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Anne-Marie de Both (Traducteur)
EAN : 9782020873741
352 pages
Points (01/06/2006)
3.66/5   53 notes
Résumé :
Les seigneurs du thé

En 1873, le jeune Rudolf se rend dans les Indes orientales pour se consacrer à la culture du thé. Sa vie conjugale avec Jenny Bisschop connaît quelques années heureuses au prix d'énormes sacrifices. À la tête d'une entreprise florissante, Rudolf s'acharne au travail et son indifférence face aux aspirations de Jenny conduira celle-ci vers l'abîme...

« C'est là, dans l'étreinte de la forêt vierge, qu'il souhaitait viv... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Au 19ème siècle sur l'île de Java, dans les anciennes Indes orientales néerlandaises, des familles de Hollandais se sont implantées pour créer de grandes plantations de thé ou café. Rudolf Kerkhoven, fraîchement diplômé à Delft, compte bien retourner sur les terres où il a été élevé pour prendre les rênes de l'exploitation familiale. Mais l'accueil ne correspond pas à ses attentes : il va devoir créer son entreprise en partant de zéro sur une terre encore vierge. Ses ambitions et son travail acharné ne l'empêchent pas de jeter son dévolu sur la belle Jenny, afin que tous deux lancent leur propre famille sur le chemin de la réussite...

Epopée familiale et coloniale sous forme de roman, bien que basée sur des faits réels grâce à une correspondance fournie ; une histoire étalée sur des décennies sur la construction d'un empire à partir de presque rien et les sacrifices que cela peut engendrer. Parmi ces sacrifices, on compte comme thèmes seconds les relations familiales entachées par les affaires financières, et bien sûr l'évolution d'une relation de couple dans laquelle le niveau de satisfaction n'est pas le même, où regrets, déceptions et abnégation jouent un rôle important.
L'on découvre aussi dans ce livre la vie de colon néerlandais dans la future Indonésie : les allers-retours sur le Vieux Continent, les manières européennes importées, la bourgeoisie installée qui a le pouvoir sur le territoire, le traitement des autochtones... Et puis, bien sûr, la végétation luxuriante et les conditions de vie sur place. Ce roman est assez riche et bien organisé, triste mais presque inéluctable sur la fin, éclairant sur une partie de l'histoire néerlandaise, frappant quant à cette facilité habituelle qu'ont les colons de se croire maîtres de tout ce qu'ils touchent, vrai dans sa description des relations familiales.
En résumé, une lecture agréable et un récit bien mené hautement intéressant, qui s'attarde plus sur le devenir d'une famille que sur la culture du thé en elle-même.
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Hella Haasse a le don de nous embarquer, à travers une écriture simple à en être quasiment celle de l'observateur scientifique, dans un récit historique, si bien documenté qu'il apparaît comme écrit à l'époque où il se déroule. C'est celle de l'installation par les Hollandais des cultures coloniales à Java (café, thé et quinquina). C'est l'histoire de l'enrichissement de ces colons par l'exploitation d'une nature à l'époque encore vierge. L'auteure nous fait entrer, de 1869 à 1918, dans la quotidienneté d'une famille, de ses soucis, abordant par touches subtiles au passage des thèmes qu'on retrouve dans d'autres de ses romans tels la cohabitation avec les indigènes, leur exploitation, les codes et les rôles sociaux. le récit est cependant loin d'être manichéen. On n'y sent pas de jugement et les erreurs, s'il y en a, qu'elles soient d'ordre personnel ou politique, sont faites de bonne foi.

Le roman est construit plus précisément autour de la vie d'un colon et de sa famille, éduqué dans le but d'accomplir un destin tracé par ses parents eux-mêmes colons. Sa détermination, son labeur acharnés, sa gestion et sa conduite irréprochable portent fruit : un parcours qui frise la perfection du sans-faute dans l'échelle des valeurs sociales. En dépit de cette apparence, cependant, on s'aperçoit que notre héros, dans son obsession de droiture, n'a pas su regarder hors du sillon qu'il s'était tracé pour lire les messages que la vie lui envoyait. On finit le livre au moment où il doit faire place à la génération suivante se questionnant seulement alors sur l'illusion qu'a été sa vie du point de vue des rapports avec ses proches, son épouse, sa fratrie... On sent aussi, dans ce dernier chapitre de relecture de sa vie, la nostalgie de l'époque de sa jeunesse où tout était encore possible.

En bref, un roman facile à lire et qu'on apprécie encore plus, une fois fini.
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Heren van de Thee
Traduction : Anne-Marie de Both-Diez

Un roman dense qui m'a surprise sur bien des plans.

Tout d'abord le style. Je sais qu'on compare Haasse à Yourcenar et peut-être est-ce sensible lorsqu'on peut la lire dans sa langue maternelle - ce qui est loin d'être mon cas. Mais Yourcenar atteint à une perfection, à une flamme glacée que, malgré mes efforts, je n'ai pas trouvées ici.

Haasse peint à touches précises et presque naturalistes. On la soupçonne de se référer à un dossier de préparation comparable aux petits carnets dont Zola étayait chaque volume de ses "Rougon." Tout est donc détaillé mais tout aussi est égalisé, nivelé même, pourrait-on dire. C'est à une analyse d'entomologiste sur la famille Kerkhoven que nous invite la romancière néerlandaise, passant très logiquement d'une vue d'ensemble de la fourmilière des grands colons néerlandais jusqu'au zoom de plus en plus rapproché sur certains éléments (le couple Rudolf/Jenny) avant de replacer finalement leur histoire au sein de la fourmilière qui, entretemps, a vieilli et évolué.

Au début, ça déstabilise un peu et on a l'impression (fausse) de se trouver en présence d'un roman construit de façon très banale, avec des personnages et une intrigue qui ne sortent guère de l'ordinaire.

Et puis, le livre refermé, on se rend compte que, sans hausser le ton, sans forcer le trait, presque sans y toucher, Hella S. Haasse a abordé et travaillé des thèmes on ne peut plus complexes : la société coloniale néerlandaise bien sûr et son rapport avec les autochtones et leurs propres structures culturelles et plus encore le statut de la femme au XIXème siècle. Pas tant celui de la femme indonésienne - qui est pourtant discrètement évoqué - que celui de la femme occidentale, ici personnifiée essentiellement par le triste destin de Jenny Roosegarde Kerkhoven (et de sa mère).

Haasse va plus loin encore en opposant un égocentrisme masculin animé des meilleures intentions (celui de Rudolf, si obsédé par l'idée de prouver à ses parents qu'il est le meilleur, le plus droit, le PLUS, qu'il lui est impossible de se rendre compte de tout ce qui ne va pas dans son couple) à l'amertume de la résignation féminine.

"Les Seigneurs du Thé" est donc un livre à découvrir en sachant qu'on met le pied dans l'univers d'un écrivain atypique, un univers feutré et retenu en apparence, où il n'y a pas un mot qui crie sur le papier plus fort que l'autre, et qui, pourtant, se révèle porteur d'une incroyable vie intérieure, fiévreuse et implacable. ;o)
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Les couvertures sont parfois trompeuses.Ne dirait-on pas que Les seigneurs du thé est un magnifique roman d'une collection fleur bleue? A propos et en aparté lire "fleur bleue" c'est encore lire.La grande romancière néerlandaise Hella Haasse,plusieurs fois favorite du Nobel et souvent évoquée comme une Yourcenar batave,m'avait convaincu de la classer dans mes écrivains de référence avec un seul livre lu,mais quel livre, En la forêt de Longue Attente.Ce livre phare date de 1949 mais ne fut traduit en français qu'en 91.C'est bien plus tard dans sa longue vie que Madame Haasse a publié, en 1992, Les seigneurs du thé,beau roman dans le cadre colonial des Indes Néerlandaises,actuelle Indonésie,quatrième plus grand pays au monde.Hella Haasse a toute légitimité pour cette histoire.Née en 1916 à Batavia (Djakarta) elle vécut là-bas une bonne partie de sa jeunesse et le lac noir,sa première nouvelle abordait déjà un thème important dans son oeuvre,les rapports entre autochtones et colons.Important mais pas unique sujet de la littérature chez Hella Haasse.Cette grande dame des lettres,terme classique dans les notes sur H.H.,fut aussi très francophile et vécut en France une dizaine d'années à la fin du siècle dernier.

Les années 1870, absents en Afrique les Pays-Bas disposent par contre en Asie de la pléthore d'îles qui devait devenir l'Insulinde puis l'Indonésie.Rudolf Kerkoeven rejoint ses parents déjà établis dans l'île de Java après ses études en métropole. D'immenses domaines,des collines entières sont consacrées au thé puis au quinquina. C'est cinquante ans de cette histoire que nous raconte Hella Haasse dans un récit fort documenté qui n'élude pas les difficultés d'adaptation,particulièrement celles des femmes pas toujours très bien considérées par leurs hommes d'affaires de maris .Les grossesses répétées par exemple et l'ennui de la vie en brousse conduiront la femme de Rudolf à la dépression la plus grave. Les relations avec les enfants baignent dans le rigorisme batave mais aussi dans le volontarisme et une certaine abnégation.Les riches descriptions de la nature de Java ne sont pas non plus le moindre attrait des Seigneurs du thé,mêlées de considérations économiques qui nous font un peu mieux comprendre l'aventure coloniale hollandaise,certes exotique mais aussi laborieuse.

L'Histoire ne repasse pas les plats.Il y a eu conquête et colonisation aux Indes Néerlandaises comme ailleurs.Madame Hella Haasse en parle mieux que personne,femme issue d'un milieu cultivé mais qui peut figurer à sa manière dans une anthologie parmi celles qui auront contribué à changer les choses et les idées.On semble la redécouvrir enfin,les Nobel l'avaient ratée.Nul besoin de colifichet honorifique,l'écrivaine H.H. est (h)immense et j'aurai le plaisir d'y revenir prochainement en compagnie de Valentyne La jument verte de Val pour La source cachée.Notre lecture commune sera commentée fin août.Si cela vous tente...
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Livre dont le but semble être de vouloir démontrer qu'il est vain de se laisser guider par son orgueil et son ambition au détriment de ses émotions et de celles des autres. le principal protagoniste l'apprend, trop tard, en fin de vie. En ce qui concerne le mépris envers la femme, et sa relégation au rang de plante d'ornement, ce roman me rappelle un peu "Une vie" De Maupassant bien que ici l'épouse souhaite s'émanciper mais on lui en retire toute possibilité. L'ennui engendré par cette situation est heureusement tempéré par l'exotisme des colonies hollandaises.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Tout au fond du terrain, derrière la maison, il y a un figuier banian. De jour, c'est pour moi le plus bel arbre du monde, si large, touffu et riche, avec toutes ses feuilles et ses fruits, ses racines aériennes qui retombent et se fixent à l'aide de petites ventouses et forment de nouveaux troncs - et aussi avec les oiseaux et les chauves-souris, les cigales qui le peuplent et les guêpes qui vrombissent autour des figues ; c'est un arbre qui bouillonne de vie. Mais le soir, je n'ose m'en approcher (...), la nuit ce n'est plus le même arbre, ou plutôt même plus un arbre mais une chose très différente pour laquelle les hommes n'ont pas de nom. Il faut se tenir sur ses gardes. La nature a cette force, nous sommes impuissants.
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Rudolf avait l'impression de ne pas avoir assez de ses cinq sens. Il était subjugué par la lumière, les odeurs qu'exhalaient les buissons chauds, la majesté du paysage qui s'étendait à ses pieds et dans le lointain. Dans la plaine scintillaient les rizières inondées ; la ligne de faîte des collines semblait décolorée sous le soleil de midi. Mais par-delà les cimes glissait l'ombre, d'un bleu intense, de nuages surgis comme par enchantement des hautes couches d'air opaques.
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Quelle étrange expérience ! Des sons familiers éveillaient en moi de vieux souvenirs et, surtout le chant des oiseaux me replaçait totalement dans l'entourage d'autrefois, alors qu'en réalité peu de choses de cet entourage ont subsisté. (...) Ce qui m'a particulièrement frappé, c'est la beauté de la nature à Gamboeng. Je peux mieux en juger aujourd'hui qu'autrefois, quand je ne connaissais au fond que notre propre cadre.
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« C'est là, dans l'étreinte de la forêt vierge, qu'il souhaitait vivre à jamais. »
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Video de Hella Serafia Haasse (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hella Serafia Haasse
La chasse aux étoiles d'Hella Haasse Marque-Page 17-02-2011
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