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sur 7369 notes
Pour durer dans ce monde, il ne faut pas penser.
Elle ressemble à une soeur trempée dans le sang, habillée comme une servante du Seigneur, cornette et habit de religieuse. Mais la comparaison s'arrête là. La Servante est au service d'un homme, d'un Commandant, et d'une cause, la reproduction dans un monde où la pollution l'a rendue problématique.

Plus d'informations, l'auto surveillance, l'espionnage des uns par les autres, le conditionnement, la peur, c'est le quotidien de ces femmes, de leurs consoeurs ainsi que de la plupart des hommes qui vivent à Gilead. Une société autoritaire organisée pour le bénéfice de quelques-uns, où chacun a une fonction et aucun choix ou si peu ; le monde des autodafés, des dissidents exécutés (médecins, homosexuels, prêtres...), leurs corps exposés pour l'exemple. Beaucoup disent la pire des sociétés, celle de l'embrigadement psychique qui conditionne l'action des individus.

J'ai été quelque peu déçue par ce roman que je désirais découvrir depuis longtemps. Même si je l'ai trouvé agréable à lire (bien que longuet), je n'ai pu m'ôter de la tête un sentiment de déjà vu ; 1984 et Le meilleur des mondes, pour les plus connus, sont des romans qui ont abordé avec talent la problématique d'une autocratie ultra liberticide. Reste que dans cette dystopie, l'histoire de l'asservissement d'humains et surtout de femmes racontée par une femme lui donne une dimension féministe singulière et particulière.
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Que se passerait-il s'il ne restait que quelques femmes fertiles pour peupler les États-Unis, à la suite de catastrophes environnementales ? Que se passerait-il si la démocratie libérale se métamorphosait en théocratie sur les bases de l'Ancien Testament, dont certains passages seraient détournés pour asseoir l'autorité ?

Une dictature puritaine, hypocrite, sexiste, esclavagiste, avec l'homme tout en haut de la pyramide : la République Gilead, par exemple, avec son état-major de fanatiques religieux. Des rituels de viols, voilés de prières, pourraient s'instaurer.

Lorsqu'on écoute les échos de cette histoire à travers les mots de la Servante Defred, on ressent le mur, l'ombre, le froid, la moiteur, le vide, tisser la toile de barbelés. Les mots d'avant perdent leur sens, tout a basculé, tout est piétiné par la botte de l'homme pervers. On voit le voile étouffant de l'habitude et de l'oubli recouvrir peu à peu le passé, éteindre toute insouciance, toute personnalité.

Pourtant quelques hommes et femmes résistent et s'infiltrent à tous les niveaux de la hiérarchie pour apporter de l'espoir, de la lumière.
Il reste les fleurs près les pelouses millimétrées, comme des réponses aux « Mayday ». Les sensations de la lune et de la neige, d‘un rayon de soleil, d'un souffle de vent, persistent, pour se sentir exister, même en transparence, même dans le silence, même sous le costume de la Servante écarlate.

Dans ce roman on emprunte ici ou là, dans le temps et dans l'espace, des morceaux de réalité, pour fonder cette possibilité de dictature. J'ai eu l'impression de lire des bribes d'histoires sur les camps, sur l'intégrisme, sur l'esclavagisme... toute histoire où l'homme perd son humanité, dans le présent ou le passé. Une histoire trop réalisable pour ne pas effrayer.

La suite de ce roman est prévue en septembre 2019 :
https://www.lemonde.fr/culture/article/2018/11/28/la-suite-du-roman-la-servante-ecarlate-sortira-en-septembre-2019_5390033_3246.html
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Après 459 critiques, que puis-je ajouter de plus ? Sinon que ce livre, versant féminin de 1984, en quelque sorte, est un chef-d'oeuvre. Encouragé par la réédition récente, les avis babeliotes et mon goût pour les dystopies, je ne pouvais passer à côté.
Ce livre me ramène à l'idée que nous devons toujours être attentifs à l'érosion possible de nos libertés. Tant celles des femmes que des hommes. Comme le dit Margaret Atwood en postface, les ferments de l'état totalitaire ne sont jamais très loin.
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S'il y a bien un roman qui fait parler de lui depuis 1985 et plus particulièrement depuis ces dernières années, c'est "La servante écarlate" de Margaret Atwood. Considéré par les anglo-saxons comme une oeuvre à hisser à la hauteur de "1984" de George Orwell, ce roman a été redécouvert par le public français après son adaptation à la télévision. Y aurait-il du bon, finalement, à être abonné à Netflix ? #agentprovocateur

Cette dystopie fait froid dans le dos mais n'est-ce pas le propre d'une dystopie ? le système patriarcal/matriarcal proposé par l'auteure résonne douloureusement à nos oreilles à l'heure où les femmes poursuivent leur émancipation et militent activement pour une plus grande égalité de traitement. L'instrumentalisation de la fécondité - dont dépend la natalité et donc l'économie - est un fantasme de dictateur ou de prédicateur déjà ancien mais le style sans fard de Margaret Atwood lui donne une saveur douce amère très particulière.

Du point de vue littéraire, je salue la construction narrative avec un dénouement intelligent et original ; je salue aussi le style que j'ai apprécié et qui, malgré le contexte, échappe au pathos. On ressent très bien la perte des sentiments humains, on la ressent dans sa chair lorsqu'on est une femme.


Challenge PLUMES FÉMININES 2019
Challenge MULTI-DÉFIS 2019
Challenge XXème siècle - Edition 2019
Challenge PAVES 2019
Challenge BBC
Challenge Notre-Dame-de-Paris
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Margaret Atwood nous propose une immersion dans un futur où la population est devenue dangereusement infertile et où les femmes sont réduites à leurs capacités reproductrices.
Elles ne peuvent avoir ni travail ni argent et sont assignées à différentes castes :
« Les épouses » chastes et sans enfant, « Les Marthas » maîtresses de maison et Les servantes » reproductrices qui s'habillent de rouges.
L'une d'elle, Defred nous raconte son quotidien en portant une attention particulière à son corps qui n'est plus qu'un instrument de reproduction.
Elle évoque ses journées dans leur banalité avec des rêves d'évasion ou de suicide parfois et puis, il y a les souvenirs qui reviennent inexorablement.
Le temps d'avant, la vie avec Luke et leur petite fille. Sont-ils toujours en vie ou prisonniers quelque part dans un monde devenu abstrait ?
« La servante écarlate » est un livre magnifique à l'écriture efficace, sans fioriture.
Il s'en dégage cependant une certaine angoisse car il pose une question majeure : Comment peut-on vivre en étant privé du bien le plus précieux de l'humanité : la liberté !

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Defred, la narratrice, raconte cette société où la place de la femme est cantonnée à son rôle reproductif. Elle n'est plus un être qui a des pensées ou des envies, un corps ou une peau mais seulement une matrice. Comme toutes les servantes écarlates dans les maisons. C'est la république de Gilead, les femmes ont perdu leurs droits, elles sont enfermées, encadrées par les Epouses.
Un livre glaçant, j'ai eu l'impression d'être à la place de Defred, enfermée. La sensation de claustrophobie est impressionnante, la peur est omniprésente. Peu de libertés, les dialogues sont chuchotés, murmurées. Entre ces moments de silence, Defred se rappelle de son ancienne vie, avec son mari Luke et sa fille. Elle garde une certaine nostalgie de l'époque même si elle n'en laisse que peu paraitre. Il en faut tellement peu pour être punie. Les scènes sont choquantes derrière cette mécanique bien huilée, comme celle avec l'Epouse, la Servante et le Commandant réunis en un seul but… La fin apporte une lumière sur le fonctionnement de cette société et j'ai l'impression d'entendre encore la dernière phrase, cette question qui résonne… Un roman, pas évident à lire mais un roman nécessaire et poignant sur les femmes, sur la liberté, il donne à réfléchir sur notre société en poussant la différence à l'extrême.
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Effrayante et ennuyeuse, telle est la vie de la servante écarlate Defred, comme probablement celle de beaucoup d'habitants de Gilead, les États-Unis de la fin du XXIe siècle...

Car la société a bien changé, devenant une dictature de tous les instants, sous la surveillance des espions du régime, où chacun a un rôle et une couleur bien précis : les commandants sont en noir et dirigent, leurs femmes en bleu s'ennuient, leurs Marthas en vert les servent au quotidien... et leurs servantes en rouge tentent de leur donner des enfants ! Car la nature a bien changé aussi, la population étant devenue majoritairement stérile à cause de la pollution, faisant de la natalité une problématique primordiale.

À Gilead, il n'y a donc pas de liberté, pas de sensualité, pas d'amitié, pas d'amour et peu d'informations. Un monde particulièrement réjouissant donc, un peu à l'image du Meilleur des mondes ou de 1984, que dénonce ce roman féministe, écologique et résistant.

Pourtant, la mayonnaise écarlate n'a pas totalement pris chez moi : si j'ai bien aimé suivre le quotidien, les pensées et les souvenirs de Defred en tant que femme, je n'ai pas réussi à prendre la société de Gilead au sérieux. Tantôt mal à l'aise, tantôt indifférente, je suis un peu passée à côté des aspects révolutionnaires ou subversifs de cette dystopie et ne vais donc probablement pas en garder un souvenir durable. Dommage...

Challenge Pavés 21/xx, challenge Variétés et challenge Atout Prix.
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Dans un avenir incertain aux Etats-Unis, le genre féminin s'est vu privé de tout droit sous un régime totalitaire patriarcal. Defred fait partie de ces femmes reconverties en servantes reproductrices dans ce monde qui a vu son taux de natalité chuter drastiquement. Alors qu'elle est affectée à une nouvelle famille, elle raconte comment elle en est arrivé là, se remémore le passé et les libertés d'antan, devise sur la nécessité ou non de survivre...

Je sens que je vais encore me faire taper...
Difficile de trouver autre chose que des avis dithyrambiques sur cet ouvrage qui a mon âge. Quand tout le monde autour de toi, sur internet, partout te dit "c'est horrible mais c'est génial", tu t'attends légitimement au livre du siècle qui va t'en "foutre une bonne".
On comprend bien les enjeux générés et les questions qu'ils soulèvent, comme la facilité avec laquelle une démocratie peut basculer dans le totalitarisme, la facilité qu'a le Pouvoir de revenir sur des droits et des acquis, la possibilité d'un retour à une religiosité globale extrémiste et liberticide dans des pays où la liberté d'expression et de culte font pourtant autorité... La tendance étant actuellement à un retour au nationalisme surprotecteur, à l'aliénation qui se normalise dangereusement, au rejet de l'autre et à une remontée de la croyance religieuse qui condamne l'athéisme, ce livre a de quoi mettre en perspective des dangers actuels planant sur les avancées sociales, éthiques et morales des derniers siècles.
En cela oui, ce livre fait preuve d'une force indéniable et touche à des sujets sensibles, profonds et menacés par l'extrémisme, l'obscurantisme, le racisme et le sexisme, entre autres.
Seulement ce livre m'est grandement passé au-dessus, bien plus que j'aurais pensé vu le sujet annoncé. L'écriture tout d'abord n'a strictement rien d'extraordinaire, avec tous ces présents et ces phrases simples contenant des informations dont on n'a cure, genre détails extrêmes de tous les gestes faits. J'ai eu l'impression de lire un style équivalent à celui de Hunger Games, dont j'ai pourtant adoré l'histoire. Mais soyons honnêtes, le style était assez limité, tout comme ici. Aussi, le texte de Margaret Atwood souffre quelque peu en français d'une traduction parfois trop "québécoise", saupoudrée de phrases/formulations douteuses comme par exemple "Je m'enfonce au profond de mon corps" p127, "[...] diplômé de l'une quelconque des Universités de l'Amérique du Nord" p500, ou encore "Quel mâle de la période giléadienne aurait-il pu résister à la possibilité d'une paternité" p510. Et puis le vocabulaire inventé pour les nouvelles traditions, punitives ou non, ou les groupes ou castes font un peu grotesque.
Ensuite, le récit manque beaucoup de précisions. le flou semble bien évidemment voulu, mais l'ensemble reste assez fade, marqué en plus par une narration relativement froide des évènements. D'ailleurs, certains des noms de groupes dont je parlais tout juste sont mentionnés sans qu'on sache toutefois très bien de qui il s'agit vraiment au fond.
L'une des premières choses frappantes aussi, c'est qu'il ne se passe rien avant la moitié. Parvenir jusque-là peut s'avérer très long et déroutant. Quant à la suite, elle peut se révéler aussi très décevante avec une avancée dans l'intrigue à tous petits pas, le retour du personnage de Moira décrit presque comme une icône mais dont le récit d'explications se limite à quelques pages pour finalement passer à autre chose comme si de rien n'était, ou bien la fin qui arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Rien que la phrase extraite de la quatrième de couverture de l'édition poche "En rejoignant un réseau secret, elle va tout tenter pour recouvrer sa liberté" est fausse et prête à confusion, fait penser à une tournure toute différente (et du coup absente) du récit. Au final, est-ce qu'on obtient vraiment ce qu'on est venu chercher ou ce qu'on a annoncé ? Pas sûr.
Je retiendrai quand même qu'un autre des intérêts de ce livre, c'est sa singularité dans le fait qu'il narre la transformation d'une démocratie connue en l'un de ces futurs dystopiques, ce dont la littérature spécialisée manque. C'est une étape qui est rarement racontée alors qu'on est souvent plongés directement dans ces histoires tandis que tout est en l'état depuis des temps immémoriaux. J'ai également conscience que la série qui adapte ce roman doit être largement plus puissante et plus parlante, ne serait-ce que par l'impact de l'image et de la représentation de la tyrannie.
Je vais me faire taper, mais je n'ai pas forcément aimé. Les gens autour de moi se focalisent-ils du coup plus sur le fond quand ils me disent que c'est formidable ?? Personne n'a donc été dérangé par le manque de caractère global du récit ?
Lien : http://livriotheque.free.fr/..
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Un roman coup de poing et tellement d'actualité.

Margaret Atwood a écrit une dystopie qui fait froid dans le dos. J'ai ressenti un certain malaise en le lisant parce qu'il n'est pas si science fiction que ça malheureusement dans certaines parties du monde.

On suit l'histoire par la voix d'une femme, Defred qui parle aussi bien de l'ancien temps où elle était heureuse avec son mari Luke et sa petite fille que la période après les "événements". L'état d'urgence fut déclaré. Et la vie des femmes fut réduite à néant. Plus la possibilité de travailler, d'avoir un compte bancaire, de faire des études, de prendre des loisirs, de se faire belle, de faire des achats, de lire (rien que ça, ça me tuerait). Austérité, rigueur, obscurantisme, peur, représailles, totalitarisme, absence de sentiments et de plaisir.

Les femmes se retrouvent reléguées à être des épouses de Commandants, des domestiques ou des Servantes. Defred, parce qu'elle a déjà donné la vie, a pu rejoindre le rang des Servantes écarlates. Ces femmes sont attribuées à chaque foyer de commandant et sont destinées à être des mères porteuses. Tout se passe dans la froideur, l'absence totale de plaisir, sous l'oeil inquisiteur de l'épouse. Les Servantes sont reléguées dans une chambre au style monacal où elles n'ont qu'à attendre d'être enceintes.

Un roman qui fait pleinement prendre conscience de la chance que nous avons d'être une femme en France, d'être libre.








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« Cela me fait mal de raconter cette histoire, de la ressasser. Mais je continue à la dévider, cette histoire triste, affamée et sordide, cette histoire boiteuse et mutilée, parce qu'après tout je veux que vous l'entendiez ».
Et bien je l'ai entendue, je l'ai ressassée, et j'en ai été – très égoïstement – heureuse. Oui, heureuse de la lire, heureuse de me régaler de ce style somptueux, de cette communion avec le personnage principal dévoilant ses sentiments les plus intimes, de cette description épouvantable d'un futur qui j'espère, n'arrivera jamais.


« J'ai suffisamment de pain quotidien, alors je ne perdrai pas de temps à en demander ; ce n'est pas le problème majeur. le problème, c'est de l'avaler sans s'étrangler avec ».
« Defred » (son vrai nom, son nom d'avant, on ne le connaitra pas) nous révèle sa vie de servante de la fécondité (c'est-à-dire tout simplement d'utérus) qui lui a été imposée. Elle est obligée de copuler avec le Commandant, dans leur maison, au vu et au su de son épouse.
Elle ne manque de rien, sinon de liberté totale.
La religion règne sur ce nouveau royaume, Gilead, qui remplace les Etats-Unis. Dictature absolue, mauvais traitements, tortures et pendaisons, surveillance de tout instant, et j'en passe. le monde se divise en « Servantes », en « Marthas », en « Epouses », en « Yeux »…
Beaucoup de personnes sont stériles, à cause de la pollution, du mauvais traitement que les Hommes ont infligé à la Terre. Il faut bien continuer l'espèce, à la grâce du Dieu omniprésent auquel Defred est obligée de croire mais qu'elle aimerait horrifié par ce que sa création est devenue.


« Je suis une réfugiée du passé », nous murmure-t-elle. C'est le seul bonheur qui lui reste, se souvenir. Penser à sa vie d'avant, normale, avec son compagnon et leur petite fille.
Mais ressasser également les conditions dans lesquelles leur vie a basculé.
Dans l'horreur.

J'ai adoré ce roman. Je n'ai pas vu le film, je n'ai pas vu la série, et je m'en réjouis, car les pages me déroulaient leurs trésors au fur et à mesure, et je m'immisçais dans ce monde fou, délirant, entièrement dystopique. Quelle horreur ! Quel régal !
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