AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Witold Gombrowicz (343)


Il était mauvais psychologue, par excès d’intelligence et d’imagination –dans sa vision dilatée de l’homme il y avait place pour tout.
Commenter  J’apprécie          52
La poésie se développe partout, comme la vermine.
Commenter  J’apprécie          50
...celle-ci est une blondasse-hommasse, alors que l'autreétait une de ces guillerettes belettes brunettes.
Commenter  J’apprécie          50
Il était trop tard pour reculer : si le monde existe, c'est seulement parce qu'il est toujours trop tard pour reculer.
Commenter  J’apprécie          52
Etre naïf, parce que quelqu'un pense que vous l'êtes, être sot parce qu'un sot vous prend pour tel, être un béjaune parce qu'un béjaune vous plonge et vous fait macérer dans sa propre immaturité, il y aurait de quoi devenir enragé, s'il n'y avait pas ce petit mot de "mais" qui rend la vie à peu près possible!
Se frotter à ce monde supérieur et adulte sans pouvoir y pénétrer, se trouver à deux doigts de la distinction, de l'élégance, de l'intelligence du sérieux, des jugements mûris, de l'estime mutuelle, de la hiérarchie des valeurs, et ne contempler ces douceurs qu'à travers la vitrine, les sentir inaccessibles, être de trop.
Commenter  J’apprécie          50
Je restai seul, désillusionné, comme il arrive chaque fois que quelque chose se réalise - car la réalisation est toujours trouble, insuffisamment précise, privée de la grandeur et de la pureté du projet. Ayant rempli ma tâche je me sentais soudain inutile - que faire ? - vidé littéralement par l'événement dont j'avais accouché.
Commenter  J’apprécie          50
Il avait quelque chose en commun avec le fer. Avec une sangle de cuir, un arbre fraîchement coupé. Au premier coup d’œil, tout à fait ordinaire, tranquille et amical, obéissant et même empressé. Déchiré entre l'enfant en lui et l'homme adulte (ce qui le faisait à la fois innocemment naïf et impitoyablement expérimenté), il n'était cependant ni l'un ni l'autre, mais comme un troisième terme, il était la jeunesse, violente en lui et déchaînée, qui le livrait à la cruauté, à la contrainte et à l'obéissance et le rejetait dans l'esclavage et l'humiliation. Inférieur, car jeune. Imparfait, car jeune. Sensuel, car jeune. Charnel, car jeune. Destructeur, car jeune. Et dans sa jeunesse - méprisable.
Commenter  J’apprécie          50
L'homme est un éternel acteur, mais un acteur naturel, car son sacrifice lui est congénital (...): être homme veut dire être acteur, être homme c'est simuler l'homme (...) derrière ce masque il n'a pas de visage - ce qu'on peut lui demander, c'est de prendre conscience de l'artifice de son état et de le confesser.
Commenter  J’apprécie          50
nous sommes presque toujours absents, ou en tout cas pas entièrement présents, à cause de notre contact fragmentaire, chaotique et superficiel, de notre contact lâche et mesquin avec ce qui nous entoure
Commenter  J’apprécie          40
ce qui se passe de nos jours en matière d'intellect et d'intellectuels est tout simplement un scandale - et une mystification, une des plus grandioses de l'histoire. L'intellectuel a longtemps servi à "démystifier", jusqu'au moment où il est devenu lui-même l'instrument d'un monstrueux mensonge. Le savoir et la vérité ont depuis longtemps déjà cessé d'être le souci principal de l'intellectuel - remplacés tout simplement par celui de ne pas laisser voir qu'on ne sait pas. L'intellectuel, qui étouffe sous le poids des connaissances qu'il n'a pas assimilées, biaise comme il peut pour ne pas se laisser attraper. Quelles précautions prend-il ? Formuler les choses astucieusement pour ne pas se laisser coincer sur des mots. Ne pas pointer son nez au-delà de ce qu'il maîtrise plus ou moins. Employer des notions sans développer, comme si elles étaient connues de tous mais en fait pour ne pas trahir sa propre ignorance. Laisser entendre qu'il sait. On a vu naître un art particulier : celui de s'escrimer habilement avec des idées qu'on ne possède pas, en faisant mine d'avoir des bases solides. Une façon particulière de citer et de faire usage des noms. Parmi les milliers d'exemples qui me viennent à l'esprit, je n'en prendrai qu'un : un des plus violents débats intellectuels de l'après-guerre fut la polémique provoquée par l'exigence de Sartre que l'intellectuel " s'engage", qu'il "choisisse". Aucun écrivain ne pouvait dans la pratique éviter de se déclarer pour ou contre. Mais pour comprendre les postulats énoncés par Sartre dans ses Situations, il fallait d'abord saisir sa conception de la "liberté", ce qui supposait que l'on ait étudié les sept cent pages de L'être et le néant (un vrai pensum), et "L'être et le néant", développant une ontologie phénoménologique, supposait la connaissance de Husserl, sans parler de Hegel ni de Kant... Combien, je me le demande, parmi ceux qui ont discuté les thèses de Sartre, auraient eu le courage de se présenter devant un jury d'examen ?.
Commenter  J’apprécie          40
On parle de J.L. Borges, le premier prosateur de l'Argentine. Quant à moi, je suis critique... sa métaphysique tissée de fantasmes est tordue, complexe, stérile, ennuyeuse et, pour tout dire, manque d'originalité. On me répond:
- C'est possible... Mais c'est notre seul écrivain de haut niveau. A Paris, la critique lui est favorable. Avez-vous lu la presse à ce sujet? Bien sûr, il est dommage que sa façon d'écrire ne soit pas différente... Moi aussi, je voudrais lui trouver des liens plus étroits avec la vie réelle, un style plus musclé, comme un steak plus saignant. Mais c'est quand même de la littérature.
Tant pis. Rien à faire. Ce qu'ils veulent, c'est parvenir à avoir une littérature parce que les autres nations en ont une.
Commenter  J’apprécie          44
En ce qui me concerne, presque toujours l'art me parle et m'émeut avec plus de force quand il s'exprime de façon imparfaite, fortuite et fragmentaire, quand il se borne à signaler pour ainsi dire sa présence, me permettant de la pressentir à travers une interprétation médiocre. Je préfère du Chopin m'arrivant par bouffées d'une fenêtre ouverte que ce même Chopin joué avec force fioritures sur une estrade de concert.

p. 77
Commenter  J’apprécie          40
- Le tonneau...
Et il se troubla... car au lieu d'admirer le paysage il avait remarqué quelque chose d'aussi insignifiant, d'aussi dénué d'intérêt que ce tonneau abandonné sous un arbre, sur la gauche. Il ne savait comment cela lui était venu aux lèvres ni comment s'en dépêtrer maintenant. Et la vieille dame répéta comme en écho :
- Le tonneau...
Elle le fit sur un ton très bas, mais pénétrant, comme si elle l'approuvait et tombait d'accord avec lui, dans une adhésion à ses vues soudain totale - comme si, elle aussi, était coutumière de ces initiations fortuites à un objet fortuit, de ces attachements inattendus à un objet quelconque qui tire toute son importance du lien même qui vous y attache... oh... vraiment, ces deux-là avaient plus d'un point en commun !

p. 101
Commenter  J’apprécie          40
-- Et personne n'est au courant qu'il y a ici tant d'objets de cette valeur ?
-- Je n'en reviens pas moi-même. Mais il faut savoir que, depuis cent cinquante ans, aucun être civilisé n'a franchi le seuil d'un château habité successivement par trois générations d'ivrognes, de joueurs et de débauchés n'ayant pas la moindre idée de ce qu'ils possédaient, incapables de distinguer le style Renaissance du gothique.
Commenter  J’apprécie          40
je vous demanderai (…) si, à votre avis, une œuvre composée selon toutes les règles exprime une totalité ou une partie seulement ? Voyons, toute forme ne repose-telle pas sur une élimination, toute construction n'est-elle pas un amoindrissement, et une expression peut-elle refléter autre chose qu'une partie seulement du réel ? Le reste est silence. Enfin est-ce nous qui créons la forme ou est-ce elle qui nous crée ? Nous avons l'impression de construire. Illusion : nous sommes en même temps construits par notre construction. Ce que vous avez écrit vous dicte la suite, l’œuvre ne naît pas de vous, vous vouliez écrire une chose et vous en avez écrit une autre tout à fait différente. Les parties ont un penchant pour le tout, chacune d'elles vise le tout en cachette, tend à s'arrondir, cherche des compléments, désire un ensemble à son image et à sa ressemblance.
Commenter  J’apprécie          40
Je souris au clair de lune, adouci par la pensée que l'esprit est impuissant devant la réalité qui déborde, qui détruit, qui enveloppe... Il n'existe pas de combinaisons impossibles... N'importe quelle combinaison est possible...
Commenter  J’apprécie          40
S’éloigner en allant tout droit, aller tout droit en s’éloignant et perdre jusqu’au souvenir. Bienheureuse indifférence ! Bienheureux oubli ! Tout meurt en vous et nul n’a encore eu le temps de vous recréer. Oh il vaut la peine de vivre pour la mort, pour sentir que tout est mort en soi, qu’on n’existe plus, que c’est désert et muet, pur et vide ! Et en m’éloignant j’eus l’impression de ne pas m’éloigner ainsi, mais de m’emmener avec moi : juste à côté de moi, ou en moi, ou autour de moi allait quelqu’un de semblable et d’identique, qui participait de moi ou m’accompagnait, et il n’y avait pas entre nous d’amour, de haine, de désir, de dégoût, de laideur, de beauté, de rire, de parties du corps, il n’y avait aucun sentiment ni mécanisme, rien, rien, rien…
Commenter  J’apprécie          40
Est-ce que l’histoire ne grouille pas d’âmes nobles dont la noblesse indomptable a provoqué de fameuses pagailles et s’est trouvée à l’origine d’interminables cassages de gueules ?
Commenter  J’apprécie          40
« Il priait » aux yeux des autres et à ses yeux mêmes, mais sa prière n’était qu’un paravent destiné à cacher l’immensité de sa non-prière… c’était donc un acte d’expulsion, un acte « excentrique » qui nous projetait au-dehors de cette église dans l’espace infini de la non-foi absolue, un acte négatif, l’acte même de la négation.
[…]
A vrai dire c’était comme si une main avait retiré à cette messe sa substance et son contenu –et le prêtre continuait de se démener, de s’agenouiller, de passer d’un côté de l’autel à l’autre, et les enfants de chœur faisaient sonner leurs clochettes, et des volutes de fumée montaient de l’encensoir, mais tout le contenu s’en échappait comme le gaz d’un ballon crevé, et la messe devint toute flasque dans sa terrible impuissance… pendante… incapable de procréer ! Et cette privation de contenu était un meurtre perpétré en marge, en dehors de nous, en dehors de la messe, par le moyen d’un commentaire muet mais meurtrier d’une personne de l’assistance.
[…]
Le processus qui se déroulait devant mes yeux dénudait la réalité in crudo… il commençait par anéantir le salut et de ce fait rien ne pouvait plus sauver toutes ces gueules d’abrutis, nauséabondes, dépouillées maintenant de tout style et offertes toutes crues, comme de bas morceaux de viande à l’étal d’une boucherie. Ce n’était plus « le peuple », ce n’étaient plus « les paysans » ni même « des hommes », c’étaient des créatures telles quelles… telles quelles… et leur saleté naturelle s’était vue subitement amputée de la grâce. Mais à l’anarchie de cette foule fauve aux milles têtes correspondait, non moins arrogante, l’impudeur de nos propres visages qui cessèrent d’être « intelligents », ou « cultivés », ou « délicats » et devinrent comme des caricatures privées de leur modèle, soudain telles qu’en elles-mêmes et nues comme des postérieurs ! Et ces deux explosions de difformité, la seigneuriale et la paysanne, se rejoignaient dans le geste du prêtre qui célébrait…. Quoi ? Rien… Ce n’est pas tout cependant.
L’église n’était plus une église. L’espace y avait fait irruption, mais un espace cosmique déjà et noir, et cela ne se passait même plus sur terre, ou plutôt la terre se transforma en une planète suspendue dans le vide de l’univers, le cosmos fit sentir sa présence toute proche, nous étions en plein dedans. Au point que la lumière vacillante des cierges et même la lumière du jour, qui nous parvenait à travers les vitraux, devinrent noires comme de l’encre. Nous n’étions donc plus à l’église, ni dans ce village, ni sur la terre, mais –conformément à la réalité, oui, conformément à la vérité –quelque part dans le cosmos, suspendus avec nos cierges et notre lumière, et c’est là-bas, dans l’espace infini, que nous manigancions ces choses étranges avec nous et entre nous, semblables à des singes qui grimaceraient dans le vide.
Commenter  J’apprécie          40
- Messieurs, il ne vous est pas possible de vous transformer soudain, d'un jour à l'autre, en maîtres accomplis, mais vous pourriez préserver dans une certaine mesure votre dignité en vous éloignant de cet Art qui vous cuculise et vous cause tant de soucis. Pour commencer, rejetez une fois pour toutes le mot "art" et le mot "artiste". Cessez de vous plonger dans ces vocables et de les ressasser avec monotonie. Ne peut-on penser que chacun est plus ou moins artiste ? Que l'humanité crée de l'art non seulement sur le papier ou sur la toile, mais à chaque moment de la vie quotidienne. Quand une jeune fille se met une fleur dans les cheveux, quand une plaisanterie surgit au cours d'une conversation, quand nous nous perdons dans le clair-obscur d'un crépuscule, tout cela n'est-il pas de l'art ? Pourquoi donc cette division étrange et sotte entre les artistes et le reste des humains? Ne serait-ce pas plus sain si, au lieu de vous qualifier fièrement d'artistes, vous disiez simplement : "Moi, je m'occupe peut-être d'art un peu plus que les autres "?
Commenter  J’apprécie          40



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Witold Gombrowicz (1065)Voir plus

Quiz Voir plus

L'Odyssée

Comment s'appelle l'île sur laquelle vit Ulysse?

Calypso
Ithaque
Ilion
Péloponnèse

10 questions
2561 lecteurs ont répondu
Thème : L'Odyssée de HomèreCréer un quiz sur cet auteur

{* *}