AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 7371 notes
"Femmes des années 80'
Femmes jusqu'au bout des seins..."
Dans la version Margaret Atwood, ce n'est pas tout à fait ça; tu peux remballer, Michel.

La servante écarlate est en effet beaucoup de choses, mais drôle, non. La Canadienne signe ici une dystopie glaçante et effrayante de par son potentiel réaliste. La narratrice, Defred, est une Servante. Depuis le coup d'État qui a institué la République de Gilead, d'ordre théocratique,  les femmes n'ont plus aucun droit. Interdiction de lire, d'écrire, de posséder un compte bancaire, de se promener seule. Elles sont désormais classées selon leurs fonctions ou leurs catégories sociales. Un code vestimentaire les distingue clairement : robe verte pour les Marthas (esclave ménager), robe bleue pour les Épouses, robes rayées pour les Econofemmes (épouses de petit rang). Et bien sûr, robe écarlate pour les Servantes.

Celles-ci sont destinées à procréer, dans un monde occidental au taux de natalité toujours plus faible, en vertu d'un passage de l'Ancien Testament où, une femme étant stérile, elle incite son mari Jacob à faire un enfant à sa servante sur ses genoux d'épouse, afin que le bébé lui revienne. Voilà pourquoi les Servantes se retrouvent réduites à l'état "d'utérus sur deux pattes" comme se définit elle-même Defred. Tordu? Si peu...
Son nom même ne lui appartient pas puisqu'il s'agit de marquer qu'elle appartient au commandant Fred. Avant de changer d'affectation et devenir une autre De-quelque chose.

Religion et religiosité exacerbée sont partout. Tout comme la suspicion et le danger d'être considéré comme un dissident. D'ailleurs, Gilead est en guerre, pour se débarrasser des baptistes, quakers et toutes autres sectes. Des barrages avec des Gardiens de la Foi surveillent tout et tout le monde. La dictature religieuse se maintient le fusil à la main. Surtout en ces débuts de la révolution fondamentaliste où tous ont vécu une autre vie en liberté, ce qu'on s'acharne à vilipender de toutes les façons.

Le ton employé par Defred pour narrer son histoire est volontairement neutre et dénué d'émotions. Même quand elle se rappelle son mari et sa fille, elle repousse toute sensibilité. Trop dangereux, les émotions. Trop douloureux. Et dans la chambre qui lui est dévolue, tout a été pensé pour qu'elle n'attente pas à ses jours.

Malgré la froideur relative du récit, La Servante écarlate se lit avec ardeur et passion tant Margaret Atwood maîtrise son histoire de bout en bout. Sa dystopie reste ancrée dans le quotidien du milieu des années 80, ce qui rend son impact encore plus fort.
Et quand on entend un certain Kavanaugh, nouvellement élu juge à la Cour Suprême des États-Unis s'insurger contre la pilule contraceptive, méthode d'avortement par anticipation à rendre prohibée selon lui, il y a de quoi réfléchir à ce roman visionnaire et à l'évolution des idéologies religieuses poussées vers plus d'extrémisme petit à petit. Beaucoup plus terrifiant que toutes les attaques possibles de zombies, vampires et compagnie!
Commenter  J’apprécie          488
[Coup au coeur]

Alors voilà. le monde a changé, l'homme domine. La femme est soit aide de vie, soit épouse fidèle, soit incubateur, soit déportée.
Ce livre se présente comme un témoignage. D'une femme, réfléchie, cultivée, qui a connu la vie d'avant (la nôtre), l'intermédiaire puis celle d'après.
On suit en parallèle le présent et sa vie d'avant. Via ses souvenirs.

Si j'arrivais à lire placide «maintenant» (son présent), j'avais une boule à la gorge pour l'avant. Avant que tout soit perdu. Car on sait que ça finira mal et on redoute le comment.
Mais «maintenant» aussi. Je ne vais pas vous leurrer. A lire ce maintenant, on sent que ça finira mal. Mais je n'avais pas cette boule, pas le même malaise. Dingue comme on se résigne devant l'ignoble quand le pire est derrière soi.

Dingue.
Dingue comme j'ai eu peur.
Comme j'ai peur.
Comme je suis remuée par cette lecture.
Parce qu'elle semble tellement possible.
Parce que nos libertés sont si fragiles.
Parce qu'on est pas très loin, l'a-t-on jamais été, de basculer.
Parce que en ce moment, les cris des femmes se font entendre, fort.
Parce que, si nous perdions tout. Tout droit, toute liberté, réagirions-nous ? Endormis que nous sommes derrière nos écrans, nouvelle allégorie de la caverne. L'actualité montre qu'on s'habitue à tout.
Question de survie ?

Alors voilà, c'était fort. C'est fort.
Une lecture à ne pas oublier.

Commenter  J’apprécie          476
La place de la femme dans la société ne sera donc jamais assurée? Cette dystopie qui se passe dans un futur proche où les femmes seront réduites à des rôles de procréatrices, dans une société aux règles glaçantes, force à s'interroger. On a vu des pays revenir sur les libertés acquises, des démocraties se transformer en dictatures alors pourquoi pas ça?
Ecrit en 1984, ce roman est bien dans l'actualité des années 2000: pollution, catastrophes nucléaires, contamination des rivières, des plantes, obscurantisme, protection extrême des femmes contre la lubricité des hommes (tout ce qui est sensuel, érotique est sévèrement banni)... peut-être qu'à force de tout vouloir interdire sous prétexte que ça dérange, que ce n'est pas politiquement correct, qu'il y a des abus, arriverons-nous au monde que dépeint Margaret Atwood. C'est en tout cas une réflexion à mener.
Bref, c'est un roman prenant à l'écriture limpide qui mérite de devenir un classique. Brrr...
Commenter  J’apprécie          462
Je voulais tellement le lire ce roman. J'en ai beaucoup entendu parler et la série sur Netflix faisait un tabac. Et puis la phrase d'accroche est particulièrement explicite « le livre qui fait trembler l'Amérique de Trump ». Comment un roman écrit en 1985 peut-il faire trembler le nouveau président des Etats Unis ?
Dès les premières lignes, la lectrice est mal à l'aise. Les femmes en prennent pour leur grade. Féministe ce roman…. Bonne question.

La servante écarlate c'est quoi :
- La femme soumise
- La femme esclave
- La femme mise à disposition
- La femme utérus
- La maitresse légalisée
- La mère porteuse
- La femme jalouse
- La femme silencieuse
- La femme sans droits
- La femme résistante
- Une femme qui s'écarte….

Miss Atwood, une visionnaire ? Ça donne froid dans le dos.

Le renversement du pouvoir ne vous rappelle rien ? Qu'avons-nous peur aujourd'hui ? La prise du pouvoir par les Etats islamiques ? le régime patriarcal ? le totalitarisme ? le plein pouvoir aux riches ? Ce roman a touché une corde sensible. L'homme fait des erreurs et qui en payent les pots cassée… L'homme vieux et riche a droit au bonheur. L'argent achète tout même l'interdiction d'aimer.

Et oui, ici, Miss Atwood essaye de pousser la lectrice à se poser des questions sur ses habitudes : la contraception, la célibattante, le droit à l'amour, la vie de famille et un super emploi, ne pas devenir une femme au foyer, tout assumer à la maison (boulot, ménage, enfant…). Et si l'homme riche offrait une vie meilleure à sa bien-aimée mais par l'intermédiaire de Servante écarlate…

Pour moi c'est un roman coup de coeur, poignant et dérangeant. Un roman écrit en 1985 mais visionnaire. Je n'ai pas eu l'impression de lire un roman de plus de 30 ans. Je comprends tout à fait qu'il soit rentré dans la catégorie classique de la littérature anglaise.

Je suis contente d'avoir partagé ce moment toujours avec ma jumelle que je ne présente plus et je souhaite la bienvenue à Anne Saulot qui a accepté qu'on l'accompagne dans cette lecture. C'est plus sympa à plusieurs surtout que ce roman remue. On se sent moins seule….
Un roman à lire absolument. Jeune. Moins jeune. Homme. Femme.
Commenter  J’apprécie          462
Un livre qui mérite bien sa note... Une dystopie captivante, mais révoltante. C'est que Margaret Atwood nous propose un futur où les femmes ne prennent une place dans la société que pour leurs simples capacité à enfanter. Aucun droit, aucun privilège, aucune fonction, sinon que celle de s'étendre sur une civière et laisser le Commandant faire sa petite affaire et espérer se faire ''engrosser''. C'est plutôt vulgaire comme façon de dire la chose, mais voilà, c'est comme ça que ça se passer maintenant !
Un livre qui est ponctué de brides du passé, question de faire comprendre aux lecteurs comment on arrive là. C'est habillement fait par Atwood cette transition entre souvenirs et quotidien... Son écriture nous enveloppe, nous explique sans expliquer, nous berce, nous choque, nous heurte... L'histoire est très intéressante, habitée par la délation, l'oppression, les règles, l'amour, l'espoir, la confrontation... Mon premier Atwood, et certainement pas le dernier.
Commenter  J’apprécie          451
Ce roman de science-fiction dystopique prend place dans un monde où les Etats-Unis sont passés sous la coupe d'un mouvement politico-religieux dans lequel les femmes sont "remises à leur juste place", c'est-à-dire dans les cuisines, ou bien comme épouses, ou même encore comme mères porteuses, pour faire face à la très forte baisse de natalité.

Notre personnage principal, Defred, est justement l'une de ces dernières, habillée tout de rouge, au même titre que toutes ses autres camarades, elle est une servante au service d'un Commandant et d'une Épouse. Son rôle : coucher avec le Commandant pour tomber enceinte et fournir un enfant à ses propriétaires.

Ce roman est un roman qui se lit très bien. Tout se passe du point de vue de Defred, au travers de laquelle on en apprend davantage sur ce nouvel environnement dans lequel elle se retrouve à vivre. On en apprend également quelque peu sur sa vie d'avant, avant que le gouvernement ne soit renversé au profit de ce mouvement radical.

L'histoire est agréable à lire, tout cela se lit un peu comme un documentaire qui au travers d'un témoignage nous montre ce qu'est la vie dans une autre période de notre histoire. Cela en fait sa qualité, mais aussi son défaut, car malheureusement il y a rarement des rebondissements dans un documentaire et c'est exactement ce que l'on retrouve ici. le récit manque de quelque chose, à mon goût, il est un peu plat. Cela est encore accentué par le fait qu'à part Defred, on en apprend très peu sur les autres personnages, chaque "catégorie" de personnage à un profil type, et tous les personnages d'une même catégorie se ressemblent, ce qui est certainement volontaire de la part de l'auteur, dans le sens où plus personne ne s'appartient plus, plus personne n'est unique, chacun est un rouage du système, donc il n'est plus nécessaire (voire plus recommandé) d'avoir de la personnalité.

En résumé, c'est un livre agréable à lire mais il ne nous transporte pas vraiment. C'est un peu un docu-fiction sur un thème qui n'est pas réel mais qui pourrait tout aussi bien le devenir, un jour, quelque part.
Commenter  J’apprécie          451
Un classique du roman dystopique, dans la lignée de Nous de Zamiatine, ou de 1984 d'Orwell.
Je n'avais ni lu le livre, ni vu le film de Schöndorff, ou la remarquable série télévisée.
Mieux vaut tard que jamais, me direz-vous, sauf qu'il y a eu sur Babelio des centaines de critiques, et beaucoup d'excellentes ( je suis toujours émerveillé par la pertinence, l'acuité et l'exhaustivité des babeliotes), et donc il est peut-être présomptueux d'y ajouter ce petit billet. En tout cas, il rejoindra tous les commentaires élogieux à l'égard de ce livre.

Dans un futur pas si éloigné, aux États-Unis, une dictature fondée sur des principes religieux rigoristes a pris le pouvoir d'un nouvel Etat dénommé Gilead. Des hommes la gouvernent, d'autres hommes sont aussi les exécutants terribles et meurtriers des décisions prises notamment par des femmes, les Tantes, qui appliquent une politique qui vise à dépouiller les autres femmes de leur autonomie: pas de possibilité de travailler, d'avoir un compte en banque, et même de lire, et l'obligation d'être soumises à Dieu mais surtout aux hommes de pouvoir. Ce régime politique se caractérise aussi par sa cruauté envers celles et parfois ceux qui dérivent de la norme.

Parmi la population des femmes, celle des servantes écarlates, femmes ayant déjà fait preuve de leur fécondité, a été sélectionnée pour servir de reproductrice au bénéfice de couples de pouvoir, ceux nommés comme formés d'un Commandant et de son Épouse qui ne peut avoir d'enfant.
Cette gestation pour autrui a été décidée suite à une baisse importante de la natalité dans Gilead.

La narration tout entière se présente comme le journal de bord de Kate devenue Defred (autrement dit appartenant à Fred), de sa vie quasiment au jour le jour, et de ses souvenirs heureux du « monde d'avant ». Cette approche du récit le rend incroyablement prenant, souvent angoissant, mais aussi plein d'ironie et de dérision, car Defred est « libre dans sa tête », et nous livre une critique à la fois nuancée et sans pitié de ce monde totalitaire. Et ceci jusqu'à la fin de son récit et qu'un épilogue plein de malice nous indique quelle fut la suite probable de l'histoire. Je n'en dis pas plus pour ne pas dévoiler la trame et la fin, il est vrai que beaucoup de lectrices et de lecteurs la connaissent.

Et, comme c'est souvent le cas pour les dystopies, la réalité a malheureusement rejoint la fiction, que ce soit avec le régime des Talibans en Afghanistan, ou celui de l'Etat Islamique au Moyen-Orient. Au nom d'une religion, ici la religion musulmane, les femmes sont interdites d'éducation, du monde du travail, toute transgression est punie jusqu'à la mort, souvenons nous de ces images insoutenables de femmes lapidées en public à Kaboul.
Et puis en ces heures où la Cour suprême de la première puissance mondiale s'apprête à rejeter le droit à l'avortement, ce livre qui contient en creux un plaidoyer puissant pour la liberté des femmes, nous rappelle que le pire est toujours possible, même dans nos démocraties, et que le combat pour l'égalité homme-femme est toujours d''actualité.
Commenter  J’apprécie          445
La servante écarlate est tout à fait ce genre de roman pour lequel j'ai toujours beaucoup de mal à me prononcer.
Ai-je aimé ? N'ai-je pas aimé ce roman ? Difficile à dire.

Cette dystopie est glaçante et terrifiante. On peut bien sûr se rassurer en se disant que ce n'est que de la science-fiction mais elle donne évidemment à réfléchir sur la condition actuelle des femmes et sur leur devenir dans une société qui se voudrait patriarcale. Ce n'est pas pour rien si Margaret Atwood est devenue une figure importante du féminisme. Ce livre en est le fer de lance.
En ce sens, je ne regrette pas de l'avoir (enfin) lu !

Néanmoins, je ne peux pas dire que j'ai trouvé beaucoup de plaisir à le lire. J'ai eu beaucoup de mal à m'attacher à l'héroïne, que j'ai trouvée trop passive. J'ai plutôt préféré le personnage de Moira, beaucoup plus rebelle.
Cette passivité m'a plongée par moments dans l'ennui et certains longueurs du roman n'ont rien arrangé.

La fin du roman est plutôt déroutante. Margaret Atwood laisse ces lecteurs face à leur propre choix... Fin heureuse ou pas ? A vous de voir, débrouillez-vous !

Mais, il me semble bien qu'une suite est sortie il y a peu. 30 ans après La servante écarlate !
Alors même si je n'ai pas "adoré" ce roman, je crois bien que je vais me laisser tenter. Histoire de voir ce que le régime totalitaire de Gilead devient...
Commenter  J’apprécie          445
Ce que j'ai ressenti:

▪️Avant que cela ne devienne ordinaire…

Parce que sans doute que cela le deviendra, alors je reprends mes nuits. Parce que je me le dois, et parce que je le fais pour Elles. Parce que je crois en nos nuits.

J'effeuillerai les mots dans mon lit. J'effeuillerai les pétales de pissenlit aussi. À moins que ce ne soit des marguerites…Je prendrai chaque mot, et je les ferai éternité…Un pétale pour chaque servante. Une pensée pour Alma, Janine, Dolorès, Moira, June.

Pendant ce temps infini- Pendant cette quantité de temps qui nous est offert-Pendant tout ce temps qui tient dans nos mains et qui j'espère ne sera plus vain.

Sans doute que l'on s'habituera à ces nuits stériles, immobiles…Peut-être qu'on s'habituera à ce confinement. Sans doute, qu'on sera là bien chez nous, à apprécier Nuits…Toute en intimité. En minimalisme. Je me contenterai de rester à la maison.

J'écrirai des lettres à Toi. Des lettres où tu te reconnaîtras…Des milliers de lettres que tu ne verras pas mais qui auraient nos résonances…Des lettres avec tant de nos résiliences. Des poèmes comme des alliances.

Je blanchirai mes nuits et je me parerai de rouge. L'écarlate sera notre étendard avec tatoué de nos cris silencieux, cette phrase d'un temps ancien « Nolite te salopardes exterminum ». Et désormais, ces Nuits-là me seront précieuses…

Ça ne me fera même pas mal de ne plus dormir et de me nourrir de solitude. Ça ne me fera même plus peur tout ce temps à perdre. L'heure des lunes sera ma prière…

J'inscrirai à mes nuits et aux siennes, tous nos amours contenus. Je délivrerai vos mutismes et je soufflerai sur vos désirs des étincelles de passion. Je déchiffrerai vos sourires de sang. Je leur offrirai la douceur…Je trouverai du sens au vide…Et je volerai des libertés quand enfin, je rêverai avec mes soeurs…Tout cela dans mes nuits.

Et J'aurai espoir. Je jure que j'aurai espoir…

▪️-Cela deviendra ordinaire-

Mais avant cela, il y aura eu des milliers de lecteurs qui se sont lancés dans la découverte de la Servante Écarlate et ce qui est extraordinaire, c'est qu'elle continue de fasciner avec autant de force, même trois décennies après…J'ai lu à mon tour, dans mes nuits confinées, ce chef d'oeuvre dystopique. Comme vous pouvez le constater, il m'a fait forte impression. Je me suis dirigée vers lui, spontanément. J'ai laissé parler mon intuition. Je voulais tellement quelque chose de spécial pour cette période trouble de notre actualité, alors j'ai mis la main sur les pages écarlates. Une inspiration. J'ai été troublée qu'il y ait tellement de profondeur et de similitudes dans les nuits de Gilead, et dans les miennes. J'ai tellement tremblé de peur pour ces femmes mais j'ai adoré me confronter à leurs manières de chercher du sens dans leurs actions. C'était presque extraordinaire, ce temps partagé…Et je ne voudrais pas que cela devienne ordinaire, ce Coup de Coeur Écarlate.

« Y a-t-il des questions? »
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          442
Mon histoire avec La servante écarlate commence autour d'un verre de Petite Arvine, un dimanche matin.
Mon amie Nicole, apprenant que je me suis engagée dans une formation sur les extrémismes politiques et religieux, me dit : "Alors, il faut que tu fasses la connaissance de Defred."
La saison 1 de la série passant au même moment sur une chaîne télé publique, je me suis engouffrée corps et âme dans cette ambiance dérangeante, terriblement glauque et effrayante... avec passion et dégoût, peur et attirance.

Avec d'un côté, l'envie d'arrêter de regarder, de me faire du mal à chaque épisode et de l'autre, la fascination et l'attirance irrésistibles de ses personnages emprisonnés.

Et ces questions omniprésentes à mon esprit :
- Comment peut-on en arriver là ?
- Est-ce que ce que cela pourrait arriver chez nous ?
- Qui détient vraiment le pouvoir ?
- Les habitants de Gilead ne sont-ils pas tous esclaves finalement ?
- Quel sens y trouver ?
- Comment se construit et se manifeste la résistance ?
- Est-ce possible de vraiment comprendre les rouages de cette société totalitaire alors que l'on vit dans un pays libre ?
Et tant d'autres encore...

Clap de fin de la saison 1 : Que va-t-il advenir de Defred ? Et des autres ?
Ma frustration grandit pour atteindre un niveau d'impatience tel que je ne résiste plus à me plonger dans les pages du livre.
(Oh j'aurais pu aller découvrir les images de la saison 2 quelque part sur le web. Mais la Servante a contaminé tant de collègues et amis, que je n'ai pas voulu prendre de l'avance sur le cours de l'histoire pour ne pas appauvrir nos discussions à ce propos).

Et voilà maintenant mon avis sur le livre.
La série télé est très fidèle aux pages de Margaret Atwood écrites dans les années 80. Au fil des pages, je n'ai rien découvert de très nouveau sur les personnages ou le fil de l'histoire.
Le roman est bien construit. L'écriture est fluide, efficace et pertinente.
Et - malheureusement pour moi - la fin du roman m'a laissée dans le même état de perplexité et de frustration que la série. Que va-t-il arriver ensuite ?

Ce qui est exceptionnel et passionnant dans le livre, ce sont les notes historiques qui arrivent tout à la fin du roman. Un voyage dans le temps qui présente la civilisation de Gilead comme une civilisation ancienne, avec ses échecs et ses combats, ses acteurs, ses questionnements, sa force.
Ces 25 pages de relecture de l'Histoire de Gilead font la force de ce récit et donnent un poids considérable, réaliste, scientifique à toute l'idéologie d'une telle société.
Et pour cette idée là, je m'incline !!!
C'est brillant et cela transcende tout le livre.

Pour conclure :
Margaret Atwood est à l'origine d'un chef d'oeuvre captivant.
Bruce Miller l'a magnifiquement illustré par ses images, son scénario, son choix d'acteur.
Elisabeth Moss alias Defred est parfaite. Son jeu d'acteur est exceptionnel.

Depuis des semaines Defred et ses compagnons d'infortune hantent mes jours et mes nuits avec leur lot d'incompréhensions, de questionnements et d'inquiétudes.
Gilead s'est emparée de moi...
... pour mon plus grand malheur !
... pour mon plus grand bonheur !
Commenter  J’apprécie          445





Lecteurs (17544) Voir plus



Quiz Voir plus

Margaret Atwood est-elle Lady Oracle ?

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, je ne suis pas :

La croqueuse d'hommes
La voleuse d'hommes

10 questions
42 lecteurs ont répondu
Thème : Margaret AtwoodCréer un quiz sur ce livre

{* *}