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sur 174 notes
« le bâtard de Nazareth » vient de paraître en mars 2023 chez Grasset. Derrière ce titre volontiers provocateur se dissimule une réflexion puissante et éloquente sur la foi. Metin Arditi est écrivain francophone d'origine turque. Il a notamment reçut pour « L'homme qui peignait les âmes« , paru en 2021, le prix de l'Université Catholique de l'Ouest. Ce roman pourrait sentir le soufre pour le catholique que je suis, mais je n'ai vu ici qu'une tentative fort réussit de mieux saisir Jésus, l'enfant, l'adolescent, l'homme qu'il fût. Affirmer que Jésus eût une compagne, Marie de Magdala, avec qui il eût vécu une profonde histoire d'amour charnelle et spirituelle, n'est pas une infâmie. Je rappelle que depuis Paul VI, Marie Madeleine est reconnue comme disciple du Christ par l'Eglise catholique romaine. Les Evangiles apocryphes ont été ignorés volontairement par les Pères de L'Eglise car ils ne correspondaient pas au Credo officiel plaçant la femme comme pêcheresse et tentatrice. Les dernières études historiques et théologiques montrent bien combien cela étaient erronées. Metin Arditi oublie délibérément le dogme de l'immaculée conception de Marie, exempte du « pêché » d'avoir conçu Jésus par voie naturelle. Ici dans le roman, Marie est victime d'un viol par un soldat romain aviné. Elle est impure et tout l'entièreté de la faute lui revient. Elle est condamnée par la communauté juive de son village. Son fils Jésus est appelé par les autres enfants du village : « Mamzer ! ce qui signifie Bâtard. Jésus et sa mère sont recueillis par un homme extrêmement bons, Joseph. Jésus aimera profondément sa famille. Il devînt charpentier comme Joseph. Extrêmement vif d'esprit, le jeune Jésus n'hésite pas à apostropher les rabbins sur des points précis de la Thora. Il grandit avec un feu en lui. Il n'est pas insensible à la colère mais ce qui l'anime est surtout fruit d'une infinie tendresse, d'un amour profond pour son prochain. Adolescent puis jeune adulte il aide à guérir les personnes possédées, les malades, les infirmes. Metin Arditi a la sagesse de ne rien sous entendre, ni menteur, ni réel, chacun peut y voir ce qu'il entend par là. Et puis un jour, il y a cette rencontre avec un homme au visage repoussant, disgracieux, au regard fuyant mais doué d'une extrême intelligence. Il enjoint Jésus de Nazareth de rencontrer un prédicateur juif, Jean le Baptiste, qui baptise ses disciples dans le Jourdain non loin de Béthanie. Un prédicateur qui attend le Sauveur, Celui qui lavera les pêchés du monde. Quand Jean le Baptiste voit Jésus de Nazareth s'avancer dans l'eau, il est stupéfait, foudroyé. Aucun doute, le Prophète est Jésus de Nazareth, le Sauveur qu'il appelait de ses voeux. Jean le Baptiste est condamné à mort par Hérode Antipas qui craint une révolte. Les Disciples emmenés par Jésus de Nazareth multiplient les rassemblements, les prêches. Judas a une part importante dans la stratégie souhaité par lui de promouvoir une révolte juive pour chasser les romains. Les disputes entre disciples sont nombreuses. Jésus lui prend la mesure de sa tâche. Il est prêt au sacrifice de sa vie. La croix, la couronne d'épine précédée de flagellations, Jésus endure cette souffrance sans montrer un signe de faiblesse. Metin Arditi adopte à chaque fois une position d'observateur, de conteur, de penseur laissant, encore une fois, une liberté à chacun, croyant ou non croyant d'y percevoir ce qu'il souhaite. Encore une fois, le but de Metin Arditi n'est pas de choquer. Ce titre abrupte peut laisser penser le contraire mais il n'en est nullement question ici. « le bâtard », le plus méprisé des méprisé devient le Roi des Roi, le Sauveur, le Christ que l'on traduit par « le Messie. » Crucifié, la mort la plus infâme, entouré deux larrons. La foule préfèrera Barabbas en scandant son nom par deux fois. J'ai aimé ce mélange intime entre réflexions personnelles, celles d'un romancier et non d'un théologien, avec cette forme de liberté totale quant aux dogmes catholiques romains. Bien sûr, offrir un rôle fondamental à Judas dans la décision de Jésus de Nazareth de se sacrifier par amour, est plutôt radicale. Un Judas qui bâtit même la religion chrétienne en préparant, telle une supercherie, la résurrection de Jésus de Nazareth, le Christ. « le bâtard de Nazareth » est un court roman, profond et sensible, une réinterprétation contemporaine d'une religion doublement millénaire, le tout sans volonté de créer la polémique. Metin Arditi bâtit un récit qui a pu être proche de la réalité ou pas. Libre à chacun des lecteurs/lectrices d'y tracer son chemin intérieur.
Lien : https://thedude524.com/2023/..
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C'est avant tout l'humanité de jésus que l'auteur met en avant. Il en fait un homme qui prend la défense de tous les exclus de la société de son époque. Lui-même, avec sa mère, étant parias. Et Joseph, présenté presque comme un saint, tant son humanité contraste avec ceux du village. C'est la Loi qu'il faut humaniser, la Loi de Moise, que Jésus veut modifier pour prendre en compte tous les défavorisés de Palestine et d'ailleurs. Metin Arditi sort évidemment du texte des évangiles. Pas de "Fils de Dieu" dans son roman. Jésus meurt tout simplement sur la croix pour s'être heurté à l'intolérance et au conformisme et surtout pour avoir offensé le Sanhédrin. Et Pilate s'en lave les mains. le personnage de Judas prend une dimension différente également, en devenant l'instigateur du futur christianisme.
Mais c'est justement à travers leur humanité, à mon sens, que Jésus et Marie deviennent "saints". Parfois le sacré est juste à côté de soi et on ne le voit pas. Pas forcément besoin des conciles pour faire de Jésus un dieu. Un Jésus, plus proche de Gandhi ou de Soeur Thérésa me convient parfaitement.
Un livre que je recommande à tous ceux que le sujet intéresse. Et ceci n'est que mon avis, rien de plus.
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Réinterpréter la vie de Jésus dans ses grands épisodes c'est l'entreprise dans laquelle s'est lancée Metin Arditi, agnostique, en s'appuyant sur les travaux de Daniel Marguerat, bibliste protestant de renom.

Le titre choque peut-être certaines personnes mais le terme ici n'est pas vu comme quelque chose de négatif au contraire, Jésus prônant une lecture des textes plus tournée vers les autres et accueillant tous les exclus (dont les batards) alors que les docteurs de la loi les stigmatisent et les rejettent par crainte qu'ils n'affaiblissent leur communauté.

C'est un portrait de Jésus porté à la fois par l'injustice (car dans cette réécriture de sa vie, il est enfant de Marie et d'un romain qui n'a pas reconnu l'enfant avant d'être adopté par Joseph) et par la colère face à l'intolérance.

En tant que femme j'ai été particulièrement frappée par le chapitre intitulé » La femme adultère » dans lequel Jésus prend une position qui est totalement novatrice par rapport au regard qu'ont toujours eu les religions sur les femmes. Alors qu'il est consulté par un pélerin au sujet d'une femme qui a eu un enfant hors mariage et qui mérite, selon lui, d'être lapidée (cela existe toujours dans certains pays aujourd'hui), Jésus répond :

"Un homme s'éloigne de son épouse et c'est la femme que tu voudrais lapider ? […]
Tu oses parler de péché ? Aimer est ce un péché ? Tenir quelqu'un dans ses bras est ce un péché ?Et toi n'as tu jamais pensé à tenir dans tes bras la femme d'un autre ? Ou la jeune fille qui te frôle au marché ? Faudrait-il qu'on te lapide pour ces désirs ? […]
C'est la lecture de la Loi que font les prêtres qui mérite d'être lapidée. Pas la femme"
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Tout débute par la quête d'une vérité : celle de découvrir ce qu'est un mamzer, un bâtard. Une fois qu'il a découvert que son père Joseph n'était pas son père de chair, Jésus de Nazareth va avoir de cesse de se battre contre l'exclusion. Qu'elle concerne les prostituées, les esclaves, les femmes, les estropiés. Il va surtout s'ériger contre les Lois de la Torah pour qu'elles soient interprétées de manière différente. En revisitant la figure religieuse la plus connue, entre l'an 5 et la mort du Christ, Metin Arditi arbore sa plus belle tenue de subtilité pour combler les zones d'ombre. Prenant appui sur les travaux de Daniel Marguerat qui avait écrit en 2019 « Vie et destin de Jésus de nazareth » et de Francois Dermange également professeur de théologie à Genève, Jésus devient le fruit d'un viol. Pantera, soldat roman viendra abuser de Marie après l'avoir fait boire plus que de raison.

« Il faut retrouver l'Esprit de nos Lois, plutôt que s'accrocher au sens étroit et vinaigré des mots (…) N'as-tu pas compris que l'Esprit doit être supérieur à la matière? »

Le bâtard de Nazareth prend la forme d'un conte ou d'une uchronie selon l'angle que vous adopterez. À chaque chapitre et à chaque ellipse on imagine, on suggère, on pense, on suppute de l'avenir de cet homme. Car il s'agit là d'un roman humanisant Jésus à travers ses actions et les causes qu'il défend. Lui, le charpentier au Père si noble et saint en la personne de Joseph, mais aussi à la mère en apparence simple d'esprit, gouvernée par la pudeur à l'égard de son mari. La galerie de personnages qui s'offre à nous, enrichit l'imaginaire collectif. On voit pertinemment les intentions de Judas et l'amitié qui se nouera entre eux, on aperçoit l'élément déclencheur qui apparaît avec Jean le Baptiseur puis on croise tout au long du roman Samuel, celui par qui tout a débuté. C'est bien ce dernier qui a affublé en premier lieu Jésus de bâtard.

« Je crois bien que chez moi, l'attachement l'emporte sur la rage, et chez toi, c'est le contraire. Je veux réformer, et tu veux révolutionner. »

Est-ce que j'y ai cru ? Totalement. Metin Arditi et son personnage m'ont convaincu qu'il pourrait s'agir de la réalité des faits. Nulle place au mystique ou à la magie des artifices bibliques, l'exclusion dont il a fait l'objet, enfant, a ressurgi sur son envie de la combattre quoiqu'il en coûte. J'ai pensé à cette marche des Afro américains, mais aussi aux personnes ayant subi l'apartheid ou bien du conflit israélo palestinien que l'auteur cherche à résoudre de manière personnelle à travers l'art et l'écriture. Avec un sens aiguisé de la joute verbale, d'une rhétorique qui pourrait convaincre les plus butés, nous assistons aux débat entre Jésus et le grand Caiphe. En s'interrogeant comme Voltaire sur certaines pratiques et en remettant en cause les lois les plus évidentes pour l'époque, l'écrivain emporte son lecteur dans une sorte d'aventure que l'on connaît par avance sans en connaître le sel.

« L'imagination des hommes est sans limite lors.
qu'il s'agit de trouver un coupable. »

Roman sur l'amour de son prochain, de ses parents, de la religion mesurée et des faibles, il arrive à saisir les trous d'une Histoire si lointaine et pourtant si prégnante encore 21 siècles plus tard. À la fois instructif et construit comme un compte à rebours dont on connaît l'issue mais sans en connaître les rouages, vous ne le lâcherez pas. Certains passages sur le rôle de la circoncision quant à l'appartenance au peuple juif mais aussi et surtout quant à la place de la femme dans la société, font de Jésus le premier féministe connu. Sans jamais vouloir évangéliser son prochain, il s'agit d'un Jésus modéré. Un Jésus qui trahira néanmoins la promesse faite à son père tant l'exclusion qu'il a subi dans sa chair, mais surtout celle que l'on a injustement attribuée à sa mère, fut douloureuse.

« Et là, je te le dis, les sourds et les boiteux, les estropiés et les prostituées nous rappelleront notre condition humaine. Ce sera grâce à eux que nous éviterons de nous perdre. Ne Toublie pas, Grand-rabbin : Dieu fait lever le soleil sur les forts comme sur les faibles, sur les méchants comme sur les bons. »

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Dernièrement j'ai beaucoup apprécié « L'homme qui peignait les âmes » de ce même auteur, Metin Arditi. J'avais déjà beaucoup aimé son ouverture d'esprit concernant les religions, la main tendue entre les différentes religions plutôt que la méfiance et la guerre. A l'image de la vie de l'auteur. D'ailleurs, j'aime comment il se présente dans un entretien donné à l'hebdomadaire La Vie, le 23/3/2023 : « Dans la plupart de mes livres, il y a une dimension religieuse et spirituelle (…) Ce sujet m'habite et me passionne depuis toujours, même si je me crois non croyant… J'ai eu une drôle d'enfance : je suis né dans une famille juive laïque, je suis resté à Istanbul jusqu'à 7 ans, je n'allais pas à la synagogue mais à l'église catholique, tous les dimanches, avec Marie, ma gouvernante, avec qui je disais chaque soir le Notre Père. J'étais aussi très proche du monde musulman. Pendant 11 ans, j'ai étudié dans un institut protestant en Suisse et j'ai épousé une grecque orthodoxe ! Voyez, je suis un bâtard sur le plan religieux ! » du coup, quand est sorti « le bâtard de Nazareth » j'ai eu très envie de le lire, de découvrir comment Metin Arditi allait nous parler de Jésus, cet homme, le fils de Dieu pour les Chrétiens, à l'origine d'une nouvelle religion. le récit s'ouvre sur un jeu de jeunes garçons, dont l'un des deux s'avère être Jésus. Personne ne veut lui parler ni jouer avec lui, sauf ce garçon, Samuel, contraint par sa mère. Mais Jésus ne le sait. La mère de Jésus également est tenue à l'écart dans le village. Jésus finit par découvrir qu'il est un « mamzer ». C'est la raison de son exclusion. Que veut donc dire ce mot, lancé telle une insulte. Son père, le doux et vieillissant Joseph, finit par lui expliquer. Mamzer signifie en hébreu, bâtard. Marie, la mère de Jésus, douce et belle mais simple d'esprit, a été agressée par un soldat romain. D'où sa naissance. La loi juive est très claire. Sa mère est une sota, pire qu'une prostituée. Elle est donc exclue de la communauté, tout comme son enfant et ce, sur de nombreuses générations. Jésus n'aura de cesse de se battre contre la dureté et l'injustice de la loi juive envers les malades, les handicapés, les mamzers, les sotas… Pendant de longues années, devenu charpentier comme son père Joseph et guérisseur, il tentera de vivre sereinement auprès de sa mère Marie et de sa compagne Marie de Magdala. Mais la colère gronde en lui et la honte de ne rien faire. Il ne rêve que de remettre en cause cette Loi juive et l'interprétation qu'en font les rabbins. Mais il a promis à Joseph sur son lit de mort de ne pas contester cette Loi pourtant si injuste. Cependant, sa rencontre avec Jean le Baptiseur, puis ensuite celle avec Judas, changeront radicalement sa vie et celle de l'humanité. J'ai été séduite, parfois amusée, par la version très humaine de Jésus que nous livre Metin Arditi. Il éclaire d'un jour nouveau par exemple les miracles qui m'ont toujours posé un sérieux problème. J'ai compris et aimé sa révolte envers certains aspects de la Loi juive très inhumaine et injuste envers les plus démunis, les plus faibles sous prétexte de protéger la force du peuple juif. le peuple élu. Jésus combattait également ce Dieu jaloux et semant la peur, lui préférant un Dieu plus tolérant et aimant. Il se sentait Juif, mais n'acceptait pas l'interprétation de la Torah des rabbins et extrémistes. Toujours dans le même entretien dans La Vie, l'auteur indique qu'il est très en colère quand il voit ce que font des ministres du gouvernement israélien et qu'il a transposé sa colère dans le personnage de Jésus. Je la prends à mon compte également. J'ai aimé ce côté très humain de Jésus, moins le fait de la manipulation de Judas dans le destin de Jésus (je n'adhère pas trop à cette vision-là). Pour être franche, j'aurais aimé que l'auteur approfondisse un peu le sujet. 198 pages, c'est trop peu à mon goût pour un sujet si vaste et si important. Mais à part ce petit bémol, j'ai apprécié ma lecture et je vous la recommande… Si vous êtes ouverts d'esprit bien entendu.
Lien : https://mapassionleslivres.w..
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Quand Metin Arditi s'attaque avec audace et le talent de conteur qu'on lui connait à la vie de Jésus,  cela donne un roman brillant et passionnant.

Au cours de recherches pour le roman qu'il était en train d'écrire, il est tombé sur un article de Daniel Marguerat, professeur de théologie, spécialiste du Nouveau Testament où celui-ci parle de Jésus comme d'un "mamzer",  il a alors tout mis de côté pour écrire ce roman sur Jésus.

Mamzer, bâtard ! Il faut bien replacer l'histoire dans le contexte historique et sociologique de l'époque. La religion catholique n'existe pas encore, selon la loi juive, un enfant conçu hors mariage est un bâtard, et comme sa mère il fait partie de la longue cohorte des laissés pour compte de cette société, avec les malades, les handicapés, tous ceux qui pourraient affaiblir le peuple juif.
En dépit d'une enfance douce auprès de Marie et de Joseph, merveilleuse figure paternelle, cette blessure d'enfance originelle, cette discrimination et cette ostracisation feront de lui le chantre  de la lutte contre l'exclusion et le premier féministe de l'histoire. A cette époque,  la religion juive est constituée de multiples sectes et Jésus ne veut pas en fonder une nouvelle, il veut seulement que la loi juive  retourne aux sources, à l'esprit du judaïsme, à  l'amour et au pardon.  Il y a finalement une réalité potentielle très forte dans ce roman et l'argumentation de départ est d'une telle évidence...

Le roman revisite l'histoire de Jésus  et nous offre un Jésus terriblement humain et attachant au combat duquel tout homme de bonne volonté  peut s'identifier. Cette histoire universellement connue prend ici une tournure bien différente, mais pourquoi pas ?
J'ai été absolument conquise par cette histoire. Quelles que soient vos croyances, lisez ce roman, c'est avant tout une histoire magnifique écrite par une très belle plume !
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Et si Jésus avait été un exclu, un rejeté de la société, un mamzer… autrement dit: un bâtard.

Voilà l'hypothèse sur laquelle s'est appuyé l'auteur pour écrire son livre et dont le titre, quelque peu provocateur, m'avait attirée d'emblée.
Pourtant… un livre parlant de Jésus? un comble pour l'athée que je suis!

Et bien je dois avouer que je ne fus pas déçue par cette lecture! Loin de là! Cette lecture a été un ravissement.

J'ai été embarquée immédiatement aux côtés de ce personnage dont l'enfance m'a beaucoup émue, et qui n'a eu de cesse de protéger les plus faibles et de se battre contre l'ostracisme.

Le portrait brossé ici nous montre un homme avec ses qualités et ses failles, ses doutes et ses espoirs. Un homme plein d'humanité qui nous touche, que l'on soit croyant ou non.
Un homme qui voulait exclure l'exclusion pour réparer ses peines d'enfant.

Un livre passionnant, intelligent, qui restera définitivement comme une de mes lectures préférées.




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Mamzer ! Jésus, incrédule, fixe l'ami qui vient de lui lancer cette insulte au nez.
Batard ! Un mot qui explose dans l'inconscient du garçon. Il a pourtant une mère et un père. Alors quoi, le viol de sa mère par un soldat romain ferait donc de lui un proscrit ? Quelle injustice.
Dès lors, Jésus n'aura de cesse de vouer sa vie aux côtés des victimes de la Torah, la loi juive, qu'il trouve, par moment particulièrement dénuée de fondements raisonnables.
Il s'en prendra aux savants, aux institutions jusqu'à provoquer la colère Du Temple qui le conduira à faire face à la justice romaine.
Metin Arditi, dont j'aime généralement beaucoup la production, nous propose une biographie de Jésus, dépouillée des aspects mythiques du personnage. Il reprend les grands épisodes de sa vie, sous un autre angle, celui d'un jeune homme révolté par le comportement de ses pairs et de leur intolérance.
Je n'ai pas vraiment apprécié le récit en dépit des bonnes idées et du style, toujours impeccable, de l'auteur. Je n'ai pas retrouvé, dans ce texte, la prose puissante qui anime le Turquetto ou la Fille des Louganis.
Il m'aura manqué plus d'émotions pour que cette thèse provocatrice m'emporte réellement.
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Le titre dit presque tout : dans le bâtard de Nazareth, Metin Arditi a l'intention de nous raconter la vie de Jésus, au plus proche de ce qu'il considère comme la vérité historique, à commencer par son ascendance paternelle. Cela peut être pris comme une thèse provocatrice et audacieuse mais elle correspond aux travaux d'universitaires de renom et apparait même dans certains écrits talmudiques. A partir de la bâtardise supposée de Jésus et de ses conséquences, à savoir son ostracisation et celle de Marie, sa mère, l'auteur va donc revisiter la vie de celui qu'il n'appellera jamais le Christ, et pour cause, la religion catholique étant évidemment une création postérieure. le récit, composé de chapitres très courts, s'inspire évidemment d'une histoire mythique mais revue et fortement corrigée, dans une veine réaliste où aucun miracle ne saurait survenir. C'est assez convaincant sur le fond et le Jésus réformateur qui s'oppose à la Torah est séduisante, autant que les failles du personnage, dont le caractère humain est la principale caractéristique, avec des aspects féministes et inclusifs, peut-être un tantinet forcés pour coller à l'ère de notre temps. A ses côtés, le madré Judas se voit attribuer un rôle primordial et la place enviable de l'anti-héros. Ce qui n'est pas du tout irrésistible dans le roman, en revanche, c'est le style d'Arditi, d'une très grande platitude, guère plus excitant qu'une fiche Wikipédia. Il a sans doute voulu faire dépouillé, en privilégiant le fond à la forme, mais il n'est que de se souvenir du Turquetto ou de la fille des Loganis pour regretter ce curieux manque d'ambition littéraire.
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Jésus s'oppose à la stricte observance de la Loi, révolté par l'exclusion de sa mère comme adultère et de lui-même comme bâtard (Arditi reprend une tradition talmudique où son père biologique est un soldat Romain). Adulte, il attire les foules par des idées simples et un talent de guérisseur — plutôt rebouteux que thaumaturge. Son prêche est humaniste. Il n'est question ni d'un Dieu aimant, ni d'un sacrifice ou d'une rédemption, ni d'un messie ou d'un fils de Dieu, mais de revendiquer « une lecture de la loi conforme à ses racines », les racines étant ici l'amour plutôt que l'alliance, l'universel plutôt que l'élection d'un peuple face aux Nations.

Il rencontre Judas, un politique, agitateur assumé, laid et sans charisme, qui a compris qu'il a besoin de Jésus pour créer une secte offensive au profit des déshérités. Jésus ne lui cède qu'après un drame où un autre bâtard est assassiné comme impur, ce qui entraine le suicide sa mère (l'idée que Judas en soit le coupable n'est pas exclue). de prêcheur, Jésus devient imprécateur, défie les gardes du Temple, puis Caïphe et Pilate, et marche au sacrifice. Après sa crucifixion, Judas convainc les apôtres d'inventer sa résurrection.

Le tout est conté en phrases brèves et impérieuses, imitant la simplicité évangélique. Bonne tentative, bien construite, mais Arditi est loin de l'art subtil, sombre et cynique de la fiction évangélique chez Borges (Les trois Judas), Dostoïevski (Les frères Karamazov), Boulgakov (Le Maitre et Marguerite) ou Saramago (L'évangile selon Jésus-Christ).
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