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3,72

sur 518 notes
Avant même le fond de ce livre, j'en retiens la forme. J'ai adoré cette façon d'écrire, cette appropriation du parler de la rue, cette maîtrise de ce qui s'y passe, que j'ai presque mis de côté l'histoire d'Abad, ce qui m'arrive très rarement. J'en étais même étonnée, comment une autrice d'une quarantaine d'année peut écrire aussi bien un ado de treize ans. Comment en quelques pages le monde qu'elle nous décrit peut faire évoluer notre vision des choses.

Et comment réussit-elle à passer de ce langage adolescent à celui de la psychanaliste, autant abîmée par la vie que ce jeune garçon.

Oui, j'avoue, l'histoire peut presque paraître secondaire tellement la maîtrise de la langue est impressionnante. Et pourtant, elle est indissociable. Pour une fois, je comprends absolument la distinction du prix de Flore obtenu. Il faut s'en souvenir, et le lire pour comprendre.
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Abad, adolescent de treize ans au destin fracassé vit à Paris rue Léon dans le quartier de la Goutte d'or. Parents absents ou défaillants, trafics en tout genre, drogue, violence, prostitution, Islam radical qui surfe sur cette misère, il s'agit aussi de la description d'un quartier multiculturel, à la fois vivant et à la dérive.
Des enfants paumés, des gens en marge, des vieux oubliés, des portraits attachants, des personnages attendrissants, un hommage à Victor Hugo, Emile Zola, François Truffaut. Un roman d'apprentissage à travers le personnage d'Abad touchant, maladroit et parfois voyou en quête permanente d'affection.
Une langue travaillée, imagée, poétique, populaire, argotique mêlée d'arabe.
Un très beau roman contemporain sur l'enfance, sur un quartier.
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C𠆞st le début du livre que j𠆚i follement aimé.
Une pépite brute. Il y a de la rage, de l𠆚mour autant dans l’histoire que dans l’écriture. Je lis tellement facilement & avec émotion l’histoire d�, l�o de 13 ans qui arrive du Liban & se retrouve projeté dans le quartier de la Goutte d'or, le dix-huitième, ses putes, ses drogués mais aussi l𠆚mour & tant d’humain.
L�olescence, encore, évidemment. Avec sa révolte, son amour fou, sa passion pour la branlette & les nichons.


Quand j𠆚i lu ce « Putain je t𠆚ime ! » en page 14, j𠆚i su que j𠆚llais follement aimer ce livre.

Les histoires s'entremêlent..
On a Gervaise, la pute africaine qui fait le trottoir pour sa fille restée au pays. Vous vous doutez à quel point c𠆞st dur !
Odette, la vieille voisine avec laquelle Abad se lie d𠆚mitié, non, d𠆚mour tellement c𠆞st beau. le lien entre cet adolescent & cette femme âgée si seule est indescriptible.
La psy qu� doit aller voir pour ouvrir son dedans. La défiance de l�o sauvage, sensible, brut, peu à peu apprivoisé.

Et puis il y a ce détail que j�ore dans les livres. Une. Putain. De. Playlist. (La Playlist des oubliés)

Noirceur, mots crus, dureté, pessimisme font partie intégrante du livre, le style est acéré, efficace, précis, agressif, argotique & gueullard. Barbès est le second personnage du roman après Abad.

J'ai lu au même rythme que j'ai eu envie de sortir de ce quartier, de m'échapper du sordide, fuir ce déterminisme social, alors qu'en est-il vraiment de ceux qui y vivent au quotidien ?
Ça m'a étrangement fait penser à Momo dans "La vie devant soi" de Gary

Alors si vous aimez Paris & sa crasse belle, l𠆚mour qu’on veut voir entre les poubelles, la musique & les mots vrais, n'hésitez pas. Ça déchire vraiment !
Parce qu'il est des petits bouts de vie qui méritent d'être mis en lumière aujourd'hui & demain

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Une écriture forte, des mots et des phrases qui claquent, pour décrire la « poésie païenne qui habite le XVIIIe », son quartier, c'est le point fort du premier roman coup de poing de Sofia Aouine. On y trouve toute la vie du quartier, en très condensé et intense. Surtout le pire. La montée du radicalisme musulman, les parents immigrés humiliés, les putes qui sont aussi mères et qui ont été vendues par leurs propres parents. Mais on y trouve aussi de l'amour, de l'entraide. du point de vue d'Abad, 13 ans, obsédé par sa libido, Sofia Aouine nous offre des instantanés très incarnés de la vie de quelques habitants de cette jungle.
Mais la narration est très décousue, passant sans transition et avec peu de liens et de repères temporels d'une situation à une autre, d'un personnage à un autre, et cela m'a laissé un gout d'inachevé.
Un livre assez court à lire d'une traite pour en conserver la force, ce que je n'ai hélas pas pu faire.
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Pour vous parler de ce livre-là, je ne peux pas me planter. Non pas que pour les autres, j'ai un droit à l'erreur, mais pour celui-là, « j'ai juré ». Paris, XVIIIème. La Goutte d'Or. Un vrai mensonge, parce que c'est pas du tout doré. Et pourtant, parmi la misère, parmi la saleté que les hommes font aux femmes et aux enfants, que les femmes font aux femmes et aux enfants, se dresse le petit Abad, 13 ans.

Nous le suivons dans toutes ses mésaventures et surtout, dans sa quête existentielle : connaître l'amour et quitter le quartier. Autour de ce personnage si attachant gravitent des figures non moins touchantes, comme Gervaise, une migrante venue d'Afrique subsaharienne et contrainte à se prostituer pour faire parvenir de l'argent à sa petite fille. Les larmes me sont montées aux yeux, parce que même s'il s'agit de fiction, nous ne pouvons en ignorer la vraisemblance.

Je ne sais pas si vous avez lu le bon petit diable, Poil de Carotte ou Mon bel oranger, mais ce roman, c'est cet esprit-là combiné à Rancy, dans Voyage au bout de la nuit, à l'Assommoir ainsi qu'aux passages les plus durs des Misérables. On pourrait croire que ce n'est pas gai, mais au contraire, la détresse sociale vue et narrée à travers les yeux d'un enfant de treize ans, ce n'est pas pathétique, ce n'est pas ronflant et ce n'est pas voyeuriste. C'est simple et beau.

Sofia Aouine réussit un coup de maître en démontrant à travers ce roman que la langue française de la rue a quelque chose de poétique. J'ai été littéralement emportée, séduite, parfois jusqu'à l'écoeurement. Je ne peux que vous encourager à lire les aventures d'Abad pour mieux le connaître et l'aider, si jamais un jour il vient à croiser votre chemin.
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Avec Rhapsodie des oubliés, Sofia Aouine nous offre une radiographie de ce quartier populaire qu'est Barbès, mais également un roman d'apprentissage au travers du narrateur, Abad, qui nous livre son adolescence tourmentée.
Ses parents, ses amis, ses voisins, sa psy, la fille d'en face, les intégristes, tout le monde passe sous ses rayons, et il nous en offre une vision lucide, parfois drôle et fraiche, mais aussi parfois triste et désabusée.

La lecture d'Ariane Ascaride m'a enchantée, elle a cette innocence et cette vérité dans la voix qui ont rendu Abad vivant, qui en ont fait plus qu'un personnage de fiction.
Les intermèdes musicaux entre deux chapitres sont également très bien réalisés et collent parfaitement au roman. Et l'entretien avec l'auteure en fin d'écoute est très intéressante, c'est une belle plus-value.

Le récit de Nour, la fille d'en face, lu par l'auteure elle-même, d'une durée de 15 minutes environ, restera certainement un de mes plus forts moments d'écoute de livres audio. le passage est magnifique et Sofia Aouine y apporte une intensité rare (comme quoi, nul besoin de surjouer pour toucher en plein coeur).

Hasard du calendrier, j'ai écouté ce roman alors que je lisais La vie devant soi de Romain Gary.
Malheureusement, la résonance entre les deux textes était troublante, et n'a pas profité au roman de Sofia Aouine, que j'aurais bien plus apprécié si je n'avais pas eu Momo en tête quand j'écoutais parler Abad.
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« Ce qui nous lie, ce sont les enfants que nous avons été. »

Nous sommes à Paris XVIIIe, quartier de la Goutte d'Or, qui n'a de doré que le nom. Ici, l'or est dans la survie que chaque habitant arrache par petits bouts à la misère, jour après jour.
L'or est aussi dans le coeur et les mots d'Abad, 13 ans, un intrépide adolescent venu du Liban avec ses parents et installé là, entre « les murs qui pleurent » de la rue Léon. Abad raconte la misère coulée avec le béton et tapie dans les regards, le silence soigné par les coups, les femmes condamnées, la montée du jihadisme, la saleté des jours et du ciel...
Il décrit, se révolte, se questionne avec ses mots et ses accents à lui : crus, poétiques, drôles et cinglants, comme autant de pépites semées au fil des pages.
Mais il raconte surtout ce qui le sauve : son corps qui bouillonne d'hormones et d'amour, sa rage de vivre et son besoin des femmes, car ce sont elles qui « l'élèvent» véritablement.

Ce petit livre m'a transpercée et d'une certaine façon m'a rappelée à l'ordre. Je pense qu'à mon prochain séjour à Paris, j'irai voir la rue Léon. Merci Sofia Aouine de nous livrer avec autant de talent, d'humour et de sincérité la réalité de votre enfance.
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Abad, jeune libanais en exil, arrive à paris dans le quartier de Barbès. Il raconte son quotidien d'adolescent. A travers ses yeux, nous voyons le monde tel qu'il est, violent, inquiétant , misérable et surtout injuste. On peut voir en Abad, le petit frère de Momo de : La vie devant soi. Ce roman donne la parole aux oubliés de la société relégués dans des quartiers paupérisés où fleurissent les trafics en tout genre : drogue, prostitution, radicalisation, racket etc. Mais ce triste constat de la misère humaine est magnifié par la langue de Sofia Aouine.
Parfois crue, novatrice dans les expressions et les comparaisons et parfois très drôles quand aux préoccupations du narrateur et de ses amis adolescents.
J'ai vraiment aimé ce livre, belle réussite de premier roman, j'ai hâte de lire le prochain...
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Exit les longues et belles phrases, les tournures syntaxiques recherchées et le vocabulaire distingué. Dans Rhapsodie des oubliés, les phrases vont droit à l'essentiel, les mots claquent et le vocabulaire est souvent brut et cru.

En donnant la parole à Abad, un jeune blédard libanais -pardon : « primo-arrivant »- de 13 ans et en usant d'un langage de rue à la fois grossier et sans filtre, inventif et drôle, mais qui en changeant de perspective sait parfaitement s'adapter pour devenir plus littéraire, plus doux, plus poétique aussi, Sofia Aouine signe un premier roman détonnant, vibrant, percutant de justesse et de sincérité.

Rhapsodie des oubliés est un roman qui parle vrai. Aucune surenchère ici, aucun misérabilisme. Juste la description d'une réalité sociale telle qu'elle existe aujourd'hui dans les quartiers sensibles des grandes villes françaises.

Bienvenue à la rue Léon, Barbès, Goutte-d'Or, Paris XVIIIème

A travers les émotions et les réflexions d'Abad, l'auteure raconte un quartier et ses habitants et offre une voix aux oubliés, à tous ces êtres abîmés qui vivent, ou plutôt survivent, dans un quartier gangrené par la crasse, la misère et la violence.

Rhapsodie des oubliés est un roman sur les rêves avortés et sur les envies d'amour grandes comme le monde.

S'il nous livre des fragments de sa vie en posant un regard lucide et sans concession sur le monde qui l'entoure et plus particulièrement sur sa famille défaillante et son quartier comportant son lot de désespérés et de dégénérés, Abad s'accorde parfois de brefs instants de répit dans son besoin de s'anesthésier la vie. « Sur le boulevard des rêves brisés », il ose parfois espérer un avenir meilleur.

Alors qu'il est en pleine explosion hormonale et commet bêtise sur bêtise, trois femmes croisent son chemin et vont lui apporter, chacune à leur façon, un peu d'espoir et de lumière, un rempart face au monde qui le dégoûte: Ethel, la dame « d'ouvrir dedans » aka Shrek, qu'il insulte mais qu'au fond il aime bien; Odette, la voisine aux cheveux poussière dont la mémoire flanche de plus en plus et de plus en plus souvent et qui lui a offert une seconde maison et presque une seconde mamie; Gervaise, la prostituée camerounaise aux destin tragique, avec « ses yeux de chats et un visage d'ange sur un corps de pute » et cette « tendresse de maman au fond des yeux ».

Ethel, Odette, Gervaise. Trois femmes qui révèleront un Abad attentionné, sensible aux autres et très touchant dans sa quête d'amour et de liberté.

Sofia Aouine signe avec Rhapsodie des oubliés un très beau premier roman. Fort, intense et profondément humain.


Lien : https://livrescapades.com
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Ce roman nous plonge d'emblée dans l'atmosphère du XVIIIème , le quartier , pas le siècle des Lumières . Splendide description de ce quartier , Barbès , la Goutte d'Or , on sent l'amour de l'auteure pour l'endroit où (je suppose ) elle a vécu . Abad est un jeune de 13 ans qui vient du Liban , avec un lourd passé du côté de sa mère , il s'adapte comme il peut à cet environnement chamarré et pauvre .
Il me fait penser parfois à Antoine Doinel dans les Quatre cent coups , il est obsédé par les nichons , surtout quand ses voisines sont des Femen , il ne commet pas que de bonnes actions . Quand ses parents limitent son champ d'action , il devient mutique , on l'envoie chez une psychologue , Ethel Futterman , une rescapée de la Shoah et la seule survivante de sa famille .
En définitive , c'est l'influence des femmes qui l'empêche de plonger dans la petite délinquance et lui permet de trouver sa place dans ce monde cruel : Odette , une femme âgée qui lui donne le goût de la lecture et de la musique ; Gervaise , une prostituée noire , dont la fille , Nana , est restée en Afrique (Zola , bien sûr !) ; et puis , surtout , celle qu'il appelle Batman , à cause des vêtements sombres qu'on lui impose , dont il est réellement amoureux , surtout en raison de quelques baisers volés (Truffaut encore) .
Au-delà de l'intrigue , très riche , et des personnages hauts en couleur(s) , la langue de l'autrice est un pur ravissement . C'est la langue des quartiers dit "sensibles" , le langage est cru et inventif , les dialogues dignes de Prévert , les mots ne sont pas tous dans le dictionnaire , bien sûr , mais ils donnent une belle musicalité à cette écriture (il y a d'ailleurs une magnifique playlist à la fin du roman , dont je retiens surtout Ya Rayah , allez savoir pourquoi ) .
Le personnage d'Abad est plus complexe qu'il n'y paraît , il m'a fait penser au Momo de Romain Gary dans la Vie devant soi (référence ultime pour ma pomme ) . A la fin du roman , comme Antoine Doinel , Abad court pour voir la mer , ce livre est truffé d'images cinématographiques qui ne m'ont pas laissé indifférent .
Surtout , l'autrice a un infini respect pour tous ces oubliés , ceux que notre société ignore ou n'a pas envie de voir , son regard est empreint d'humanité et de tendresse . Pour un premier roman , c'est une franche réussite .
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