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EAN : 9782070278114
239 pages
Gallimard (17/03/1971)
3.77/5   88 notes
Résumé :
André Malraux va revoir le général de Gaulle retiré à Colombey. Pareilles rencontres ne sont pas fréquentes dans les siècles : Napoléon ne dictait qu'à des secrétaires tandis que Chateaubriand ne visitait que Charles X. Ici nous avons face à face un homme qui a pesé sur l'Histoire et un écrivain qui, maître de son art, nous rapporte leur dialogue.
C'est un texte qui a peu de précédents car Voltaire a oublié la conversation de Frédéric comme Diderot celle de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Les Chênes qu'on abat .. (c'est du Victor Hugo.. je le sais parce que c'est marqué dessus comme le port salut, en première de couverture : "Oh quel farouche bruit dans le crépuscule. Les chênes que l'on abat pour le bûcher d'Hercule ! ")
Livre paru en 1971. Charles de Gaulle s'était retiré à Colombey-les-Deux- Eglises et André Malraux son auteur lui a rendu visite dit wikipédia -qu'il m'arrive de compulser sans rougir -, mais là je dois dire a tort d'induire cela, car je sais pertinemment que De Gaulle est mort fin 1970. Je le sais car j'étais tout jeunot aux Antilles à l'époque et des canadiens sur la plage -du temps où il y en avait encore qui venaient - étaient venus me présenter leurs condoléances. Ensuite, quand j'ai eu trois poils au menton, je me suis procuré ce livre (en Blanche chez Gallimard), car à l'époque ce fut un peu un pavé dans la marre, ses oeuvres se raréfiaient et revoilou André Malraux : il fut donc considéré comme son dernier livre, à succès du moins, car il avait commis paraît-il un voire deux qui étaient considérés comme une suite (rassemblée dans les Antimémoires) mais qui furent confidentiels, ils étaient moins bons, et Malraux perdait de son lustre : il finit par ne plus être que l'ombre de lui-même, il avait des problèmes de santé et patati patata .. On entrait dans une ère politique à couteaux tirés avec la gauche qui perçait et qui finira par prendre le pouvoir en 1981. Il n'est pas question pour moi d'omettre ici Pompidou qui fut à mes yeux le dernier homme politique français valable, visionnaire, populaire.. Malheureusement pour la France, celui-ci fut emporté par la maladie..

Quand on lit Les Chênes qu'on abat, comment il écrit celui-là dis donc !! Ce fut le dernier grand écrivain français, ou géant disons plutôt avec les Sartre, Camus .. Après, les Lettres françaises furent comme tétanisées, à court d'inspiration, à l'image du football français, passif, infécond, crispé, sans talent, complexé, voire ridicule .. Il faudra attendre une génération pour voir émerger un nouveau grand avec Houellebecq, mais celui-ci ne fut-il pas non plus l'arbre qui cache la forêt, mais revenons à nos Chênes, tout cela n'engage que moi évidemment !..

Alors c'est donc avant la mort de de Gaulle que Malraux vint le voir à Colombey et qu'il rapporte dans le livre ses dernières conversations avec le grand homme qui ne me fit pas trop d'effet à vrai dire car j'étais trop jeune et un tantinet rebelle .. Mais ceux-là néanmoins quand ils causaient, ça donnait envie de parler comme eux, j'ai plus vu cela avec Pompidou .. Quelle immense culture française, ils trimballaient !..

Je ne l'ai pas lu tout de suite les Chênes, car je n'étais pas trop versé politique. J'ai lu quelque part que Malraux ne se prenait pas pour une ... Eh ben là il prend réellement De Gaulle pour un géant historique et lui instrumentalisé en quelque sorte, c'est lui qui le dit ! Je le trouve en fin de compte modeste, car c'est lui qui retient mon attention aujourd'hui avec une acuité inaccoutumée. J'en ai même le frisson quand je sais que c'est lui qui a signé la Condition humaine, l'Espoir..

Le vrai et dernier entretien confidentiel entre un homme de génie au crépuscule de sa vie et son protégé, presque bouffon de service, il y eut bien des précédents, mais Malraux arrive à nous convaincre quand il dit ceci : "Ne tenons pas des boutades pour des confidences. Il serait passionnant pour nous de connaître une conversation de cette nature avec Napoléon , parce qu'il serait passionnant de savoir ce que disait librement Napoléon .." (..) le maréchal Bertrand nous en donne souvent l'idée, mais une fois de plus , Napoléon parle presque seul ; et Bertrand n'était pas un écrivain. Ce que dit ici le général de Gaulle le peint ; quelquefois, dans un domaine assez secret. Mais ses paroles vont de ce à quoi il a réfléchi à ce qu'il improvise pour y réfléchir, enfin à ce qu'il dit pour s'amuser.". Je serais presque tenté de dire qu'on ne voit ça qu'au cinéma et que la qualité de ce qu'il donne comme définition à ces dernières confidences non pas arrachées, voire indécentes comme bien souvent vu le contexte souvent funeste tient effectivement en ce mot Librement ..
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Ce texte est une fiction qui a valeur de confidence et éclaire le général de Gaulle de l'intérieur. Malraux nous emmène à Colombey-les-Deux-Églises le jeudi 11 décembre 1969. Il y rencontre De Gaulle avec lequel il a un entretien. C'était juste avant la construction de la croix de Lorraine mais après les résultats du référendum sur le projet de loi relatif à la création de régions et à la rénovation du Sénat dont le résultat négatif a conduit à la démission le président de la République, Charles de Gaulle.

Mais qu'est-ce qui lient ces deux hommes?
Quand de Gaulle revient au pouvoir en 1958, Malraux est nommé ministre des Affaires Culturelles, fonction qu'il assumera jusqu'en 1969. Ils partagent donc l'expérience de la politique au plus haut niveau durant plus d'une décennie.

C'est en 1971 qu'André Malraux publie ce livre, fragments du second tome de ses Antimémoires intitulé "Les chênes qu'on abat...".
Ce livre n'est ni un roman ni un récit mais un hommage funèbre et un morceau d'histoire qui permet de mieux comprendre le monde dans lequel nous sommes et suggère des pistes de réflexions sur nos sociétés modernes. Malraux montre un De Gaulle assez visionnaire, tant sur l'Europe ou l'Afrique que sur la place de la France dans le monde contemporain. Il nous fait entrer dans le 20e siècle nous offrant de saisir ce que fut le gaullisme.

Même si parfois la solennité de l'entre-soi des deux politiciens nous les rend peu accessibles les joutes verbales des deux hommes oscillant entre le dramatique et l'humour ne manquent pas d'intérêt.




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Le style m'a paru lourd, chargé de grandiloquence pour ce plaidoyer pro- domo et ce document à ranger dans l'enrichissement du culte de la personnalité. Beaucoup de conversations à bâtons rompus, où revient sans cesse Napoléon. Ce qui m'a interpellé c'est qu'à aucun moment, le Général de Gaulle ne se remet en question, n'a la clairvoyance de mettre à jour ses ses erreurs, ses défauts. Qui n'en a pas ? Je viens de finir récemment "La disparition de Josef Mengele" d'Olivier Guez et je suis frappé de voir que ces deux hommes publics n'ont pas la faculté jusqu'à leur dernier souffle de prononcer le moindre mea culpa donnant ainsi raison à Spinoza pour qui "Il y a dans tout être une tendance de l'être à persévérer dans son être".
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Voilà un bien énigmatique texte. André Malraux, homme de tous les combats, vient rendre visite à la Boisserie pendant l'hiver 1970 au général De Gaulle retiré des affaires depuis peu. Malraux sait ou plutôt sent que cette visite sera la dernière. De Gaulle aussi.

Les deux hommes nouent un dialogue déroutant qui aborde tous les grands moments de leurs vies protéiformes. Tous les combats, toutes les luttes, toutes les difficultés traversées et parfois surmontées, tous les échecs, sont là. Pêle-mêle, dans ce texte digne d'un dialogue de Platon. Souvent, on ne sait qui parle, du général ou du romancier. Mais qu'importe.

Le ton est grave et solennel. le monde fut leur terrain de jeu ou plutôt leur champ de bataille et tout défile sans ordre ni préséance. C'est beau, déroutant, fulgurant, drôle parfois, dérisoire et bien sûr unique en son genre. Combien d'auteurs ont, de toute leur vie, lancé ce qui deviendra L'appel du 18 juin ?

On y parle de la France comme Homère parlait d'Ithaque. Encore et toujours. On parle du monde et bien sûr de la guerre. de cette dernière Guerre qui a tout ravagé.

Un livre qui se termine par un crescendo de phrases très émouvantes qui évoquent à s'y méprendre Les Misérables. Malraux cite De Gaulle s'écriant : « Enfin, j'aurai fait ce que j'aurai pu. »

Comment ne pas repenser alors qu'au moment de mourir, Jean Valjean, regardant les chandeliers de l'évêque de Digne qui ont sauvé sa vie, s'écria : « Je ne sais pas si celui qui me les a donnés est content de moi, là-haut. J'ai fait ce que j'ai pu. »

Il semble bien que, au soir de la vie, nous n'ayons d'autre solution que de faire cet humble constat et dire « j'ai fait ce que j'ai pu ».
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André Malraux, un des derniers fidèles, rencontrait régulièrement Charles de Gaulle à La Boisserie (Colombey-les-Deux-Églises), où celui-ci s'était retiré en 1969, après un référendum qui avait vu la victoire du "non". Ce livre est un recueil des dialogues (réels, imaginaires ?) entre ces deux "grands" de l'histoire et de la littérature. On peut regretter la grandiloquence de l'écrivain, qui transporte toujours avec lui des "valises" de citations, allant de Sophocle à Mao-Tsé-Toung, et n'est pas avare de phrases plutôt obscures, à la grammaire tarabiscotée, dont on retiendra malgré tout la grande poésie. C'est agaçant, pour un livre qui se veut un témoignage, mais passons... Beaucoup de thèmes sont évoqués, le Communisme, la Résistance, la lutte contre le Fascisme bien sûr, et celle qu'on appelait familièrement "tante Yvonne" (Yvonne de Gaulle, née Vendroux, la femme du général) fait son apparition au passage, si heureuse de voir son époux enfin débarrassé de ses soucis de chef d'état (elle n'en a malheureusement pas profité longtemps...). le destin de celui qui fut le plus grand homme d'état français du siècle dernier est évoqué, à travers sa vision de la France, dont il pensait, à tort ou à raison, porter le destin sur ses frêles épaules. Un témoignage bouleversant, qui fait paraître bien pâlottes les petites agitations bling-bling de nos leaders politiques du moment. Un remarquable travail d'écriture aussi, pour ceux et celles qui sont encore sensibles au beau langage...
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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
26. Il appelle Français ceux qui veulent que la France ne meure pas.

41. Vous verrez. Les parlementaires peuvent paralyser l’action, ils ne peuvent pas la déterminer.

44. Le shah m’a confié : « Quand je l’ai rencontré pour la première fois à Téhéran, j’étais un jeune homme. Je lui ai demandé conseil. Il m’a répondu : « Monseigneur, on vous suggérera bien des habiletés. Ne les acceptez jamais. Je n’ai qu’une suggestion à vous faire, mais elle compte : mettez toute votre énergie à rester indépendant ».

45. Quand tout va mal et que vous cherchez votre décision, regardez vers les sommets ; il n’y a pas d’encombrements.

46. J’entends ne m’en prendre à personne : s’en prendre à quelqu’un est toujours une faiblesse.

62. Vous connaissez la phrase d’Einstein : « Le plus étonnant est que le monde ait presque certainement un sens. » Mais il ne va pas de soi que le sens du monde soit celui de notre vie…

112. C’est peu de chose, un individu, en face d’un peuple.

146. Ils (les politiciens) ont compris que je représentais l’Etat. L’Etat est le diable, parce que s’il existe, eux n’existent plus. Ils perdent ce à quoi ils tiennent avant tout, l’exercice de leur vanité. Ils l’ont tous en abomination.

169. Comme s’ils ne savaient pas ce qu’il y a de lâcheté dans la modestie !

192. Un homme de l’Histoire est un ferment, une graine. Un marronnier ne ressemble pas à un marron.

202. « Homme de la plaine, pourquoi gravis-tu la montagne ? – Pour mieux regarder la plaine ».

227. Ils sont obsédés par la démocratie depuis qu’il n’y en a plus. L’antifascisme a bon dos. Quelle démocratie ?
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Ces malheureux croient que je me suis trouvé en face de M. Mitterrand, de M... comment, déjà ? Poher. En fait, je me suis trouvé en face de ce dont vous parliez tout à l'heure. La France a été l'âme de la chrétienté ; disons, aujourd'hui, de la civilisation européenne. J'ai tout fait pour la ressusciter. Le mois de Mai, les histoires de politiciens, ne parlons pas pour ne rien dire. J'ai tenté de dresser la France contre la fin d'un monde. Ai-je échoué ? D'autres verront plus tard.
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Je lui ai dit que sa France n'était pas rationnelle, mais il ne l'est pas non plus. Certes, il y a dans son prestige, maints éléments rationnels : il a été le libérateur, le solitaire vainqueur, l'intraitable, la résurrection de l'énergie nationale et par conséquent de l'espoir, même en 1958 ; le seul homme que l'on ait pu opposer au désastre, non parce qu'il ferait une "union nationale" à la manière de Poincaré ou de Doumergue, mais parce qu'il portait la France en lui ; un peu, le prophète... Bien entendu, il y a aussi le talent : lorsqu'il parle aux assemblées de Grande-Bretagne ou des Etats-Unis, il parle comme la France. Les présidents de la IVe République n'auraient pas nécessairement mal parlé ; mais on ne les eût pas écoutés.
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Oh ! Quel farouche bruit font dans le crépuscule
Les chênes qu'on abat pour le bûcher d'Hercule

Victor Hugo.
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La fatigue des derniers temps du pouvoir s'est effacée. Le général de Gaulle
retourne d'un geste un des fauteuils de cuir. Sa haute taille, un peu courbée maintenant, domine la petite pièce où flambe un feu de bois.
........
Je redécouvre, en lui serrant la main, combien les mains de cet homme encore si grand sont petites et fines. Les mains ébouillantées de Mao Tsé-toung, elles aussi , semblent les mains d'un autre.
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