Pour être honnête, j'ai eu du mal à me plonger dans ce roman, à m'y accrocher immédiatement. Pour une part, parce que lorsque je lis en anglais, les mots trouvent moins d'écho dans mon esprit, et je suis moins transportée. Mais si je n'ai pas été conquise, dès les premières pages, par ce magnifique roman, c'est aussi parce que j'y cherchais une histoire, un fil directeur… sans vouloir comprendre que ce fil était sous mes yeux, l'histoire de Nathan Glass, de sa vie à Brooklyn et de ses fabuleuses rencontres.
Plusieurs choses m'ont vraiment conquise dans l'écriture de
Paul Auster (pour ce qui est de
Brooklyn Follies en tout cas). La narration d'abord, qui change de rythme, de « manière » comme lorsque le narrateur décide de retranscrire un dialogue brut, sans fioritures, un vrai dialogue de théâtre parce que, selon lui, seuls les mots étaient importants à ce moment-là.
D'ailleurs, le narrateur est toujours à portée de notre oreille, prêt à dire, au détour d'une phrase, « là je vais couper », « là il faudra imaginer par vous-même.» C'est déroutant, mais original et plaisant.
Ces destins qu'il nous raconte, ce sont eux les véritables « folies de Brooklyn », ces destins qui sont inimaginables et pourtant enviables par certains côtés. Chaque personnage est travaillé au ciseau avec une précision que l'on ne se lasse pas d'admirer : on s'attache peu à peu à ce Tom qui nous paraissait trop mou, au très étrange Harry, à la petite Lucy et bien sûr à Nathan, l'incontournable narrateur. Tous finissent par prendre, au fil des pages, des couleurs que l'on ne soupçonnait pas avant. L'histoire est parfois drôle, parfois sordide, mais toujours touchante.
Terminer l'histoire de ces folies humaines par la mention du 11 septembre 2001 est le coup de maître. Surtout lorsqu'en trois phrases,
Paul Auster nous fait sentir l'immense fossé séparant l'optimisme de ce Monsieur-tout-le-monde à la tête pleine de projets et la folie de notre monde.
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