autour de ce fou difforme planté en son milieu.
Commenter  J’apprécie          70
Et encore : j’étais tout à fait incapable d’aimer. L’amour m’a été refusé une fois pour toutes, dès le départ, mais est-ce parce que je n’ai pas su lui trouver une forme, une expression propres, ou bien parce que je ne l’avais pas en moi ?
Commenter  J’apprécie          70
Si elle m'aime, c'est que moi...moi je suis aimé d'elle... Et si je suis aimé d'elle, c'est que je suis son bien-aimé... Je suis en elle. Elle m'a en elle. Je ne peux pas la mépriser...si elle m'aime. Je ne peux pas être méprisant ici, si là, en elle, je suis bien-aimé. Ah, moi qui pensais pendant tout ce temps-là que j'étais ici, que j'étais moi-même, en moi-même - et tout à coup clac ! Elle m'a attrapé - et je suis en elle comme dans un piège !
Commenter  J’apprécie          70
- Oui, M. le Professeur, dit le directeur avec fierté, ce corps enseignant recruté avec soin est exceptionnellement pénible et désagréable. Vous ne trouverez pas ici un seul corps agréable, ce ne sont que des corps pédagogiques, et si la nécessité me contraint parfois à engager un maître assez jeune, je veille toujours à ce qu'il possède au moins une particularité repoussante.
Commenter  J’apprécie          70
Je ne connais rien de plus affreux qu’un être humain à qui un autre être humain a fabriqué une gueule. Tout est bon au second pour renforcer le premier dans le ridicule, la mascarade, le grotesque, car la laideur accrue de l’un nourrit la beauté de l’autre. Croyez-moi : le cucul qu’on peut fabriquer à un autrui n’est rien en comparaison de la gueule !
Commenter  J’apprécie          70
Dans notre embarcation à moteur, sur le miroir d'eau qui s'étend sombre et silencieux, nous glissons entre le taillis des îles. Il fait vert et bleu, il fait aimable et amusant. A l'arrêt une jeune fille monte qui... Comment m'exprimer ?La beauté a ses mystères. Que de belles mélodies par le monde ! Seules quelques-unes pourtant nous font l'effet d'une main qui commence à nous étreindre. Cette beauté-là était tellement poignante que nous avons tous eu un sentiment de dépaysement, peut-être même de pudeur, --- et nul d'entre nous n'osait montrer aux autres qu'il la regardait, mais pas une paire d'yeux qui ne fussent aux aguets de cette étincelante existence.
Soudain la jeune fille le plus tranquillement du monde, entreprit de se curer le nez avec les doigts.
Commenter  J’apprécie          70
[…] je regardai la nappe et la menotte de Léna… elle était plus calme, sans tremblements marqués (mais cela pouvait justement prouver que c’était elle qui avait orienté le timon !) … et les autres mains, par exemple celle de Léon, endormie, ou celle de Lucien, érotiquement non érotique, et la patte de Bouboule, rouge comme une betterave, petit poing sortant de son bras épais de vieille sorcière, ce qui provoquait un malaise envahissant…qui devenait encore plus désagréable à la vue du coude, où la rougeur mobile se transformait en golfes bleus et violets qui annonçaient d’autres zones cachées. Combinaisons compliquées, fatigantes, de mains, analogues aux combinaisons du plafond, des murs, de partout…
Commenter  J’apprécie          60
Dites-moi votre avis : ne pensez-vous pas que le lecteur n'assimile que des parties et de manière partielle ? Il lit une petite partie, un morceau, puis il s'arrête avant d'aborder le suivant, parfois même il commence par le milieu ou par la fin et va à reculons vers le début. Plus d'une fois il parcourra quelques morceaux et abandonnera, non pas que ça ne l'intéresse pas, mais tout simplement une autre chose lui est venue à l'esprit. Et même s'il lisait le tout, pensez-vous qu'il concevra une vision globale  et qu'il comprendra les relations  harmonieuses des différentes parties s'il n'en est pas instruit par un spécialiste ? Ainsi un auteur doit peiner pendant des années, il coupe, il arrange, il enlève, il recolle, soufflant et suant, pour qu'un spécialiste dise au lecteur que la construction est bonne ? Mais allons plus loin, entrons dans le domaine de l'expérience personnelle. Est-ce qu'une sonnerie de téléphone ou une mouche ne risquent pas d'arracher quelqu'un à sa lecture au moment précis où toutes les parties constituantes convergent vers l'unité d'une solution dramatique ? Et que se passera-t-il si le lecteur voit son frère, supposons, entrer dans la chambre pour lui dire quelque chose ? La noble tâche de l'écrivain est gâchée à cause d'un frère, d'une mouche ou d'un téléphone. Pouah, vilaines mouches, pourquoi vous attaquer à une race qui n'a plus de queue pour se protéger ? Considérons ceci de surcroît : cette oeuvre unique et exceptionnelle que vous avez élaborée, ne fait-elle pas partie d'un ensemble de trente mille autres, non moins uniques, qui paraissent chaque année avec régularité ? Détestables parties ! Devons-nous construire un tout pour qu'une parcelle de partie de lecteur absorbe une parcelle de partie de cette oeuvre, et encore partiellement ?



   Il est difficile de ne pas plaisanter à ce sujet. Les plaisanteries viennent d'elles-mêmes. Nous avons appris depuis longtemps à nous débarrasser par la moquerie de ce qui nous moque trop cruellement. Un génie sérieux viendra-t-il un jour pour regarder en face les petitesses  concrètes de l'existence sans éclater d'un rire obtus ? Et qui saura opposer à ces petitesses sa grandeur ? Eh toi, mon style, trop pétillant, trop léger !



   Remarquons encore (pour boire jusqu'à la lie le calice de la partie) que ces canons et principes de construction auxquels nous sommes asservis sont dus à une partie seulement de la société, et encore une partie très secondaire. Une partie insignifiante du monde, un groupe réduit de spécialistes et d'esthètes, un microcosme gros comme le petit doigt, qui pourrait tenir tout entier dans une seule salle de café, se remue en vase clos et produit des postulats de plus en plus raffinés. Bien pis, ces goûts ne sont même pas authentiques : votre construction ne plaît qu'en partie à ces gens, ils préfèrent pour une plus large part leur propre science en matière de constructions. L'artiste doit-il donc faire tant d'efforts en ce domaine pour que le connaisseur puisse étaler ses capacités ?

   Chut ! Attention, mystère, voici un créateur de cinquante ans qui crée, à genoux devant l'autel de l'Art, en pensant au chef-d'oeuvre, à l'harmonie, à la précision, à la beauté, à l'âme et au triomphe ; voici un connaisseur qui s'y connaît, qui approfondit avec profondeur la création du créateur, laquelle parvient au lecteur - et ce qui avait été enfanté dans une totale douleur est accueilli de la façon la plus partielle, entre un coup de téléphone et une côtelette. D'un côté l'écrivain donne son âme, son cœur, son art, sa peine, sa souffrance, mais de l'autre le lecteur n'en veut pas, ou s'il veut bien, ce sera machinalement, en passant, jusqu'au prochain coup de téléphone. Les petites réalités de la vie nous détruisent. Vous êtes dans la situation d'un homme qui a provoqué un dragon mais qui tremble devant un petit chien d'appartement...
Commenter  J’apprécie          60
Witold Gombrowicz
En pensant aux cris de "sales juifs", lancés aux militants identitaires, pendant la manifestation des Traoré :

« […] Je dirai que le Juif qui exige avec trop d'insistance d'être traité “comme un homme” – comme si rien ne le distinguait des autres – me paraît être un Juif insuffisamment conscient de son état de Juif. C'est là, bien sûr, une exigence juste et combien compréhensible. Et pourtant, elle n'est pas à la mesure de leur réalité. C'est trop simple, trop facile…
(...)
« Lorsque j'entends ces gens me dire que le peuple juif est tout à fait semblable aux autres peuples, c'est un peu comme si j'entendais Michel-Ange déclarer que rien ne le distingue de personne, Chopin demander pour lui-même une “vie normale”, ou bien encore Beethoven assurer qu'il a lui aussi plein droit à l'égalité. Hélas ! ceux à qui fut donné le droit à la supériorité n'ont plus droit à l'égalité.

« Il n'est pas de peuple plus manifestement génial que le peuple juif, et je le dis non seulement parce que les Juifs ont engendré et nourri les plus hautes inspirations dans l'univers, qu'ils ont marqué de leur sceau l'histoire universelle, et qu'un nom juif, à jamais illustre, éclot et naît à toute époque. Mais c'est par sa structure même que le génie juif est manifeste : à l'instar du génie d'un individu, il est intimement lié à la maladie, à la chute, à l'humiliation. Génial parce que malade. Supérieur parce que humilié. Créateur parce que anormal. Ce peuple – de même que Michel-Ange, Chopin et Beethoven – représente une décadence qu'il transcende en création et en progrès. Pour lui, la vie n'est jamais facile, il est en désaccord avec la vie, voilà pourquoi il se transforme et se tourne en culture…

« La haine, le mépris, la peur, l'aversion que ce peuple suscite chez les autres peuples rappellent les sentiments avec lesquels les paysans allemands regardaient le Beethoven malade, sourd, sale et hystérique qui se promenait en gesticulant dans la campagne. Le chemin de croix des Juifs, c'est le chemin de Chopin. L'histoire de ce peuple – comme d'ailleurs toutes les biographies des grands hommes – n'est qu'une secrète provocation : il a le don de provoquer le sort, d'attirer sur sa tête toutes les calamités qui peuvent, peuple élu, l'aider à remplir sa mission. Quelles obscures nécessités furent à l'origine du phénomène ? Nul ne saurait le dire… Mais que ceux qui en demeurent les victimes ne tentent pas d'imaginer fût-ce un instant qu'ils arriveront à se tirer de ces abîmes pour en sortir sur un terrain droit et plat…

«Il est curieux de noter que la vie du plus normal, du plus vulgaire* des Juifs est dans une certaine mesure la vie d'un homme éminent : aussi normal et équilibré qu'il soit, et ne se distinguant en rien des autres, il s'affirmera pourtant différent ; il se trouvera, bien malgré lui, toujours en marge. Dès lors, on peut dire que même un Juif moyen est condamné à la grandeur, uniquement parce que Juif. Et pas seulement à la grandeur : condamné à une lutte désespérée, à un duel-suicide contre sa propre forme (en effet, comme Michel-Ange, il ne s'aime pas).

« Aussi, ne croyez pas “réparer” cette épouvante en vous figurant être “comme tout le monde” et en avalant l'idyllique bouillie des sentiments humanitaires. Que le combat pourtant qu'on vous livre puisse être moins vil ! Quant à moi, l'éclat dont vous resplendissez a plus d'une fois illuminé ma route – et je vous dois vraiment beaucoup. »

Witold Gombrowicz, Journal 1954, Folio, pp. 179-181.

Emprunté au blog de Didier Goux, "Didier Goux habite ici".

*vulgaire : appartenant au peuple (vulgus), banal.
Commenter  J’apprécie          60
Vous avez été coulés dans le même moule, tout le monde l’a remarqué. Il a ton rire, ton regard, tes gestes, c’en est proprement scandaleux !
Commenter  J’apprécie          60
Ce que nous pouvons penser, sentir et dire aujourd’hui sera forcément une sottise aux yeux de nos petits-enfants. Il vaudrait donc mieux prendre les devants et traiter tout cela comme si c’était déjà une sottise.
Commenter  J’apprécie          60



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Witold Gombrowicz (1065)Voir plus

Quiz Voir plus

Harry Potter à l'école des sorciers (facile)

Qui transporte Harry sur une moto volante ?

Sirus
Hagrid
Dumbledore
Le professeur McGonagall

10 questions
1768 lecteurs ont répondu
Thème : Harry Potter, tome 1 : Harry Potter à l'école des sorciers de J. K. RowlingCréer un quiz sur cet auteur

{* *}