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Séverine Magois (Traducteur)
EAN : 9782851815163
72 pages
L'Arche (20/06/2002)
3.73/5   64 notes
Résumé :
L'Amour de Phèdre semble occuper une position singulière parmi les pièces de Sarah Kane et il est de fait très rare qu'un auteur anglais adapte une pièce classique. Indépendamment du fait que l'impulsion pour le projet venait du Gate Theatre - Sarah Kane avait d'abord pensé à Woyzeck et Baal, deux idées auxquelles elle n'a pas donné suite pour des raisons pratiques -, elle s'est finalement décidée à reprendre Phèdre de Sénèque, l'histoire d'une reine qui tombe déses... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Comme d'habitude pour le théâtre, je n'ai pas lu cette pièce mais j'ai eu l'occasion d'en voir une représentation avec une mise en scène du réunionnais Nicolas Givran. Je ne connaissais même pas l'existence de cette jeune dramaturge londonienne qu'était Sarah Kane. Pour moi, Phèdre n'était qu'une pièce classique française de Racine dont j'avais vaguement entendu parler, même pas étudiée. de plus le théâtre contemporain m'est quasiment inconnu. Vous comprendrez que ce fut donc un véritable choc. La mise en scène de Givran est tout simplement décapante. L'introduction se fait sur fond de rap et de rappeurs, à mi-chemin entre la prison et l'asile psychiatrique, séparés par un grillage, devant lequel on voit la jeune Phèdre, Hippolyte, sa soeur Strophe et le médecin, dans une attitude relâchée, comme de vrais délinquants. Et puis, les dialogues commencent, propos vulgaires, gestes violents, et peu à peu la pièce prend forme et se continuera selon ces mêmes préceptes.
Les dialogues et les gestes sont très portés sur le sexe - on assistera même à des fellations suggérées. Toute la pièce se poursuivra selon cette violence verbale et physique. L'apothéose verra, à la scène 8, un hippolyte quasiment christique, nu, cloué au grillage et lynché par la foule, Strophe violée et tuée par son père Thésée, Phèdre déjà morte, à demi-nue, envoyée au buché...
C'est une pièce qui ne m'a pas laissé indifférent et j'imagine la jeune Sarah Kane particulièrement troublée pour imaginer une telle débauche de violence. Je ne sais pas à quel point le metteur en scène a pris ses distances avec l'original, mais je vais rapidement me procurer le texte de cette pièce.
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Comment résumer cette "chose" en un mot? inutilement trash. Ce texte concentre à lui seul tous les clichés inhérents à ce soi-disant théâtre moderne qui se veut provocateur et novateur...les dialogues sont d'une platitude incroyable (même un film X a plus de répliques, c'est dire!), les didascalies sont quasi-inexistantes et les personnages sont aussi caricaturaux que malsains: Hippolyte se change en un adolescent gras, se gavant de cheesseburger et de T.V , Phèdre est aussi inconsistante qu'un ectoplasme sous psychotropes et n'a pas la puissance, la folie amoureuse de la Phèdre de Racine (qui reste à ce jour, la plus "belle" des Phèdre)...

Quant au sujet de la pièce...tenez-vous vraiment à en entendre parler? non, parce que franchement...mis à part des successions de scènes où l'on voit des personnages parler de sexe ou jouer à "touche-moi que je te touche", il ne se passe rien...et puis vous avancez dans votre lecture, plus vous montez d'un cran dans le trash et dans la pseudo-provocation...bref, rien de nouveau, rien de bien original, c'est tellement outré que ça en devient pathétique.

Bref, si vous aimez le personnage de Phèdre, fuyez cette pièce crasse, creuse et sans intérêt.
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Le personnage principal de la pièce n'est pas Phèdre, mais Hippolyte, prince en but à une grave crise existentielle : blasé, désespérant du genre humain, il s'enfonce dans la dépression, n'aimant personne et méprisant ceux qui l'aiment. Car ceux qui l'aiment n'ont à lui offrir qu'un amour de papier mâché, un amour convenu de midinettes. Or Hippolyte est en manque d'amour : un prince est rarement aimé pour lui-même. Son cynisme est une sorte de politesse : par amour-propre, il préfère se rendre odieux que se plaindre, de quoi peut décemment se plaindre celui qui possède tout ?
Il ne mesurera l'amour vrai de Phèdre qu'après son suicide et du fait même de la grave accusation de viol qu'elle portera contre lui. Dans cette flambée de haine, il reconnaîtra l'envers de l'amour, mais l'amour quand même et mourra supplicié et révélé à l'altérité.
La pièce est crue, la représentation de la sexualité est omniprésente : elle y va de pair avec la conscience de la finitude, de l'abandon, elle est une fausse monnaie qui stérilise la vie du corps et celle de l'esprit. S'opposent à cette facilité glauque l'exaltation du désir vrai et de l'union mystique révélées à lui par la cruauté de Phèdre. Cet instant de compréhension et d'acceptation ultime ne pourra s'éterniser que dans l'instant précédant la mort, saine et définitive.
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Dans L'Amour de Phèdre, Sarah Kane sublime les caractères des héros antiques Phèdre et Hippolyte en les dépouillant de leurs attributs antiques. L'époque moderne permet à Phèdre d'accomplir sexuellement son amour pour son beau-fils Hippolyte. Ce dernier est ici un prince misanthrope qui s'ennuie de ne pas être son père.
Bien que Phèdre meurt tôt, conformément plus à Euripide qu'à Sénèque, ses actes - l'initiative de l'acte sexuel avec Hippolyte, le suicide et l'accusation - font d'elle avec cette version le personnage le plus tragique (dans les versions antérieures Hippolyte lui dispute ce rôle - il reste cependant ici le personnage central). Son sacrifice et surtout son accusation sont des actes d'amour envers Hippolyte. Celui-ci les comprend et les acceptent car ils lui apportent ce dont il avait besoin pour sortir de l'ennui de sa vie.
Sarah Kane introduit une fille de Phèdre, Strophe, qui symétrise le drame et banalise l'inceste dans cette famille royale. L'autrice introduit aussi d'autres rôles annexes, et Thésée lui-même n'est que l'instrument final du destin d'Hippolyte. Cependant cette dernière scène (complètement gore) du supplice d'Hippolyte ne m'a pas convaincue. de même, j'ai trouvé la pièce trop courte (ce qui est renforcé par le fait que Phèdre meurt vite). Une confrontation entre Thésée et Hippolyte (voire entre Thésée et Strophe avnat la fin) m'a vraiment manqué pour apprécier pleinement cette version ultra-moderne.
Par sa violence et la crudité du texte, Sarah Kane humanise définitivement les personnages du mythe et lui donne une force actuelle sans référence antique.
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J'adore!
J'ai fais ce texte en théâtre cette année, juste une scène, celle de Strophe et sa mère. J'ai joué le rôle de Strophe.
Quelques semaines après la représentation, ma prof de français, nous donne deux livres à lire au choix et dans ces deux livres, il y avait La Leçon de Ionesco, elle nous dit "âmes sensibles s'abstenir, c'est TRASH" je lui ai ris au nez! Je pense qu'après avoir lu une grande majorité de Kane, on peut tout lire, j'ai donc lu Ionesco, que je n'ai pas du tout trouvé TRASH.
J'aime L'amour de Phèdre pour le fait que Kane arrive à nous perdre dans son livre, on ne sait pas l'époque, il y a un language cru, pourtant Strophe vouvoit sa mère...
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
HIPPOLYTE.
Je sais ce que vous vouliez dire. Vous avez raison.
Les femmes me trouvent plus séduisant depuis
que j'ai engraissé. Elles pensent que je dois avoir
un secret.
Il se mouche dans sa chaussette et la balance.
Je suis gras. Je suis dégoûtant. Je suis lamentable.
Mais on me baise beaucoup. Donc... ?
PHEDRE ne bronche pas.
Allez, Mère; creusez-vous la tête
PHEDRE.
Ne m'apelle pas comme ça.
HIPPOLYTE.
Donc. C'est que j'assure comme une bête. Oui ?
PHEDRE ne bronche pas.
Pourquoi ne devrais-je pas vous appeler mère, Mère ?
Je croyais que c'était la formule obligée. Une grande
et heureuse famille. La seule famile royale qui ait
jamais eu du succès. Ou trouvez-vous que ça vous vieillit.
PHEDRE ne bronche pas.
Me détestze maintenant ?
PHEDRE.
Pourquoi veux-tu que je te déteste ?
HIPPOLYTE.
Je ne veux rien. Mais ça finira. Par arriver.
PHEDRE.
Jamais.
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HIPPOLYTE. — Vous croyez en Dieu ?
LE PRETRE le regarde.
Je sais ce que je suis. Et serai toujours. Mais vous. Vous péchez en sachant que vous vous confesserez. Puis on vous pardonne. Et puis vous recommencez. Comment osez-vous narguer un Dieu aussi puissant ? À moins de ne pas croire vraiment.
LE PRETRE. — Il s’agit de ta confession, pas de la mienne.
HIPPOLYTE. — Alors que faite-vous à genoux ? Dieu certes est charitable. À sa place je vous mépriserais. Je vous rayerais de la carte du monde pour votre malhonnêteté.
LE PRETRE. — Tu n’es pas Dieu.
HIPPOLYTE. — Non. Un prince. Dieu sur terre. Mais pas Dieu. Une chance pour tous les intéressés. Je ne vous permettrais pas de pécher sachant que vous vous confesseriez et seriez quitte à bon compte.
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" Tu es difficile. Caractériel, cynique, amer, gras, décadent, gâté. Tu reste au lit toute la journée et planté devant la télé toute la nuit, te traînes dans cette maison avec fracas les yeux bouffis de sommeil et sans une pensé pour personne tu souffres. Je t'adore. "
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Phèdre : Envie de me glisser en lui de le cerner.
Strophe : Ce n'est pas sain.
Phèdre : Ce n'est pas mon fils.
Strophe : Vous avez épousé son père.
Phèdre : Il ne reviendra pas, trop occupé à ne servir à rien.
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Tes inconséquences sexuelles n’intéressent personne. Mais que la nation ait une solide moralité intéresse tout le monde. Tu es le gardien de cette moralité. Tu répondras devant Dieu de l’effondrement du pays sur lequel vous régnez toi et ta famille.
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Videos de Sarah Kane (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sarah Kane
Extrait d'"Anéantis" de Sarah Kane. Avec Clélia David & Alexis Jacquet.
[ATTENTION, VIOLENCE SEXUELLE.]
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature anglaise et anglo-saxonne>Littérature dramatique anglaise (128)
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