Diverses personnes se rencontrent au cours d'un voyage en Grèce : un crétois, une famille américaine,des hollandais, un allemand, pour des raisons différentes qui vont être décortiquées les unes après les autres. Hella S. Harasse est une observatrice d'une rare qualité, qui sait plier les mots à ses descriptions et rendre une atmosphère, un paysage ou un climat psychologique comme seuls les grands écrivains savent le faire. La Grèce et la Crête ? elles sont si bien décrites qu'on en respire presque les parfums. Les personnages ? Vous avez l'impression de les voir à travers une caméra qui les filmerait jusqu'à l'âme. Sorte de road-movie désespéré, ce livre dresse une bilan assez noire de l'incommunicabilité des êtres et de relations humaines plus subies que choisies. le fait que ce roman soit lu à travers le regard des six personnages qui en sont les héros ajoute à ce sentiment d'individualisation extrême. Roman polyphonique à six voix, oui, mais en même temps assez cacophonique.
Les initiés, plus que les participants aux mystères d'Eleusis dont il est vaguement question dans ce roman, ce sont surtout ces personnages que la vie révèle à eux-mêmes et qui se côtoient sans vraiment se comprendre.
J'ai aimé l'aspect visuel de ce roman par ailleurs extrêmement analytique et la traversée en profondeur du destin de chaque personnage, mais j'en ai déploré la longueur, on s'y noie un peu. Et comme Ulysse, on finit par avoir hâte d'arriver.
Si Haase excelle dans ses textes courts, un peu à la manière de
Nina Berberova, là, franchement, elle en fait trop.
C'est un texte superbe et profond, mais à mon avis, ce n'est pas son meilleur.