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La Trilogie Underworld USA tome 3 sur 3

Jean-Paul Gratias (Traducteur)
EAN : 9782743620370
840 pages
Payot et Rivages (06/01/2010)
  Existe en édition audio
4.02/5   470 notes
Résumé :
24 février 1964, 7 h 16 du matin à Los Angeles. Attaque d'un fourgon blindé de la Wells Fargo. Quatre convoyeurs abattus, trois braqueurs morts ; le quatrième a pris la fuite en emportant seize sacs de billets et quatorze mallettes remplies d'émeraudes. C'est sur ce braquage, disséqué avec une maestria éblouissante, que s'ouvre Underworld USA, dernier volet de la trilogie commencée avec American Tabloid. Le narrateur reste dans l'ombre ; il a " suivi des gens, posé ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (54) Voir plus Ajouter une critique
4,02

sur 470 notes
Quelle est cette brume opaque qui s'étend sur L'Amérique ? Sont-ce les fantômes des anciennes trahisons, rêves ou déchéances ? le souffle des noms de celles et ceux qui ont cru et n'ont pas cru ? A la folie, au meurtre, à la gloire, au pardon ; à la mystification ; au Paradis et à l'Enfer. Dans une sorte de furieuse bataille de la mémoire, entre réalité et fiction, James Ellroy achève sa trilogie, mais est-ce réellement un achèvement ? Ils sont tous convoqués, honnis, disséqués, étrillés, glorifiés : le FBI, les flics, les politiciens, la CIA, les activistes, les gangsters, les réactionnaires de tous bords, les sympathisants de tous poils, les connus et les inconnus. Tous dansent en haut du volcan et essaient de ne pas tomber. Difficile de trouver dans ce bourbier l'humanité et l'amour ; pourtant Ellroy, comme dans chacun de ses livres, ne parle que de ça : amour secret, amour trahi, amour sublimé, amour dénaturé, amour qui rend fou, amour d'un idéal, amour d'un homme, amour d'une femme, amour qui tue ou fait tuer. Toutes et tous ont leur vérité ; aussi folle, sublime, infâme, soit-elle. Leur intimité profonde les pousse au combat sans concession, leur humanité les renvoie à leurs contradictions, leurs faiblesses, leurs chimères. Leurs idéaux sont tachés de sang, le leur et celui des autres. Ils l'acceptent tous jusqu'au sacrifice.
Comment parler de tous les personnages de ce livre ? Des plus significatifs aux plus secondaires ? Ils sont un morceau de puzzle ; pièces disparates qui finissent par s'imbriquer les unes aux autres pour mener à bien un récit galopant, foisonnant, détonant où chaque mot est à sa place. Les différentes intrigues comme dans les deux premiers tomes de cette trilogie s'entrelacent, se croisent, se repoussent, se chevauchent, s'amalgament. La force narrative de ce tome est multipliée comme si Ellroy voulait un dernier feu d'artifice avant l'effondrement. Une attaque de fourgon blindé, les différents tripatouillages visant à faire élire Richard Nixon, un raid illusoire sur Cuba « comme au bon vieux temps », la mise en place du piège pour monter les différents mouvements politiques noirs les uns contre les autres, l'asservissement des Caraïbes par la Mafia, la CIA et la junte en place, la jungle vietnamienne, la montée en puissance de la paranoïa et la folie de J. Edgard Hoover et sa chute ; Des émeraudes convoitées et introuvables comme fil d'Ariane. Une folie de pierres vertes contaminant tout le monde.
On retrouve Wayne Tedrow Junior ; Condamné et condamnable. Jeune policier présent lors de l'assassinat de John F. Kennedy, devenant trafiquant de drogue en pleine guerre du Vietnam, intermédiaire de Howard Hughes avec les barons de la mafia pour la mainmise sur Las Vegas. Traquant l'assassin de sa femme, lui, l'assassin de son père, il devient un fantôme. Et quelle plus belle fin – et de belles pages - pour un fantôme que de disparaître dans un village perdu d'Haïti en plein trip vaudou. L'agent spécial Dwight C. Holly, le bras armé de la croisade anticommuniste de J. Edgar Hoover est son « mentor ». Comme il l'est, à sa façon, pour Marshall E. Bowen : flic noir du LAPD, devenu « taupe » parmi les factions noires sous l'égide de Hoover pour les faire tomber. Ces trois hommes sont le reflet d'une seule âme où tous les sentiments se bousculent. M. E. Bowen est un roseau qui plie mais ne rompt pas ; Un homme qui ne tombe pas dans les pièges qui lui sont tendus, sauf s'il le veut bien. Il se méfie de tous et de lui-même. Au moment de son sacrifice décrété par Hoover, D.C. Holly refusera : comment accepter de faire disparaître son « double » ? Et comment expliquer qu'une fusion a eu lieu malgré l'appartenance à deux mondes destinés à ne jamais se rencontrer dans cette Amérique des années 60-70? . Ces trois hommes sont amis-ennemis. Revenons à Dwight Chalfont Holly. C'est un ange gardien aux ailes sales. En a-t-il trop vu et entendu ? Haï-t-il Hoover ? le méprise-t-il ? Est-ce lui son véritable ennemi ? Doit-il continuellement se racheter qu'il en oublie parfois la prudence ? Au point de se « compromettre » avec « les rouges » ? Aime-t-il trop ces deux femmes jusqu'à y risquer sa vie? Karen Sifakis, la sympathisante de gauche, avec qui il a deux enfants et Joan Rosen Klein, activiste communiste, « la déesse rouge », cachée, recherchée, fantasmée, prônant l'action armée, à qui Holly répète souvent « personne ne meurt ». Deux beaux personnages de femmes comme Ellroy sait en créer. ; Celles qu'on redoute et qu'on espère ; Celles qui consolent et qui vengent. Donald Crutchfield (qui fait penser à Ellroy – ce qu'il admet lui-même) jeune homme obsédé par les femmes, voyeur, devenu détective presque par bravade, solitaire, méprisé, malmené par tous ; Sous son air niais se révèle une intelligence vive, une réflexion profonde et un certain courage. Crutchfield a soif de héros, d'exploits, d'aventures, d'amour ; Entraîné dans cette tempête monstrueuse, il grandira au contact du meilleur comme du pire. Lui aussi sera aimanté par « la déesse rouge », qu'il traque, épie, poursuit, aime et veut sauver. Elle sera sa rédemption. Pour elle, tel l'Archange Saint Michel, il voudra terrasser le dragon : il a pour nom J. Edgar Hoover.
James Ellroy clôture ce livre par une lettre ouverte ; c'est une missive des années 2000 écrite par Donald Crutchfield ; Il est devenu le gardien de toutes ces âmes, de leurs mémoires. Il veille à ce que la lumière du phare ne s'éteigne jamais.
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Ce livre est un brûlot social et politique sur les USA durant la période 1968-1972 en particulier à Los Angeles. La recette d'Ellroy pour faire digérer ses 840 pages au lecteur est inchangée: le style, essentiellement télégraphique et l'ambiance, noire.

Dès la première page vous êtes dans cette atmosphère avec une attaque de fourgon transportant beaucoup d'argent et des émeraudes. Aucune parole et ça dézingue à tout va. Les policiers arrivés sur place quelques minutes après ne sont pas, non plus, des modèles de vertu. L'un d'eux, Scotty Bennett, porte sur son col de chemise, le chiffre 14, c'est le nombre de Noirs qu'il a "butés" durant ses interventions. En légitime défense? Pas sûr car les enquêtes ne sont jamais approfondies dans "Nègreville".
Ellroy utilise des mots crus comme celui-ci. Car il ne cache pas que les policiers blancs de L.A. qu'il décrit sont clairement racistes. Les tensions raciales sont à cette époque très fortes.
D'ailleurs la montée de groupes noirs violents comme par exemple "Les black panthères" inquiète Hoover, le chef du FBI. Un homme qui, ayant un dossier sur tous, prépare aussi des entourloupes "dans l'intérêt de la nation".
Hellroy fait côtoyer ces gens connus avec les nombreux personnages qu'il a créés, pour les "mouiller" dans ces affaires. Des affaires de complots qui se poursuivent après les deux premiers tomes. Bien que ne les ayant pas encore lus, je n'ai pas été gêné par ce manque.
Mêlés à ces complots, vous découvrirez les trajectoires d'un mafieux (Wayne), d'un agent du FBI (Dwight Holly), d'un détective privé (Crutch), d'un flic noir (Howard), de Karen (une activiste rouge) et de personnages surprises.
Si bien que l'on s'y perd parfois devant la multitude. Ce sera ma seule réserve.

Oui il y a un déchaînement de violence et de haine, c'est surprenant, peut-être parfois gratuit, mais je crois qu'Ellroy est jusqu'au-boutiste dans ce qui ressemble à une enquête qu'il veut exhaustive. le désir de rédemption de certains personnages parvient parfois à atténuer ces stigmates.

Il y a de nombreuses scènes marquantes. Tout comme je gardais en mémoire la descente aux enfers de Bleitcher à Tijuana dans le "Dahlia noir" je n'oublierai pas non plus dans ce dernier opus la description des trips incroyables en Haïti et en R. Dominicaine.

Une description hallucinante.
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... C'est looooooooong. J'ai vraiment peiné à finir ce roman d'Ellroy ultra boursouflé et indigeste, et pourtant, j'en ai lu des pavés où il aurait fallu tailler (L'Homme qui rit de Hugo, Villa Vortex de Dantec...) mais ils avaient le mérite de me laisser une impression vivace, épique, forte, même des années après. Je ne pense pas que ce sera le cas avec Underworld USA, dont la génèse, contée dans l'autobiographie d'Ellroy La Malédiction Hilliker, nous révèle, comme ça se sent, qu'il en a accouché dans la douleur, entre autres choses.

American Death Trip, le précédent tome, était un chef d'oeuvre. Pavé lui aussi, mais absorbant au possible, on voulait que ça continue! Les personnages étaient distincts, les ambiances complètement inédites chez Ellroy (Dallas le 22/11/63, Vegas, le Vietnam...!), avec un style ultra découpé, répétitif, à coups de marteau, que certains n'avaient pas apprécié, mais qui avait le mérite de synthétiser à fond, d'éclaircir, de rappeler les tenants et aboutissants de ses toiles d'araignée de magouilles et de bassesses.

Toutes ces qualités ne sont plus dans Underworld USA. Face aux critiques, Ellroy revient, de son propre aveu, à un style plus prosaïque, mais les blagues concon, lubriques, racistes, homophobes... sont toujours là, peut-être même un peu trop, y a plein de scènes de ce genre qui ne servent à rien et font redite. Chapeau au traducteur Jean-Paul Gratias encore une fois, en tout cas!. Les personnages principaux, au départ bien différents, tombent tous sous le charme de la même femme (Joan Rosen Klein) alors qu'ils avaient leurs dulcinées et obsessions respectives... et là, on les confond tous, c'est affreux. Surtout qu'au fur et à mesure des centaines de pages, et pour avoir suffisamment écouté Ellroy en interview, leurs noms ne font plus illusion, ils sont ses doubles, ils sont lui, parlent comme lui, se comportent comme lui. Infernal. Il y avait déjà ça, dans une certaine mesure, dans ses autres romans, mais les protagonistes demeuraient suffisamment singuliers les uns des autres. Là, ils en deviennent interchangeables.

Pour la première fois, la mort des uns entraîne leur remplacement dans le récit par un autre point de vue. Et bien celui de Scotty Bennett, qui arrive ainsi sur le tard, possède tous ces défauts, en plus d'être totalement inutile et vraiment peu passionnant.

La période choisie par Ellroy (1968-1972, le premier mandat de Nixon, les Black Panthers, les casinos en Haïti/République Dominicaine... et la mort d'Hoover comme conclusion logique) lui a donné du fil à retordre, et on le ressent. Mon appréciation est sans doute purement subjective, mais tout cela peine à intéresser autant que les années Kennedy et Johnson, et leurs intrigues. le début était pourtant réussi, avec son lot de scènes grandioses (la rédemption de Wayne Jr., les sabotages des meetings d'Hubert Humphrey, le spectacle ahurissant des émeutes de 68...) mais tout va à deux à l'heure. Les moments en Haïti et République Dominicaine sont laborieux et loin d'être captivants. L'intervention du vaudou chez Ellroy dès qu'on met les pieds en Haïti est grotesque et ridicule. Les deux pays sont ici bourrés de clichés, et on n'y subit que trop de scènes peu inspirées. Los Angeles est omniprésente, contrairement aux deux tomes précédents, car Ellroy dit bien dans son autobiographie vouloir absolument y retourner à cette étape de sa vie (ce qu'il a fait). Les personnages féminins, Karen Sifakis et Joan Rosen Klein, sont inspirés par ses maîtresses de l'époque. Encore une fois, la génèse du roman dans La Malédiction Hilliker nous éclaire absolument sur tout.

Dwight Holly est le seul, des personnages principaux, qui m'a passionné tout du long. Son histoire avec Karen Sifakis était vraiment touchante, et il rejoint le panthéon des plus grands persos d'Ellroy, ce qui n'était vraiment pas une mince affaire vu ses agissements à la fin d'American Death Trip! Ça, c'est le tour de force d'Ellroy dans ce roman. J'ai bien aimé les pages de journal de Marshall Bowen aussi, flic noir homosexuel infiltré dans les groupuscules militants pour les droits des noirs, en proie à un tiraillement idéologique et identitaire, dirait-on aujourd'hui, même s'il possède aussi son lot de stéréotypes. le déclin d'Hoover était également sympa et jouissif, tant on l'a détesté.

Pour le reste... le personnage de Don Crutchfield est assez peu sympathique, se résume à un double d'Ellroy, de Scotty Bennett, puis de Wayne, puis d'Holly... Il y a une somme incroyable de personnages secondaires superflus qu'on mélange... L'intrigue des émeraudes aurait pu être également simplifiée, et là encore, elle ne m'a pas vraiment intéressé.

En somme, de par une telle longueur excessive, tous les tics d'Ellroy sont mis à nu tant ils sont répétés : la récurrence de scènes pseudo-badass mais inutiles avec des blagues couillonnes, ses personnages qui n'en sont pas vraiment, leur expression grandiloquente qui peut atteindre le ridicule pour traiter de la rédemption et de la gauche, mais surtout similaire (vous trouverez chez TOUS le même genre de phrases!)... Je suis vacciné pour un moment, et pourtant, il fait toujours partie de mes auteurs fétiches, mais j'ai atteint l'overdose...

Heureusement que j'ai plein d'autres choses à lire! Hugo, Baudelaire, David Peace... Je m'en retourne vers eux à bras ouverts!
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Attention ! Poussée de haine !
Garde ! Ellroy a sorti les crocs, ses gants sont plombés, tachés du sang de Bobby Kennedy et Martin Luther King ! Malheurs aux initiés, l'écrivain va être implacable ! Il va menacer un à un les symboles, retourner la lutte des classes en gigantesque gabegie, travailler au corps les indics, les michetons et les pourris, attention, poussée de haine !
Underworld USA étire sa folie sur 900 pages, vrai-faux recueil d'informations secrétes, puits sans fond de documents caviardés, Hoover, Nixon, mais aussi ceux qui prennent la rue comme terrain de jeu : Dwight Holly, Crutch, le frenchie, Joan, Bennett, Marsh Bowen, autant de noms que de secrets, des promesses d'ultra-violence.
Difficile de circonscrire ce dernier tome de la trilogie USA, il est d'abord trop dense, trop haineux, trop violent, Ellroy découpe ses phrases et ses personnages au même rythme, juxtaposant les faits, raccourcissant les connexions, mélant comme à son habitude la petite à la grande histoire. Son pretexte ? Ce sont les petites mains qui font L Histoire. Son but ? Montrer que ce qui est caché l'est pour de (très) bonnes raisons, parce que c'est sale, empli de haine, criminel au plus haut niveau. Ses méthodes ? Juxtaposer trois récits distincts : celui de l'agent Dwight Holly infiltrant pour Hoover un policier Noir dans le réseau du militantisme noir de LA. Celui de Crutch, pauvre hère paumé, dépassé par les événements et dont la science sera le décryptage, la quête de sens, Crutch va servir de passerelle. Enfin celui de Junior Tedrow, l'homme qui a participé à tous les assassinats politiques des années 60, payé à la fois par la folie de Hugues et celle des parrains de la mafia. Trois récits distincts qui s'entrecroisent souvent, avec en exergue l'attaque sanguinaire d'un fourgon blindé à LA le 22 février 1964.
On frôle l'indigestion tant le fruit est mur sous la plume d'Ellroy. Trop de haine raciale choque, trop de haine rouge choque, trop de haine homosexuel choque, Ellroy emploie "singes", "suceurs de bites", "vermine", "macaques", autant de termes insupportables. L'addition est lourde, Underworld USA est dur à lire parce que précis à la limite de l'alienation mentale, le decrytage est sauvage et les frontières entre le réel et le supposé se fondent en un grand tout vaudou, drogué, malfaisant et criminel. Dur à lire dans ses deux premiers tiers, mais Ellroy emporte son pari sur le dernier, en élucidant pas à pas son intrigue, la clarifiant et peut-être aussi en y instillant un brin d'espoir, on ne l'en pensait plus capable.
Au final, 900 pages de haine pure, bien sûr maquillée en complots, enquêtes et procédures, mais, il faut le répéter, le monde de James Ellroy est décidement bien triste.
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Ce livre est le dernier volet de la trilogie commencé avec American Tabloïd, puis American Death Trip. Ellroy nous offre avec ces trois volets douze ans, parmi les plus tourmentés du XXème siècle, du paysage noir et politique des Etats-Unis.

1968, Martin Luther King et Robert Kennedy ont été assassinés. L. B. Johnson termine son mandat et ne reçoit pas l'investiture démocrate. C'est Humphrey qui se présente face à R. Nixon, qui sera élu à la présidence des Etats-Unis, selon la volonté du FBI, de la mafia et de Howard Hughes, lesquels ont financé sa campagne en échange de promesses, notamment, contre la loi antitrusts et l'implantation de casinos en Amérique latine.

C'est dans un style éblouissant, télégraphique, sujet-verbe-complément, épuré au maximum, beau comme une tragédie grecque que J. Ellroy a écrit ce livre. Il vous scotche à votre fauteuil pour mieux vous mettre K.O avec sa prose dont Chandler ou Chase seraient jaloux. Vous voulez du roman policier noir, vous en avez.

Ellroy appelle un chat un chat, pas de fioriture, on n'est pas là pour ça. le KKK entre en scène, alors c'est la langue klanesque qui entre en lice, on parle de l'ékipe, du kar, du kamp, des klébards, etc. Il réussit, surtout, ce tour de force, à intégrer ce changement de style sans affecter le déroulement de l'action ni la lecture. Cette approche n'est pas sans rappeler Melville dans son Moby Dick et la langue des marins.

Un règlement de comptes, des coups de feu, alors le sang gicle sur votre gilet, sur vos lunettes de lecture. Les balles sifflent, vous vous précipitez derrière votre fauteuil, respirez l'odeur de la poudre et comptez les douilles. Les coups pleuvent, il vous faut les esquiver, gauche, droite, direct, uppercut, c'est trop, vous êtes K.O debout, jet de l'éponge, le livre glisse de vos doigts. Dodo, faites de beaux rêves!

Le braquage reste le leitmotiv du roman, certains protagonistes, mieux informés que d'autres cherchent la vérité, avec pour but la récupération du magot. D'autres, exécuteurs de basses oeuvres, y viendront, leurs chemins se croisant.

Ellroy, avec ce brio qui lui est propre nous fait passer des assassinats de MLKing et RFKennedy aux parrains mafieux, Marcello, Giancana et Traficante, à Howard Hughes, sa clique de Mormons et sa volonté de rachat des casinos de Vegas. Mais aussi de Hoover Directeur du FBI aux fantoches haïtiens, Papa "Doc" Duvalier et ses tontonss macoutes ainsi que dominicain Balaguer et sa banda.

Le black power est en boutons et ne demande qu'à éclore. La droite n'en veut pas, la gauche, les rouges, si et tentent de le récupérer. La droite envoie ses indics, ses coupe-circuits, ses sous-marins, elle infiltre, espionne, la gauche désinforme, réagit, aide financièrement, se bat sur tout le territoire mais aussi en République Dominicaine et en Haïti.

Avec une grande facilité d'écriture, Ellroy, nous entraine dans l'underground de Los Angeles, sa ville, dans les bouges, avec les prostituées mâles, femelles, les homos des deux sexes, les porte-flingues, les balances, les flics ripoux. Les personnages de ce roman, dont les caractères sont tranchés et écrits à la serpe, sans complaisance, sont tous guidés par un but bon ou mauvais, juste ou injuste, pour leur compte ou pour le compte d'autres et il mettra dans la bouche de l'un des protagonistes, cette phrase : si tu poursuis un but, fais en sorte que ce ne soit pas lui qui te poursuive.

Je suis un convaincu, pas besoin de prêcher pour, je suis un affidé, un conquis d'Ellroy. Je m'attendais à quelque chose d'aussi fort que les deux précédents opus. Dire que je ne suis pas déçu est un petit mot, j'ai été enthousiasmé par Underworld USA. Cette forme d'écriture, remarquable, n' a qu'un seul inconvénient, celui d'arracher les tripes et de vous faire entrer tête baissée dans le roman en sachant que le choc risque d'être rude et qu'il laissera des traces et fera des dégâts !

Dans la dernière partie, au moment du dénouement, Ellroy, démontre avec un phrasé plus conventionnel, une richesse de vocabulaire, qu'il sait aussi être un véritable écrivain de très grand talent.

On aurait tort de se priver d'une telle lecture, voire, pour ma part, d'une relecture.

C'EST UN CHEF-D'OEUVRE !

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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critiques presse (1)
Lexpress
29 novembre 2011
Une claque. Enorme. Qui ne laisse personne indemne. Un roman qui secoue la mythologie de l'Amérique et la met à terre. Dans le caniveau. Où coule l'eau putride d'un pays qui a perdu son innocence et qui se complaît dans les compromissions, les magouilles et les abus de pouvoir.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Macaque Junkie se payait la tête de Sonny Liston. cela mettait Sonny en rogne. Sonny lâchait la purée sur les drag-queens et ne bandait pas pour Ali. Sa virilité avait perdu tout son jus.
Jomo prenait des appels. Junior se bâfrait de biscuits trempés dans le cognac. Le numéro de Milt traînait en longueur. Wayne et Marsh regardaient Sonny bouillir intérieurement.
Il pleuvait. Le toit fuyait. Le papier peint à rayures se décollait. Un Dr Guérit-Tout devait 350 dollars à Tiger Kab. Il remboursait sa dette en Desoxyn et en Dilaudid. Sonny et Jomo étaient défoncés au cocktail métamphétamine/méthadone.
Macaque Junkie minaudait, aujourd'hui. Macaque Junkie lissait sa coupe afro et faisait sa bouche en cul de poule.
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Richard le Roublard a gagné. De justesse, mais la marge n'était pas insignifiante. Un peu plus large, quand même, qu'un poil de chatte.
Carlos donna une fête. Dans sa suite pseudo-romaine. Des mafiosi et des mormons, les commentaires sur l'élection à la télévision. Des call-girls racontaient des anecdotes sur le thème j'ai-sucé-JFK. Farlan Brown prétendait que Nixon, pour sa part, n'aimait pas les turlutes. Son vice, c'était plutôt de faire l'esclave dans les rapports sado-maso. C'était le genre à se biturer, puis à bombarder un trou à rats du Tiers-Monde. Quand les bombes avaient fait cramer des petits mômes, les larmes lui montaient aux yeux. Alors, il faisait venir une pétasse hystérique armée d'un fouet pour qu'elle le remette dans le droit chemin.
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Le flic au volant avalait des rasades d'Old Crow. Sa voiture était climatisée. Ses occupants jouissaient du spectacle de la rue sans subir la chaleur de la nuit.
Les bagarres de rue. Les lancers de pierres et les coups de matraque. Les chevelus tout sanguinolents.. Le môme avec un oeil en moins. Celui qui retenait dans sa main ses dents brisées.
Mesplède dit:
- Je veux bien concéder que la guerre est impopulaire. Je veux bien concéder qu'elle est interminable, mais je continuerai à affirmer qu'elle est absolument nécessaire.
Crutch regarda par la fenêtre. Un hippie lui fit un doigt. Une hippie lui montra ses nibards. (p.197)
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J'ai regardé autour de moi. Je voulais la voir une dernière fois ou au moins capter l'odeur de sa cigarette. Elle était partie. Elle avait toujours considéré que les au revoir avaient un côté mystique et hypothétique. Les camarades devraient être prêts à se retrouver ou à se perdre de vue pour toujours. La foi, c'est de cette façon que ça fonctionne. (p.835)
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-" Prends bien garde au but que tu poursuis, car il te poursuit aussi."
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