Ouvrage philosophique de référence très clair, analyse d'une précision au scalpel.
Agréable et facile à lire ; propre à aider tout un chacun à voir vraiment beaucoup plus clair dans ses sentiments et dans les éventuels conflits de sentiments. Ne pas hésiter à entrer dans cette prodigieuse analyse.
On en ressort simplifié!
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L'amour n'est pas forcément un sentiment réciproque. L'amitié au contraire, me semble-t-il, requiert toujours de la réciprocité. Je ne puis être l'ami de quelqu'un qui n'est pas mon ami.
L’état amoureux agit comme un philtre (une drogue). Imaginons que
l’amoureux fasse boire un philtre à l’être aimé. Il est plongé ensuite dans l’anxiété la plus noire et dans l’incertitude absolue : est-il aimé pour lui-même ou est-ce l’effet du philtre ? La certitude d’être aimé, acquise sous l’effet de la drogue, entre en contradiction – puisqu’elle n’est pas du domaine de la conscience – avec l’amour, fait réel qui est le résultat de l’acte le plus suprêmement libre qui soit. L’amoureux se trouve ainsi lié à un être privé de volonté et de la capacité de dire non, et donc aussi de dire oui ; à un automate qui ne sait que répéter « oui » et est incapable de penser.
L’amour veut reconstituer le moindre fragment de la vie de l’autre pour adhérer parfaitement au vécu de l’être aimé jusqu’à le posséder entièrement, l’assimiler totalement. Il tend, en effet, à la fusion de deux personnes et à créer une entité nouvelle, le couple, dans laquelle l’une et l’autre vont changer.
Quand l’amour meurt, il laisse toujours derrière lui rancœur et amertume.
Des années plus tard, on se reproche encore de n’avoir pas su préserver le paradis perdu de l’amour. Les ex-amoureux regrettent de ne pas retrouver l’enthousiasme ému de l’origine de leur sentiment et, puisqu’il n’y a d’autre obstacle qu’eux-mêmes, ils s’accusent réciproquement de ne pas savoir faire revivre cet éden. Leur cœur est rempli de nostalgie bientôt suivie de ressentiment. Particulièrement chez celui qui croit avoir perdu plus que l’autre ou avoir été trompé davantage.
L’amitié, on le voit, est une autolimitation des désirs, sans renoncement ni souffrance. Elle évite le désir superflu et les regrets ; elle dit « n’y pensons plus », « ne désirons pas autre chose ». L’amitié exige une absence totale d’envie et d’avidité. Tout ce qui est donné est bienvenu. L’amitié ménage un passage de
l’indifférence à la joie. Je ne veux rien attendre de mon ami pour n’être pas déçu, mais s’il se montre généreux, ma joie est d’autant plus grande.
L'
amourpassionBernard pivot reçoit
Zoé OLDENBOURG, auteur de "
La joie-souffrance",
Muriel CERF pour "
Une passion",
Conrad DETREZ pour "
Le dragueur de Dieu",
Francesco ALBERONI pour "
Le choc amoureux" et
Oriana FALLACI pour "
Un homme". L'
amourpassion existe-t-il encore de nos jours ou bien n'est ce qu'une idée démodée? Face au sociologue
Francesco ALBERONI qui
analyse le meilleur moment du...