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EAN : 9782259306904
544 pages
Plon (20/01/2022)
4.67/5   3 notes
Résumé :
" Cette ville – celle de mon enfance – a tout eu, tout reçu, tout connu. Des empereurs et des sultans, des personnages de légende, des artistes raffinés, des architectes géniaux, des favorites diaboliques et des marchands d'armes d'une habileté hors du commun. On s'y régale de mets d'une rare finesse, on y hume des senteurs troublantes, on déambule au milieu de bruits jamais entendus, on y vit des passions qu'il vaut mieux taire, et lorsque l'on se trouve sur l'une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Je débuterai cette critique en utilisant le mot keyif, l'une des expressions turques les plus intraduisibles. Keyif incarne pourtant mieux que mille mots un certain état d'esprit ottoman.
Traduire le mot par "pur plaisir" serait rendre une grande injustice à l'expression.
Et bien soit ! J'accepte d'être injuste envers cette expression pour dire que parcourir ce dictionnaire a été un pur plaisir...

Qui mieux que Metin Arditi pour nous livrer ce Dictionnaire Amoureux d'Istanbul,
Qui mieux que lui pour nous parler de cette ville cosmopolite,
Qui mieux que lui pour y mêler ce qui fait les images, couleurs, sensations, bruits ou odeurs qui font ce qu'est à la fois Byzance, Constantinople ou Istanbul.

En ouvrant cet ouvrage vous franchirez avec lui la "Sublime Porte" qui à l'origine désignait bel et bien une porte – en turc ottoman : Babiali, mélange d'arabe et de farsi, « porte noble, monumentale », qui menait aux quartiers du grand vizir, siège du gouvernement de l'Empire. En 1536, lors de la visite de l'envoyé du roi de France, son nom turc fut traduit en français par "Sublime Porte". le français étant alors la langue diplomatique des cours européennes, l'expression resta, désignant tantôt l'Empire, tantôt la ville de Constantinople, l'interlocuteur protocolaire, ou le gouvernement lui-même.

Et c'est bien cette diversité qui nous est présentée par Metin Arditi, au gré des entrées de ce dictionnaire nous plongeons tout d'abord dans l'histoire millénaire d'Istanbul
En remontant tout d'abord à ses racines plurielles. La ville s'est en effet construite par strates et par intégrations. Certains peuples sont restés. D'autres l'ont quittée, quelquefois de leur fait, d'autres fois chassés. Mais tous sont restés longtemps, attachés à ce lieu magique – trois villes l'une dans l'autre, un détroit et deux mers dans un mouchoir de poche – et y ont laissé leur trace indélébile.

Dans la mythologie grecque, Io, prêtresse du temps de Héra, à Argos, plut à Zeus, qui la transforma en génisse. Elle put ainsi s'enfuir et traversa le détroit. le Bosphore serait donc le "passage du boeuf". Byzance fut fondée au Ve siècle avant notre ère par Byzas, fils de Poséidon et petit-fils de Zeus. Certains murmurent qu'il ne s'agit là que d'une légende : ce sont des jaloux ! Byzance est la preuve matérielle que Zeus et Poséidon ont existé.

Elle fut convoitée par les Perses autant que par les Grecs, elle cèdera devant Alexandre le Grand, puis Byzance passera sous domination romaine. Au IVe siècle, sous Constantin Ier, son sort sera scellé : elle deviendra romaine complètement et même capitale de l'Empire romain d'Orient sous le nom de Constantinople.
Puis il y aura ces deux dates qui a jamais marqueront son histoire 1204 et 1453.
Et ensuite les turcs la désigneront tout simplement par I Poli, "La Ville", useront pour expression courante istin poli, pour dire : "(je vais) à la ville" . C'est de là que vient le nom Istanbul.

Et l'auteur de poser cette question "Istanbul pouvait-elle être autre chose que la ville cosmopolite par excellence ? Sa géographie exceptionnelle, à cheval sur deux mondes, y est bien sûr pour beaucoup : que ce soit sous le nom de Byzance, Constantinople ou Istanbul, elle offre l'attrait d'une ville construite au bord d'un détroit qui protège son intimité, et qui, très vite, permet d'accéder à l'infini de la mer Noire ou à la douceur de la mer de Marmara et de ses îles. C'est précisément sa position stratégique, militaire, lui permettant de contrôler le commerce, de dicter les passages, d'octroyer ou non les passe-droits, qui a attiré des peuples puissants et avides de gloire, les Romains, les Grecs, puis les Turcs, et leur a permis, à leur tour, d'en accueillir d'autres"

Pour Metin Arditi : "Seuls les esprits candides éprouveront le sentiment d'avoir saisi cette ville. Les autres courront derrière elle, cherchant à la comprendre. Ce sont eux qui en retireront les plaisirs les plus délicats. [...] Ceux-là sauront gré à Istanbul d'être la ville insaisissable par excellence, comme on est reconnaissant à l'égard d'une belle femme qui garde son mystère, nous éblouit et fait de nous ses obligés. Comme elle, Istanbul échappera toujours à ceux qui sauront l'aimer." et d'ajouter "Saisir Istanbul, ce serait faire l'inventaire des trésors d'Ali Baba. Une impossibilité"

Et bien au travers de ce dictionnaire on en découvre déjà énormément, de ces trésors, qu'ils soient historiques, architecturaux, culturels ou cultuels, gourmands, sucrés ou salés, littéraires (l'auteur y insère des passages de ses propres ouvrages), en profite également pour prendre position sur des sujets qui sont plus d'actualité, (comme dans plusieurs passages tel celui concernant l'Église du Saint-Sauveur-in-Chora ou alors celui sur Sainte-Sophie), et ce non sans ironie et émotions ...
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critiques presse (2)
LeDevoir
30 avril 2022
Metin Arditi raconte une «ville insaisissable», résultat de l'empilage de cultures qui s'y sont installées.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LaTribuneDeGeneve
17 janvier 2022
Metin Arditi y dévoile son penchant pour les délices de l’absence, l’émulation des retrouvailles et la joie des plaisirs connus. Istanbul, qu’il a quittée à l’âge de sept ans pour l’austérité d’un pensionnat de la Riviera vaudoise, reste pour l’écrivain genevois «le lieu du bonheur parfait». Cela valait bien les 530 pages et les 155 entrées d’un «Dictionnaire amoureux».
Lire la critique sur le site : LaTribuneDeGeneve
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Soliman bénéficia d’une chance exceptionnelle : celle de croiser la route de Sinan, un ancien janissaire chrétien d’Anatolie devenu architecte en chef de l’Empire, qui édifiera les plus grands chefs-d’œuvre de l’histoire ottomane, construisant à Constantinople plus de trois cents édifices ou ouvrages d’art, parmi lesquels la mosquée dédiée à son sultan, la Süleymanie.
La chance fut partagée. Sinan n’aurait pas eu la possibilité d’exercer son art avec une telle liberté si son souverain n’avait pas été d’un haut rang intellectuel ni d’une grande sensibilité artistique. Il a laissé l’image d’un homme discret, sensible, marqué à la fois par un grand amour et par les nombreuses tragédies que cet amour a déclenchées.
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En définitive, il aurait fallu peu de chose pour que la pièce tombe côté pile plutôt que côté face et que l’histoire en soit changée. Encore aurait-il fallu que les pays d’Europe s’engagent. Ils ne l’ont pas fait, tournant le dos à l’Orient et établissant ainsi une tradition qui se perpétue de nos jours.
On peut dire, en conclusion, que les pays latins ont été, à deux reprises, responsables de la chute de Constantinople : en 1204 en y allant, et en 1453 en n’y allant pas.
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« Il ne faut jamais blesser les hommes, disait Machiavel. Il faut les caresser ou les occire, car un homme blessé est un animal dangereux. » Ainsi, la ville qui, au cours des cinq derniers siècles, s’était montrée la plus accueillante et la plus intégrante à l’égard de ses minoritaires juifs, grecs, chrétiens du Levant ou des Balkans se transforma-t-elle en une citadelle nationaliste qui se retourne contre ses voisins millénaires. Istanbul gardera les traces des soubresauts qui en résulteront.
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Malgré la connaissance du terrain qu’avait Mustafa Kemal, le déséquilibre des forces était patent.
Ce sera la chance historique de Kemal, une situation qui renvoie à une réflexion de Machiavel, dans Le Prince :
"On ne voit pas que la fortune leur ait apporté autre chose que l’occasion ; laquelle leur donnera une matière où ils pussent introduire telle forme qui leur parût bonne ; et sans cette occasion, les vertus de leur esprit se seraient éteintes ; et sans ces vertus, c’est en vain que serait venue l’occasion. Il était donc nécessaire que Moïse trouvât le peuple d’Israël en Égypte, esclave et opprimé par les Égyptiens, de façon que, pour sortir de servitude, ils fussent disposés à le suivre."
C’est l’occasion, dit Machiavel, qui permet aux vertus de se manifester, le mot « fortune » prenant ici un double sens : le hasard et la chance, celle qu’a le prince de rencontrer l’extrême difficulté. Elle lui offre l’occasion de la surmonter et de s’imposer.
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Enfin, en 1934, Atatürk décréta la transformation de la mosquée en musée, dans le propos de « l’offrir à l’humanité », un acte qui s’inscrivait dans l’ensemble des mesures prises à compter de 1923 par celui qui voulut laïciser la Turquie. Oui, la basilique Sainte-Sophie en a vu d’autres. Et, à la vue de son histoire, le récent décret la transformant de nouveau en mosquée nous apparaîtra un jour comme un soubresaut de l’histoire.
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Vidéo de Metin Arditi
L'Homme qui peignait les âmes de Metin Arditi aux éditions Points https://www.lagriffenoire.com/l-homme-qui-peignait-les-ames-1.html • le Turquetto de Metin Arditi aux éditions Babel https://www.lagriffenoire.com/le-turquetto.html • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=n... • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #conseillecture #editionspoints #editionsbabel
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