La trace, le lieu d'un passage. Écailles durassiennes. Paléontologie d'un écrit.
Temps épars, Nomadisme de l'esprit. Pourquoi regrouper ces textes ? Qu'ont ils en commun ? Rien et cela semble heureux.
Surprenante trans-humaine, voilà
Duras. Alors les articles sont multiples et la plume est unique.
Elle observe. Elle plante. Elle sculpte ce qui à notre unique vue nous échappe. « Que se passe- t-il, que s'est il passé là, en ce lieu, à cette heure précise, à travers ces êtres ? ».
En quête inconditionnelle, constamment.
Un café, une route nationale , une manif et l'histoire se déroule. Il suffit de peu. Ou plus exactement justement de cela précisément. La concordance des choses, si infime soit elle, pour que toute la grande mécanique se déchaîne que la musique prenne sa place.
Un pont plus loin, une heure après.. ? Non, là, dans l'espace à devenir « ce miracle en constant devenir, la nature », comme elle le notera dans le portait qu'elle consacre à Caire Deluca.
Toujours à la recherche d'un ailleurs sans autrement, un refus obstiné de l'inachevé qui opère en elle un ordre infinitif .
Écrire. « On y arrive toujours. Rien à faire contre cela. »
« Elle travaille avec nous et sur nous. Dans l'instant, et très vite ».
Elle ne met pas en scène, elle nous montre la scène. Elle façonne la note.
Tout est articulable, un rien, un jour, un état d'esprit, une lumière peut être, et ce qui était voué au marbre devient chair. Malléable, peut être mais d'une précision redoutable. Parce que l'espace est fragile.
« Nous sommes les cerfs-volants du livre ».
Écrire, de tout, sur tous.
Liberté de ton, de parole, que cela plaise ou non , dans l'instant, exactement là où cela se sera produit. A l'infinitif d'un geste.
Écrire.
Du pied d'une femme à la maison de l'enfant, de la petite défigure au dernier couperet, d'un ballet de cosmonautes au merle moqueur, tout est là.
Réunis. Ainsi , un jour, ici, cela fut écrit. de Deauville jusqu'à la mort.
Opération Masse critique juin 2014 – Babelio/ Éditions de l'Herne.
Astrid Shriqui Garain