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Je traçai sur le sable fin son profil ému,
et j'appuyai ma joue sur sa tendre lumière transitoire,
tandis que mes lèvres disaient les premiers noms d'amour :
ciel, sable, mer…
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Ces quelques vers du poème «Mer du Paradis» donnent à voir toute la saveur de la poésie de
Vicente Aleixandre. Dès les premières pages du recueil, une sensualité déborde, dans un rendez-vous avec la beauté de la terre, les rivages et l'horizon lointain de la mer, les variations du vent,… Des éléments qui composent le regard, délient la pensée, créent la métaphore pour parler de l'amour mais aussi la mort (deux thèmes récurrents dans la poésie de
Vicente Aleixandre), touchante écriture née de la solitude dans tous ses affres mais aussi dans ses vertus.
Dans une écriture charnelle et très personnelle,
Vicente Aleixandre, grand ami de
Federico Garcia-Lorca, renouvelle l'expérience du surréalisme, en y intégrant une vision panthéiste de la nature et une grande proximité avec le romantisme. Au fil de la lecture, les poèmes tissent le regard, le passé du poète, originaire de la belle Andalousie, lumineuse, chaleureuse et ombrageuse. Des poèmes longs, parfois déroutants, mais qui révèlent en eux-mêmes une grâce, une beauté pure (somptueux poèmes «À toi vivante», «Plénitude de l'amour»).
Poésie totale réunit plusieurs recueils écrits entre 1924 et 1974, une belle anthologie pour connaître l'oeuvre du très grand poète espagnol
Vicente Aleixandre,
Prix Nobel de Littérature en 1977.