C'est Boobox (cette petite société d'abonnements littéraires en ligne… qui vient d'annoncer leur « clap de fin » pour l'été, car ils ne sont plus rentables !) qui m'avait proposé ce livre. Une gentille romance M/M ? Je prends, celle-ci avait l'air plutôt sympathique et, cerise sur le gâteau, elle va pouvoir remplir la consigne d'un challenge sur laquelle je galérais jusque-là !
Mais il faut croire que je suis dans une série noire côté lectures (ou bien est-ce un début de « panne » ?) : rien ne m'emballe dans ce que je lis ces derniers temps, et ce live ne fait pas exception à la règle.
Il paraît que l'auteur définit son livre comme une « romance contemporaine gay déjantée ». Alors, oui : on a la romance, elle est définitivement dans l'air du temps et elle est indéniablement gay… mais déjantée, je suis plus dubitative ! Oui, il y a de l'humour, des comparaisons à tout-va, certaines très bien trouvées d'ailleurs (alors que d'autres m'ont échappé, sans entraver en rien la compréhension de l'histoire cela dit) ; en outre, malgré la surabondance de ces traits d'esprit, on reste dans une évidente légèreté.
Mais ce qui m'a agacée dès le tout début, c'est la foire aux stéréotypes et autres caricatures que représente ce roman ! Bon sang, pour une fois qu'un auteur français ne dégomme pas les Belges (ou une quelconque autre nationalité), il s'en prend à une partie de sa propre population : les Bretons ! À l'en croire, ce seraient des êtres frustes, qui vivent dans ce pays rude où il pleut en permanence, et qui ne jurent que par le chouchen et le beurre salé ! Clichés quand vous nous tenez… Après quelques pages, j'en avais déjà assez, et je crois que, si j'étais bretonne, j'aurais refermé le livre aussi sec !
Cela dit, on pardonnera à l'auteur (ou pas) ce côté tellement cliché, car il joue le même jeu pour tout ce qui tourne autour de l'homosexualité de son héros. N'ayant jamais lu aucun autre livre de sa plume, je ne sais pas si le ton donné ici est habituel pour l'auteur, mais son protagoniste, qui s'exprime donc à la 1re personne du singulier, est l'archétype de « la folle ». J'espère que personne ne lira cette phrase comme une remarque homophobe, car ça ne l'est en aucun cas dans mon esprit : imaginez plutôt un
Michel Serrault jeune, dans une espèce de préquel à la célébrissime pièce (ou au film) « La cage aux folles », et vous comprendrez ce que je veux dire. C'est davantage une façon d'être, de s'exprimer, qui se résume d'ailleurs parfaitement dans une phrase que notre personnage principal dit lui-même (et qui m'a choquée, car justement ça me semble malvenu), aux 86% de l'ebook : « En fait, les gays sont des femmes comme les autres. » Vraiment ? Une telle affirmation me semble pourtant extrêmement réductrice, et je ne suis pas certaine que tous mes amis gays s'y reconnaissent : je ne crois pas que tous se considèrent comme des femmes, même si certains revendiquent effectivement, sans fausse honte, une part de féminité en eux.
À part ça, l'aspect romance est plutôt classique : une rencontre imprévue sur le port, quand Henry, notre chef cuisinier, repère Doryan, le jeune mareyeur ex-hipster. Les deux s'attirent réciproquement, peu à peu ils apprennent à faire connaissance, sans même coucher dès le premier soir car ils veulent justement donner une chance sérieuse à leur potentielle histoire, et bien sûr il y a quelques obstacles et quiproquos, mais rien de bien dramatique finalement…
Mais tous les à-côtés m'ont donné envie plus d'une fois de refermer ce livre absolument inintéressant ! C'est que, s'il y a une histoire assez triste dans le passé de Doryan (qu'on n'apprendra que très tard, si bien qu'elle ne touche plus vraiment), l'essentiel de l'intrigue tourne autour de la rivalité entre Henry et son ex-mari Adrien, dont il a pourtant divorcé il y a plusieurs années, mais qui est justement venu lui aussi s'installer dans ce bled perdu en Bretagne, et qui va devenir son concurrent principal dans un concours de cuisine local. Rien de bien passionnant sous le soleil, ça aurait même pu être anecdotique… sauf que l'auteur en fait des tonnes ! Quant au niveau de leurs dialogues théoriquement à l'acide, moi j'avais plutôt l'impression de me retrouver encore et encore dans un bac à sable : non mais sérieusement, ces disputes à répétition, ces coups de vache qu'ils se font l'un l'autre, ce sont de pures gamineries, c'est abrutissant de bêtise puérile !
Un autre mot de l'intrigue : il y a une espèce de « mystère » autour du colocataire de la salle de bains partagée entre la chambre où loge Henry (car il loge dans un gîte, le temps de lancer son nouveau resto) et celle du fils de la propriétaire, que l'on ne rencontrera que beaucoup plus tard. Là aussi ils rivalisent de stupidité à se faire des coups bas (et que je te coupe la vanne d'eau chaude, et que je chante à tue-tête à 4h du matin, etc.), c'est lassant. En outre, l'identité dudit colocataire est soigneusement masquée ; pourtant, dès les toutes premières lignes, j'avais deviné qui pouvait être ce fameux fils… or Henry se dit très surpris quand il le découvre !? Il n'a clairement pas les yeux en face des trous – et pour le coup, lui qui se dit femme car il est gay, il n'a en tout cas aucune intuition féminine ! (désolée, c'était trop facile)
Pour conclure, outre un certain nombre de fautes d'orthographe, qui en plus s'intensifient à mesure qu'on approche de la fin du livre, je dois aussi signaler une longue tirade où l'auteur – oups, pardon : le protagoniste, chef cuisinier donc ! vraiment ? – explique en long, en large et en travers comme il n'aime pas les critiques, et encore moins celles qui émanent d'un.e méchant.e caché.e derrière son écran pour dire du mal de son travail. Est-ce que je me sens visée, quand c'est l'auteur qui parle ? Sans aucun doute ! mais bon, je n'en suis pas à mon premier commentaire de livre, et ce n'est pas cet « avertissement » qui va m'empêcher de dire quand un écrit ne m'a décidément pas plu – et pourquoi, ; je pense (ouf !?) faire partie de ces critiques qui argumentent leur propos !
Bref, cette homoromance aurait pu être agréable, car il y a un indéniable humour présent, dans cette histoire à l'intrigue assez classique mais sympathique. Hélas, elle est gâchée par une surabondance de clichés (sur les gays, sur les Bretons, et bien d'autres), et plus encore par une rivalité (inutile) entre le personnage principal et son ex, d'un niveau « bac à sable » sans intérêt, qui finit par lasser complètement.