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Elena Balzamo (Préfacier, etc.)
Litera (31/12/2022)
3/5   1 notes
Résumé :
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Eléna Balzamo, préfacière, traductrice du suédois et du russe vers le français signe la préface de cette réédition des Cosaques de tolstoï chez Litera, beau livre, traduit par ML Bonaque.

Le propos de 20 pages qui précède ce chef d'oeuvre du jeune Léon Tolstoï est enthousiaste et je ne peux que m'en réjouir. Il comporte cependant un certain nombre d'inexactitudes !..

Pour parler de tolstoï il ne faut pas venir avec ses certitudes mais plutôt sa connaissance chevronnée, étayée par des éléments concrets, car sinon, on peut lui faire dire ce qu'on veut à cet illustre écrivain à la personnalité si complexe qui n'est pas toujours décrit comme il faudrait quand on a la prétention de le présenter aux lecteurs. Et lorsqu'on se risque à affirmer des choses de nature subjective, il faut rester prudent.

Si l'on résume, tolstoï n'a jamais été que parcimonieux concernant lui-même. Vous voulez me connaître, dit-il à un journaliste importun venu à Iasnaïa Poliana, vous trouverez ma vérite dans mes livres qui ne manquent pas (en substance). Et s'il dit étant jeune qu'il se trouve môche en détaillant son portrait trait pour trait, on n'est pas obligé de le croire, mais on peut le croire un peu tout de même. A telle enseigne qu'il est bon quand il s'exprime de s'inspirer de ce qu'il dit de lui-même et de son oeuvre. Evidemment, cela suppose un travail de longue haleine qui n'est pas brut de décoffrage dans ses journaux où il ne livre qu'une partie de lui-même, ce qu'il veut bien dire de son activité journalière, de ses humeurs, de l'état de sa conscience, de ses projets. A savoir aussi que les 2/3 de ses journaux quand ils ne furent pas interrompus pour cause de gros chantier littéraire, n'étaient pas destinés à être publiés, et précisément ceux de jeunesse.

Et quand tolstoï déroule sa prose, il la déroule bien. On relève pas moins de 30 écrits à ses 30 ans : récits semi-autobiographiques, romans, nouvelles .. Autant il annonçait ce qu'il projetait, il n'était pas du genre à vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Il n'est pas exact de dire, sur un temps long, qu'il ne savait pas ce qu'il voulait faire dans la vie, alors qu'il ne cessait d'écrire à part, en toute humilité comme un besogneux quand ça ne débordait pas dans la nuit, venue si vite l'hiver ! Et qui plus est, la célébrité n'a pas tardé !

Il avait à charge un lourd héritage, son domaine fait d'un millier de serfs qu'il voulait libérer avant 1861, mais il ne fut pas cru, étant trop jeune (Voir la Matinée d'un propriétaire). Il menait une vie dissolue, la mena jusqu'à 30 ans, dit-il lui-même, ce n'est pas lors d'un séjour à Moscou une année ? Ce n'est pas alors désoeuvré qu'il décida de s'enrôler dans l'armée. C'est son grand frère Nicolas alors officier d'artillerie dans le Caucase qui l'arracha à un bordel de la capitale pour le sauver de ses dettes de jeu, et de sa concupiscence, et l'intima de le suivre. Mais cela on peut le lire aussi dans les Deux hussards et autre nouvelle Ainsi va la vie .. Effectivement Les Cosaques ne furent pas écrits d'une traite, furent même abondonnés, mais ce pas pas scrupuleusement à cause de ce qui est avancé. tolstoï n'était pas satisfait de cette fiction, mais ce n'était pas la première fois qu'il mettait des notes dans son tiroir dont il verrait plus tard le bien fondé : il a pratiqué cela toute sa vie. Mais il se trouve que chez lui, tout cela avait de l'importance. Ce n'était pas un velléitaire et il avait à coeur de mettre l'essentiel de ses chantiers littéraires à exécution. Ses publications très nombreuses en attestent. On sait que c'est une raison bien différente qui poussa ici tolstoï à reprendre ses Cosaques : elle était d'ordre pécuniaire. Passé la trentaine, le grand écrivain russe avait besoin de mettre de l'ordre dans sa vie, de penser à fonder un foyer, du célibat il ne s'en sentait pas l'âme .. Il avait besoin de fructifier, de diversifier son domaine de plus de mille hectares ; il ambitionnait de créer une école pour les enfants des paysans (ses trois jougs comme il dit) ; Mais il n'avait pas d'argent frais à opposer à ses dettes et à se tenir prêt pour le mariage. Il demanda une avance substantielle à son éditeur moyennant le fait de reprendre ses Cosaques interrompus. C'est d'ailleurs la seule fois de sa vie où tolstoï publia une oeuvre aux fins d'argent ! Et peu importe la raison qui poussa tolstoï à achever cette oeuvre : il faut croire qu'il était capable vu sa force prodigieuse de création de la reprendre de bout en bout dans un temps imparti plutôt court, comme il fut capable plus tard de faire 7 brouillons de Résurrection (qui compte 800 pages). Je n'ai pas noté qu'il fut contrarié de cela outre mesure, c'est dire l'ampleur de sa vocation littéraire. Et c'est ainsi ou dans ces conditions que quelques mois plus tard il se maria avec Sonia Bers, et c'est ainsi avant toutefois qu'il parcourut deux fois l'Europe pour fouiner des connaissances utiles à la réalisation de ses trois jougs projetés, ce qu'il fit ! Etc ..

Ah que Michel Aucouturier, le regretté spécialiste de tolstoï en France nous manque ; je pense même qu'il aurait été plus sévère que moi quand à l'exactitude des faits qui entourent ce chef d'oeuvre les Cosaques. Je le vois encore aller en séminaire avec en main son livre de poche les Cosaques, élimé, archi-surligné pour prêcher la bonne parole. Comme il allait inlassablement à la rencontre des admirateurs du grand écrivain russe toujours plus nombreux dans son sillage, ayant potassé la veille et l'avant-veille bien entendu tel le docte professeur qu'il fut toute sa vie, soucieux de connaissances et du moindre apport nouveau sur l'objet sur l'enclume, la passion toujours guidant ses pas !..

Avant de conclure je voudrais juste souligner que l'oeuvre insigne de tolstoï qui comprenait Guerre et Paix, Anna Karénine et les Cosaques s'est répandue comme une trainée de poudre en Amérique, à l'issue d'Anna Karénine, grâce au départ de feu d'un ami personnel (*).. La légende russe était née dans le monde entier et allait s'amplifier encore à l'approche de la croisée des siècles pour devenir à l'aune du nouveau siècle le plus grand romancier de son temps!..Non seulement une légende russe était née mais une référence humaine des consciences auxquelles se raccrochaient des millions de paysans qui pleurèrent sa disparition comme on pleure la disparition d'un grand frère, conscients du drame qui se jouait avec l'amertume d'être désormais orphelins ! En disant cela, je ne peux m'enlever de l'esprit ce que fut pour lui dans sa vie d'orphelin très jeune, l'image du grand frère Nicolas qu'il assista dans sa mort en Europe et qui fut pour lui sa planche de salut dans sa jeune vie à la fois dissipée et tourmentée.

(*) Cet ami personnel ne fut autre que l'émérite économiste américain Henry George.
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