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EAN : 9782358722407
200 pages
La Fabrique éditions (16/09/2022)
3.88/5   13 notes
Résumé :
Le sujet de ce livre, ce sont les atteintes dont Paris et notamment son cœur ont été victimes ces derniers temps. A la destruction systématique de quartiers entiers qui a été la marque des années 60 à 90 du siècle dernier a succédé une forme plus subtile mais qui étend son emprise au point de rendre méconnaissables des pans entiers de la ville, littéralement offerts à l’exhibition capitaliste et à la servilité qu’elle appelle. Mais à cette ville qui est à la fois ce... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Très remonté Jean Christophe Bailly ; les dossiers fâcheux dénaturant ce qu'il nomme le « texte parisien » sont trop nombreux pour être tous énumérés ici et les habitués des rues et du ciel de Paris lecteurs de ce petit essai d'humeur y trouveront au-delà du verbe parfois polémique les éléments d'une réflexion critique intéressante sur la ville développée ailleurs (La phrase urbaine, Seuil, 2013). Colère de l'auteur (à laquelle on s'accorde) quand il constate qu'à la brutalité des années soixante - refonte destructrice des Halles (dont la dernière mouture n'est pas mieux réussie que les précédentes), des berges de la Seine, de la Place des fêtes pour ne citer que ces trois exemples -, succèdent de nouvelles formes d'atteintes à l'espace parisien d'aujourd'hui qu'il dénonce en les répertoriant au fil de haltes en courts chapitres (37 en tout) à travers les rues, les monuments et les arrondissements de la capitale. S'arrêtant devant la Samaritaine dont la façade a été conservée mais le bâtiment complètement évidé au profit d'un hôtel de luxe, regrettant l'ambiance perdue du passage Véro-Dodat ou imaginant voir scié en deux le Panthéon par son milieu comme l'avait proposé jadis T. Tzara, racontant la démolition du théâtre de l'Ambigu, la métamorphose ratée de la bourse du commerce, ancienne halle aux grains, jusqu'à sa dévolution actuelle à la collection d'art du richissime collectionneur que l'on sait. Exemples emblématiques de dénaturation du patrimoine par effacement et dévitalisation de bâtiments, voire d'ilots entiers, ou par restauration abusive à des fins privées gommant toute imprégnation du passé. Formes destructrices plus récentes, coups bas ou coups tordus (tours Duo ou Triangle), mais plus insidieuses qu'auparavant, selon lui, confiscatoires de lieux autrefois ouverts ou dédiés à tous (l'ancien hôpital Laennec).

D'où sa charge à l'encontre de la nouvelle « smart city » qu'il voit poindre grâce à l'alliance d'édiles paresseux, de mécènes trop voraces (seul le baron Taylor échappe à son ire) et d'architectes narcissiques. Mais à côté des endroits qu'il ne fréquente jamais ou plus, de ceux qu'il évite, ce que je préfère retenir de ma lecture sont les lieux qui restent nombreux où ses pas le ramènent toujours. C'est « L'intact ou le sauf » du « texte parisien », façon J. C. Bailly et la qualité d'un « livre errant » célébrant un Paris de toujours avec ce que ses pages délivrent d'infinie poésie, de mémoire, de liens anciens noués entre la ville et la littérature, avec Villon, Rousseau, et De Balzac à Modiano. L'envolée du génie dans le ciel de la Bastille, les dames de pierres qu'il affectionne au Luxembourg, le silence hors du temps de la rue des Archives au milieu du fracas de la guerre en Ukraine, le souvenir de quelques livres (« le Murmure de Paris », A. M. Ortese ; « Les tours de Notre Dame », H. Thomas), ou de lieux délaissés, ces charbonniers et marchands de glace qu'il fait revivre lâchant leurs charges sur le pavé des cours maintenant interdites par les digicodes, une petite place oubliée (Hébert), le Paris des boulevards, des romantiques, celui de Baudelaire puis des Surréalistes et son épicentre de la Porte Saint-Martin (Paris surréaliste qu'il estime volontairement effacé de la mémoire parisienne). Millefeuille littéraire et archéologique, avec juste ce qu'il faut de nostalgie, qui s'inscrit, des toits aux comptoirs des cafés (de moins en moins nombreux malheureusement), à la liste d'un patrimoine inaliénable, indissociable du zinc et de la couleur de la ville, gris-bleu, dont J. C. Bailly parle très bien.


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J'ai acheté ce livre sur une erreur de casting, confondant Jean Christophe avec ..Jean Louis..bref ! Après un début étonné, donc (tiens, il s'est embourgeoisé ou c'est moi ?), j'ai très vite accroché car ces coups de coeur (et souvent de gueule ) sont d'un amoureux de Paris, celui de Brassaï et des surréalistes..livre très érudit que j'ai lu avec Google earth à portée demain..en attendant de me faire une opinion sur place lors d'un séjour à Paris.
Le style est cependant quand même assez alambiqué, on a même parfois l'impression que l'auteur s'est perdu dans sa phrase.. finalement à la troisième relecture, non, ça colle, mais c'est parfois un peu indigeste..
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Le livre de Jean-Christophe Bailly, malicieusement intitulé « Paris quand même » est un régal. L'auteur partage sa vision de la capitale, ville qu'il adore par dessus tout. Il promène le lecteur dans les quartiers qu'il connaît bien, parfois méconnus du grand public, constate les évolutions récentes en terme d'architecture, d'aménagement… Quelques coups de griffes parsèment le livre (à l'encontre de la mairie, d'hommes d'affaires connus qui s'accaparent le patrimoine) mais cet essai très personnel est surtout, à mes yeux, une déclaration d'amour érudite et passionnée qui permet de voir Paris sous un autre oeil.
Lien : https://inthemoodfor.home.blog
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Peu de temps après qu'elles furent redécouvertes et dégagées lors du percement de la rue Monge, il fut question de détruire les arènes de Lutèce pour installer à leur place un dépôt de tramway. Victor Hugo, alerté, adressa alors le 27 juillet 1883 une lettre au président du conseil municipal en le pressant vivement de sauver ces rares vestiges. Il le fit avec l'autorité qui était la sienne vers la fin de sa vie et avec sa force rhétorique habituelle, qui ne dédaignait pas une certaine simplification : "Il n'est pas possible que Paris, la ville de l'avenir, renonce à la preuve vivante qu'elle a été la ville du passé. Le passé amène l'avenir. Les arènes sont l'antique marque de la grande ville. Elles sont un monument unique. Le conseil municipal qui les détruirait se détruirait en quelque sorte lui-même." Mais par-delà la tribune, la leçon - qui porta - est juste, et elle l'est d'autant plus si l'on pense à ce havre de paix que sont aujourd'hui les arènes, utilisées comme terrain de jeux par les habitants du quartier, et où l'absence de toute mise en scène solennelle a justement pour effet de libérer la rêverie. Le passé n'entonne pas forcément des hymnes, il chantonnerait plutôt, mais c'est là quelque chose de fragile que la patrimonialisation, aussi efficacement qu'un bulldozer, anéantit. (p. 131-132)

Un prodigieux millefeuille
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Quand on admire un bâtiment, ou une rue, on est devant l'effectivité d'un "avoir eu lieu" qui se prolonge sous nos yeux, mais les espaces construits les plus émouvants sont ceux où le rêve qui les souleva et leur donna forme continue d'agir. (p. 128)

Un prodigieux millefeuille
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Videos de Jean-Christophe Bailly (34) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Christophe Bailly
Lecture de Jean-Christophe Bailly : une création originale à partir d'une série de créations littéraires originales inspirées par les collections de la BIS.
Ce cycle est proposé par la Maison des écrivains et de la littérature (Mel) en partenariat avec la BIS. Un mois avant la restitution, l'écrivain est invité à choisir un élément dans les fonds de la BIS. Lors de la rencontre publique, « le livre en question » est dévoilé. Saison 4 : Chaque saison donne lieu à la publication d'un livre aux éditions de la Sorbonne "Des écrivains à la bibliothèque de la Sorbonne", saison 1 : Pierre Bergounioux, Marianne Alphant, Arlette Farge et Eugène Durif paru en septembre 2018. Saison 2 : Jacques Rebotier, Marie Cosnay, Claudine Galea et Fanny Taillandier, à paraître septembre 2019. Saison 3 : Christian Prigent, Hubert Haddad, Laure Murat, Mona Ozouf
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