Premier Livre. Pas un roman. Un acte de survie.
C'est une écriture qui se met à germer dans une terre ravagée, piétinée.
Un miracle que ces mots là aient pu sortir et venir jusqu'à nous.
Un vrai miracle. A quoi sont dus les miracles?
A une grand mère, à un chausson aux pommes, à un flacon d'anisette, où à cette l'envie toute naturelle qui nous vient de vivre?
Il n'y a pas vraiment de chronologie, c'est vrai. Tout est juste. Parce qu'un enfant retient, retient beaucoup, regarde tout, écoute, et comprend.
Mais un enfant ne classe pas sur la ligne de temps, l'enfant accroche ses souvenirs à la ligne de son coeur.
L'asphyxie c'est beaucoup de visages, beaucoup de vies, beaucoup de souffles. Des bruits, des cris, des coups, des larmes, du venin, un étouffoir d'enfance, une blessure et puis c'est un parfum d'orange, une musique de rue, un tablier, un cornet de frites, une poupée brisée, de la corde d'espadrille, et toute cette nuit accrochée à une fenêtre.
Tout est là. L'écriture est là. Les images, ce rythme très particulier qui gifle et caresse les pages. Elle a tout semé dans ce premier livre. Sa semence. Un jais, son style.
Tout ce qu'elle ne cessera jamais d'écrire : ce mal d'aimer.
« il n'est pas bon d'être aimé, si jeune, si tôt. […] Avec l'amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. » écrivait
Romain Gary dans
la Promesse de l'aube.
Mais une promesse, c'est déjà ça. Ce n'est pas un serment, juste un sentiment. Ça fait rêver, ça apaise, ça fait patienter, ça fait espérer.
« c'était une mère irréprochable», sans doute.
Que peut on reprocher à qui ne formule aucune promesse? Qui n'a aucune parole à donner ne désirera tenir aucune main.
Violette Leduc se donnait, et nous donnait, là une très belle promesse, une promesse qu'elle aura su tenir jusqu'au bout de son écrit.
Astrid Shriqui Garain