J'apprécie la démarche de cet auteur que je ne connaissais pas. Tour à tour romancier, essayiste, il propose ici une lecture politique de l'oeuvre de
Houellebecq, un peu comme avait fait le regretté Maris avec son
Houellebecq économiste.
Voilà, c'est comme ça que je conçois la biographie d'un grand auteur contemporain.
Christian Authier a lu toute l'oeuvre de "cet écrivain majeur de ces trente dernières années" -il vaut mieux pourrait-on m'opposer-, a lu plusieurs fois certains titres sans forcément les aimer plus que d'autres. Je présume que c'était la condition à ses travaux. Mais comme moi, j'aime également toute l'oeuvre de
Houellebecq, j'ai trouvé intéressantes les quelques critiques qu'il formule, et surtout la considération qu'il porte sur l'ensemble.
Authier a non seulement lu, mais a rencontré l'auteur à plusieurs reprises, a échangé une correspondance avec lui, a fait des articles sur lui, parfois courageux, et comme les problèmes sociologiques semblent brancher le biographe, il a été servi avec
Houellebecq. J'aime bien ça, quand il y a cette rencontre, quand combien écrivent sur un auteur contemporain sans ne le rencontrer jamais ..
Oui j'aime ces biographes, qui sont nécessaires à la vie de la littérature, qui par un biais original apportent un éclairage nouveau à l'oeuvre et à l'auteur, et autant le dire, j'aime lire des choses qui sont acquises à la cause d'un écrivain que je défends et que j'aime, sans pour autant tomber dans la béatitude. On aura deviné j'espère qu'à contrario, les critiques négatives me barbent, voire m'excèdent ; c'est trop souvent le cas. Rien ne nous oblige à écrire des saloperies sur un auteur en vue qu'on n'aime pas et généralement sans en fournir les raisons..
Autre chose intéressante, Authier s'est intéressé à lui en temps réel comme il dit, c'est-à-dire qu'il lisait chaque oeuvre au fur et à mesure qu'elle sortait. Moi j'ai lu
Houellebecq avec quelques trains de retard, et quand je me suis mis à la page, c'est effectivement très agréable d'attendre le dernier bébé de quelqu'un qu'on aime. Il y a toute une sensualité qui s'attache au livre, son odeur..
A propos de
Extension du domaine de la lutte, le premier roman de
Houellebecq, Authier dit ceci : "Le libéralisme économique, c'est l'
extension du domaine de la lutte, une extension à tous les âges de la vie et à toutes les classes de la société. de même le libéralisme sexuel, c'est l'
extension du domaine de la lutte à tous les âges de la vie, à toutes les classes de la société." "En système économique parfaitement libéral, certains accumulent des fortunes considérables, d'autres croupissent dans le chômage et la misère". Et ainsi pour la sexualité .. de fait le narrateur et son comparse peuvent être des champions comme acteurs économiques et des misérables au plan sexuel, et le roman s'imbrique ainsi avec une ironie désopilante ..
On s'enfonce ainsi dans le bouquin publié chez Flammarion même éditeur que son sujet, qui est une étude et une observation personnelle, accessible et sans gravité sur le fait
Houellebecq, pour ne plus en sortir jusqu'au bout.