Noir, c'est noir.
5 brèves nouvelles. Un style sobre, grinçant, percutant pour dire le racisme vécu par les noirs américains. La langue de
Chester HIMES peut être poétique et charmeuse, populaire, triviale parfois, pour les dialogues, accentuant certains aspects réalistes.
Chester HIMES, étant noir américain, c'est un racisme vécu de l'intérieur que l'on découvre, un racisme qui fracasse l'esprit, le mental, déforme la personnalité. Une chape de plomb qui enferme. Rien à voir avec le racisme dénoncé par un blanc. L'auteur nous livre une douleur charnelle qui enferme, conditionne.
Ces histoires dénoncent la situation de noirs qui tentent de survivre dans une société qui les méprise, les rejette, les nie, ne veut pas d'eux. Des noirs aux prises avec un déterminisme social qui les formate pour devenir voyous, malfrats, finir en prison, condamnés par une justice extrêmement sévère, voire « injuste », des noirs qui ont rendez- vous avec une mort brutale (cf., « Son dernier jour » et « Encore une façon de mourir »).
L'humour, bien présent, critique autant les blancs que les noirs. La première nouvelle, « le fantôme de Rufus Jones », nous offre une cocasserie jubilatoire qui souligne l'absurdité de ce monde et de ses divisions raciales.
Un petit bijou littéraire.