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3,95

sur 7372 notes
La seule chose qui permet à Defred de survivre, ce sont ses souvenirs même s'il y a peu de chances que son mari soit encore vivant. Quant à sa fille, Defred craint qu'elle ne l'ait oubliée.
Dans ce roman dystopique, la fertilité est faible, les femmes ont alors été asservies et seules les terribles Tantes ont un semblant de pouvoir.
Defred est devenue une servante écarlate, chargée de la reproduction et au moment où débute l'histoire, elle est placée dans la famille d'un Commandant et de sa femme. Si elle réussit, elle sera placée dans une autre famille, si elle échoue…
Il faut très peu de descriptions à Margaret Atwood pour que ce monde prenne réalité dans l'esprit du lecteur. Un livre choc, qui fait froid dans le dos.
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Je reviens de la république Gilead et honnêtement le séjour y est épouvantable…surtout pour les femmes !

Les dystopies fonctionnent sur des hypothèses sociales et politiques assez similaires en somme. Des dictatures théocratiques arrivent au pouvoir et mettent un couvercle sur les libertés fondamentales. Avec un contrôle social très fort, tout le monde surveille tout le monde, la religion est un outil pour soumettre. Un Etat policier n'a en effet jamais assez de policiers et compte toujours sur la délation et les mécanismes bien connus de la servitude volontaire pour relayer son emprise sur les corps et les esprits.

Ce qui est original ici, dans ce roman, c'est la construction sous la forme d'un témoignage préalable à étude scientifique. On comprend les hésitations et variations du récit de Defred, qui raconte son destin » d'utérus sur pattes », dans une société compartimentée en fonctions bien définies, par un code vestimentaire visible. Toute opposition semble impossible, mais les exécutions publiques récurrentes témoignent de l'existence d'une rébellion inextinguible. C'est assez amusant de voir comment Margaret Atwood détourne la « Scarlet Woman » de l'imaginaire puritain americain.

Le deuxième intérêt du roman c'est qu'une grande partie se déroule dans les souvenirs d'avant , lorsque Defred avait une famille heureuse et un travail. On sent dans la société s'installer de façon insidieuse les sources du basculement vers ce monde froid et stérile, où une élite corrompue exploite les corps des autres. Elle y trouve la matière de ses débats intérieurs, de ses compromis pour survivre, de ses douleurs.

Toutefois, tout n'a pas été brûlé dans de « beaux autodafés », comme disait Voltaire, encore heureux ! Les humains même très contraints, sont par nature des animaux sociaux, ils disposent de ressources intérieures importantes pour vaincre l'isolement forcé dans la prison de la pensée. Les frustrations trouvent des exutoires, les émotions, le moyen de s'exprimer, c'est finalement plein d'optimisme.
Ça nous rappelle juste que la liberté , c’est dur à gagner et à préserver.

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Bon ben ça y est, je l'ai lu. Depuis le temps que j'en entendais parler, je me suis enfin résignée à le lire. Oui, résignée car à force de voir ce roman partout, je n'avais qu'une envie : prendre la fuite. Je n'aime pas trop la surenchère, j'ai toujours peur d'être déçue. Et vous savez quoi ? Et bien oui, j'ai été déçue ! Ho, allez-y, jetez-moi des tomates (je dis ça pour la couleur), j'ai trouvé ce récit très théâtral : « les décors sont de Roger Harth, les costumes de Donald Cardwell. » Quant à la mise en scène, je l'ai trouvée bien longue et souvent ennuyeuse, avec ces allez-retour incessants entre passé et présent, ces souvenirs pleins de nostalgie du temps d'avant quand c'était mieux. Quoique là c'est vrai, c'était mieux avant, avant ce semblant d'ordre respectable.

Mais il me faut avouer aussi que j'ai été bien intriguée par le contexte décrit.
Oui, vous allez dire, elle ne sait pas choisir. C'est vrai : une lecture à deux facettes ! Et j'ai préféré cette facette.
Que de questions sont soulevées ! Qu'arriverait-il si tout à coup un grand pays comme les Etats-Unis changeait son régime politique ? Qu'adviendrait-il des femmes qui ne pourraient plus disposer librement de leur corps ? Que pourrait-on penser ou dire dans une société aseptisée où tout mouvement est réglementé ? Et bien d'autres questions encore...
Des images sont spontanément venues à moi lors de cette lecture. Des images existantes, vécues, questionnantes comme celles de l'attaque du capitole par les défenseurs de Trump, celles de lois mises au ban de la société comme le droit à l'avortement, celles des habitants de la Corée du Nord, celles des gilets jaunes tabassées par la police...
Une dystopie ce roman ? Oui et non au regard du passé, mais un livre d'une grande réflexion.

Defred, ou peu importe comment on la surnomme puisque officiellement elle n'existe pas, n'a qu'une seule et unique fonction dans ce nouvel état totalitaire, hyper-religieux, hyper rigide, patriarcal : celle de remplir son ventre d'un embryon. Etre servante, c'est cela, procréer pour la communauté. Ce n'est pas un plaisir, mais un devoir. Ainsi en a décidé la communauté de Gilead. Et attention à ceux qui ne respecteraient pas les normes, la répression est cruelle...
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J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman, j'ai même failli l'abandonner plusieurs fois. le ton un peu mièvre et autocentré à la première personne du singulier m'a beaucoup dérangé, et le côté journal féminin, ce n'est pas vraiment ma tasse de thé, il y a même un certain érotisme de la soumission, le tout dans une attente lourde et malsaine pas vraiment passionnante, j'ai eu peur de me retrouver dans “50 nuances de gris”.

Il faut attendre la moitié du livre pour commencer à avoir du consistant à se mettre sous les yeux, mais quand on commence à découvrir la société dystopique mise en place, ça commence à devenir plus intéressant, parce qu'il y a des échos dans notre monde actuel comme la montée en puissance du puritanisme d'extrême droite qui tourne autour de Donald Trump ou Jair Bolsonaro.
Paradoxalement, je découvre que ce ne sont pas ces deux [censuré] qui ont inspiré Margaret Atwood, mais plutôt Berlin-Est dans les années 80 avant la chute du mur. le système des déplacements en binôme, où chacun doit se méfier de l'autre, était un procédé pratiqué en Allemagne de l'Est. Ce roman date en effet d'avant la chute du mur de Berlin, mais sa résonance actuelle n'en est que plus troublante.
Pour son aspect glaçant, sa présentation d'une société puritaine extrémiste, ce roman est assez remarquable, elle décortique des procédés, sans doute assez proche de certains apartheids sexistes actuels, mais imaginé du côté des chrétiens, dans la lignée des communautés influentes luttant violemment contre l'avortement entre autres.

J'ai aimé le contenu du roman, beaucoup moins le style, la mise en place m'a semblé laborieuse, et l'écriture n'est vraiment pas engageante, irrégulière dans la qualité, souvent trop de descriptions inutiles et sans relief. le récit tourne presque exclusivement à décrire la soumission, l'action est mineure, résumée en quelques lignes, et les réflexions plus profondes un peu trop rares. Pourtant, il y a quelques belles fulgurances, comme ce petit passage sur l'ennui au premier paragraphe du chapitre 13, c'est un comble !
J'ai trouvé l'ensemble très formaté : mise en place avec un mystère, dystopie, problématique féministe et actuelle, récit de révolte… Mais il n'est pas impossible qu'il ait servi de modèle pour ce “formatage” de la dystopie young adult, et si c'est à ce point repris, c'est parce que cela accroche le lecteur. Peut-être bien que si ça avait été ma première lecture de ce genre, j'aurais crié au génie, mais je suis maintenant las de retrouver toujours les mêmes ficelles. J'ai l'impression que toutes les dystopies écrites à la première personne du singulier avec un personnage féminin racontent la même histoire (je ne vais pas m'attirer que des amis avec ce jugement péremptoire !).

Alors, sur la fin, je l'ai dévoré, j'ai fini par me prendre au jeu et à y prendre goût, je ne regrette pas d'avoir persisté, même si mon point de vue reste mitigé pour l'ensemble.

Remarque sur le bandeau “Le livre qui fait trembler l'Amérique de Donald Trump” : C'est d'un pompeux, ça ne fait que rendre le livre plus prétentieux qu'il ne l'est, ça ne donne vraiment pas envie. le livre qui provoque un tsunami, mais oui, mais oui, c'est ça, allez, faut arrêter de fumer la moquette les mecs !
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J'ai reçu ce livre en cadeau de Noël, accompagné de sa suite "Les testaments".
Autant dire que d'après ce que j'en avais entendu, ne serait-ce que sur Babelio, 4/5 de notes en moyenne, j'étais ravi de cette future lecture maintenant terminée.
Dire que j'ai déchanté ce serait faux, dire que je suis enchanté ce serait faux également, c'est sûr!
Alors, eh bien, l'histoire de cette dame Defred, son nom de servante, qui se lamente et recherche son bonheur égaré, habillée de rouge comme son rang de procréatrice l'ordonne, est bien connu tant en littérature qu'en film et séries, que je n'ai vu ni l'un, ni les autres.
L'idée en soi, comme son pendant masculin : "Les hommes protégés" de R. Merle, est, pour le moins, très intéressante, dystopie, science fiction, monde de demain, baisse de la fertilité féminine, ici, masculine chez Merle, couleurs reconnaissables de par les fonctions (c'est pas nouveau, suivez mon regard vers les étoiles...), font un monde fort désagréable à imaginer mais pas inconnu, d'autres romanciers s'y sont déjà essayés . Ce qui gêne, pour moi, c'est l'avilissement des femmes, pourquoi? C'est vrai que la fertilité et la procréation ce sont les femmes, oui, mais même, Merle lui avilit les hommes, chacun écrivant pour sa paroisse, Atwood les femmes, Merle les hommes dans les deux cas assujettis par des régimes totalitaires, doit-on supporter cela? Avons-nous connaissance de tels actes actuellement? Justement et ce parallèle existe bien. D'où mon malaise!
Mais je m'égare.
L'écriture est irréprochable, comme toujours avec Madame Atwood mais qu'est-ce que je me suis ennuyé, bayant aux corneilles, regardant en l'air, tournant une page pour voir si derrière c'est mieux. Pour des longueurs, il y a des longueurs.
Je ne suis pas certain de lire la suite.

"Nolite te salopardes exterminorum" (ne laissez pas les salopards vous exterminer).
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Que se passerait-il si, dans un futur proche, suite à une série d'accidents nucléaires et de fuites d'armes de guerre chimiques, la grande majorité de la population devenait stérile ?
De ce postulat effrayant (et pourtant pas si improbable que ça...) Margaret Atwood nous entraine dans l'austérité glaçante de la république de Gilead, fondée par un groupe de fanatiques religieux à la fin du 20ème siècle.
Dans cette société patriarcale où la domination des hommes est poussée à son paroxysme, les femmes encore fertiles sont réduites au simple rôle de procréation, de ventres à engrosser, et dépossédés de tout jusqu'à leur identité.
Defred, la narratrice, est une de ces esclaves qu'on nomment les « servantes écarlates »; Dans sa chambre au décors monacal elle se remémore sa vie d'avant, quand les femmes étaient libres et ce jour terrible ou tout a basculé...
J'ai beaucoup aimé le style d'écriture, fluide, rythmé avec toujours une petite pointe d'humour distillé ici ou là, (on imagine l'autrice le sourire en coin) et j'ai plongé dans l'univers pesant de cette dystopie avec entrain dès les premières pages. Les descriptions des prémices du coup d'état, ou comment une société entière peut tomber, sans se rebeller ou presque, dans un système autoritaire, sont assez bien vues (et ça fait peur...) tout comme les divers rituels de purification et autres humiliations publiques subies par la population de Gilead, glaçantes de réalisme (car empruntés à plusieurs épisodes noirs de notre Histoire, 3ème reich en tête... et ça aussi ça fait peur) J'ai trouvé l'épilogue très astucieux. bref j'ai adoré !
Une très bonne lecture pour moi, découverte sur babelio, alors merci ;-)
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Je commencerais cette critique avec une citation de Margaret Atwood dans la postface du livre :
« Certains romans hantent l'esprit du lecteur, d'autres celui de l'auteur. La servante écarlate a fait les deux. »

Assez curieusement c'est le quatrième roman que je lis en quelques mois qui aborde la condition des femmes dans la société, que ce soit en 1650 (L'envol du moineau) ou dans un futur proche (La servante écarlate).

Imaginez une catastrophe (environnementale, nucléaire, chimique, biologique … ?) qui engendrerait l'infertilité de la majeure partie de la population. Imaginez alors une société qui diviserait ses citoyens en castes, dont la caste des femmes « aptes à la procréation ». Des intouchables, une réserve de femmes, au service de « l'élite de la société ». Imaginez… ou lisez le livre.

J'ai beaucoup aimé ce roman dystopique, dérangeant, qui pose encore une fois la question des femmes dans la société. Pourrions-nous perdre tous nos acquis, tous nos droits, en un fragment de temps ?
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Ce livre qui a fait la une ici et là, je dois avouer que j'ai succombé à la tentation de faire connaissance avec la servante écarlate.
Les dystopies ont toujours le pouvoir de nous faire réfléchir sur notre société actuelle et celle qui semble se dessiner. C'est une bonne réflexion sur notre place sur cette terre, notre chance de pouvoir jouir de notre liberté, de nos avantages, ou toutes les choses qui deviendraient rares voire interdites comme la lecture (imaginez !).
L'auteur a bien su nous décrire ce monde d'avant où on consomme sans y réfléchir on abuse de tout et puis le monde totalitaire, où tout est compté, pesé, restreint à une élite, etc... Où la femme devient un simple "récipient à enfanter" pour des couples privilégiés.

Une très belle écriture, et une histoire qui palpite, et qui nous donne l'occasion de méditer.

Un peu déçue quand même par la fin.
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J'ai lu quelques dystopies. Celle-ci est bâtie sur un ensemble d'évènements, de politiques, de croyances, d'attitudes, d'habits, de coutumes qui ont eu lieu ou qui ont déjà eu lieu.
Margaret a "additionné" dénatalité, brusque basculement de la république à un régime autoritaire, impact d'un conflit sur les valeurs d'une société, retour de la religion, manipulation du langage, institutionnalisation de délation, ritualisation de la propagande et surtout asservissement des femmes pour bâtir une dystopie crédible et terrifiante.


Chaque ingrédient de son roman nous est connu et "vrai". On se surprend à reconnaitre un habit, un procédé, une attitude, un discours, une méthode, une histoire. Seuls le mélange et le dosage de tous ces ingrédients, en un pays et une époque fictive, sont fiction.

L'histoire ? C'est celle d'une femme réduite par la société à celle de servante reproductrice. Il y a crise multiple : conflit, pénurie, chute de la démocratie, mais surtout chute de la natalité. Seuls les puissants peuvent se reproduire. Oui, reproduire. Nous suivons une servante qui fut une femme et qui se retrouve dépossédée de tout et surtout dépossédée de son propre corps.

La structure du roman ? Des flashbacks d'un passé (forcément lumineux) alternent avec un présent oppressant. Oppressant ? Tout semble si inéluctable, les failles si minces. La sensation d'un dénouement dramatique certain vous accompagnera constamment.

Un roman exceptionnel, prenant et malgré son apparente dystopie en prise presque directe avec le monde.

J'ai lu une édition récente avec une très intéressante postface de l'auteur
Lien : https://travels-notes.blogsp..
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Comme il y a déjà environ 700 critiques qui ont été commises sur ce roman, je ne vais pas en faire des caisses. Je précise tout d'abord que je n'ai pas vu la série, sans doute plus au goût du jour par rapport à un livre écrit il y a 35 ans (ce qui explique que certains détails peuvent nous paraître bizarrement décalés aujourd'hui, concernant l'informatisation ou les moyens de payements entre autres). Ce qui m'a gêné dans cette lecture, c'est la difficulté à faire le lien entre le présent de "Defred", et sa vie d'avant, c'est comme s'il manquait des maillons. Tout comme à la fin d'ailleurs, on ne sait pas vraiment pourquoi la situation a de nouveau basculé, c'est flou...
J'ai trouvé certains aspects très moralisateurs aussi, même si c'est sans doute du second degré ou de la caricature, le lecteur peut s'y tromper.
Et je ne suis pas parvenue à m'attacher aux personnages, ils sont trop froids, que ce soit les Servantes, les Épouses, ou les différentes catégories d'hommes (parmi ces dernières, certaines m'ont semblé inutiles, on ne comprend pas trop à quoi elles servent).
J'ai été frustrée par des éléments d'intrigue dont on ne connait pas l'aboutissement (par rapport aux clandestins)
Et pour en revenir à la fin, je la trouve...bâclée.
Pourquoi ai-je quand même attribué la moyenne, avec tous ces ressentis négatifs ? Parce que j'ai tenu compte du fait que le roman est paru en 1985, et qu'à cette date, il devait être assez novateur, par son sujet, et parce qu'il est écrit par une femme de surcroît. Je pense que c'était peut-être une erreur de le remettre en lumière maintenant, tout ça parce qu'une série en a été tirée, donnant lieu à une suite etc... . du coup l'attente était sans doute trop forte, alors que le roman a mal vieilli. Je suis persuadée que je l'aurais bien plus apprécié lors de sa parution initiale. Je ne pense pas lire la suite du coup, à moins qu'elle ne soit mieux écrite, et plus explicite.
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