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EAN : 9782709627696
614 pages
J.-C. Lattès (20/08/2008)
3.66/5   82 notes
Résumé :
Les sources : C’est une histoire secrète de la fin du XXe siècle qui pourrait commencer ainsi : le photographe Max Jameson traquait une princesse britannique, avait pour voisin un marchand d’armes suisse et pour ami un premier ministre français. Tous les quatre ont connu la lumière, puis une fin tragique. Le traitement : L’histoire commence en 1981, par le mariage de la princesse, et s’achève de nos jours. Elle nous est racontée par un analyste de la DGSE, nostalg... >Voir plus
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Si le roman de Serge Bramly ne m'a pas emballé totalement, force est de lui reconnaître un sacré sens du récit, un écrivain quoi. On pense forcément aux maitres du roman d'espionnage. Il faut dire que le début est absolument époustouflant (l'instant d'après : l'accident d'une Mercedes avec à son bord une princesse dans un tunnel sous un célèbre pont parisien). Chacun reconnaitra, mettra un nom dernières les personnages de son récit. Marchands d'arme, agents secrets, paparazzi, secrets d'état, magouilles, autant de thèmes déployés tout au long du récit. Pourtant le roman s'essouffle par instant, devient ennuyeux (pour moi en tout cas), avant de repartir vers les hauteurs. Une montagne russe qui me laisse forcément un souvenir partagé. Mais par les sujets abordés, l'écriture de Serge Bramly et le talent de narrateur, ce roman est à découvrir.
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Quel joli titre pour décourager un lecteur hésitant ! Et la couverture (photo en noir et blanc de l'auteur) itou. Serge Bramly y sourit, de toutes ses dents, comme s'il était ravi de nous jouer un bon tour. A quoi joue-t-il avec ses deux premiers principes de la Thermodynamique ? A faire croire au lecteur de passage que ce livre est trop fort pour lui, trop cérébral, trop germanopratin ? A-t-il un peu honte d'avoir « commis » un thriller ou pire de flirter avec le roman d'espionnage ?
Oui, c'est vrai, ce n'est pas ce que vous croyez. C'est un « page turner » formidablement bien écrit (on a envie de relever une citation toutes les deux pages) avec un sujet brûlant et un suspens qui tient jusqu'à la dernière page. Les jurés de l'Interallié de 2008 ne s'y étaient pas trompés.
Il déroule cinq destins qui s'entrecroisent tragiquement sur fond de Mitterrandie triomphante puis finissante. Ca commence par un mariage princier en 1981 qui se terminera mal contre un des piliers du tunnel du pont de l'Alma ; ça se poursuit par le suicide d'un ex-premier ministre au bord d'un étang en Normandie et ça se pimente avec un paparazzo, son officier traitant des services secrets et un marchand d'armes. Ces cinq personnages se sont croisés à de nombreuses reprises, des liens se sont créés, puis trois d'entre eux sont morts tragiquement et les deux autres ont pris la poudre d'escampette. Pourquoi ? Y a-t-il d'autres vérités que les vérités officielles ?
Les pages consacrées aux « coups tordus » des photographes de presse, de la faune politique, de celle des services secrets et des trafiquants d'armes sont brillantes. Il serait dommage de ne pas découvrir le compte-rendu d'une Garden Party de 14 juillet à l'Elysée, les exactions dont sont capables certains roitelets africains et leurs complices européens ou orientaux, les pratiques routinières des services secrets tant on s'y croirait, souvent étonnés, parfois effarés, toujours scotchés. « Tout est vrai. Rien n'est vrai. C'est un roman », prend-il la peine de préciser en préambule. On peut comprendre qu'il ait pris soin de s'éviter bien des tracas car, vous l'avez compris, la matière de son roman est explosive.
Quand il écrit, parlant de cet ex-premier ministre suicidé que les membres de son parti surnommait l'Enflure ou le Boeuf (Matignon lui ayant donné la grosse tête) et qu'il glisse, au détour d'une phrase, que le Sphinx de l'Elysée avait installé ce Boeuf qu'il méprisait « puisqu'il s'agit d'administrer des veaux », on se doute bien qu'il ne s'agit pas uniquement de pure invention littéraire.
On y découvre également (Serge Bramly est un érudit) ce qu'il appelle le théorème Lincoln-Kennedy qui s'appuie sur le nombre anormal de corrélations qui existent entre l'assassinat d'Abraham Lincoln et celui de JF. Kennedy. C'est ahurissant, je vous laisse le découvrir.
Bref, un formidable roman, des personnages romanesques en diable, une plume magnifique. Enthousiasmant !
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Un titre un peu pompeux pour un roman flirtant avec les dessous noirs, donc affriolants, de la République Française de ces vingt dernières années. Un photographe qui traque une princesse qui périra dans un accident de voiture sous le pont de l'Alma, dont le voisin en Normandie est marchand d'armes et qui a un ami premier ministre qui se suicidera près d'un étang. Les noms des personnes publiques ne sont jamais cités pourtant vous voyez très bien de qui il s'agit, leurs décès ont fait l'objet de toutes les spéculations et alimentent encore la rumeur. Serge Bramly réussit le tour de force de les mettre en relations indirectes les uns avec les autres pour écrire un roman «Tout est vrai. Rien n'est vrai. C'est un roman. » qui nous emmène aux quatre coins du monde, de la garden-party de l'Elysée à la Russie et à la Chine en passant par l'ex-Yougoslavie, l'Iran et l'Irak. Guerres sales (mais qu'est-ce qu'une guerre qui ne serait pas sale ?), assassinats, trafic d'armes, pots de vin et corruption, agents secrets, mensonge à tous les niveaux et solitude pour tous. Un récit brillant où tout s'enchaîne magnifiquement, bien documenté et riche en détails, très bien écrit. Six cents pages qui se lisent avidement car vous aurez hâte d'arriver au dénouement de cette fresque dont la toile de fond est la France de l'ère Mitterrand. Un très bon thriller dont la grille de lecture se lit avec les lunettes de deux grands principes de la thermodynamique, l'entropie du second principe qui fait que dans un système clos le désordre ne va que croissant, alors que pour le premier tout corps placé à côté d'un corps froid finit par se refroidir.
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C'est un livre plein de petits défauts, à commencer par les fautes d'orthographe et de syntaxe. A propos, pourquoi les livres français sont-ils devenus des horreurs orthographiques ? Parce que les correcteurs sont trop chers ? Ou parce qu'il ne s'en trouve plus, dans ces générations fauchées par les ravages de la « Méthode globale » ? Il y a aussi des bêtises agaçantes, des erreurs de documentation sur l'Etat : le « confidentiel défense », tenu pour un haut degré de secret, alors qu'il est accessible à tout fonctionnaire, un préfet qui rédige lui-même un discours de remise de décoration, et qui se fait payer pour être laudatif, deux choses aussi invraisemblables qu' un « oranger sous le ciel irlandais ». Enfin, des longueurs dans l'avant-dernière partie. Certes l'auteur veut nous faire partager l'ennui et la médiocrité du « Boulevard MORTIER », siège de nos ineffables services secrets, où les officiers font des réussites sur leur vieil ordinateur, mais il y parvient si bien qu'on s'ennuie ferme vers la page 400.

Voilà pour les nuances ; mais oublions-les, pour retenir que Serge BRAMLY est un écrivain qui sait écrire. La première partie est parfois éblouissante, notamment la très troublante agonie de la Princesse dans le souterrain de l'Alma, ou son « Royal Wedding », dont la retransmission télévisée fascine, partout en Europe, les protagonistes, inquiétants ou ridicules, de ce récit.

L'auteur sait entremêler les écheveaux de vies étrangères les unes aux autres, et qui se rejoindront pour le malheur des personnages et le bonheur du lecteur. Ces êtres sont campés avec précision, leurs ressorts bien décrits quoiqu'un peu stéréotypés (l'argent, l'ambition, la cruauté, les appétits sexuels, l'amour, la médiocrité, la peur, le goût du risque …). L'auteur est aussi à l'aise dans les salons de RIVOLI que dans la froideur d'un matin bosniaque. Donnons la palme à cette fin de 14 juillet élyséen, que Fellini aurait pu signer.

Bref, BRAMLY nous offre tout ce que les Français ne savent plus faire, depuis qu'il est interdit par le Code général de la Littérature Français de raconter la moindre histoire, sauf à être catalogué « roman de gare ». Si je n'avais pas peur de froisser gravement l'auteur, j'écrirais qu'il s'approche des grands maîtres britanniques et américains du genre : John GRISHAM, Frederick FORSYTHE, LITTELL Père. J'avais envie d'écrire, en montant d'un cran, John IRVING ou William BOYD, mais ne soyons pas démagogue.
Lien : http://www.bigmammy.fr
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Un roman magistral, qui recrée les intrigues du pouvoir sur les décennies quatre vingt et quatre vingt dix. Bramly prend le lecteur par la main et le ballade entre trafics d'armes et complots divers, vie privée et vie publique, papparazzi et politiciens. Les destins des uns et des autres se chevauchent. A la croisée des ambitions, du toujours plus, fric ou sexe, on devine des noms connus derrière les personnages décrits. Ici Lady di croise d'autres grands de ce monde, mais sa vie s'arrête toujours sur un pilier du pont de l'Alma.
Il y a très peu de romans français ayant autant réussi à mélanger le peut-être vrai au faux crédible dans un kaléidoscope aussi réaliste.
Un roman que j'ai lu d'une traite et achevé à l'avant veille de son prix Interallié 2008. C'était bien la première fois que j'approuvais totalement le choix d'un jury littéraire.
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Au Château, où planait l'ombre de la mort, le président se murait dans ses mensonges. Rongé par la maladie, sentant venir le terme, il détournait les yeux du présent pour mieux se mirer dans sa gloire posthume. Son visage était devenu un masque cireux, ses prunelles évoquaient la dureté hypnotique d'une mante religieuse. L'angoisse le rendait impatient; l'impatience le faisait lucide; la lucidité, brillant, intransigeant, odieux. Il laissait tomber ses ordres comme on accorde une faveur. La déroute électorale imposait des démissions, un remaniement ministériel...le navire prenait eau de toute part, et, tel Saturne dévorant ses fils, il avait brisé un à un tous ses capitaines. Le chef de l'Etat chercha alors autour de lui l'homme dont la cote de popularité semblait la moins entamée, le serviteur fidèle, malléable et intègre qui lui permettrait de se maintenir à flot, de tenir, et son choix s'arrêta sur son ancien ministre des Finances, cet enfant du terroir normand qui n'avait pas son bac, ce paysan mal dégrossi que certains de ses subordonnés surnommaient le Boeuf et qui ne lui inspirait pas davantage d'estime. "Puisqu'il s'agit d'administrer des veaux", aurait-il murmuré.
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Reprendre le chemin de l'université, rabâcher des thèses auxquelles il ne croyait plus, "pour des clopinettes", quand il avait connu les ors de la République, les voitures avec chauffeur, les voyages officiels, le frisson du pouvoir, lui paraissait inenvisageable, personne ne revient en arrière.
Pourquoi n'était-il pas entré dans le privé quand il en était encore temps ? On lui avait fait des propositions et il avait laissé passer sa chance. Julie Wassermann dirigeait un florissant cabinet de conseil en investissement, Lavauzelle, un ancien subordonné, se la coulait douce à Air Inter, "la planque en or" selon ses termes; Erik Sadoun, le copain de fac, avec qui il avait dîné l'autre soir, trotskiste enragé dans sa jeunesse, faisait fortune dans l'achat d'espaces publicitaires, il roulait en Porsche et sortait avec une Brésilienne qui n'avait pas la moitié de son âge. Cette Sud-Américaine blonde et siliconée, réfutation vivante de leurs idéaux d'autrefois, lui restait spécialement en travers de la gorge...Il se doutait bien que, dans la déroute qui allait survenir, les petits soldats comme lui seraient oubliés sur le bas-côté.
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"Bidi ?"
Elle ne réagissait pas. Il se résigna à battre en retraite. Il la dévisagea alors comme si c'était la dernière fois : Bidi de profil, blonde et rose, les paupières fardées d'un bleu assorti à ses prunelles, malgré ce qu'il lui en avait dit. Sans doute eût-il dû lui passer la bague au doigt dès le premier jour et se reprocherait-il jusqu'au dernier d'avoir raté sa chance, mais les dés étaient jetés et les jolies filles ne manquaient pas.
Il crut un instant qu'elle allait lui lancer le flan caramel au visage, tant elle avait l'air furibond. Mais ce n'était pas après lui qu'elle en avait le plus. Quand elle prit la parole, ce fut pour poser la seule question qu'il avait espérée :
" Et pourquoi tu veux l'acheter, la ferme des Villon ?"
Au lieu de saisir la perche qu'elle lui tendait :
" Je peux te parler cinq minutes, répondit-il. Seule à seul ?
_ On est entre nous.
_ S'il te plait, cinq minutes...
_ Pauvre mec !
_ Bidi, cinq minutes ?
_ Il n'y a pas de cinq minutes qui tiennent ! Merde, si tu veux ma main, demande la clairement. Tout de suite. A haute voix. Monsieur met des années à se décider, et il faudrait qu'on l'aide à faire sa déclaration ! Quant à toi (elle s'adressait maintenant à sa soeur), un seul mot et je t'arrache les yeux. Je ne veux plus vous entendre, ni toi, ni ton connard de mari !"
Jameson ne devait jamais se rappeler par la suite en quels termes il avait formulé la chose, mais c'était tout de même sorti de ses lèvres : ils étaient officiellement fiancés.
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Elle n'était pas morte...
Ils avaient dû se rendre compte de sa présence maintenant. Elle ne comprenait pas alors pourquoi, au lieu d'ouvrir les portières et de l'en tirer, ces gens prenaient la voiture en photo. Car les fulgurances répétées qui la traversaient de part en part, la laissant aveugle pendant plusieurs secondes, ne pouvaient provenir que de flashs, elle en avait assez l'habitude pour en reconnaître les éclairs, aussi groggy fût-elle, quelles que fussent les circonstances. Ils photographiaient la carcasse métallique de l'extérieur. Ils en photographiaient aussi l'intérieur par le trou des vitres, et les alternances de ténèbres et de flamboiements amenuisaient les maigres capacités de réflexion dont elle disposait, si bien qu'elle ne savait plus si elle devait sourire pour paraître à son avantage, comme elle avait appris à le faire en public, ou bien au contraire s'indigner, les traiter de tous les noms et s'enfoncer plus avant dans la cavité qui la tenait prisonnière, afin de disparaître de leur vue. Avec une sorte de haut-le-coeur, comme sous l'effet d'une brusque accélération, elle revit soudain, en relief, d'une netteté effarante, l'armée des reporters qui assiégeaient l'hôtel, le départ précipité, et puis une sorte de souterrain, de tunnel à quatre voies que séparaient des piliers et, là les coupables, les responsables de l'accident dont elle était victime, embusqués dans l'ombre.
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Je marche sans hâte. Devant moi, les arbres des quais, toujours les premiers à se regarnir, ont retrouvé presque toutes leurs feuilles, d'un vert tendre que le soir ombre de touches mauves comme dans un tableau impressionniste, si bien que j'ai un instant l'impression devant le spectacle des platanes et des grands peupliers qui s'élèvent entre les façades couleur d'absinthe, là où s'intercalent les tours de Notre Dame, d'être transporté un siècle en arrière, à l'époque des omnibus à impériale, des hauts-de-formes aux reflets de pluie, des imposantes robes à crinoline. Au coin de la rue de la Bucherie, une librairie où s'alignent d'anciennes éditions de Jules Verne dont les dos richement illustrés m'évoquent les prix qui récompensaient dans mon enfance les meilleurs élèves, semble éclairée tout exprès pour me confirmer dans l'idée qu'il ne faut pas beaucoup d'imagination, dans ces quartiers du centre de Paris, pour remonter le temps et apercevoir comment les fantômes du passé tracent les chemins que nous croyons ouvrir.
Je traverse le pont au Double dont les arches supportaient autrefois un bâtiment à deux étages voué aux malades et, ignorant les touristes du parvis, passe la belliqueuse statue équestre de Charlemagne, flanqué d'écuyers à longue moustaches, qui monte une garde farouche devant le jardin de l'archevêché, à l'extrémité de l'île.
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Videos de Serge Bramly (14) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Serge Bramly
Alternant l'écriture de romans et d'essais, Serge Bramly conserve au moins une constante dans l'écriture : celle de vivre l'entre-deux livres comme une période de deuil, de vide. L'histoire de "Pour Sensi" (JC Lattès) illustre d'autant plus cette "dépression postnatale" puisqu'il raconte une rupture amoureuse ayant coïncidé avec ce moment de battement où un ouvrage ne vous appartient plus.
En savoir plus sur "Pour Sensi" : https://www.hachette.fr/livre/pour-sensi-9782709650595
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