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Jean Pavans (Traducteur)
EAN : 9782070766840
168 pages
Gallimard (10/04/2003)
3.21/5   14 notes
Résumé :
Un restaurant. Trois couples. Deux tables voisines. On célèbre un anniversaire de mariage. Les répliques fusent, s'entrecroisent et dérapent. Impeccable mécanique de concision percutante et d'ironie acerbe, Célébration est la pièce la plus récente de Harold Pinter. Dans La chambre, sa première pièce, créée quarante-trois ans plus tôt, Pinter déploie déjà toute son incomparable capacité de dresser une situation tendue et de cerner des personnages intenses à travers l... >Voir plus
Que lire après Célébration : La ChambreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Après une journée de coït formidable entrecoupée de pauses chocolats et pâtes de fruits, que peut-on faire de mieux que lire un coup ? Fouillant dans ma pile de livres non-lus, j'extirpai de sa fosse cet ensemble de deux pièces de théâtre d'Harold Pinter. le programme de la journée semblait pouvoir être favorablement contenu dans « Célébration » (pour les chocolats) et « La chambre » (pour le coït).


Pourquoi est-il préférable de se livrer aux attouchements sexuels la journée plutôt que la nuit ? 1) la fatigue ne culminant pas encore, il est plus facile de battre la durée moyenne des rapports sexuels estimée à 5 minutes ; 2) c'est une bonne excuse pour ne pas aller au travail ; 3) je n'arrive pas à dormir le soir si je n'ai pas pu lire tranquillement au moins trente minutes.


J'eus longtemps coutume de rabattre mes désirs sexuels sur des représentants masculins plus âgés que moi, poussant le vice à les rechercher lorsque leurs gamètes s'étaient déjà matérialisés sous ces formes d'entités physiques que l'on appelle « enfants ». Mais le temps passant, mes possibilités de séduire instinctivement s'étiolant avec l'âge, j'essaie de conjurer le sort du vieillissement en me rabattant sur de petits poussins qui, à part les putes, ne connaissent l'amour qu'à travers le judas. La libération sexuelle des femmes sera un peu moins inaccomplie lorsque celles-ci pourront encore être trouvées séduisantes à trente ans passés. Je ne fus pas déçue de trouver ce jouvenceau sans poils sous mes draps, bien que quelques désagréments survinrent en cours de coït. Ainsi, tandis que j'essayais de regimber le membre fuyant, je ne pus m'empêcher de songer à ce passage de « Malone meurt », livre écrit par Samuel Beckett, un mec qui s'y connaissait en érotisme :


« On voyait alors Macmann qui s'acharnait à faire rentrer son sexe dans celui de sa partenaire à la manière d'un oreiller dans une taie, en le pliant en deux et en l'y fourrant avec ses doigts. »


Mais Macmann était vieux, et que faisait-il lorsque l'essai de pénétration se montrait infructueux ? Il pleurait. Alors qu'avec un enfant sous les draps, il suffit de se replier sur le paquet de papillotes contenant pâtes de fruits et chocolats pour se divertir de l'échec. Notons en outre que ces papillotes achetées à bas prix contenaient des blagues exquises. Et me voilà fouillant au fin fond de la poubelle pour en retrouver quelques-unes : « - Que dit un sapin de Noël qui arrive en retard le soir du réveillon ? – Je vais encore me faire enguirlander » ; « - de quoi le père Noël souffre-t-il s'il est coincé dans une cheminée ? – de Santa Claustrophobie ! » ; « Comment une danseuse étoile rentre-t-elle chez elle tard le soir ? (pas de réponse, le papier est coupé) » ». Ni une, ni deux, le sucre et le rire aidant, le membre regimba pour de nouvelles et cosmiques aventures.


Michel Houellebecq écrivait qu'il fallait lire pour se désennuyer de la vie. S'il n'a pas toujours raison, avouons qu'il est loin de n'avoir pas toujours tort, preuve en est de ces pièces d'Harold Pinter d'une insignifiance rare. Ici, le texte fait pâle figure face au matériau carné de la réalité. le papier servit cependant à effacer les traces des furieux éjaculats parsemés sur tous les murs à la fin de la journée. La nuit promet d'être sereine.
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Une courte pièce créée en 2000 et mise en scène par l'auteur lui-même à cette occasion, accompagnée d'une autre pièce, La chambre.

Nous sommes dans un restaurant à la mode coûteux, et passons régulièrement de la table un, à laquelle dînent deux couples, composés de deux frères ayant épousé deux soeurs ( Lambert et Richard, Julie et Prue) à la table deux où un seul couple dîne, Russell et Suki. Les rapports entre les couples semblent tendus, même si Lambert et Julie fêtent leur anniversaire de mariage. Mais la célébration du titre ne semble pas désamorcer les conflits, et les liens vraiment forts et apaisés semblent n'exister qu'entre les frères, et entre leurs deux épouses soeurs. Rien de grave, en apparence, plutôt une sorte d'agacements portants sur des petits riens. Les femmes sont futiles, voire un peu séductrices, les hommes courent volontiers d'autres terrains de chasse. A un moment les tables se rejoignent, car Lambert et Suki se sont déjà rencontrés, et ont sans doute été amants. Autour de tout ce petit monde gravite le personnel de restaurant, dans une bonhomie un peu factice, de nature surtout commerciale. Mais qui semble plaire aux clients.

J'avoue une petite déception à cette lecture, les personnages ont tout de même un côté un peu impersonnel et stéréotypé. Ces relations de couples sans aucune tendresse, des personnages sans grande épaisseur, sont peut-être une machine dramaturgique efficace, le passage régulier d'une table à l'autre allège quelque chose qui aurait pu provoquer une lassitude, une pointe d'humour féroce, bien exploitée doit faire de beaux effets sur une scène, mais à la seule lecture une frustration pointe. L'anniversaire m'avait beaucoup plus convaincue, car au-delà de la banalité des dialogues du quotidien, une inquiétude, une menace, arrivait à donner une autre dimension à l'ensemble, ce qui n'est pas le cas ici.
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LE MONTE-PLATS
Ben et Gus, tueurs à gages de bas étage attendent dans la cuisine d'un restaurant la personne qu'ils devront exécuter.
L'organisation qui est derrière les deux tueurs manifeste ses intentions par l'intermédiaire d'un vieux monte-plats. Mais les messages qui transitent par la vieille mécanique sont si énigmatiques que leur interprétation ressemble à l'art de la sibylle décryptant les paroles des dieux dans les entrailles des animaux fraîchement tués.
Nos deux gars ne sont pas préparés pour ce genre d'exercice, ce qui les intéresse c'est le foot, la bière, les maquettes, bref de parfaits prolétaires inconscient de leur exploitation.
Cette pièce a des aspects comiques, notamment les scènes où les deux compères s'échauffent la cervelle pour comprendre des messages qui ne semblent être que des commandes de plats, pourtant une menace imprécise pèse. On sent que celui des deux qui s'interroge se met en danger par le simple fait qu'il cherche à comprendre. Il est des métiers où il vaut mieux éviter de réfléchir, et celui d'employé du crime en fait partie.
Ce mélange entre comédie et thriller est intéressant, car il nous laisse dans le doute permanent. Balancé entre des sentiments contradictoires nous ne savons pas quelle conclusion tirer. Si nous en voulons une il nous faudra l'inventer.
À lire et à voir.
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The Dumb Waiter. Théâtre de l'absurde. Moi qui crie haut et fort que je n'aime pas ça, ça commence à faire beaucoup., Je crois qu'en fait je deviens accro à ce genre.
C'est drôle, complètement loufoque, il n'y a ni début, ni fin, on n'attend rien, pas plus que les personnages, on ne sait rien, et on s'en fout.
Juste une grande pièce!
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ben: Fais pas le malin, mon petit bonhomme. Fais pas le malin, c'est tout.
(Il va se rallonger sur son lit.)

Gus: Non, c'est à cette fille que je pensais...c'est tout.
(A son tour, il se rassoit sur son lit.)
Cette fille, c'était pas grand-chose à regarder, je veux bien, mais quand même...Ça a fait des saloperies partout, tu te souviens? C'était salopé partout. Franchement, j'ai jamais vu une telle saloperie que cette fois-là. Les femmes, on dirait que c'est pas ficelé pareil que les hommes. La texture...c'est plus mou. Et comment elle s'est répandue, tu as vu? Elle s'est répandue tout partout. Beurk! Mais, dis, je voulais te demander...
(Ben se redresse sur son lit, excédé, fermant les yeux.)
Qui est-ce qui nettoie, une fois qu'on est partis? Ça je serais curieux de le savoir. Qui s'occupe de nettoyer? Peut-être qu'ils nettoient même pas. Peut-être qu'ils les laissent croupir sur place. Hein? bon Dieu, moi je serais incapable de faire le compte... Mais alors, dis, si personne ne vient nettoyer une fois qu'on est partis, hein?

Ben (Méprisant): Pauvre cloche! Tu crois peut-être qu'on est la seule branche de l'organisation? Sers-toi de ta tête! Il y a des branches spécialisées dans tous les secteurs.

Gus: Quoi, des gens pour nettoyer, et tout ça?

Ben: Pauvre pomme!

[ Taduction: Éric Kahane]
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RUSSELL : Qu’est-ce que c’est que cette histoire de fichiers ?
SUKI : Oh, c’était quand j’étais une petite secrétaire dodue. Je ne ferais jamais une chose pareille aujourd’hui. Jamais. Il n’en est plus question. Tu vois, l’ennui c’est que j’étais très excitable, leur excitation m’excitait, mais je ne ferais jamais ça maintenant que je suis une femme adulte et pas une petite idiote, une petite jeune fille idiote et écervelée, une petite perverse aguicheuse égrillarde et gloussante, parfois je pouvais à peine m’approcher d’un fichier tellement ça m’excitait, j’étais tout étourdie et tellement dodue c’était terrible, les hommes ne pouvaient pas s’empêcher de me tripoter, leurs exigences étaient scandaleuses, mais pour revenir à des choses plus importantes, ils ont raison de croire en toi, pourquoi ne croiraient-ils pas en toi ?
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MRS SANDS : Ah, tu t’assois !
MR SANDS, se redressant : Quoi ?
MRS SANDS : Tu t’es assis.
MR SANDS : Ne sois pas stupide. Je me suis appuyé.
MRS SANDS: Je t’ai vu t’asseoir.
MR SANDS : Tu ne m’as pas vu m’asseoir parce que, bon sang, je ne me suis pas assis ! Je me suis appuyé.
MRS SANDS : Tu crois que je ne sais pas observer quelqu’un qui s’assied ?
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MATT : Je l’ai vu le jour où il est né. Vous savez de quoi il avait l’air ? D’un alcoolique. Bourré comme une noix. Il pouvait à peine tenir debout.
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LAMBERT : Un mec quelconque ne sait pas qu’il existe d’autres mecs quelconques. D’une manière générale. Je l’ai souvent remarqué.
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Vidéo de Harold Pinter
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