AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782267029154
174 pages
Christian Bourgois Editeur (07/01/2016)
3.68/5   11 notes
Résumé :
L. a failli être emportée par une rupture d'anévrisme. Elle a cependant échappé à la mort. Elle venait de faire paraître un essai sur les amours occultées de trois passionnées, trois "aimantes inouïes", selon l'expression de Rilke, qui ont vécu dans l'ombre de grands hommes : Taos Amrouche, l'amante de Jean Giono, Catherine Pozzi, la Béatrice de Paul Valéry, Camille Claudel, la "divinité" de Rodin. Rendue à la vie, L. fait retour sur ce qui a compté dans son existen... >Voir plus
Que lire après RomanVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voici une double "embolisation" littéraire. Je vais surprendre bon nombre d'entre vous en disant que le nouveau Roman de Linda Lê est un livre optimiste ou plutôt plein d'espoir, un livre de la lumière qui rompt avec les ténèbres, mais leur reste reconnaissant, "tant" il plaide pour les ruptures qui libèrent. Une contre-emprise réussie "tant et si bien" que la magie de la fiction apaise l'inconsolée et inconsolante réalité des "doux dingues". Les écrits de Linda Lê ne sont pas à mettre entre toutes les mains, car ils sont souvent pétris de cette noirceur grave de la lucidité extraite de la substantifique moelle des abîmes intérieurs. Ils tétanisent et en cela revigorent plus d'une âme écorchée. Si l'on les dépose, une fois la lecture terminée, aux côtés des "amulettes" de la littérature du "désastre", ce n'est, en ce qui me concerne, jamais avec détachement. La force de ses pages me menotte à la littérature, et m'accuse avec justesse d'ignorer plus d'un(e) écrivain(e) ou artiste dont l'oeuvre se détache dans le paysage, pas toujours clair de nos quotidiens.
L. la narratrice, après avoir ressuscité les trois amoureuses clandestines dans un essai, fait nouvelle oeuvre de charité littéraire dans un autre livre, sorte d'enchâssement où elle évoque la figure de Roman, "[son] intention étant de l'amener [cet inadapté] progressivement à se détacher d'elle".
L. survit à une rupture d'anévrisme (j'ai lu dans une encyclopédie médicale que l'anévrisme serait toujours causé par un traumatisme) sans séquelles et parvient presque aussi miraculeusement à rompre avec de vieux démons et à se "lancer seule dans cette aventure" qu'est l'exploration de "l'autre face des choses".
Subsidiairement et par un subtil et attachant jeu de mise en abîme, Linda Lê écrit aussi, dans le but de les ressusciter (et de rompre pour leur compte), sur "les amours occultées de Taos Amrouche, Catherine Pozzi et Camille Claudel". Pour ceux qui douteraient de l'humour de Linda Lê, le chirurgien s'appelle docteur T.
Commenter  J’apprécie          422
J'ai pris du plaisir à lire ce livre gigogne. Dans son article de Libération (6 janvier 2016), Claire Devarrieux en propose un bon résumé. Je relève cependant les deux remarques suivantes de la journaliste. "Son rival [de B., compagnon de L. depuis dix ans] qui n'en est pas un, car ce n'est pas un amant, plutôt un complice, se prénomme Roman." Linda Lê joue beaucoup sur les ambiguïtés, au point de ne pas avoir, à mon sens, donné d'éléments catégoriques sur ce point. Ensuite, je me réjouis que la subtile critique de la situation actuelle de la France ait été remarquée : "La France est irrespirable pour Roman" écrit Claire Devarrieux. Une seule phrase suffit à Linda Lê, comme en témoigne ma citation.
Commenter  J’apprécie          160
Ouf! 175 pages sans chapitre, sans section, sans titre et sous-titre; juste, une enfilade de paragraphes. Ouf!, car à la fin de l'essai, j'avais la nette impression d'avoir dans les mains des feuilles de papier froissées les unes aux autres et, tout au cours de la lecture, en dépliant chaque feuille, je découvrais la complexité des relations humaines, particulièrement quand des personnages s'abandonnent à leurs imaginaires perturbés ou « toxique ». Lorsque l'auteur en découd avec ses personnages et l'arrière-pays de son existence émerge la création littéraire, en voici un bel exemple. Dans ce récit intimiste, Linda Lê guide le lecteur dans le labyrinthe de l'écriture, c'est la grêle des gestes et des mots qui jouxtent l'acte humain d'exister.

L. a subi une rupture d'anévrisme, mais a échappé à la mort. Dans une démarche de rétroaction sur un passé récent, L., qui a publié récemment un essai sur des « amantes inouïes », Taos, Karin et Camille, retrace les ficelles de sa raison et de ses relations. Un hymne, un hommage à l'écriture littéraire et à l'art, à ce qui les alimente, à ceux et celles qui jettent les fruits de leur imaginaire pour les partager avec des invisibles. C'est le cas de la relation de L. avec Roman, un de ses lecteurs, qui lui écrit de façon soutenue. Ils entretiennent d'abord une relation épistolaire qui, au cours des mois, devient presque « toxique ». La relation entre L. et Roman est platonique; pour ce faire, il faut saisir et comprendre ce qui meut et anime l'autre; c'est le plaisir des mots qui pénètrent le sens du réel, et le dévoilent. À travers la quête des liens qui ont uni des amantes « inouïes » à leur amant, dont Camille C. à Rodin, Karin P. à Valéry, Taos A. à Giono, L. fait l'autopsie de ces relations « inouïes » afin, non pas de juger ce qu'elles furent, mais de comprendre ce qui les alimentaient. Parallèlement, le récit est aussi l'autopsie de l'attachement de L. à Roman, maniaco-dépressif et un traumatisé; il fait régulièrement des séjours en institution psychiatrique, un être « marqué par la déglingue » selon B., le conjoint de L. B. veut la protéger contre l'envahissement de Roman et tout ce qu'il représente au regard de son arrière-pays mental, « le frère jumeau qui habite son imaginaire ». Roman était devenu, dès les premières lettres, « un correspondant dont elle guettait avec impatience les confidences » (125). B., s'inquiète de la relation que L. entretient avec ce personnage presque imaginaire. En rétroaction, il craint que L. entretienne les phantasmes du frère mort jeune, qu'elle projette chez Roman, jeune littéraire cartésien. Malgré elle, L. se retrouve tirailler entre son conjoint B., un artiste, et Roman avec qui elle s'investit.

Un texte dans lequel il faut s'abandonner sans trop raisonner; il faut éliminer les filtres. Il faut capter les mots comme des censeurs d'un sens en construction, d'un processus en devenir, celui de la créativité puisée dans l'imaginaire de l'auteure. Bravo!
Commenter  J’apprécie          30
Roman sur roman. Un prénom nettement déprécié, car porté par un cinéaste talentueux et en même temps un violeur de gamine. Assez justement ostracisé donc, mais l'objet d'un lynchage médiatique par des gens plus en recherche de leur quart d'heure que de justice. Mais revenons à nos moutons, c'est-à-dire à roman. J'y ai découvert Giono en fieffé gougnafier. Et une Taos Amrouche magnifique, malgré la ridicule mode des sourcils redessinés de cette époque. Une structure de roman d'une complexité subtile. Et le style de Lê, habile et nourrissant. Passionnant.
Commenter  J’apprécie          20


critiques presse (1)
LeDevoir
22 août 2016
On est dans un vertige autofictif puissant, un archétype que l’écrivaine décrit comme « l’accident cérébral et l’envoûtement par un individu d’une haute toxicité ».
Lire la critique sur le site : LeDevoir
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ces héroïnes, si fières, si pleines de talent quand elles avaient rencontré le grand homme qui devait marquer leur existence, n'eurent d'autre choix, au bout de quelques années, que de rompre. C'était pour leur propre sauvegarde, mais c'était aussi trop tard. Elles s'étaient renfermées en elles-mêmes, elles étaient d'autant plus exposées au délire d'interprétation. L'objet de leur amour hier était devenu l'objet de leur ressentiment.
Commenter  J’apprécie          190
À vrai dire il pratiquait surtout les poètes morts, ce qui lui évitait de se demander s'il pourrait nouer des relations avec celui ou celle à qui il devait de s'être livré intensément et impunément à son vice solitaire, la lecture d’œuvres que certains trouveraient pleines de poison. (p.73)
Commenter  J’apprécie          190
[...] B., qui les balayait d'un revers de main, refusait de trop s'analyser, tordait le nez à l'évocation de ce qui à ses yeux relevait de la charlatanerie freudienne, se riait du complexe d’Œdipe et du complexe de castration, ces révoltantes plaisanteries inventées par des escrocs, et fuyait tout ce qui lui paraissait obscur, vénéneux ou décadent. (p. 63)
Commenter  J’apprécie          120
[...], car nombreux étaient les liseurs, rappelait-il, qui s'en tenaient à la superficie de ce qui était écrit et à la superficie d'eux-mêmes. Ils ne formaient pas, avec l'auteur et les autres liseurs, une communauté invisible pour qui les mots créaient une véritable dynamique perturbatrice. (p. 46)
Commenter  J’apprécie          110
[…], il pensa que s'il rassemblait en un volume des extraits des Carnets de Taos Amrouche, des journaux de Karin Pozzi et des lettres de Camille Claudel, il choisirait d'y placer en exergue cette phrase de la Religieuse portugaise à son amant parjure : J'ai éprouvé que vous m'étiez moins cher que ma passion. (p.78)
Commenter  J’apprécie          70

Videos de Linda Lê (18) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Linda Lê
Vidéo de Linda Lê
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (25) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3662 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}