Je lis sous la plume d'un critique qui sévit sur un autre site la chose suivante : que la deuxième partie de
Deux Hussardslui rappelle
De Maupassant dans
La Vie. Dois-je
lui rappeler que
De Maupassant avait 5 ans quand Tolstoï écrivit ce texte, et je trouve pour le moins cavalier de procéder à cette comparaison: c'est comme si vous disiez j'aime ce
Sartre, ça me rappelle
Houellebecq dans je ne sais quoi. La préséance doit être toujours de mise.
Vers la soixantaine, dans les années 1895, si je ne m'abuse, Tolstoï s'est mis à écrire sur
De Maupassant et notamment sur
La Vie qu'il aimait. Il a même attendu qu'il fût mort !
Par contre, ce même critique loue sans détour les scènes de vie des protagonistes qui
lui apparaissent plus vraies que nature, comme si on y était : le comte Tourbine, le jeu, le champagne, les femmes (tziganes).. Je crois pouvoir ajouter je crois que jamais un écrivain n'a donné plus de corps, de relief à ses personnages, avec une forte sensibilité et une fine observation, car il s'inspirait de sa vie propre, ici de jeunesse, de sa famille, de son environnement. Je crois même que jamais il n'aurait pu écrire Guerre et Paix avec ses plus de deux-cents personnages sans ce souci éminemment scrupuleux de rendre la vie singulière à chacun à y sentir son souffle ; quand il a introduit cet accident de gare fort malheureux qui l'a touché au plus profond de
lui-même, cette jeune et jolie femme trompée par son mari qui se jette sous un train, dans
Anna Karénine, qui apparaît avec lancinance, sous les traits d'Anna en proie à ses tourments .. Il est allé voir sur place, c'était dans sa région pour s'enquérir d'informations péremptoires, pour
lui-même et pour son art. Son réalisme était avant tout vraisemblable, il ne concevait pas écrire le sentiment sans
lui-même l'avoir senti et par qui c'était porté, son imagination faisant le reste bien sûr..
Pour la somme, je pardonne à ce critique ..