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Annie Kroon (Traducteur)
EAN : 9782742777167
185 pages
Actes Sud (01/09/2008)
3.78/5   32 notes
Résumé :
Présentation de l'éditeur
Herma Warner est née il y a plus de quatre-vingts ans à Batavia - aujourd'hui Jakarta -, capitale de l'ancienne colonie des Indes néerlandaises. Elle et son mari appartenaient à la dernière génération d'Européens ayant grandi sur le sol de ce qui deviendrait la république d'Indonésie, et tous deux, après leur retour forcé aux Pays-Bas, ont consacré leur vie à l'histoire et aux arts de leur pays natal. Désormais veuve, Herma est conta... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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La narratrice Herma Warner reçoit une lettre d'un journaliste essayant de retracer la vie d'une militante énigmatique qu'elle aurait connue jadis, dans l'ancienne colonie néerlandaise qu'est aujourd'hui l'Indonésie. C'est l'occasion pour cette dame de replonger dans ses souvenirs. Il s'agit d'un sujet de prédilection pour l'auteure Hella Serafina Haase qui l'a abordé dans des recueils de nouvelles et d'autres romans comme le lac noir. Dans ce celui-ci, L'anneau de la clé, elle l'approche moins directement. Elle ne retrace pas ses souvenirs d'enfance s'invente une mini saga familiale, un portrait de femme plus grand que nature que Warner nous fait découvrir à travers sa correspondance avec le journaliste.

Très vite, le lecteur apprend qu'il n'est pas étonnant que l'histoire de Mila Wychinska échappe aux curieux, il s'agit d'un nom d'emprunt. La narratrice l'a connue alors qu'elles étaient encore des enfants. À l'époque, au début du 20e siècle, son amie et sa camarade de classe s'appelait Adèle « Dée » Meyers. Elle était issue d'une vieille famille de marchands métissés (si son métissage la troublait, elle essayait de ne pas le montrer, ce qui était facile avec sa personnalité fonceuse). Warner, de souche néerlandaise pure souche, adorait son amie, le courage de celle-ci et ses opinions marquées, mais surtout l'univers presque magique qu'elle retrouvait au domaine des Muntingh-Lamornie de Pourthié. C'est un peu comme l'évocation d'un autre monde, d'un paradis perdu.

Devenue adulte, Herma Warner voit de moins en moins son amie d'enfance. Mariée, elle s'est rangée, elle qui était déjà une petite fille modèle, timide. Mais elle suit à distance Dée (parfois à travers les rumeurs et les journaux), qui est devenue une artiste puis une militante qui se porte à la défense des Indonésiens et de leurs droits. Ses opinions marquées sont devenues des convictions radicales. Deux héroïnes aux destins diamétralement opposés mais aux premières loges des mutations sociales qui affectèrent l'Indonésie au milieu du siècle.

En effet, L'anneau de la clé n'est pas qu'une brève saga familiale, c'est aussi l'occasion pour l'auteure d'aborder l'histoire des Indes néerlandaise. L'occupation japonaise et ses horreurs, les débuts du mouvement indépendantiste, l'instabilité politique, le départ de la plupart des Néerlandais de pure souche, etc. Mais n'ayez crainte, il s'agit surtout d'un cours d'histoire en abrégé, ne survolant que de façon superficielle les grands événements. Ceux-ci sont surtout traités dans la façon dont ils affectèrent la vie des deux héroïnes.

Les souvenirs de Herma Warner sont lointains et, conséquemment, certains sont plus difficiles à se remomémorer. La narration est donc lente et nébuleuse au début, comme si la dame était réticente à y plonger. Puis, vers le milieu, le récit me paraissait quelque peu plat. Conséquemment, je peux comprendre que des lecteurs puissent s'y ennuyer. Ceci dit, au final, j'ai plutôt apprécié. Alors, à ceux qui s'y risqueront, laissez-vous porter par l'histoire des ces Néerlandais d'un autre monde…
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A la demande d'un journaliste qui fait des recherches sur Mila (Dée) Wychinska, une activiste née dans les Indes néerlandaises, Herma replonge dans ses souvenirs d'enfance avec son ancienne amie à l'époque où rien ne pouvait les séparer, mais également plus tard quand les origines de chacune ont commencé à les diviser, alors même que la future Indonésie s'affranchissait de l'occupation hollandaise...

Lecture rapide et sans chichis qui, au-travers d'une histoire d'amitié, retrace sans rentrer dans les détails mais de manière claire l'occupation du colonisateur néerlandais en Indonésie avant son indépendance, tout en rappelant les dissensions sociales émanant du statut de l'homme blanc qui joue au maître des lieux. Les évènements historiques précédant et suivant cette période d'enfance (vécue comme douce par le personnage principal au prix d'une naïveté que son amie métisse Dée ne pouvait en rien comprendre) remmettent les compteurs à zéro sur les lacunes en histoire d'Asie du sud-est.
En tant que Français, on n'apprend rien à l'école sur les anciennes colonies des autres anciennes grandes puissances commerciales. Ce roman est donc très intéressant dans le sens où il fait découvrir des pans de l'histoire néerlandaise, effleure les luttes en Indonésie et rappelle entre autres l'occupation japonaise avant la capitulation de l'Empire en 1945...
C'est un roman relativement bien construit, qui entremêle le destin de personnages aux evènements historiques, sans que le personnage principal, assez naïf probablement de par sa naissance et sa couleur de peau, ne comprenne vraiment comment de nombreuses choses ont pu arriver.
Court mais fourni, un peu long à la détente mais bourré d'infos, sensible et crédible dans les relations dépeintes, plus factuel que critique de la colonisation mais très informatif et assez juste dans certaines critiques... On ne perd pas son temps et c'est le principal !
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Herma Warner, octogénaire, attend une place en maison de retraite, qu'elle devrait obtenir d'ici quelques jours. Elle reçoit alors la lettre d'un journaliste qui enquête sur Mila Wychinska, figure énigmatique et méconnue du combat pour l'indépendance indonésienne. Herma et Milla, toutes deux originaires de Batavia (qui deviendra par la suite Jakarta), où elles ont passé leur jeunesse, sont nées à la même époque : peut-être ont-elles eu l'occasion de se rencontrer ?

En réalité, Herma a fait bien plus que rencontrer Mila, puisque les fillettes furent amies. Mila s'appelait alors Dée Meyers. Issue de l'union, au XVIIème siècle, d'un marchand de la compagnie des Indes et d'une indigène, la famille Meyers, marquée par le métissage, comptait ainsi parmi ceux que l'on appelait les "Indos". La narratrice, bien que native des colonies, était quant à elle une néerlandaise pure souche.
Elle aimait se rendre au domaine des Meyers, où l'élégance à la fois aristocratique et naturelle de la grand-mère de Dée côtoyait la rusticité discrète de la tante Noni, petite femme noiraude passionnée d'orchidées, et dotée de l'étrange capacité à discerner les fantômes peuplant le vaste jardin de la propriété familiale.

La lettre du journaliste a comme ouvert une porte dans l'esprit d'Herma, où affluent soudain ces souvenirs qu'elle y avait enfouis. Elle les évoque au gré d'une chronologie chaotique, les épisodes de l'enfance à Batavia se mêlant à ceux des drames qu'elle vécut par la suite : l'horreur de l'occupation japonaise des Indes néerlandaises pendant la seconde guerre mondiale, à l'occasion de laquelle elle perdit ses parents, ou encore la disparition, des années plus tard, de son mari Tjeerd, capturé par des rebelles lors d'un séjour en Indonésie (le couple vivait alors depuis la fin de leurs études aux Pays-Bas)...

Elle s'attarde plus précisément sur sa relation à Dée, mettant en évidence, avec le recul des années, les différences qui ont fini par les éloigner. Très tôt, son amie a ressenti avec acuité la discrimination tacite mais néanmoins réelle subie par les métis au sein de la bourgeoisie à laquelle elle appartenait. Son attitude critique à l'égard de la société coloniale, puis, d'une manière plus générale, son empathie envers tous les opprimés, la poussa par la suite à choisir le camp des activistes. Devenue adulte, Herma ne la reverra qu'à des rares occasions, mesurant alors la distance instaurée, aux yeux de Dée, et en dépit de leur enfance commune, par leurs origines respectives.

Faire ressurgir de sa mémoire ces éléments de son passé, admettre sa part de responsabilité sur certains événements qu'elle avait jusqu'alors préféré oublier, a sur la narratrice un effet à la fois douloureux et salvateur.

"L'anneau de la clé" balaie ainsi par bribes, à travers les destin des deux héroïnes, depuis les années trente, cinq décennies d'histoire indonésienne et de mutations sociétales qui mèneront le pays à l'indépendance. J'utilise sciemment le verbe "balayer", parce qu'il traduit le sentiment de superficialité que m'a procuré cette lecture. La relative brièveté du roman, alliée à la richesse de son contexte et à l'amplitude de la période abordée, ne permet pas un traitement abouti de l'intrigue et de ses personnages, dont la plupart semblent n'être qu'effleurés.

Dommage, parce que j'ai néanmoins trouvé très intéressant de découvrir ce petit fragment d'un monde méconnu.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Ce roman nous plonge dans un monde colonialiste qui, bien qu'on y retrouve les constantes de ce système révolu, dépayse car il s'agit de l'Indonésie néerlandaise dont, personnellement, je ne savais quasiment rien. L'auteure, par contre, l'a connue de près. On sent, à travers ce qui ressemble à un journal, l'ambiance de cette époque ambigüe où le destin de chacun dépend de ses origines ethniques. La narratrice, double de l'auteur, revient avec nostalgie, par touches intimes, sur ce passé assimilé au paradis perdu de l'enfance. Un des points forts du roman réside dans l'ambigüité du caractère de la narratrice: un modèle de perfection de la fille de bonne famille purement hollandaise et, en même temps, un exemple de la naïveté de ce monde pétri de bons sentiments, optimiste jusqu'à être naïf en ce qui concerne les affaires tant politiques que personnelles. Ce caractère contraste avec celui de celle qui fut sa meilleure amie d'enfance qui se révèle radicalement différente, proche et lointaine à la fois.
L'écriture est fluide, presque scolaire, à l'image de la narratrice et et de sa nostalgie, presque ennuyeuse. C'est mon premier contact avec Hella Haasse. Cette expérience m'incite à poursuivre avec cette auteure dont on disait qu'elle était "nobélisable".
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Un roman prometteur mais qui m'a finalement déçue dans sa narration qui part dans tous les sens et saute d'une époque à l'autre, le rendant compliqué à suivre.

Une vieille dame née en Indonésie à la période coloniale Neerlandaise, raconte ses souvenirs. Les demeures d'antan, ses parents décédés durant l'occupation japonaise, la rencontre avec Tjeerd, son futur mari, et son amitié avec une jeune fille métissée au caractère impétueux, surnommée Dée.

A travers ses souvenirs qui font des aller-retours entre les différentes générations, nous découvrons (si on s'accroche) le destin de ces familles Hollandaises installées en Indonésie; quelques pages historiques sur la guerre et la prise d'indépendance de l'Indonésie, ainsi que la vérité sur l'amitié de Dée pour la narratrice.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Qu'est-ce qui inspirait Dée ? Un effort pour combler un manque qui avait dominé sa vie, pour apaiser une faim affective ? Je pense qu'elle avait un intense besoin de participer à tous les combats, quels qu'ils soient, où qu'ils soient, en faveur de la liberté et de l'accomplissement de soi, de la reconnaissance de la dignité et de la valeur de l'individu.
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Les choix qu'a faits Dée au cours de son existence _ j'en connais certains mais je dois deviner les autres _ sont issus, je pense, d'un sentiment d'incertitude profondément enraciné. Jadis, je n'en ai jamais rien remarqué, bien au contraire, je trouvais que Dée faisait preuve d'une assurance provocante et qu'elle se situait, par son ironie, au-dessus des préjugés de la société coloniale de l'époque.
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Depuis longtemps, j'ai conscience que le monde englouti de ma jeunesse a été, pour une large part, une illusion. J'en ai fait mon deuil, en passant par toutes les étapes du détachement. Toutes les sensations et les émotions que j'ai vécues dans mon pays natal sont ancrées au fond de ma conscience ; elles ont fait ce que je suis, mais je n'y ai plus accès.
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C'était le domaine de Noni Meyers et de ses orchidées. Lorsque j'étais enfant, j'étais fascinée par les formes extravagantes et les couleurs magnifiques de ces fleurs. Plus tard, mon intérêt s'éveilla pour la complexité de la culture des orchidées à laquelle Noni vouait sa vie.
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La rédaction dans laquelle j'avais traduit les impressions ressenties au cours de cette première et dernière visite à la maison, en l'illustrant de croquis des vases et des motifs floraux sculptés sur les boiseries, tout frais dans ma mémoire, provoqua chez Dée la remarque: «C'est drôlement bien écrit, comme d'habitude!» suivie d'un «mais c'est rasoir!».
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Video de Hella Serafia Haasse (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Hella Serafia Haasse
La chasse aux étoiles d'Hella Haasse Marque-Page 17-02-2011
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