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EAN : 9782253152613
288 pages
Le Livre de Poche (20/03/2002)
4.45/5   276 notes
Résumé :
Ce livre est le récit d'une longue lutte contre la peine de mort. Il commence au jour de l'exécution de Claude Buffet et de Roger Bontems, le 24 novembre 1972, et s'achève avec le vote de l'abolition, le 30 septembre 1981.
Depuis lors, l'abolition s'est étendue à la majorité des États dans le monde. Elle est désormais la loi de l'Europe entière. Elle marque un progrès irréversible de l'humanité sur ses peurs, ses angoisses, sa violence.
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Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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Badinter – abolition de la peine de mort : un nom et un combat désormais indissociables , ancrés à jamais dans la mémoire collective .

S'il fut toujours un abolitionniste convaincu , Robert Badinter jettera véritablement toutes ses forces dans la bataille fin 72 . Buffet – perpétuité pour assassinat - et Bontems – 20 ans de réclusion pour vol qualifié - , tous deux détenus à la centrale de Clairvaux , prirent en otage une infirmiere et un gardien dans le but d'obtenir une libération anticipée . Assaut des forces de l'ordre , Buffet décide , seul , d'égorger ses deux monnaies d'échange ! Bontems , bien que reconnu innocent de ces deux homicides volontaires , suivra cependant son compagnon d'infortune sur l'échafaud le 28 Novembre 72 , Pompidou ayant alors refusé de le gracier . Début des hostilités pour Badinter qui , durant 9 ans et fort de son indéracinable volonté , s'opposera victorieusement à la grande veuve au travers de procès en appel tous gagnés , commuant ainsi la peine de mort requise en détention à perpétuité . Un engagement personnel forçant le respect et l'admiration à une époque ou le pouvoir en place supportait docilement , faisant fi de sa propre conviction , une opinion publique farouchement opposée à sa disparition !

Il aura donc fallu pres de deux siecles pour aboutir à la supplique du sieur le Peletier de Saint-Fargeau , premier requéreur en 1791 ! Deux siecles durant lesquels de grands noms se succédèrent , tous portés par une détermination et une ténacité sans failles . Lamartine , Jaurès , Briand , Hugo qui en 1848 proclamait : " L'abolition doit etre pure , simple et définitive "  . Autant d'illustres personnages qui , en leur temps , oeuvrerent inlassablement à la disparition de cette faiseuse de veuves . Un bouquin passionnant que je craignais , à tort , tres technique , et qui se lit pourtant d'une traite tant le propos et l'approche faite sont tout sauf rébarbatifs ! Badinter écrit juste , sans fioritures ni emphases , et vous convie talentueusement à devenir le spectateur privilégié d'un engagement , d'une époque . Les années 70 , Giscard est au pouvoir . Pourtant hostile à la peine capitale , il ne s'y opposera que tres rarement , préférant ceder à la vox populi plutot que de s'aliener ses potentiels électeurs à la veille d'un second mandat sollicité face à Mitterand en 81 . Ce dernier , totalement à contre-courant des sondages d'époque , affirmera son entiere et complete opposition à la peine capitale , allant meme jusqu'à promettre son abolition si d'aventure il était élu...Badinter deviendra l'avocat emblématique de procès aussi retentissants que symboliques comme le furent ceux de Christian Ranucci ( affaire du pull-over rouge ) et de Patrick Henry qui , au sortir d'une garde à vue , n'hésita pas à condamner mortellement les tueurs d'enfants . Vous avez dit cynique ? Autant d'affaires insupportables que Roger Gicquel résumera par cette phrase désormais devenue culte : "  La France a peur " . A noter que bon nombres d'opposants à la peine capitale furent également de droite , le cran d'assumer ses convictions personnelles n'étant l 'apanage d'aucun parti . Philippe Seguin monta courageusement au créneau , allant alors à l'encontre meme de sa propre famille politique . Un périple législatif mouvementé , harassant , fait de grands espoirs et assorti d'autant de tragiques désillusions jusqu'à cette date fatidique du 10 Septembre 1977 ou l'on fit monté une derniere fois un condamné sur l'échafaud . Il avait 31 ans , s'appelait Hamida Djandoubi et eut ce triste privilege...C'est le 30 Septembre 1981 , au terme d'une décénnie judiciaire incroyablement riche et agitée , que Badinter assista à l'adoption définitive de cette loi sur l'abolition tant désirée...
Un livre essentiel pouvant fortement servir d'axe de réflexion dans certains pays tels que , allez , au hasard , La Chine , l'Iran , la Corée du Nord , et tant d'autres...

L'abolition , un cours d'histoire magistral dispensé par l'un de ses acteurs incontournable ! Eeeet coupez !! Elle est bonne , on la garde...
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J'ai lu cet ouvrage dans le cadre de « lectures recommandées » à lire pour ma rentrée en prépa D1.
J'appréhendais un poil de le lire suite à la préface de Badinter que j'avais lue dans Des délits et des peines de Beccaria. Mais finalement, je fus très surprise de voir à quel point L'abolition se lit facilement !

J'ai ainsi découvert une oeuvre extrêmement intéressante retraçant le parcours de lutte de Robert Badinter contre la peine de mort durant les années 70. Et autant le dire de suite : j'ai adoré ma lecture !
J'en ai appris beaucoup sur cette période que je n'ai pas vécue mais importante à connaitre que représente cette fin de XXème siècle. J'en ai appris sur Robert Badinter, bien sûr, et sur ce qu'il accomplit durant sa vie. J'en ai appris sur la peine de mort en France durant les dernières années de son utilisation. J'en ai appris sur la procédure judiciaire en France (que je connais si peu...). J'en ai appris sur toutes ces difficultés et responsabilités que représentent ces métiers dans le domaine du droit, et plus particulièrement avec le métier d'avocat. Et puis, de manière plus globale, j'en ai appris sur l'Histoire du pays et sur celle de l'abolition.

Comme quand j'avais lu l'an dernier La cause des femmes de Gisèle Halimi et découvert son combat pour l'IVG, l'écriture ici est très fluide et les pages se tournent toutes seules.
J'ai lu L'abolition dans un contexte de lecture « scolaire », dirais-je, mais je ne l'ai pas du tout ressenti comme une ‘corvée', loin de là.

Les mises à mort par guillotine me paraissent toujours lointaines, je pense à des personnalités comme Louis XVI et j'oublie souvent que cela ne date que d'il y a quarante ans… (la guillotine, pas Louis XVI !)
Cet ouvrage, ce fut comme un petit cours d'histoire. Cours d'histoire que j'ai trouvé passionnant. Un cours vu de l'intérieur et au coeur des choses mêmes. Un cours d'histoire, mais en bien mieux.

J'ai aimé sa manière de raconter, ses détails, ses pensées, qui m'ont emportée là-bas et m'ont presque fait vivre le moment. (Je pense notamment à l'affaire Patrick Henry, à son procès à lui mais aussi à tous les autres, tous ceux que Robert Badinter retranscrivit dans son oeuvre, en fait…) J'étais dans le truc, dans le récit, quasi captivée par ce qu'il racontait...

Sans nul doute, j'ai beaucoup apprécié cette lecture !
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Enchaîné après la lecture de "l'exécution", "l'abolition" En est la suite directe.
Ces 2 livres retracent l'épopée incroyable d'un homme de conviction et de grande valeur qui réussira où des Grands Hommes comme Victor Hugo, Jean Jaurès et bien d'autres ont échoué.
Si "l'exécution" était centré sur le procès de Roger Bontems dont l'exécution marqua très fortement Badinter, "l'abolition" évoque les différents procès où la tête de l'accusé était en jeu et que l'éloquence, le talent et la conviction profonde de Badinter ont permis de sauver.
8 ans de combat entre procès et joutes politiques qui le mèneront jusqu'à la place Vendôme, à faire voter l'abolition de la peine de mort en France et la remise des guillotines aux oubliettes.
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Je le dis d'emblée, pas pour choquer mais pour être transparente : j'ai lu ce livre car je suis profondément abolitionniste. Je ne veux pas lancer ici un débat sur la peine de mort, ce n'est pas le lieu. Mais, il est vrai que ce livre a renforcé mes convictions déjà bien établies.
L'abolition est le récit de l'abolition de la peine de mort en France dont le combat à notamment été porté pendant de longues années par Robert Badinter. Célèbre avocat qui a eu de nombreuses fois affaire à cette peine capitale, ancien Garde des Sceaux sous la présidence de François Mitterrand, il est un militant convaincu et passionné.
Ce livre raconte comment, du procès Buffet et Bontems qu'il a perdu (Bontems, bien qu'il n'aie pas tué, sera guillotiné comme Buffet car reconnu complice), il a forgé une conviction indéfectible que la peine de mort devait être abolie. Tout le révoltait dans cette pratique : son caractère barbare tout comme son caractère aléatoire. Car, là est la question, comment supporter l'éventualité que l'on condamne un innocent à être coupé en deux ?
J'ai trouvé ce livre captivant et passionnant. Robert Badinter a un talent d'orateur mais également d'écrivain qui sont incontestables. Nous reprenons avec lui le fil des évènements qui se sont succédés des années 70 à 1981 et sa victoire. le 30 septembre 1981 marque, pour lui et pour nous, un tournant dans le droit français. Enfin la France tournait la dos à une pratique digne d'un autre temps.
Mais jusqu'à l'abolition, que d'embûches, que de bâtons dans les roues, que de désillusions. Comme elles furent peu nombreuses les personnes qui auront le courage de leurs opinions et comme il aura été seul bien souvent dans sa lutte.
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Robert Badinter a été profondément meurtri par l'horreur des exécutions capitales auxquelles il a assisté durant sa carrière d'avocat pénaliste, aussi s'est-il juré de défendre, coûte que coûte, l'abolition de la peine de mort. A la faveur de cet essai, nous découvrons un homme simple, un humaniste qui nous livre sa vision d'une justice plus humaine, plus équitable ainsi que les combats sans merci et souvent douloureux qu'il a menés, empruntant un long chemin chaotique et semé d'embûches, avant de parvenir au but de toute sa vie : l'abrogation de la peine capitale.

Le peuple fut l'un des premiers obstacles à l'abolition puisqu'au début de l'année 1981, année de l'élection de François Mitterrand à la Présidence de la République, 63 % des Français étaient favorables à la peine de mort. La deuxième difficulté, d'ordre politique, plonge les lecteurs dans les arcanes des pouvoirs successifs, depuis le Général de Gaulle jusqu'à Giscard d'Estaing, en passant par Georges Pompidou. Robert Badinter revient sur les sempiternels débats au coeur de l'hémicycle, des joutes oratoires inutiles ne débouchant jamais sur rien de concret. Sa tristesse est grande lorsqu'il décrit un appareil d'état hypocrite, davantage soucieux de défendre des causes électoralistes plutôt que d'abolir la peine de mort, encore très fortement plébiscitée par la population à cette époque.

Alors l'avocat n'eut de cesse de se battre et mit tout son talent d'orateur au service de la défense des condamnés à mort, au cours de procès célèbres comme celui de Patrick Henry, plaidant bien souvent des causes en apparence indéfendables ; il connut des succès prometteurs mais aussi des échecs cuisants. C'est en tant que ministre de la Justice, au nom du gouvernement, qu'il présenta à l'Assemblée Nationale son projet de loi abolissant la peine de mort.
Et puis, alors qu'il n'y croyait plus, son jour de gloire arriva enfin : « Je regardai l'horloge : il était douze heures et cinquante minutes, ce 30 septembre 1981. le voeu de Victor Hugo – « l'abolition pure, simple et définitive de la peine de mort » - était réalisé. La victoire était complète ». La loi fut promulguée le 9 octobre 1981.
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critiques presse (1)
Actualitte
06 juillet 2021
C'est tout à la fois dans une logique de commémoration, autant que de tentative d'éclairer le présent, à la lumière du passé, que Livre de poche propose cette réédition, enrichie d'une préface spécifique.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (30) Voir plus Ajouter une citation
Si vous votez comme Monsieur l'avocat général vous le demande, je vous le dis, le temps passera, c'en sera fini du tumulte, des encouragements, vous demeurerez seul avec votre décision. On abolira la peine de mort, et vous resterez seul avec votre verdict, pour toujours. Et vos enfants sauront que vous avez un jour condamné à mort un jeune homme. Et vous verrez leur regard !
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"L'avocat ne mérite pas l'habit de lumière, disaît mon maître, enfant du Sud-Ouest et grand amateur de corridas (que je réprouvais pour ma part). Il est tout au plus bon à porter le deuil de son client. D'ailleurs, il est déjà prêt,dans sa robe noire !" Et il ajoutait en souriant de l'excès du propos : "Tandis que l'avocat général [Le procureur], lui, mérite bien sa robe rouge : elle est couleur de sang".
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En sortant du Sénat, je découvris que le soleil avait dissipé la brume matinale. Je décidai de ne pas regagner la Chancellerie. Je me rendis au jardin du Luxembourg. Des enfants jouaient autour du bassin sur lequel glissaient de petits bateaux. Je les regardai un moment. Il faisait beau, merveilleusement beau. Je pensai à tout ce qui était advenu. Puis je rentrai chez moi, le long des allées. C'était fini, la peine de mort.
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Amnesty International avait été crée pour venir en aide aux prisonniers d'opinion. Luttant contre la torture, confrontée à la disparition des opposants politiques, l'organisation avait été conduite à combattre la peine de mort sous toutes ses formes. Tel était le premier mérite de l'approche d'Amnesty International: ne pas traiter la peine de mort en soi, comme s'il s'agissait d'un problème autonome, mais l'inscrire parmi les atteintes aux droits fondamentaux de l'homme, dont le premier est le droit à la vie.
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Je regardai l'horloge : il était douze heures et cinquante minutes, ce 30 Septembre 1981. Le vœu de Victor Hugo - "l'abolition pure, simple et définitive de la peine de mort"- était réalisé.
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