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EAN : 9782081407343
Flammarion (01/03/2017)
3.79/5   208 notes
Résumé :
Un cabaret dans un camp au milieu des Pyrénées, au début de la Seconde Guerre mondiale. Deux amies, l'une aryenne, l'autre juive, qui chantent l'amour et la liberté en allemand, en yiddish, en français ... cela semble inventé ! C'est pourtant bien réel. Eva et Lise font partie des milliers de femmes « indésirables » internées par l'État français. Leur pacte secret les lie à Suzanne « la goulue », Ernesto l’Espagnol ou encore au commandant Davergne. À Gurs, l'ombre d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (69) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai tardé à lire ce roman. Je m'en étais fait une idée un peu fausse, peut-être en raison des premières lignes de la quatrième de couverture : « Un cabaret dans un camp au milieu des Pyrénées, au début de la Seconde Guerre mondiale. Deux amies, l'une aryenne, l'autre juive, qui chantent l'amour et la liberté en allemand, en yiddish, en français....Et pourtant c'est un trésor que j'ai trouvé :
- Une page des heures sombres de notre Patrie que l'on ne nous enseigne pas à l'école.
- Des amitiés exceptionnelles entre des êtres, telles que celles narrées par des Charlotte Delbo, Margaret Bubber-Neumann ou encore Germaine Tillon (pour ne citer qu'elles), garantes de l'espoir dans l'humanité
- Des personnages connus, célèbres ou moins, accentuant par leurs pensées, leur personnalité, la tragédie de ce que peut être la discrimination et l’univers concentrationnaire
- Un bel hommage aux victimes du franquisme, qui ont été abandonnées à leur sort par les autres pays d'Europe. N'ayant aucune connaissance en Espagnol, je ne me suis pas particulièrement penchée sur les (longues) années de ténèbres dans lesquelles ont été plongés nos voisins et amis Espagnols. Ce livre m'a donné envie d'y remédier.

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C'était en mai 1940, les allemands n'étaient pas encore entrés dans Paris, l'état français s'est soudainement inquiété du danger que pouvaient représenter les étrangers d'origine allemande ayant fui le nazisme et trouvé en masse refuge en France. En quelques minutes, des milliers d'individus sont passés du statut de réfugié à celui d'indésirable. le 12 mai 1940, un décret du gouverneur militaire de Paris ordonne aux ressortissants concernés de se regrouper à différents endroits. Pour les femmes célibataires et sans enfant, ce sera le Vélodrome d'Hiver, première étape avant l'internement au camp de Gurs, dans les Pyrénées.

Voilà donc le point de départ de ce roman qui met en scène la belle amitié entre deux femmes, nous parle de féminité, d'entraide, de maternité, d'amour et bien sûr de stigmatisation. Lise est une jeune femme juive d'une trentaine d'années qui a fui Berlin en 1933 alors que le magasin de ses parents faisait l'objet des premières brimades de la part des nazis. Eva est un peu plus âgée, issue de la bonne société allemande et d'une famille qu'elle a fuie à cause de leurs idées acquises à Hitler. Elles se rencontrent au Veld'Hiv et vont vivre ensemble les différentes étapes, découvrir les conditions de plus en plus atroces de leur détention, traverser la France dans le même wagon à bestiau, se tasser dans le même bâtiment insalubre du camp, faire la chasse aux rongeurs et aux poux. S'aider et se réconforter.

Ces femmes, parmi lesquelles se trouvent beaucoup d'artistes et d'intellectuelles de la vie parisienne de l'époque (Hannah Arendt, mais également la maîtresse de Soutine, des chanteuses et des danseuses) vont mettre toute leur énergie à rester des femmes malgré le vide, la puanteur, le froid et la peur. Dans une autre partie du camp sont enfermés des Espagnols qui ont combattu Franco chez les républicains ou dans les brigades internationales. Entre les deux communautés, des liens se tissent à distance, des rapports de séduction viennent embellir le quotidien. Et puis certaines figures permettent d'espérer encore dans l'espèce humaine : l'ange de Gurs, Elsbeth Kasser, l'infirmière du camp membre du secours suisse et le commandant Davergne qui fait entrer un piano dans le camp et permet aux internées de monter un cabaret.

Malgré le sérieux et la gravité du sujet, ce roman se dévore avec un réel plaisir, porté par le parti-pris lumineux de l'auteure qui n'a pas hésité à inventer les textes des chansons qui ponctuent les chapitres et ancrent le récit dans un contexte criant de vérité. On est tout de suite en empathie avec ces femmes qui refusent d'abdiquer.

Il y a de nombreuses raisons pour lesquelles il faut lire ce livre. D'abord parce qu'il rappelle un événement de notre histoire trop souvent méconnu voire ignoré (ces cinq mille femmes parquées au Vélodrome d'Hiver c'était 2 ans avant la tristement célèbre rafle...). Ensuite parce qu'il fait utilement écho à l'actualité, à la situation des millions de réfugiés à travers le monde, à la dramatique habitude de toujours stigmatiser certaines catégories de la population. On n'apprend pas assez de l'Histoire, malheureusement.

Diane Ducret a réalisé un travail remarquable de documentation qui lui a permis de s'imprégner de ses nombreuses lectures et de nourrir la trame romanesque sans jamais l'alourdir. On sort de cette lecture un peu plus instruit, avec peut-être l'envie d'être à la hauteur de celles qui ont traversé ces épreuves en refusant la mécanique de rejet et de stigmatisation que certains persistent à vouloir nous imposer. Il y a encore du travail.

Un grand merci à Babelio, Flammarion et Diane Ducret pour la rencontre passionnante organisée autour de ce texte. C'est un plaisir d'écouter l'auteur parler de la genèse de ce livre et du travail de documentation et de création inhérents. Cela donne envie de partir sur ses traces pour approfondir le sujet.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Ce livre avait été recommandé par Anne, ma bibliothécaire préférée, lors des " Mercredis du livre " de la bibliothèque.
J'avais hésité : oh, encore un livre sur la dernière guerre, j'en ai déjà tellement lu !
Il était sur le présentoir, je l'ai pris, plusieurs mois après.
Et je n'ai pas regretté.
Chaque jour de lecture apporte une pierre à ma culture.
Je ne connaissais pas l'existence du camp de Gurs, créé par les Français, sans aucune demande de la part des Allemands, au départ pour accueillir les réfugiés espagnols qui fuyaient Franco. A leur place, j'aurais fait pareil !
Mais quel accueil ont-ils reçu ! Merci Daladier.
C'est le gentil Général Héring, gouverneur militaire de Paris , qui, le 12 mai 1940 décrète que ( entre autres ) :
" Les femmes célibataires et mariées sans enfant doivent rejoindre le Vélodrome d'Hiver, le 15 mai 1940 dès lors qu'il s'agit de ressortissants allemands, sarrois, dantzikois et étrangers de nationalité indéterminée, mais d'origine allemande, résidant dans le département de la Seine. "
Ma question est : pourquoi ?
La leur est la même.
Ces "Indésirables " avaient fui , dans bien des cas, le totalitarisme, la barbarie.
Elles pensaient avoir trouvé refuge au sein de la Patrie des Droits de l'Homme. Quelle sinistre blague !
Les voilà donc enfermées, après maintes péripéties insupportables, sans savoir pourquoi et dans des conditions épouvantables.
C'est un camp où il n'y a pas de chambre à gaz, mais les morts naturelles sont nombreuses. Tant mieux, c'est toujours ça de moins à nourrir !
Mais malgré ces conditions, froid, soif, faim, vermine etc, il va falloir essayer de survivre et, surtout ne pas perdre espoir.
Et quoi de mieux que le rire pour défier la Mort, d'où la naissance d'un " Cabaret ".
J'ai un admiration sans borne pour ces femmes, déterminées, courageuses, solidaires.
L'auteur a bien su rendre hommage à ces êtres humains humiliés. Mais elle n'a pas oublié ceux qui les ont aidées dans la mesure de leur faibles moyens.
Ils s'agit là de personnages réels qui méritent une reconnaissance qu'a su leur rendre l'auteur :
Elsbeth Kasser, membre du Secours suisse, sur place de son plein gré, infirmière volontaire du camp et qui quémandait à manger aux alentours.
Commandant Davergne, chef du camp de Gurs qui a essayé de rendre leurs conditions de vie un peu moins dures, un peu, mais c'était déjà beaucoup, il risquait gros.
Elle rend également hommage, à travers ses poèmes, à Hannah Arendt, également internée dans ce camp avant [ de partir en déportation ] de réussir à s'enfuir. ( rectification apportée grâce à eaubanton )

Merci Anne, de m'avoir un peu " forcée " à lire ce livre. Je ne le regrette pas, même si j'en ai été bouleversée...


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Je n'ai pas su apprécier ce roman dont je n'ai pas bien perçu l'intention. Comme souvent finalement lorsqu'il s'agit de reprendre un fait historique ayant trait à la seconde guerre mondiale qui se base sur le vécu de victimes, j'en ressors déçue.

Des femmes célibataires, et mariées sans enfant, d'abord parquées au Vélodrome d'Hiver le 15 mai 1940, sont déportées au camp de Gurs, dans les Pyrénées. Elles sont d'origine allemande, juive-allemande ou mariées à un Allemand... Ce qui avant l'armistice du 22 juin 1940 pouvait se concevoir... Mais pourquoi des femmes sans enfant et des célibataires étaient-elles jugées indésirables ? le régime de Vichy n'était alors pas encore à l'oeuvre et pourtant cette mesure y ferait croire !
Le livre ne répondra pas à cette question qui était principalement mon objet de curiosité.

L'histoire ne tranche pas entre la gravité et la légèreté. Même si des lueurs peuvent éclairer les sombres heures des victimes d'un camp de prisonniers, le côté bon enfant ferait presque croire à une colonie de vacances. Cette impression est majorée par cette histoire de Cabaret mis en place par les prisonnières (cet aspect est certes véridique mais il me semble anecdotique plus qu'autre chose) et les poèmes et chansons qui s'étalent deci delà tout au long du livre. Certains extraits de poèmes de Hannah Arendt sont repris également et semblent comme tombés du ciel...
Certains personnages sont inspirés de personnes ayant réellement existé mais j'ai peiné à m'y attacher.
Et pour finir, l'histoire prend un tour romanesque qui m'a une fois de plus, une fois de trop, donné le sentiment de quelque chose d'artificiel.

Un livre qui a trouvé son lectorat mais qui n'était simplement pas fait pour moi. Il faut pour l'apprécier, je pense, être plus attaché(e) à l'aspect roman qu'à l'aspect historique, et sans exigence démesurée en ce qui concerne la qualité d'écriture.
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Un très beau roman à lire absolument!
La première raison est que c'est un hommage vibrant à toutes ces femmes qui furent enfermées dans les camps, dont celui de Gurs dans les Pyrénées orientales, parce que l'état Français pensait qu'elles risquaient d'être un danger pour la France du fait de leur statut de réfugiées. le 12 mai 1940, des milliers de femmes célibataires et sans enfant se sont ainsi retrouvées au Vélodrome d'Hiver à Paris avant d'être internées dans le camp de Gurs. C'est dans ces lieux que vont se rencontrer puis se suivre les deux héroïnes du roman: Lise, jeune fille juive qui a fui Berlin avec sa mère, modiste, lorsque les nazis ont commencé à les persécuter; et Eva, jeune femme allemande qui a quitté volontairement ses parents, acquis à la cause nazie. A deux, elles seront plus fortes pour affronter les conditions de vie honteuses du camp de prisonniers. En plus de la faim et du froid, il leur faudra subir les brimades vicieuses du garde Grumel, ainsi que la pénurie de médicaments qui permettra aux épidémies de dysenterie de faire des ravages.
Dans le camp, il y a aussi des hommes, et leur présence sera pour ces pauvres femmes l'espoir de pouvoir encore séduire, se faire aimer, cajoler... en cachette bien sûr.
Cet espoir d'amour trouve un écho dans un projet d'Eva: mettre sur pied un spectacle de chant, de musique et de représentation théâtrale. Avec Lise et Suzanne, une prisonnière à la gouaille toute parisienne, elle parvient à mettre en place un spectacle de cabaret reposant sur la pièce de Shakespeare, "Le Songe d'une nuit d'été". Cette parenthèse artistique leur permet de mettre de côté les vicissitudes de la vie du camp, du moins momentanément.

J'en viens donc à la deuxième raison pour laquelle il faut lire ce roman: l'histoire, bien que basée sur des faits réels, nous entraîne dans un épisode commun de la vie de deux êtres de papier, poignant, délicat, touchant. On ne peut qu'être ému face aux répercussions que les épreuves mises sur le chemin de ces deux jeunes femmes vont générer. On reçoit les chocs, mais aussi les vibrations de bonheur en même temps qu'Eva et Lise. Diane Ducret écrit vraiment bien, de sorte que le lecteur ne se retrouve pas seulement spectateur de ce qu'il lit, puisqu'il vit les émotions des héroïnes en même temps qu'elles. Et qu'il referme le roman avec regret!
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critiques presse (2)
LeJournaldeQuebec
24 juillet 2017
Diane Ducret met en scène la résistance de l’espoir et les miracles de l’amour et de l’amitié dans ce nouveau roman inspirant inspiré d’histoires vraies.
Lire la critique sur le site : LeJournaldeQuebec
LeDevoir
22 mai 2017
Si elle décrit de l’intérieur les conditions de vie et d’hygiène misérables de ces femmes, elle nous imprègne aussi de leur joie, de leurs rires.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (76) Voir plus Ajouter une citation
Je suis montée si haut,
Que je croyais voler,
Je suis tombée si bas,
Les os brisés.

Au sol on m'a maintenue,
Je me suis débattue,
Puis me suis relevée,
Et alors j'ai dansé.

J'ai l'allure buissonneuse,
La démarche boiteuse,
Mais essayez toujours de l'arrêter
Rien ne retient ma liberté.
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C'est beau la guerre, avait toujours pensé Eva, lorsque jeune fille à Munich, elle voyait passer sous ses fenêtres des formations entières de soldats aux uniformes impeccablement coupés et repassés avec soin, le cheveu court, l'épaule droite, le pied assuré, dont les bottes de cuir inspiraient le courage et le fierté. Et soudain, face à ce troupeau de femmes hagardes, la guerre lui apparait comme une maladie.
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Mon imagination file en croisant les villages, les champs et les plaines.C'est beau, la France, à la vitesse d'un train.Je t'imagine à l'autre bout de ces rails, dans un pays de nuages.Je voudrais glisser ma main dans tes cheveux, de gauche à droite, comme sur mon clavier, pour effacer en musique le mauvais rêve qui vient se créer, t'inventer des notes roses au lever du soleil, des notes bleues quand la nuit se fait opaque, des notes ocre comme les maisons de Rome où nous voulions tant aller.
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Crépuscule du soir
Comme une discrète plainte
S'élève encore le cri des oiseaux
Que j'ai créés.

De grises cloisons
S'effondrent,
Mes mains
Se retrouvent.

Ce que j'ai aimé
Je ne puis le saisir,
Ce qui m'entoure
Je ne puis le laisser.

Tout de sombrer.
La pénombre s'accroît.
Rien ne me pèse
Tel est le cours de la vie.

Hannah Arendt
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On s'habitue tant aux pires prisons, sur les murs desquelles on a tapé, pleuré, espéré, que les quitter, c'est quitter une partie de soi. L'être humain est une bien curieuse créature, capable de nostalgie pour ce qu'elle a détesté.
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